Une terrasse. Un personnage arrive.
Alain – Avec ou sans filtre…
Deux femmes arrivent, l’une blonde et l’autre brune.
Alain – Blonde… ou brune.
Les deux femmes poursuivent leur conversation sans lui prêter attention.
Agnès – Alors je lui ai dit, non mais tu te fous de moi ?
Nicole – Et qu’est-ce qu’il t’a répondu ?
Agnès – Qu’est-ce que tu voulais qu’il me réponde ?
Nicole – Il n’a rien répondu ?
Agnès – Et toi, qu’est-ce qu’il t’a dit ?
Nicole – Pareil.
Agnès – C’est pas vrai !
Nicole – Je t’assure.
Agnès – Non mais c’est incroyable. Il t’a dit ça ?
Nicole – J’étais sur le cul.
Agnès – Ah ouais, il y a de quoi. Non mais pour qui il se prend ?
Nicole – Il faut le remettre à sa place de temps en temps, c’est clair, parce que sinon…
Agnès – Ah non, je te jure, il y a des fois.
Le type prend une pose théâtrale pour déclamer dans un style shakespearien.
Alain – Fumer… ou ne pas fumer.
Les deux femmes l’aperçoivent enfin, et échangent un regard méfiant.
Alain – That is the question… Mesdames… Bonne journée…
Le type s’en va. Elles esquissent un vague sourire mais ne répondent pas. Il sort.
Nicole – C’est qui celui-là ? Tu le connais ?
Agnès – Je l’ai aperçu une fois ou deux.
Nicole – Il se la pète, non ?
Agnès – Tu m’étonnes.
Nicole – Il se prend pour Alain Delon, ou quoi ?
Agnès – C’est clair que ce n’est pas Alain Delon, hein ?
Nicole – Tu sais où il bosse ?
Agnès – Au cinquième, je crois.
Nicole – Au cinquième ? Qu’est-ce qu’ils font au cinquième ?
Agnès – Je ne sais pas… La même chose qu’au sixième, il me semble.
Nicole – Ah ouais, d’accord. Donc, il se la pète…
Elles fument un moment.
Agnès – Remarque, c’est vrai qu’il est pas mal…
Nicole – Tu m’étonnes.
Agnès – Ce n’est pas Alain Delon, mais bon…
Nicole – Faut être lucide, il y a peu de chance qu’on rencontre Alain Delon ici un jour.
Agnès – C’est clair…
Elles commencent à partir.
Nicole – Et tu dis qu’il bosse au cinquième ?
Agnès – Il me semble, oui.
Nicole – Il n’est pas mort, Alain Delon ?
Elles sortent.