L’un et l’autre se regardent à la dérobée.
Un – On se connaît…?
Deux – Je ne sais pas.
Un – Pardon, j’avais l’impression…
Deux – Non, non, ne vous excusez pas. Moi aussi. Votre tête me dit quelque chose…
Un – Où est-ce qu’on aurait pu se rencontrer…?
Deux – Vous habitez dans le coin ?
Un – Pas très loin. Et vous ?
Deux – Je promenais mon oiseau…
Un – On s’est peut-être croisé ici…
Deux – Ou ailleurs…
Silence.
Un – C’est curieux. J’ai vraiment l’impression qu’on se connaît…
Deux – On voit tellement de gens…
Un – Bon. Il va quand même falloir que j’y aille…
Deux – Content d’avoir fait votre connaissance.
Un – Au plaisir…!
Le premier s’apprête à s’en aller, mais se ravise.
Un – Ah, au fait, moi c’est Pierre… Au cas où on se revoit un de ces jours par ici…
Deux – Pierre ? Tiens, c’est marrant. Moi aussi…
Un – C’est un prénom assez courant…
Deux – Pierre comment ?
Un – Pierre Dumortier.
Deux – C’est pas vrai ? Comme moi !
Un – Alors on est des homonymes, comme qui dirait !
Deux – Mais ça ne nous dit toujours pas où on s’est déjà vu…
Un – Bon, ben alors, euh… Je vais y aller…
Deux – J’y vais aussi.
Un – Vous allez par où ?
Deux – Et vous ?
Un – Par là.
Deux – Après vous, je vous suis.
Un – Merci.
Ils s’en vont.
Un – Allez viens, Babac !
Deux – Pas possible ! C’est votre corbeau ?
Un – Oui, pourquoi ?
Deux – C’est le mien aussi !
Un – Je savais bien que votre tête me disait quelque chose…
Noir