Un homme (ou une femme) en tenue d’été (genre bermuda et chemisette hawaïenne) voire en maillot de bain, arrive devant un(e) autre en tenue polaire (genre doudoune et moon boots) qui vend des glaces.
Un – Bonjour. Elles sont bonnes vos glaces ?
Deux – C’est des glaces artisanales. Combien de boules ?
Un – Qu’est-ce que vous avez comme parfum ?
Deux – Alors… vanille, chocolat, pissenlit, noisette, fraise, moutarde, cassis, menthe avec éclats de chocolat noir, fruit de la passion, citron, choucroute avec éclats de saucisse de Strasbourg, violette, rose, chrysanthème, papaye, anchois, praliné, noix de coco, framboise, cerise, noix de cabillaud, pomme, caramel, javel, banane, saucisson sec, orange, mandarine, aspirine, rhum-raisins, vieux mollard, huître, tarama, steak tartare, ananas, kiwi… Ah, non, du kiwi, il ne m’en reste plus.
Un – Tiens, je vais essayer chocolat – noix de cabillaud, pour changer un peu.
Deux – Une double alors.
Un – Va pour une triple. Vous me mettrez deux boules de cabillaud.
L’autre lui donne sa glace. Il la goûte.
Un – On sent bien le goût de la morue, hein ?
Deux – On les fait nous-mêmes.
Un (avec une moue) – Ah, une arrête…
Il extirpe l’arrête.
Deux – C’est des glaces artisanales…
Un – Mmm… Et ça marche, les affaires ?
Deux – Ça dépend des parfums… En ce moment, avec ce froid, c’est surtout petit salé aux lentilles, qui part bien. En hiver, ça réchauffe. D’ailleurs, je suis en rupture… Vous êtes en vacances ?
Un – Non, on tourne un film, dans le coin. Je suis comédien. Enfin, figurant…
Deux – Ah oui ? Et qu’est-ce que c’est comme film ?
Un – Les Bronzés au Club Med numéro 5. En hiver, ça coûte moins cher. Le Club est fermé.
Deux – C’est sûr. C’est comme pour moi. J’ai racheté tout ce stock de glaces pour une bouchée de pain. Avec la crise, faut savoir s’adapter. Surprendre. Etre là où on ne vous attend pas. En été, je vends des marrons chauds sur la plage…
Un – Je comprends… L’été prochain, je fais une figuration dans Les Bronzés Font du Ski numéro 4. On tourne à Courchevel, avec de la neige artificielle. C’est que là haut, l’été, ça cogne sous la doudoune… Bon va falloir que j’y retourne. Ils doivent avoir fini de décongeler la piscine. Tous les matins, c’est pareil. On perd un temps, avec ça…
Noir.