Il y a un sujet de société qui revient régulièrement sur le tapis (ou en l’occurrence sur le billard), c’est celui de l’euthanasie. Je me suis donné comme défi, avec cette pièce, de faire rire en prenant comme point de départ un homme qui est dans un coma profond. À partir de là, bien sûr, il faut trouver le biais pour produire du comique avec une situation aussi tragique. Quand quelqu’un est dans le coma, ses proches sont consultés pour savoir s’il faut ou non maintenir le patient artificiellement en vie. Dans cette comédie, ce sont le frère et la soeur qui sont convoqués par le médecin. Mais ces proches supposés n’étaient en fait plus en relation avec cette victime collatérale depuis longtemps. Ils ne savent donc pas trop quoi décider. D’autant qu’ils s’en foutent un peu, et qu’ils ont d’autres soucis en tête. Par là-dessus arrive la présumée compagne du patient dans le coma et, par elle, on va en apprendre un peu plus sur les circonstances de l’accident qui a conduit le patient à l’hôpital. Ces éléments nouveaux, distillés au goutte à goutte, vont très cyniquement faire pencher les proches tantôt vers le maintien en vie du patient, tantôt vers la décision de précipiter sa fin. La vie est une farce. Et quand quelqu’un meurt ou qu’il est sur le point de mourir, il semble que cet événement cristallise tous les éléments de cette tragi-comédie, à travers l’hypocrisie sociale à laquelle nous sommes tous contraints de nous conformer en des moments aussi solennels. La société, en effet, nous oblige à respecter voire à sacraliser la mort. Le problème c’est que tous les vivants, à l’exception des papes, ne deviennent pas automatiquement des saints du simple fait de leur passage de vie à trépas. D’autant plus que quand les gens meurent, ils laissent souvent de l’argent derrière eux. Parfois aussi de l’argent sale… Cet aspect tragi-comique de la vie fait qu’il est parfois difficile de garder son sérieux devant la perspective de la mort. Les meilleurs fous rires sont ceux qu’on peut avoir à un enterrement. Ou encore au théâtre. J’espère avoir écrit une comédie à mourir de rire…