Ces traductions, libres adaptations et créations à partir des œuvres de Don Juan Manuel (El Conde Lucanor) et Miguel de Cervantès (El Retablo de las Maravillas et Don Quijote) constituent une œuvre originale (avec emprunt au domaine public) qui n’est pas libre de droits. Toute représentation doit être autorisée par la SACD.
L’Étoffe des Merveilles
De 10 à 14 personnages (variables en sexe)
Traduction et adaptation libre de l’intermède de Cervantès intitulé « Le Retable des Merveilles »: comment trois saltimbanques bernent des notables de village en leur faisant prendre des vessies pour des lanternes…
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Le Retable des merveilles est l’un des huit intermèdes (courtes pièces destinées à être jouées en guise d’entracte) écrits par Cervantès. Les qualités dramatiques de cette comédie de Cervantès n’échappèrent pas à Jacques Prévert, qui l’adapta et la mit en scène en 1936 avec le Groupe Octobre, sous le titre Le Tableau des Merveilles. Cependant, l’adaptation très libre de Prévert s’éloigne beaucoup de l’original, tant par la lettre que par l’esprit. Il en fait une pièce engagée, au didactisme un peu trop appuyé. Afin de remettre en lumière cette œuvre injustement oubliée et très peu jouée, j’ai voulu en proposer une nouvelle version, qui ne soit ni une traduction de type universitaire, très fidèle au texte original, mais peu théâtrale, ni une adaptation trop libre, prenant le texte comme prétexte à une recréation personnelle servant un autre propos. J’ai donc choisi de respecter globalement la structure de l’œuvre, en simplifiant et en modernisant les dialogues et les références, tout en transposant juste assez l’action et le contexte pour rendre l’argument plus universel. À travers les didascalies, je propose aussi des idées de mise en scène qui pourront ou non être retenues par ceux qui auraient envie de monter la pièce.
À lui seul, l’intermède de Cervantès est donc un texte très court. Dans la mesure où il convoque à la fois la musique et la danse, cependant, il peut donner lieu à la création de nombreux tableaux susceptibles d’enrichir le spectacle. Afin d’étoffer encore la proposition théâtrale, j’ai fait précéder le texte d’un prologue de ma plume, qui intègre une adaptation du conte de Don Juan Manuel (inclus dans son recueil Le Comte Lucanor) dont Cervantès s’est inspiré pour composer son intermède. J’ai aussi ajouté un épilogue qui est une adaptation du célèbre épisode des moulins dans Don Quichotte. Il y a en effet une résonance inversée entre Le retable des merveilles, qui fait de l’illusionnisme un moyen pour le paria d’escroquer le bourgeois, et le combat contre les moulins, qui fait de l’imagination hallucinatoire un moyen pour l’âme noble de s’évader d’une réalité médiocre afin d’accéder à un destin héroïque.