Un bistrot. Au bar la patronne et une cliente.
Patronne – Et vous l’avez eu ?
Cliente – Quoi ?
Patronne – Le bac.
Cliente – Mention passable.
Patronne – Vos parents devaient être contents.
Cliente – En tout cas, ils ne m’ont rien dit.
Patronne – Il y a des gens pas bavards.
Cliente – J’aurais aimé au moins une fois dans ma vie que mes parents me disent qu’ils étaient fiers de moi. Même si ce n’était pas vrai. Pas vous ?
Patronne – Ce que j’aurais aimé, c’est pouvoir dire à mes parents que j’étais fière d’eux…
Cliente – Vous avez des enfants ?
Patronne – Non. Et je ne suis pas sûre qu’ils auraient été fiers de moi…
Cliente – Pourquoi ?
Patronne (éludant) – Donc, vous ne vous êtes pas jetée dans la Seine…
Cliente – J’aurais peut-être dû. Parce que c’est après que les ennuis ont commencé.
Patronne – Vous n’avez pas trouvé de boulot ?
Cliente – Si. Un petit boulot, comme on dit.
Patronne – C’est toujours mieux que de faire le trottoir.
Cliente – Encore que… Le bac c’est la fin de l’innocence, mais le premier job, c’est comme un dépucelage. On se rend compte que là, on est vraiment baisé. On sait qu’il n’y a que la première fois où ça fait un peu mal, et qu’on va s’habituer. Mais on se doute qu’il va falloir pas mal d’imagination pour y prendre un peu de plaisir… Ça s’est passé comment, pour vous ?
Patronne – Mon dépucelage ?
Cliente – Votre premier job ! Qu’est-ce que vous faisiez avant de vous mettre à votre compte ?
Patronne – Je faisais le tapin rue Saint Denis.
Cliente – Ah… Alors vous savez de quoi je parle…