Alban lit un journal. Ève somnole.
Alban – Tu as vu ? Les Chinois ont renoncé à la politique de l’enfant unique.
Ève – Et c’est reparti… Comme si on n’était pas déjà assez nombreux comme ça.
Alban – Et tout ça, ça pollue, ça pollue.
Ève – Avec leurs centrales au charbon, en plus.
Alban – Le nucléaire, c’est dangereux, mais au moins c’est propre.
Un temps.
Ève – Tu te rends compte ? Si en Chine, au lieu de la politique de l’enfant unique, on adoptait la politique de l’enfant zéro, il n’y aurait plus de Chinois en l’espace d’une génération.
Alban – Il faudrait quand même attendre que tous les vieux Chinois soient morts.
Ève – Disons en l’espace d’une centaine d’années, alors.
Alban – Encore qu’il y a beaucoup de centenaires en Chine.
Ève – Même les centenaires finissent par mourir un jour.
Alban – Ce n’est au Japon, plutôt, qu’il y a beaucoup de centenaires ?
Ève – Oui, peut-être.
Alban – C’est sûr que s’il y avait moins de Chinois, il aurait moins de pollution.
Ève – Enfin, il resterait plus d’un milliard d’Indiens.
Alban – Il faudrait faire pareil en Inde.
Ève – Et en Afrique.
Alban – Et aux États-Unis.
Ève – En fait, il faudrait faire ça partout dans le monde.
Alban – S’il n’y avait plus d’hommes du tout, le problème de la pollution serait définitivement réglé. Et on respirerait mieux.
Ève – Pas d’enfant, comme nous, c’est la seule solution.
Alban – C’est ce que disaient déjà les Cathares.
Ève – Les Cathares, c’étaient des écolos ?
Alban – En tout cas, les Cathares étaient pour l’interdiction de se reproduire.
Ève – Ils avaient bien raison.
Alban – En fait, on est un peu des Cathares.
Ève – Oui… Ce n’est pas nos enfants qui pèseront sur le bilan carbone.
Alban – Le jour où on aura inventé des enfants économes en énergie…
Ève – Des enfants basse consommation.
Alban – Et entièrement recyclables.
Ève – Ce n’est pas demain la veille.
Alban – Je te ressers un peu de vin ? C’est du bio.
Ève – Si c’est du bio, alors…
Noir