À Dieu ou à rien

Deux personnages, face au public. Ils ne se regardent pas. Le premier porte une valise.

Un – Bon… Les meilleures choses ont une fin.

Deux – Oui… Il n’y a de bonne compagnie qui ne se quitte.

Un – Donc, je vais vous laisser…

Deux – C’est ça.

Un – Alors… au revoir.

Deux – Oui.

Un – Enfin quand je dis au revoir…

Deux – Oui, il y a peu de chances qu’on se revoit.

Un – Ou alors, si on se revoit…

Deux – Alors adieu, plutôt.

Un – C’est ça… Adieu.

Deux – Voilà, voilà…

Un – Enfin adieu…

Deux – Quoi ?

Un – Vous y croyez, vous ?

Deux – À quoi ?

Un – À Dieu !

Deux – Ah ! Euh… Non, pas vraiment.

Un – Alors adieu… Ce n’est pas vraiment le bon mot non plus.

Deux – Non.

Un – Alors qu’est-ce qu’on dit quand on ne croit pas en Dieu  ?

Deux – Je ne sais pas…

Un – Vous croyez en quoi, vous ?

Deux – Je ne sais pas… À rien.

Un – Alors on pourrait dire… Arien.

Deux – Arien ?

Un – Au lieu de adieu, on pourrait dire arien.

Deux – Oui, on pourrait…

Un – Mais dans ce cas-là, est-ce que ça vaut encore le coup de dire quelque chose ?

Deux – C’est vrai…

Un temps.

Un – Bon, alors je vais y aller. Sans rien dire.

Deux – Ça servirait à quoi, de toute façon  ?

Le premier commence à partir, mais se ravise.

Un – On peut quand même s’embrasser  ?

Deux – Si vous voulez…

Ils s’embrassent. Le premier part avec sa valise.

Deux – Arien…

Noir

Des valises sous les yeux