.

Vaguement

Ils sont debout l’un à côté de l’autre, et ils échangent un regard tendre.

Lui – Ça va ?

Elle – Oui… Et toi ?

Lui – Ça va. (Un temps) On est morts, non ?

Elle – Pourquoi tu dis ça ?

Lui – Je ne sais pas… La dernière chose dont je me souviens, c’est une vague de trente mètres de haut s’apprêtant à déferler sur la piscine au bord de laquelle on venait de s’allonger pour faire une sieste.

Elle – Ah oui…

Lui – Pas toi ?

Elle – Si.

Lui – Donc, on est morts.

Elle – Ou alors c’est que cette vague nous a entraînés tous les deux à des kilomètres de là, pour nous déposer délicatement, sans nous réveiller, au bord de la piscine d’un autre hôtel…

Lui – Qui s’appellerait aussi le Paradise Hotel.

Elle – Absolument indemnes et même pas mouillés.

Lui – Ce n’est pas le plus probable, non ?

Elle – Alors c’est qu’on est morts.

Lui – Enfin morts…

Elle – Tu as raison. Je ne vois pas trop la différence avec quand on était vivants.

Lui – Sauf que dans ce monde-ci, apparemment, on n’est pas encore mariés.

Elle – Pourquoi tu dis ça ?

Lui – On n’a pas d’alliances.

Elle – Tu crois qu’on n’a pas encore d’enfants non plus ?

Lui – En tout cas, je ne vois pas leurs serviettes au bord de la piscine.

Elle – Ni leurs bouées.

Un temps.

Lui – Peut-être qu’on ne s’est même pas encore rencontrés…

Elle – Tu veux dire… qu’on ne se connaît pas ?

Lui – Je ne sais pas. On se connaît ?

Elle – Je ne crois pas.

Un temps.

Lui – Alors ce serait ça ce qu’on appelle la mort.

Elle – Un monde parallèle dans lequel l’heure de notre mort n’a pas encore sonné.

Lui – Un paradis sur lequel ce tsunami n’aurait pas encore déferlé.

Elle – Pourtant on l’a bien vue, cette vague. Tous les deux.

Lui – Oui.

Elle – J’imagine que si ça marche comme ça, on n’est pas supposés se souvenir de notre ancienne vie ? Tu t’en souviens, toi ?

Lui – Vaguement.

Elle – Moi aussi. Je me souviens juste de cette vague… De toi et des enfants. Enfin surtout des enfants… Et toi ?

Lui – Surtout de la vague.

Elle – Tout ça est vraiment très bizarre.

Lui – Ça doit être un bug dans le système. On n’est pas supposés se souvenir de quoi que ce soit.

Elle – Sinon, les gens sauraient qu’ils sont déjà morts.

Lui – Tu crois qu’on doit leur dire ?

Elle – Quoi ?

Lui – Qu’ils sont morts.

Elle regarde en direction du public.

Elle – Regarde les… Ils ont l’air heureux… Ils ne nous croiraient pas…

Lui – Ils nous prendraient pour des fous, et c’est nous qu’on enfermerait dans un asile.

Elle – Il vaut mieux garder ça pour nous.

Lui – Tu as raison.

Elle – Ce sera notre secret.

Un temps.

Lui – Bon, on y va ?

Elle – Où ça ?

Lui – Découvrir ce qu’il y a de différent dans ce monde parallèle, où aucun tsunami n’a submergé le Paradise Hotel…

Elle – Et où on ne s’est pas encore rencontrés.

Lui – Je suis curieux de voir ça.

Elle – Oui… Et en même temps, ça me fait un peu peur.

Lui – Il faudrait déjà savoir dans quelle chambre on est.

Elle – Puisqu’on ne se connaissait pas encore, on n’était sûrement pas dans la même chambre.

Lui – On n’a qu’à demander à la réception.

Elle – On va faire comme ça.

Lui – Allons-y.

Ils commencent à s’en aller.

Elle – C’était pourtant une belle journée, non ?

Lui – Oui.

Elle – Comment on aurait pu deviner…

Lui – Qu’on allait se rencontrer aujourd’hui.

Ils s’en vont.

Noir.

Vaguement Lire la suite »

Quarantaine

Quarantine  – Cuarentena  –  Quarentena – KARANTÉNA 

Une comédie de Jean-Pierre Martinez

4 hommes ou 3H/1F ou 2H/2F ou 1H/3F ou 4 femmes

Quatre personnes qui ne se connaissent pas se retrouvent malgré elles placées en quarantaine dans ce qui s’avère être un théâtre désaffecté. Derrière une vitre imaginaire, des gens (les spectateurs) les observent. Les présumés malades s’interrogent. Par quel virus auraient-ils bien pu être contaminés ? Que risquent-ils exactement ? Quand et comment tout cela va-t-il se terminer ? On comprend peu à peu que ce huis-clos se situe dans un futur proche où Big Brother règne en maître, et que la raison de cette quarantaine n’est peut-être pas strictement médicale.


Ce texte est offert gracieusement à la lecture. Avant toute exploitation publique, professionnelle ou amateur, vous devez obtenir l’autorisation de la SACD.


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Cet ouvrage peut être commandé en impression à la demande sur le site The Book Edition, avec des réductions sur quantité (5% à partir de 4 exemplaires et 10% à partir de 12 exemplaires), livraison dans un délai d’une semaine environ.


Création de QUARANTAINE au Théâtre Baltazar Dias de Funchal (Madère, Portugal).



Création de QUARANTAINE à Gostivar (Macédoine).

https://www.facebook.com/tv21hd/videos/1049517349507050




Quarantaine

Personnages :

Dom

Pat

Max

Sam/Kim

Les sexes sont indifférents, et l’aspect unisexe voire uniforme sera une caractéristique de tous les personnages. Les comédiens pourront d’ailleurs changer de rôles au cours du spectacle, chaque rôle étant symbolisé par un costume (blouses de patients bleues, roses ou vertes, blouse d’infirmier blanche, costume Mao noir). Dans cette version, Dom et Max seront des hommes, Pat et Sam/Kim des femmes.

Acte 1

Le plateau pourra rester nu à l’exception d’une ou deux chaises. Dom arrive d’un pas incertain. Il porte le genre de blouses (bleues, roses ou vertes) qu’on met aux patients à l’hôpital. Il jette autour de lui un regard intrigué, avant de découvrir avec stupéfaction la présence des spectateurs, et de s’avancer pour les observer avec un air inquiet. Pat, portant la même tenue, arrive derrière lui.

Pat – Bonjour.

Surpris, Dom sursaute, se retourne et aperçoit Pat.

Dom – Vous m’avez fait peur…

Pat – Désolée… Alors vous aussi vous…?

Dom – Oui…

Moment d’embarras.

Pat – On s’est déjà vus, non ?

Dom – On était dans le même wagon, je crois.

Pat – Voiture 13, c’est ça ! Je ne sais pas si ça a un rapport…

Dom – Un rapport ? Avec le numéro 13, vous voulez dire ?

Pat – Avec le fait qu’on soit là tous les deux ! Parce qu’on était dans le même wagon…

Dom – Je ne sais pas. À vrai dire, je ne sais pas du tout pourquoi on est là.

Pat – Moi non plus. Je n’y comprends rien. À la descente du train, deux agents m’ont demandé de les suivre…

Dom – Vous êtes sûre que c’était des policiers ?

Pat – Je pense, oui… Ils portaient un masque. Enfin pas un masque… Comme dans les hôpitaux, je veux dire. Ils m’ont fait monter dans une ambulance et…

Dom – Une ambulance, vous êtes sûre ? Non, parce que si c’était des policiers…

Pat – Disons… un fourgon, alors.

Dom – Un fourgon de police médicalisé.

Pat – C’est ça… Ils m’ont conduite jusqu’ici et… ils m’ont dit d’attendre. Et vous ?

Dom – Pareil… Donc on ne vous a rien dit non plus.

Pat – On m’a dit d’attendre.

Dom – Et… vous n’avez rien entendu d’autre ?

Pat – Non… (Un temps) Je crois que le mot quarantaine a été prononcé.

Dom – Ah oui….?

Pat – Vous avez entendu ça, vous aussi ?

Dom – Pas vraiment…

Pat – C’est le plus probable, non ?

Dom – Une quarantaine, oui… Qu’est-ce que ça pourrait être d’autre ?

Pat – Ça expliquerait les masques.

Dom – Oui… Et maintenant, qu’est-ce qu’on fait ?

Pat – On attend… C’est ce qu’on nous a dit, non ? On nous a dit d’attendre.

Un temps.

Dom – Une quarantaine… Si ça dure vraiment quarante jours… J’espère qu’on nous donnera quelques explications avant.

Pat – On dit une quarantaine, mais… ce n’est pas forcément aussi long. Ça dépend des maladies.

Dom – Vous croyez qu’il s’agit d’une maladie ?

Pat – Quoi d’autre ? Si on nous met en quarantaine…

Dom – Oui… Ça doit être un virus.

Pat – Très contagieux, j’imagine.

Dom – Oui… sûrement.

Pat – Je ne ressens aucun symptôme, et vous ?

Dom – Non, moi non plus.

Pat – Remarquez… Ça ne veut pas dire qu’on n’est pas malades. Ça dépend du temps d’incubation.

Dom – Vous êtes médecin ?

Pat – Ordonateur.

Dom – Ordonateur ?

Pat – Autrefois, on disait informaticien, je crois.

Dom – D’accord… Donc les virus, vous connaissez…

Pat – J’ai surtout trois enfants… Et vous ?

Dom – Je n’ai pas d’enfants.

Pat – Non, je voulais dire… Vous non plus, vous n’êtes pas médecin.

Dom – Je suis formateur.

Pat – Formateur…

Dom – Avant on disait professeur, je crois. Demain on dira… dresseur, peut-être.

Pat – Je vois…

Dom – Ah oui ? Et qu’est-ce que vous voyez ?

Pat – Non, je veux dire… Vous en savez encore moins que moi sur les virus…

Un temps.

Dom – Et donc le temps d’incubation, ça dépend des virus ?

Pat – Tout à fait… Parfois on ressent les premiers symptômes une semaine après la contamination. Parfois moins, parfois plus.

Dom – Vous m’avez l’air d’en connaître un rayon sur la propagation des épidémies… pour quelqu’un qui n’est pas médecin.

Pat – Je vous l’ai dit, j’ai trois enfants. Quand il y en a un de malade, c’est rare que les deux autres ne suivent pas quelques jours après.

Dom – Mais nous on n’est pas malades !

Pat – On est peut-être contagieux bien avant d’être malade soi-même.

Dom – Oui… Si on est vraiment porteur du virus.

Pat – D’où la quarantaine, probablement… Mais, on va sûrement nous expliquer tout ça.

Dom – Oui, sûrement…

Max arrive, portant la même tenue qu’eux.

Dom – Ah… Plus on est de fous…

Pat – Plus on est de fous ?

Dom – C’est une expression qu’on disait autrefois… Plus on est de fous… Non rien…

Pat – Monsieur va peut-être pouvoir nous en dire plus.

Max, l’air passablement déboussolé, s’avance vers le public.

Dom – Je ne parierais pas là-dessus. Il n’a pas l’air très net.

Pat – Bonjour.

Max – Ah, bonjour… Je… Je viens d’arriver, moi aussi…

Dom – Comment savez-vous qu’on vient d’arriver ?

Max – Pardon ?

Dom – Vous avez dit : je viens d’arriver moi aussi. Comment savez-vous qu’on vient d’arriver ? On pourrait être déjà là depuis des semaines…

Max – Vous êtes là depuis plusieurs semaines ?

Pat – On vient d’arriver.

Max – Ah… Comme moi alors… C’est bien ce que je disais.

Pat – Oui…

Max – Et… vous savez pourquoi on est là ?

Dom – On comptait un peu sur vous pour nous le dire…

Max – Je ne sais pas… Ils m’ont cueilli à la descente du train, sans aucune explication. Je n’ai pas que ça à faire, moi.

Pat – Et moi donc… Mes trois enfants m’attendent à la maison. Sans parler de mon mari. Et vous ?

Max – Je ne suis pas marié. J’avais juste fait un saut dans le Sud pour voir ma mère à l’hôpital.

Dom – Elle est malade, elle aussi ?

Max – Elle s’est cassé le col du fémur.

Pat – Ça au moins, ce n’est pas contagieux…

Max – Oui, mais qui est-ce qui va me payer, moi ? J’ai deux chantiers à terminer avant la fin de la semaine…

Pat – On nous donnera peut-être un dédommagement. Vous êtes artisan ?

Max – Je suis plombier.

Dom – Et dire que quand on en cherche un, on n’en trouve jamais…

Max – Pardon ?

Dom – Non, rien…

Pat – Plombier… J’ai déjà entendu ce mot, mais je ne sais plus ce que ça veut dire exactement.

Dom – On dit réparateur, maintenant.

Pat – Ah, oui…

Dom – Monsieur est réparateur spécialisé. Il répare des tuyaux, des canalisations, des robinets… Plombier, comme on disait autrefois.

Max – C’est ça.

Dom – Donc, vous ne savez pas non plus pourquoi on nous a enfermés ici ?

Pat – Parce que vous pensez qu’on est enfermés ?

Dom – Enfermés ou pas, si on est en quarantaine, on n’a pas le droit de sortir, non ?

Max – Alors vous croyez qu’on est en quarantaine ?

Dom – D’après Madame, qui est une grande spécialiste, on est porteurs d’un virus, et on est contagieux. C’est pour ça qu’on nous a mis à l’isolement.

Max – Un virus ? Quel virus ?

Pat – Ça… C’est sûrement un virus inconnu. Sinon, il y aurait déjà des vaccins, et on ne nous aurait pas placés en quarantaine.

Max – D’accord… Mais pourquoi nous ? Vous le savez ?

Pat – On a dû être en contact sans le savoir avec une personne malade… Vous disiez que vous êtes allé voir votre mère à l’hôpital ?

Max – Pour une fracture !

Pat – Oui… Mais les hôpitaux, c’est bourré de virus, non ? C’est bien connu…

Max – Ça va être de ma faute, maintenant…

Dom – Ne vous énervez pas, mon vieux. Personne ne vous reproche rien.

Pat – Et puis si on est enfermés ici pendant des semaines, il vaut mieux rester solidaires.

Max – Parce que vous pensez qu’ils vont nous garder pendant des semaines ?

Pat – On ne sait pas. Pour l’instant, on ne sait rien.

Un temps.

Max – Et vous ça va ?

Pat – Ça va… J’aurais préféré rentrer directement chez moi, retrouver mon mari et mes enfants, mais bon…

Max – Non, mais ça on s’en fout. Je veux dire… Est-ce que vous avez l’impression d’être malade.

Pat (froissée) – Pas pour le moment.

Max – Et vous ?

Dom – Ça va. Mais… merci de vous préoccuper de ma santé.

Max – Moi non plus, je… Je suis en pleine forme.

Dom – Tant mieux, tant mieux… On est contents pour vous…

Max jette à nouveau un regard autour de lui.

Max – Vous savez où on est, exactement ?

Dom – Non… On ne voyait rien depuis le fourgon mortuaire qui nous a amenés ici. Les stores étaient tirés.

Max – C’était un fourgon mortuaire, vous êtes sûr ?

Dom – J’ai dit ça ? Non, je voulais dire fourgon sanitaire, évidemment.

Pat – On a roulé à peine un quart d’heure. On ne doit pas être très loin de la gare…

Max – Ouais… mais ce n’est pas un hôpital.

Pat – Non… Mais comme pour l’instant on n’est pas malades.

Max – C’est bizarre… C’est quoi, cet endroit…? (Il fait le tour de la scène, et son visage se fige en apercevant les spectateurs.) Et ceux-là, c’est qui ?

Pat – Ceux-là ? Qui donc ?

Max (désignant le public) – Ceux-là !

Pat s’avance en plissant les yeux.

Pat – Je ne vois rien… Avec ces lumières… C’est aveuglant…

Max – Là ! Tous ces gens qui nous regardent !

Pat (apercevant le public) – Non… Mais c’est quoi ça…? (À Dom) Vous avez vu ?

Dom – Oui… C’est la première chose que j’ai vue en entrant.

Pat – Vous auriez pu nous le dire !

Dom – Quoi ?

Pat – Qu’on nous regardait ! Qu’on nous écoutait !

Dom – Ça m’est sorti de l’esprit… Qu’est-ce que ça aurait changé ? On n’a rien fait de mal, non ? Et on n’a rien dit de mal…

Pat – J’espère…

Max – Moi, je n’ai rien dit du tout.

Pat – C’est un cauchemar…

Max – Vous croyez qu’ils nous entendent ?

Dom – Je pense même qu’ils sont là pour ça.

Max – Pour nous écouter ?

Pat – Pour nous observer, en tout cas. Puisqu’on est en observation. Pour voir comment la maladie va évoluer…

Max – C’est curieux. Nous, on ne les entend pas.

Dom – Peut-être parce qu’ils ne disent rien.

Pat – Ou alors ils sont derrière une vitre.

Max – Une vitre ?

Pat – Comme dans une salle d’interrogatoire, vous voyez… (Plissant les yeux face aux projecteurs qui l’aveuglent) Et avec ces lumières qu’on nous envoie dans les yeux…

Dom – Je ne me suis encore jamais trouvé dans une salle d’interrogatoire. Pas avant aujourd’hui en tout cas.

Pat – Mais si, vous savez bien. Quand on est du bon côté, on peut voir les gens, et eux ils ne nous voient pas.

Max – Les gens ?

Pat – Les suspects !

Max – Oui, mais là, on les voit.

Dom – Il y a une chose dont je suis sûr, c’est que si un jour je me retrouve dans une salle d’interrogatoire, je ne serai certainement pas du bon côté.

Max – Le bon côté…? C’est lequel, à votre avis ?

Dom – Le bon côté de la vitre ! Celui d’où on voit sans être vu…

Max – Alors d’après vous, c’est eux qu’on va interroger… et nous on est là pour regarder.

Pat – Vous avez raison, ça ne tient pas debout. On n’est pas des policiers…

Dom – Si vous le dites…

Pat – Pardon ?

Dom – Vous avez l’air d’en connaître un rayon aussi sur les salles d’interrogatoire…

Pat – Qu’est-ce que vous voulez insinuer ?

Dom – Je ne sais pas… Vous savez tout sur les virus, ou presque… Vous savez à quoi ressemble une salle d’interrogatoire. Ce n’est pas eux qui vous envoient, au moins ?

Pat – Eux ? Je ne comprends pas…

Max – Vous pourriez être une infiltrée. Je crois que c’est ça que ce monsieur essaie d’insinuer. Une espionne, si vous préférez…

Pat – Je crois surtout qu’on commence tous à devenir fous. Ces gens sont sûrement des médecins. Ils sont là pour observer l’évolution de notre maladie, sans risquer d’être contaminés.

Max – On n’a qu’à faire comme s’ils n’étaient pas là.

Dom – Voilà. On va faire comme ça… Comme si de rien n’était. Comme si on n’était pas des cobayes dans un laboratoire, épiés jour et nuit par une centaine de spécialistes pour voir en combien de temps on va mourir, et de quelle façon…

Sam, portant la même tenue, arrive derrière eux.

Sam – Bonjour…

Pat – Madame va peut-être pouvoir nous renseigner… Bonjour Madame, vous êtes médecin ?

Sam – Je suis informateur.

Pat – Informateur ?

Dom – Autrefois, on disait journaliste, je crois.

Max – Ah… Donc vous êtes comme nous.

Sam – Vous êtes tous des informateurs ?

Max – Non… Je veux dire vous êtes comme nous… Vous ne savez pas pourquoi on nous a conduits ici.

Sam – Désolée, mais je n’en ai aucune idée. Juste en descendant du train…

Dom – Oui, bon, ça va, on le sait…

Sam – Je vous réponds… Si vous savez, pourquoi vous me demandez ?

Max – Mais on ne sait rien, on vient de vous le dire !

Sam – Ce n’est pas la peine de vous énerver, non plus.

Max – Excusez-moi, vous avez raison.

Sam – Donc, je descendais du train et… des policiers m’ont amenée jusqu’ici. Je n’ai aucune autre information. Je ne sais pas du tout pourquoi on nous a arrêtés.

Dom – On vous a dit qu’il s’agissait d’une arrestation ?

Sam – Non, pas explicitement, mais…

Pat – Moi j’ai entendu quarantaine, plutôt. Enfin, c’est ce que j’ai compris.

Sam – Ils parlaient peut-être de votre âge…

Dom – Nous voilà bien avancés…

Sam – Si on nous a placés en garde à vue, il y a sûrement une bonne raison.

Dom – Ah parce qu’on est en garde à vue, maintenant ?

Sam – Désolée… Je voulais dire en observation…

Pat baisse un peu la voix en désignant discrètement le public.

Pat – Donc vous ne savez pas non plus qui sont tous ces gens qui nous regardent…

Sam remarque l’assistance, mais ne montre aucune surprise.

Sam – Non…

Max – Alors vous aussi, vous étiez dans ce train ?

Sam – Voiture 13. Siège 40. Et vous ?

Pat – 42.

Max – 41.

Dom – 43.

Sam – Donc on était assis l’un à côté de l’autre.

Pat – Ou l’un en face de l’autre.

Sam – Ça pourrait expliquer qu’on ait été contaminés par la même personne… Mais par qui ?

Il lance un regard suspicieux aux trois autres. Perplexité générale.

Pat – On a une de ces allures avec ces tenues. J’ai l’impression d’être dans un asile de fous…

Max – Mais la folie, ça n’est pas contagieux… Si ?

Sam – On va quand même éviter tout contact physique.

Dom – Ah, parce que vous aviez l’intention de…

Pat – On va éviter de tousser, aussi. Ou alors on met sa main devant sa bouche.

Dom – Pourquoi on ne nous a pas donné de masques, alors ? Si on est contagieux.

Pat – Ils doivent considérer qu’entre nous ce n’est pas la peine. Si on est déjà tous condamnés…

Sam – Condamnés ?

Pat – Désolée, je voulais dire contaminés.

Max – Dans ce cas, ça ne sert à rien de mettre la main devant sa bouche avant de tousser.

Dom – Et donc on peut se toucher aussi, non ?

Sam – On pourrait au moins se présenter, avant. (Tendant la main à Dom) Sam.

Après une petite hésitation, Dom lui sert la main que lui tend Sam.

Dom – Dom.

Même manège avec les deux autres.

Pat – Pat.

Max – Max.

Ils se serrent tous la main, avec une certaine appréhension. On entend soudain un grésillement de haut-parleur et une voix off se fait entendre.

Voix – Bonjour à tous. Vous nous entendez ?

Moment de flottement.

Sam – Affirmatif. On vous reçoit cinq sur cinq.

Dom – Enfin disons quatre sur cinq.

Voix – Nous vous prions tout d’abord de nous excuser pour tous ces désagréments, rendus hélas nécessaires par la crise à laquelle nous sommes tous confrontés. Nous avons dû réagir en urgence. Et nous n’avons pas eu le temps de vous expliquer clairement les raisons de votre détention… Je veux dire de votre rétention dans ce lieu de confinement, pour éviter tout contact avec l’extérieur…

Pat – Et on peut savoir à présent quelle est la nature exacte de cette crise sanitaire ?

Voix – C’est un peu difficile à expliquer par le truchement d’un haut-parleur. Mais ne vous inquiétez pas. Nous allons bientôt venir à votre rencontre. En attendant, nous veillerons à ce que vous ne manquiez de rien. Il y a dans l’entrée un frigo et des placards bien garnis, qui vous permettront de vous restaurer. Il y a aussi une porte qui ouvre sur un couloir desservant des chambres, chacune équipée d’une salle de bain et d’un minibar. C’est assez sommaire, mais vous verrez, il y a tout ce qu’il faut…

Dom – Tout ce qu’il faut ?

Voix – Il y a même un babyfoot.

Max – Peut-on au moins savoir combien de temps tout ça va durer ?

Pat – Mon mari et mes enfants m’attendent à la maison. Enfin, surtout mes enfants…

Voix – Rassurez-vous. Vos familles, vos employeurs ou vos clients sont prévenus. Bon séjour avec nous, et à très bientôt.

On entend un nouveau grésillement puis plus rien.

Pat – Bon séjour ?

Dom – Et voilà… C’est tout… On n’a plus qu’à la fermer et attendre…

Sam – C’est dingue…

Moment de stupéfaction générale.

Pat – Je vais appeler mon mari. Au moins pour le prévenir. (Elle sort son portable.) Et puis dehors, ils ont peut-être plus d’informations… (Elle appuie sur une touche et son visage se fige.) Je n’ai pas de réseau… Et vous ?

Dom sort son portable.

Dom – Moi non plus.

Sam – Ils doivent utiliser un brouilleur…

Max – Mais pourquoi ?

Moment de perplexité.

Pat – Alors on est vraiment coupés du monde…

Dom – Qu’est-ce qu’on fait ?

Sam – Que voulez-vous qu’on fasse ?

Un temps.

Max – On n’a qu’à bouffer.

Dom – Pardon ?

Max – Ils nous ont dit où était la bouffe.

Dom – Alors on est séquestrés ici sans même savoir pourquoi, sans aucune possibilité de communiquer avec l’extérieur, et lui il ne pense qu’à bouffer…

Max – Vous avez une meilleure idée ?

Dom – Non…

Max – Alors vous faites ce que vous voulez, mais moi j’ai les crocs…

Il sort. Les trois autres se regardent.

Sam – C’est vrai que j’ai un peu faim, moi aussi…

Il sort.

Dom – Qu’est-ce que vous en pensez ?

Pat – Après tout… à quoi ça nous avancerait de nous laisser mourir de faim.

Elle sort. Après une hésitation, il la suit.

Noir.

Acte 2

La lumière revient sur le plateau. Dom et Pat font les cent pas, comme des lions en cage. Max les observe avec un air détaché, en mangeant une tranche de pizza.

Pat – On n’était pas quatre, avant ?

Dom – Si…

Pat – La quatrième a disparu…

Dom – Comment elle s’appelait, déjà ?

Max – Kim.

Pat – Kim ?

Dom – Sam, je crois.

Max – Sam, c’est ça…

Dom – Qu’est-ce qu’ils ont bien pu en faire ?

Max – Ils l’ont peut-être libérée.

Pat – Ils l’auraient libérée ? Et pourquoi pas nous ?

Dom – Ou alors, elle est morte…

Pat – Morte ? Vous voulez dire… de cette maladie ?

Dom – Je ne sais pas. (À Max) Qu’est-ce que vous en pensez, vous ?

Max – Oui, elle est peut-être morte.

Pat – Ça n’a pas l’air de vous couper l’appétit, au moins…

Un temps.

Dom – Ça fait combien de temps qu’on est là ?

Pat – Je dirais une semaine, non ?

Max – Sept jours exactement.

Pat – Oui, c’est bien ce que je disais… Une semaine. J’ai l’impression de devenir folle.

Dom – Moi aussi.

Pat – Fous à lier, pas encore. Mais enfermés, on l’est déjà.

Max – De toute façon, on nous a dit de rester ici.

Dom – On ? C’est qui on ?

Max – L’Autorité. Enfin, les autorités sanitaires. Ils l’ont dit, dans le haut-parleur. Vous n’avez pas entendu ?

Pat – C’est juste une voix anonyme dans un haut-parleur…

Dom – C’est vrai, qu’est-ce qu’on en sait après tout ? On a peut-être été enlevés…

Max – Par des policiers ?

Pat – C’était peut-être des faux policiers. Ils étaient masqués…

Max – Pourquoi on nous aurait enlevés ?

Dom – Pour rançonner nos familles ? Je n’ai aucune famille… J’imagine que vous n’êtes pas milliardaires non plus.

Pat – Je n’ai que mon appartement, qui reste la propriété de la banque tant que je n’ai pas remboursé mon crédit sur cinquante ans. Je ne pense pas que ma banque paierait une rançon pour me faire libérer… dans le seul espoir que je puisse continuer à rembourser mon crédit.

Dom – Et puis personne ne nous a demandé de rançon.

Max – Pas à ma connaissance, en tout cas.

Dom – Nos ravisseurs ont dû se rendre compte qu’on n’était pas des bons clients, et ils se sont barrés. En oubliant de nous libérer…

Pat – Ou alors, c’est une prise d’otages. Les prises d’otages, c’est souvent très long. Ça dure des années, parfois.

Max – Une prise d’otages ?

Pat – Pourquoi pas ? Ils ont des revendications, et ils menacent de nous tuer si les autorités ne leur donnent pas ce qu’ils veulent.

Max – Dans ce cas-là, vous êtes mal barrés.

Dom – Vous ?

Max – Non, je veux dire… nous. On est mal barrés. Il y a bien longtemps que les autorités ne cèdent plus au chantage des terroristes. Même lorsque la vie des otages est en danger.

Un temps.

Pat – Je crois qu’on commence à délirer… Non, c’est une simple quarantaine, et puis voilà.

Dom – Vous croyez ?

Pat – C’est ce que je préfère croire, en tout cas. Pour ne pas devenir folle…

Max – Vous avez raison. Il ne faut pas voir tout en noir.

Pat – Le principal, c’est que personne n’est malade… Si c’est vraiment une quarantaine, on va finir par nous laisser sortir…

Max – Par quel mal on aurait bien pu être contaminés ?

Dom – C’est curieux, vous avez dit par quel mal, et pas par quelle maladie.

Pat – Par quoi d’autre on pourrait être contaminés ? À part une maladie ?

Max – Je ne sais pas… J’ai dit ça comme ça… Qu’est-ce que vous en pensez ?

Dom – Rien. Je n’en pense rien. Et si j’en pensais quelque chose, ce n’est pas à vous que je le dirais.

Pat fait face aux spectateurs.

Pat – Et eux, ils sont toujours là aussi…

Max – Peut-être qu’ils ne peuvent pas se barrer non plus.

Pat – On les retiendrait en otages, comme nous ?

Dom – S’ils sont libres de partir, je me demande vraiment pourquoi ils ne l’ont pas déjà fait.

Max – Oui… Parce qu’il ne se passe pas grand chose de très passionnant.

Pat – On se croirait dans une émission de télé-réalité. Même nous on va finir par s’ennuyer…

Le docteur Kim arrive derrière eux. C’est la même comédienne qui auparavant incarnait Sam. Elle porte un costume Mao noir et affiche un sourire de présentateur télé.

Kim – Chers amis, bonjour !

Les trois autres se retournent, surpris.

Pat – Elle ne porte pas la même blouse que nous. Elle doit être médecin.

Dom – C’est curieux, sa tête me dit quelque chose…

Pat – Moi aussi, j’ai l’impression de l’avoir déjà vue.

Max – Elle va peut-être nous expliquer ce qu’on fait là…

Dom – Enfin !

Pat – Bonjour Docteur. Alors ça y est, on nous libère ?

Kim – Pas tout à fait encore…

Dom – Si vous nous disiez d’abord qui vous êtes, et pourquoi on est là.

Kim – Je suis…. votre reformateur.

Pat – Reformateur ?

Kim – Je suis là pour vous remettre en forme.

Dom – Autrefois, on disait thérapeute, je crois.

Pat – Mais vous êtes médecin ?

Kim – En tout cas, je suis docteur… Je suis le docteur Kim. Et je suis là pour vous soigner.

Dom – Nous soigner ?

Kim – Disons… vous remettre dans le droit chemin. Le chemin de la guérison…

Pat – Et comment vous comptez vous y prendre ?

Kim – En vous reformatant, justement. Si c’est encore possible…

Pat – Donc vous n’avez pas de vaccin.

Max – Voilà qui est tout à fait rassurant…

Pat – Mais enfin… pourquoi nous retenez-vous ici ? Le moment est venu de nous le dire.

Kim – Vous avez été en contact avec quelqu’un de dangereux.

Max – Vous voulez dire… quelqu’un porteur d’un virus dangereux ?

Kim – Oui, en quelque sorte. Nous attendons de voir si vous êtes contaminés vous aussi…

Dom – Mais nous n’avons reçu aucun traitement !

Kim – Il n’existe aucun traitement.

Dom – Vous voulez dire aucun traitement d’ordre médical ?

Pat – Mais puisque nous ne souffrons d’aucun symptôme !

Kim – C’est une affection dont l’incubation peut être très longue.

Dom – Et si on est vraiment atteints par ce virus, qu’est-ce que vous allez faire de nous ?

Kim – Nous attendons des instructions à ce sujet.

Dom – J’ai l’impression de parler à un robot, dont le disque dur serait un peu rayé. Vous êtes sûre que ce n’est pas vous qui avez un virus ?

Pat – Ce qui est sûr, c’est que nous sommes enfermés ici depuis une semaine, sans aucun contact avec nos familles…

Dom – Même par téléphone !

Pat – Le réseau est brouillé. Les virus, ça ne se transmet pas par téléphone, si ?

Kim – Ça dépend lesquels…

Pat désigne le public.

Pat – Et puis c’est qui, tous ces gens qui nous observent ?

Kim – Ce sont des cobayes eux aussi.

Pat – Eux aussi ? Donc, nous sommes bien des cobayes.

Kim – Nous voulons voir quelles seront leurs réactions après un contact prolongé avec des personnes sévèrement atteintes, comme vous.

Dom – Mais on a aucun contact avec eux !

Kim – Oui. Mais eux ils vous entendent. Et ils vous voient.

Max – J’ai l’impression d’être un hamster dans un laboratoire.

Pat – Si encore on avait une roue pour faire un peu d’exercice.

Kim – Ce n’est pas un jeu, croyez-moi.

Pat – Mais enfin, c’est quoi ce virus, exactement ?

Kim – En réalité… ce n’est pas exactement un virus.

Max – C’est quoi alors ?

Kim – C’est plutôt quelque chose qui se transmet par un contact auditif. Ou visuel. Ou les deux. Par mimétisme, en quelque sorte.

Dom – Ah oui, c’est tout de suite beaucoup plus clair.

Kim – Quelqu’un dans la voiture 13 a eu devant vous un comportement inapproprié, déviant, et donc dangereux.

Pat – Quel genre de comportement ?

Kim – Vous ne vous souvenez vraiment pas ?

Pat – Non.

Kim – Aucun d’entre vous ?

Dom – Non.

Kim – Nous verrons cela. On vous a justement confinés ici pour vérifier que vous n’êtes pas contagieux.

Pat – Contagieux ? Mais vous dites qu’il ne s’agit pas d’un virus !

Kim – Que vous n’êtes pas tentés de reproduire ce dangereux travers, si vous préférez. Au risque de contaminer d’autres personnes.

Pat – Et combien de temps allez-vous nous retenir encore ici avant d’être sûrs que nous ne sommes pas… contagieux ?

Kim – Nous attendons des instructions à ce sujet. Pour l’instant, essayez de vous souvenir.

Sam – Nous souvenir de quoi ?

Kim – De ce que vous avez vu et entendu dans cette voiture 13. Je vous laisse y réfléchir encore un peu…

Pat – Mais enfin…

Kim – C’est tout pour aujourd’hui. Chers amis, nous nous reverrons bientôt. Et en attendant, si vous avez besoin de quelque chose, n’hésitez pas à nous le faire savoir.

Pat – Vous le faire savoir ? Comment ? On est enfermés ici, et on n’a aucun moyen de communiquer avec l’extérieur ! Ou même avec le room service…

Kim – Ne vous inquiétez pas… Demandez, et on vous donnera. Cherchez et vous trouverez…

Dom – Frappez et on vous ouvrira ?

Kim s’en va.

Pat – Nous souvenir…

Max – Vous vous souvenez de quelque chose, vous ?

Dom – Non… Et vous ?

Pat – Moi non plus…

Dom – Et puis si on se souvenait de quelque chose, personne ne le dirait, non ?

Max – Et pourquoi ça ?

Pat (désignant le public) – Je vous rappelle qu’on nous écoute…

Dom – Ça, on ne risque pas de l’oublier.

Max – Se savoir écouté… ça évite les comportements déviants, non ?

Dom – C’est quoi un comportement déviant ?

Pat – Déviant par rapport à quoi ?

Max – Ça… On ne sait pas…

Pat – On ne sait plus.

Dom – On a sûrement dû le savoir un jour… mais on a oublié.

Un temps.

Max – Ça me donne faim, moi, tout ça. Pas vous ?

Max sort.

Pat – Il ne pense vraiment qu’à bouffer, celui-là.

Dom – Je me demande si ce con n’est pas là pour nous surveiller.

Pat – On est déjà surveillés, non ?

Dom – Disons nous surveiller de l’intérieur, alors.

Pat – Un espion ? Ça pourrait être n’importe lequel d’entre nous.

Dom – Oui… Pourquoi pas moi ?

Pat – Je ne pense pas que vous soyez des leurs.

Dom – C’est peut-être vous, l’espionne. Et vous essayez de me faire parler.

Pat – Dans ce cas, ce n’est pas très réussi. Vous ne dites rien.

Dom – Je suis prudent, c’est tout…

Pat – Alors c’est moi qui vais parler.

Dom – Comme vous voulez.

Pat – J’ai dit que je ne me souvenais de rien, mais… ce n’est pas tout à fait vrai.

Dom – Vraiment ?

Pat – Je me souviens de quelque chose.

Dom – Je vous écoute… (Désignant le public) Tous, nous vous écoutons…

Pat – Je me souviens du couple qui était assis à côté de nous, dans ce train.

Dom – Ah oui…?

Pat – L’homme s’est mis à raconter à la femme une histoire.

Dom – Une histoire ?

Pat – Une histoire de fous.

Dom – Je serai curieux de l’entendre.

Pat – Un fou trouve un miroir. Il le regarde, voit son visage et s’exclame : la tête de ce con me dit quelque chose… L’autre prend le miroir, le regarde à son tour et répond : Évidemment, ce con, c’est moi !

Dom – Et vous trouvez que c’est une histoire de fous ?

Pat – En tout cas, seul un fou peut raconter une histoire aussi insensée. C’est ce qu’on nous a toujours appris, non ?

Dom – Oui…

Pat – Et cette histoire, vous la connaissiez déjà avant que je vous la raconte…

Dom – Peut-être.

Pat – Vous l’avez entendue comme moi, dans ce wagon.

Dom – Admettons. Et alors ?

Pat – Le visage de la femme est devenu… comme grimaçant. Elle a été secouée de spasmes des pieds à la tête. Elle a ouvert la bouche et une sorte de cri saccadé est sorti de sa bouche.

Dom – Un cri ? Quel genre de cri ?

Pat – Ah, ah, ah !

Dom – Ah, ah, ah ?

Pat – Ah, ah, ah !

Elle se met à rire d’une façon hystérique.

Dom – Moins fort, je vous en prie… Et après ?

Pat – Elle n’avait pas l’air de souffrir. Il l’a regardée et il s’est mis à avoir les mêmes symptômes.

Dom – Donc c’est bien contagieux. Et ensuite ?

Pat – Des policiers sont arrivés et les ont emmenés tous les deux.

Dom – Je vois…

Pat – Bien sûr que vous voyez. Vous étiez là, comme moi.

Dom – Je ne m’en souviens pas…

Pat – Je ne suis pas une espionne. Vous pouvez vous confier à moi.

Un temps. Il l’entraîne en fond de scène, loin du public.

Dom – Ça s’appelle le rire.

Pat – Pardon ?

Dom – Cette maladie contagieuse dont vous venez de décrire les symptômes. Ça s’appelle le rire.

Pat – Le rire ? Qu’est-ce que c’est que ça ?

Dom – Une maladie que les autorités sanitaires avaient réussi à éradiquer. Enfin pas tout à fait, la preuve.

Pat – Mais c’était quoi, cette maladie ?

Dom – Une affection très ancienne. Aussi ancienne que l’Humanité. Les symptômes étaient relativement bénins, mais cela poussait à des comportements désordonnés. Déviants, comme ils disent…

Pat – Mais je viens de vous raconter la même histoire, et vous n’avez pas ri.

Dom – La deuxième fois, c’est toujours moins marrant. Et puis nous avons perdu l’habitude de rire. Nous ne savons plus ce qui est drôle.

Pat – Drôle ?

Dom – Drôle. Ou comique. Ce qui déclenche le rire. Nous ne savons plus rire.

Pat – Et vous ? Il vous arrive… de rire ?

Dom – En cachette, vous voulez dire ? Parce que sinon… Vous avez vu le sort qui est réservé à ceux qu’on surprend en train de rire.

Pat – Et alors ?

Il se rapproche d’elle et lui parle à voix basse.

Dom – Je fais partie d’un groupe.

Pat – Un groupe terroriste ?

Dom – Oui, si vous voulez. Nous tenons des réunions secrètes. On se raconte des histoires drôles, et on rit. Enfin, on essaie…

Pat – Des histoires de fous ?

Dom – Faut-il être fou pour se moquer des autorités ? Ou même du Guide Suprême…

Pat – Mais critiquer les autorités, c’est interdit, non ? Et manquer de respect au Guide Suprême, c’est un blasphème.

Dom – Autrefois le blasphème était autorisé.

Pat – Comment savez-vous tout ça ?

Dom – On a retrouvé des livres.

Pat – Des livres ?

Dom – Et des journaux, aussi.

Pat – Qu’est-ce que c’est que ça ?

Dom – C’est comme des tablettes, mais les caractères sont imprimés à l’encre noire sur du papier.

Pat – Comme sur des emballages ?

Dom – Et comme ce n’est pas diffusé sur un réseau, c’est impossible à contrôler.

Pat – Et bien entendu, c’est interdit.

Dom – Il fut un temps où ça ne l’était pas… C’était une autre époque.

Pat – Je ne m’en souviens pas.

Dom – Une époque que tout le monde a oubliée. Les autorités ont tout fait pour ça. En brûlant tous les livres, notamment.

Pat – Le rire…

Dom – C’était le propre de l’homme, paraît-il. Ce qui le distinguait des animaux sociaux comme les abeilles, les fourmis ou les termites…

Pat – Il nous reste l’intelligence.

Dom – Mais pour combien de temps encore… Les professeurs sont devenus des formateurs. Les politiciens des reformateurs. Les informaticiens sont devenus des ordonateurs et déjà presque des ordinateurs…

Max revient. Ils abandonnent leur conversation et prennent un air détaché.

Pat – Vous avez bien mangé ?

Dom – C’était bon ?

Max – Excellent.

Pat – C’était quoi, aujourd’hui ?

Max – Pizza.

Dom – Encore ?

Pat – Combien de temps ils vont nous retenir enfermés ici, à bouffer des pizzas.

Max – J’aime bien, les pizzas.

Dom – Et si on s’évadait ?

Max – S’évader ? Mais c’est interdit, non ?

Dom – Bien sûr… Je plaisantais.

Max – Évidemment, que c’est interdit. Et puis on risquerait de contaminer les autres, dehors.

Dom – Le public, notamment. Là ils n’ont pas l’air de rigoler beaucoup, mais…

Max – Et puis de toute façon, on vous retrouverait vite…

Dom – Bon… Alors qu’est-ce qu’on fait ?

Pat – Il reste de la pizza ?

Max – Il y en a plein dans le congélateur. Il suffit de les passer au micro-ondes.

Dom – Je vous accompagne.

Dom et Pat sortent. Kim revient.

Kim – Alors ? Vous avez réussi à leur arracher quelques informations ?

Max – Aucune… Je me commence à me demander si je suis un très bon informateur…

Kim – Oui, moi aussi… Bon… Mais vous avez bien une opinion ?

Max – Une quoi ?

Kim – Qu’est-ce que vous en pensez ?

Max – Rien. Vous m’avez toujours dit que je pensais trop, Chef. Et que ça pouvait être dangereux…

Kim – De toute façon, on a déjà un dossier sur eux.

Max – Et sur moi, vous avez un dossier, aussi ?

Kim – Évidemment ! C’est même vous qui l’avez rédigé, après vous être dénoncé vous-même à la police pour toucher la récompense. Vous ne vous souvenez pas ?

Max – Si, si… Ça m’a valu dix ans d’internement, pour me remettre dans le droit chemin, comme vous dites.

Kim – Si tout le monde était comme vous, nous aurions beaucoup moins de problèmes, croyez-moi.

Max – Vous êtes sûre que ces gens sont dangereux, Chef ?

Kim – Vous en doutez encore ?

Max – Non, bien sûr…

Kim – Puisque vous êtes incapable de leur soutirer la moindre information, vous me rédigerez un nouveau rapport sur vous-même. Vous me ferez la liste de toutes vos pensées déviantes. Je le veux demain matin sur mon bureau.

Max – Bien chef.

Max regarde autour de lui, et du côté des spectateurs.

Kim – À quoi vous pensez, encore ?

Max – À rien, je vous assure.

Kim – Je vois bien que vous pensez à quelque chose ! Alors ?

Max – Je me demandais… C’est quoi ici ?

Kim – Un théâtre désaffecté.

Max – Un théâtre ?

Kim – Un lieu où des gens se réunissaient autrefois pour rire ensemble.

Max – Pour rire ?

Kim – À l’époque c’était légal. On pouvait se moquer de tout. Même des autorités.

Max – Même du Guide Suprême ?

Kim – Même de soi-même.

Max – Heureusement que cette époque est définitivement révolue.

Kim – Oui… Ne me dites pas que vous pensez encore à quelque chose…

Max – Je vais aller faire mon rapport.

Max sort. Kim se dirige vers le public.

Kim – Et vous ça va ? Pas de symptômes alarmants ? Pas de rires intempestifs ? Bon, alors si vous vous tenez à carreaux, on vous laissera sortir tout à l’heure…

Kim sort. Dom et Pat reviennent.

Dom – Vous croyez que c’est lui ?

Pat – Qui ?

Dom – Sam ! Vous croyez que c’est un espion !

Pat – Donc vous ne pensez plus que ça puisse être moi.

Dom – Non.

Un temps.

Pat – Ce couple, vous vous en souvenez très bien.

Dom – Quel couple ?

Pat – L’homme qui raconte une histoire à la femme, et ils rient tous les deux.

Dom – Et pourquoi pensez-vous que je m’en souviens ?

Pat – Parce que ce couple, c’était nous.

Dom – Oui peut-être. (Un temps) Vous n’aviez jamais ri auparavant ?

Pat – Non. Je ne savais pas ce qui m’arrivait. C’était comme… Je ne contrôlais plus rien… J’avais un peu honte.

Dom – Je comprends. Ça fait toujours ça la première fois.

Pat – Et vous ? Vous avez déjà ri avec d’autres femmes, avant ?

Dom – Oui. Avec d’autres femmes. D’autres hommes aussi. Parfois à plusieurs.

Pat – À plusieurs…

Dom – Et ça vous a plu ?

Pat – Je… Je ne sais pas…

Dom – Ça vous a plu.

Pat – Oui…

Dom – Vous verrez, après on ne peut plus s’en passer.

Pat – C’est bien ce qui me fait peur. Et c’est pour ça qu’on nous a enfermés ici, non ?

Dom – Oui… Les deux autres, en face de nous, ça devait être des policiers.

Pat – C’est eux qui nous ont amenés ici. Ils étaient masqués, mais j’ai reconnu leur voix.

Dom – Alors vous saviez.

Pat – Oui. Mais pourquoi deux personnes qui rient, ça les inquiète à ce point ?

Dom – Le rire a un effet dévastateur, ils le savent.

Pat – Dévastateur ? Vous voulez dire que c’est dangereux pour la santé ?

Dom – Pour la santé, non. Ce serait même plutôt bon. C’est pour eux que le rire est dangereux.

Pat – Et pourquoi ça ?

Dom – Quand on commence à rire de tout, on est beaucoup moins naïf et donc beaucoup moins docile. Le rire est subversif…

Pat – Et qu’est-ce qu’ils vont faire de nous ?

Dom – Je ne sais pas. On leur fait peur.

Pat – Peur ?

Dom – Ils craignent que ce rire soit contagieux. Et que cette épidémie emporte tout le système. Et eux avec…

Pat – Vous croyez qu’ils pourraient nous tuer.

Dom – Ils y ont sûrement déjà pensé. Mais ils ne peuvent pas tuer tout le monde…

Pat – Alors qu’est-ce qu’on fait ?

Dom – Vous voulez que je vous en raconte une autre ?

Pat – Une autre blague ?

Dom – Mourir pour mourir, autant mourir de rire…

Pat – Je vous préviens, je suis mariée.

Dom – Rassurez-vous, rire ce n’est pas vraiment tromper.

Pat – Je vous écoute…

Dom – Alors c’est l’histoire de…

Pat – Ne restons pas là, je crois qu’on nous écoute…

Dom – Vous avez raison… Allons plutôt dans ma chambre…

Ils sortent. Kim et Max reviennent.

Sam – Tenez, chef, voilà mon rapport.

Kim – Ce n’est pas très épais… Vous êtes sûr que vous n’avez rien oublié.

Sam – Absolument sûr, chef.

Kim – Où sont-ils passés ? Ils ne se seraient pas échappés, au moins…

Max – Ils doivent être dans leurs chambres.

On entend rire bruyamment Dom et Pat.

Kim – Maintenant au moins, on est fixés.

Max – Oui… Ils ont bel et bien attrapé le virus.

Ils les écoutent rire à nouveau, un peu gênés et un peu troublés.

Kim – Vous avez déjà ri, vous ?

Max – Non, et vous ?

Kim – Ça a l’air douloureux, non ?

Max – Je ne sais pas, je vous dis que je n’ai jamais ri. Vous essayez encore de me piéger ?

Nouveaux éclats de rire en off.

Kim – Cette fois, on n’a pas le choix. Il faut en référer à l’Autorité…

Noir.

Acte 3

Kim est debout, toujours en costume Mao. Dom, Pat et Max sont assis. Dom et Pat portent toujours leurs blouses bleues, roses ou vertes de patients, mais Max porte désormais une blouse blanche façon infirmier.

Kim – Chers amis, merci tout d’abord d’avoir répondu à notre invitation.

Pat – On n’a pas tellement le choix…

Dom – On est prisonniers !

Kim se racle la gorge et poursuit comme si de rien n’était.

Kim – Donc, je vous ai réunis ici pour une thérapie de groupe.

Pat – Vous voulez dire un interrogatoire…

Kim – Nous savons que deux d’entre vous ont été victimes d’une crise de rire depuis leur arrivée ici. Ce qui prouve que l’un ou l’autre était déjà contaminé avant cette mise en quarantaine. Et que le deuxième a contracté le virus à son contact.

Dom – Si vous le savez, pourquoi ce simulacre d’enquête ?

Kim – Nous attendons des coupables qu’ils se dénoncent eux-mêmes. Cela fait partie de la thérapie…

Max – Rire, nous ? Mais nous ne savons même pas ce que ça veut dire. N’est-ce pas, mes amis ?

Pat – Ça va, laissez tomber… On a compris que vous étiez un espion.

Max – Mais je vous assure que…

Dom – Un très mauvais espion, d’ailleurs.

Max – Bon d’accord, un infiltré, peut-être, mais je ne suis pas un espion. Les espions, c’est quand on est du mauvais côté. Nous on est du bon côté, n’est-ce pas Chef ?

Kim – Monsieur n’est pas un espion. C’est un informateur.

Dom – Et vous, vous êtes quoi, exactement ?

Kim – Je suis votre reformateur.

Dom – Un réformateur ?

Kim – Je suis ici pour vous reformater.

Dom – Ce n’est pas le sens originel du mot réformateur.

Kim – Regardez dans le dictionnaire, et vous verrez !

Dom – C’est vous qui l’avez entièrement réécrit, ce dictionnaire. Mais j’ai retrouvé un exemplaire d’une vieille encyclopédie, et je connais le sens que tous ces mots avaient autrefois.

Kim – C’est à l’Autorité qu’il appartient désormais de définir le sens de chaque mot, en prenant pour seule considération le bien de la Nation.

Dom – Vous avez tout réécrit, même la Bible ! Vous avez remplacé Dieu par le Guide Suprême ! Et vous avez brûlé tous les livres pour ne laisser aucune trace du passé !

Kim – Apparemment pas tous, puisque vous semblez en avoir lu quelques-uns.

Dom – Tout ce qu’on peut lire aujourd’hui, c’est sur un écran via un réseau dont vous avez entièrement le contrôle.

Pat – Donc, vous voulez nous reformater… Effacer le disque dur et réinstaller le système d’exploitation, c’est ça ?

Dom – Et aussi installer un anti-virus, probablement

Kim – Le rire, c’est très addictif. Quand on a ri une fois, on sera toujours tenté de recommencer.

Pat – Alors d’après vous, le rire serait une drogue ?

Dom – Une drogue douce, en tout cas.

Kim – L’addiction au rire, c’est comme l’addiction à l’alcool. On n’en guérit jamais tout à fait. On peut s’abstenir de rire. Mais la tentation sera toujours là.

Max – Alcoolique un jour, alcoolique toujours.

Kim – Vous savez de quoi vous parlez. On vous a envoyé en cure de désintoxication pendant dix ans. Vous buviez de l’alcool en cachette. Et vous vous étiez dénoncé vous-même à la police.

Max – Maintenant, je ne bois plus.

Dom – Mais qu’est-ce qu’il bouffe…

Max – Alors cette thérapie, c’est un peu comme une réunion des alcooliques anonymes ?

Kim – C’est ça… Une réunion des rieurs anonymes.

Pat – Dont le but est de démasquer ceux qui rient en cachette.

Kim – Exactement.

Dom – Et comment vous allez faire ça ?

Kim – Je vais vous raconter une histoire. Une histoire drôle, paraît-il. On verra bien qui d’entre vous se met à rire.

Pat – Je vois. Un test de dépistage, en somme.

Dom – C’est curieux, mais quelle que soit l’histoire que vous allez nous raconter, je doute que vous fassiez rire quiconque.

Kim – Et pourquoi ça ?

Dom – Parce que pour rire, on doit être entre gens consentants et de bonne compagnie.

Pat – Là, en gros, vous nous dites que le premier qui rira partira en camp de rééducation.

Dom – Ou pire, sera exécuté.

Kim – Comment vous avez deviné ?

Pat – Je suis déjà morte de rire…

Kim – Bon, je vous raconte quand même mon histoire.

Max – On vous écoute, Chef.

Kim – Un fou trouve un miroir. Il le regarde, voit son visage et s’exclame : la tête de ce con me dit quelque chose. L’autre prend le miroir, le regarde à son tour et répond : Évidemment, c’est moi.

Max – C’est complètement idiot.

Kim – C’est justement ça qui est drôle, non ? Enfin je crois.

Dom – Après, ça dépend comment on la raconte.

Pat – Et surtout qui la raconte.

Kim – Vous croyez ?

Pat – Quand on sait qu’on va être exécuté si on rit, ça n’aide pas.

Kim – Vous trouvez ?

Pat – Bah non.

Kim – Je vois ce que vous voulez dire… Alors on n’a qu’à dire… le premier qui rira aura une tapette !

Dom – Une tapette ?

Dom et Pat rient.

Max – Une tapette…

Le rire étant communicatif, Max se met à rire aussi.

Kim – Tout le monde est contaminé, alors…

Dom – Il est des nôtres, il s’est mis à rire comme les autres…

Kim Max) – Bon, vous, maintenant, vous êtes vraiment en quarantaine.

Max – Bien, Chef.

Dom – Le premier qui rira aura une tapette…

Max ne peut s’empêcher de continuer à rire.

Kim – Vous trouvez ça drôle ?

Max – Mais pas du tout ! Enfin si, mais…

Dom – Vous voyez que vous aussi, vous pouvez être drôle, quand vous voulez. Enfin plutôt quand vous ne voulez pas…

Ils continuent tous à rire de façon un peu hystérique. Kim semble très incommodée, et presque effrayée par ces rires.

Kim – Je vous ordonne d’arrêter de rire !

Mais les autres, emportés par ce fou rire, ne peuvent pas s’arrêter. Kim se bouche les oreilles, et sort précipitamment. Dom, Pat et Max cessent peu à peu de rire.

Dom – Eh bien vous êtes des nôtres, à présent. Alors, quel effet ça fait ?

Max – De rire ? Je ne sais pas… Je pensais que c’était douloureux. En réalité, c’est plutôt agréable.

Pat – Très agréable…

Max – En tout cas, ça soulage.

Dom – Et dire qu’autrefois, on avait le droit de rire en public…

Pat – Comment on en est arrivés là ?

Dom – Ça a débuté il y a très longtemps, mais ça s’est installé progressivement. On a commencé par interdire de rire à propos de certaines choses. De la religion, d’abord…

Max – Et des autorités, bien sûr.

Dom – Et puis on a fait du Guide Suprême un nouveau Dieu, et toute critique est devenue un blasphème.

Max – L’alcool a été interdit aussi, parce que quand on est saoul, on a tendance à rire plus facilement.

Dom – L’Autorité avait établi une liste de sujets dont on pouvait encore rire. Au fil des années, la liste est devenue de plus en plus courte.

Max – Au bout du compte, ils ont décidé que le plus simple, c’était d’interdire de rire.

Dom – Et c’est comme ça que peu à peu, de ne plus avoir le droit de rire de tout, on n’en est arrivé à ne plus avoir le droit de rire de rien…

Max – Finalement, on n’avait même plus le droit de rire de soi-même…

Dom – Même les pauvres n’avaient plus le droit de rire de leur propre malheur.

Pat – Mais comment ont-ils fait pour faire respecter cette interdiction ?

Dom – Les autorités ont traité le rire comme une maladie mentale. Ceux qu’on surprenait à rire étaient immédiatement internés.

Max – Et bien sûr, on a supprimé tout ce qui pouvait donner envie de rire.

Dom – Interdiction des journaux, fermeture des théâtres, autocensure généralisée…

Max – Les clowns, les humoristes et les comédiens étaient considérés comme de dangereux terroristes.

Dom – Le rire était traité comme la lèpre autrefois. Des gens ont été murés vivants chez eux parce qu’on les avait entendus rire.

Max – On a aussi forcé toute la population à porter un masque.

Dom – Au prétexte de se protéger d’un virus. En réalité, c’était pour qu’on ne voit plus ne serait-ce qu’un sourire sur le visage de personne. Ces masques étaient devenus comme des muselières.

Max – Comme dans certaines religions, autrefois.

Dom – Avant que l’Autorité ne devienne la seule et unique religion.

Max – Peu à peu, on n’a plus entendu rire personne.

Dom – En interdisant de rire, bien sûr, on interdisait aussi de critiquer, et de protester.

Max – Plus de conflits sociaux, plus de débats politiques, et donc plus d’élection.

Dom – Comme c’était déjà le cas dans bon nombre de dictatures laïques ou religieuses.

Max – L’Autorité pensait ce mal définitivement éradiqué. Mais quelques cas sporadiques ont resurgi récemment. Vous êtes parmi ceux-là.

Pat – Qu’est-ce qu’ils vont faire de nous ? Nous tuer ?

Max – Avant de vous éliminer, puisque vous êtes considérés comme des rieurs impénitents et donc incurables, ils voulaient vous utiliser pour faire des expériences.

Pat – Des expériences ?

Max – Étudier la réaction du public à votre contact, observer comment le mal se propage, et voir les ravages que peut provoquer le rire sur une population saine.

Pat considère le public.

Pat – Alors on était supposés les faire rire ?

Dom – On connaît seulement quelques mauvaises blagues…

Pat – Il va falloir réapprendre à rire et à faire rire.

Un temps.

Max – Mais qu’est-ce qui se passera si le Guide Suprême nous abandonne ?

Dom – Ce ne sera pas la fin du monde. Un recommencement plutôt. Les formateurs redeviendront professeurs. Et les reformateurs politiciens…

Max – Et les informateurs comme moi ? Je ne sais rien faire ! Qu’est-ce que je vais devenir ?

Dom – Si vous ne savez rien faire, vous pourrez toujours devenir comédien.

Noir.

Acte 4

Pat fait les cent pas, inquiète. Elle s’avance vers le public.

Pat – Ne vous inquiétez pas, on va bientôt vous libérer, vous aussi. Enfin, j’espère…

Dom arrive.

Dom – Alors, du nouveau ?

Pat – Toujours rien. Il m’a semblé entendre un peu d’agitation dehors. Mais le son est très atténué.

Dom – Les théâtres sont toujours très bien insonorisés.

Pat – Où est passé l’espion ?

Dom – Il est en train de finir les pizzas…

Pat – On est toujours enfermés ici, coupés du monde. Ça fait des jours qu’on n’a plus aucune nouvelle de l’extérieur.

Dom – Quand il n’y aura plus rien dans le congélo, on va mourir de faim. Nous qui pensions mourir de rire…

Pat – Vous pensez qu’on sortira d’ici vivants ?

Dom – Est-ce qu’on n’était pas déjà morts avant cette mise en quarantaine…?

Pat – Vous avez raison. La seule véritable maladie dont on souffre depuis longtemps, c’est la sinistrose.

Dom – Et le rire serait plutôt son antidote.

Max revient.

Max – J’entends des bruits bizarres, dehors… Pas vous ?

Dom – Non…

Ils prêtent l’oreille tous les trois.

Pat – Ah oui, peut-être… Ça vient de très loin…

Dom – Ça ressemble à… des explosions, non ?

Max – Des explosions ? Des explosions de rire, alors.

Kim revient. Le visage défait et sa tenue en désordre. Il porte un panneau d’interdiction de rire : sur un papier fixé à un cadre rond cerclé de rouge, un visage hilare façon émoticône, barré d’un trait rouge.

Max – Ça n’a pas l’air d’aller, Chef. Qu’est-ce qui vous arrive ?

Kim – La situation a évolué…

Max – Et pas dans le bon sens, apparemment.

Kim – Ça dépend pour qui.

Max – L’épidémie se propage ?

Kim – Hélas, c’est devenu une pandémie à l’échelle planétaire. Une crise de rire totalement hors de contrôle. Un fou rire généralisé. On rapporte des explosions de rire un peu partout en ville.

Max – C’est si grave que ça ?

Kim – Des rires éclatent à tous les coins de rues. La police est complètement dépassée. Pire. Beaucoup de policiers sont déjà morts de rire… Ils rient à s’en décrocher les mâchoires. Ils rient à s’en faire péter les côtes ! Ils se tordent de rire ! Ils sont écroulés de rire ! Ils rient comme des déments ! Ils rient comme des bossus ! Ils rient à s’en rouler par terre ! Ils pleurent de rire !

Max – Ah parce qu’on peut aussi pleurer de rire ?

Kim – Vous connaissez l’expression plus on est de fous, plus on rit ?

Max – Non.

Kim – Eh bien je peux vous dire que le monde entier est devenu fou !

Dom – Alors la révolution est en marche…

Kim – C’est notre système tout entier qui s’effondre. Les autorités ont démissionné, et le Guide Suprême a quitté le pays.

Max – Le Guide Suprême ? Mais pour aller où ?

Kim – Il a demandé l’asile politique au Vatican. Là-bas, au moins, il ne risque pas de mourir de rire.

Pat – Et qu’est-ce que vous allez faire de nous ?

Kim – Ça ne sert plus à rien de vous garder en quarantaine. Vous êtes libres.

Dom – Enfin… J’ai hâte de voir ça. Des gens qui rient sur la voie publique, dans les transports en commun, et pourquoi pas demain dans les cinémas et dans les théâtres.

Kim – Moi, ça ne me fait pas rire du tout.

Pat – Allez ! Venez vous fendre la poire avec nous !

Dom – Vous la connaissez, celle-là ? C’est l’histoire d’un fou qui voulait interdire de rire à la Terre entière…

Max – Et finalement, c’est lui qui s’étrangle de rire.

Les autres se mettent à rire à gorge déployée. Kim commence à être prise d’un fou rire nerveux elle aussi, qui se transforme bientôt en convulsions, et elle s’effondre. Pat se penche sur elle.

Pat – Elle est morte ! Alors on peut vraiment mourir de rire ?

Max – C’est un phénomène qu’on a observé récemment. Les responsables de l’Autorité meurent foudroyés quand ils sont exposés à un tonnerre de rires.

Dom – C’est pour ça qu’ils voulaient à tout prix enrayer l’épidémie.

Pat (à Max) Mais vous vous n’êtes pas mort.

Max – Sûrement parce que je n’y croyais déjà plus…

Dom – Vous étiez déjà vacciné, en quelque sorte. Comme nous !

Pat – Alors nous sommes libres ?

Dom – Libres de rire de tout à nouveau !

Pat – Et nous qui pensions être là pour la grippe aviaire ou le Tsingtaovirus.

Max – Qu’est-ce qu’on va faire, maintenant.

Dom – On va réapprendre à rire. On va réapprendre à vivre.

Pat – Ça me fait un peu peur…

Dom – C’est normal. Au début, les esclaves affranchis ne savent pas quoi faire de leur liberté.

Max – Je pourrais me remettre à boire ?

Pat – Bien sûr ! Mais vous n’en aurez peut-être même plus besoin.

Max – C’est merveilleux ! Mais c’est vrai que ça donne le vertige.

Dom – Oui… Nous sommes les colombes d’un magicien décédé.

Max – Qu’est-ce que ça veut dire ?

Dom – Nous sommes nés d’un tour de magie. Mais le magicien qui nous a fait surgir du néant n’est plus là. Nous ignorons tout de l’illusion qui nous a fait naître, et nous ne savons plus très bien quoi faire de nos ailes…

Pat – C’est beau ce que vous dites.

Dom – C’est de la poésie.

Pat – De la poésie ?

Dom – Un autre truc qu’ils avaient interdit.

Pat – Il y en a d’autres comme ça ?

Dom – Bien d’autres ! L’orgasme, par exemple. Vous ne savez pas non plus ce que c’est ?

Pat – Je vous l’ai dit, je suis mariée…

Dom – Je vous montrerai tout à l’heure, en privé… Vous verrez. L’orgasme est à l’amour, ce que le rire est à l’intelligence, ou ce que l’éternuement est au rhume. Ça ne soigne pas, mais sur le coup ça soulage.

Kim reprend conscience.

Pat – Tiens, on dirait qu’elle n’est pas tout à fait morte, finalement.

Max – Elle ne devait plus trop y croire, elle non plus.

Kim – Qu’est-ce qui m’est arrivé ?

Pat – Vous avez été victime d’une crise de rire. Ne vous inquiétez pas, ça va aller, maintenant.

Max – Et le public ? On l’avait oublié.

Dom – Maintenant qu’on a à nouveau le droit de les faire rire impunément…

Max – On a le droit, Chef ?

Kim – On est dans un théâtre, après tout.

Dom – Il va falloir qu’on invente de nouvelles histoires drôles, alors.

Kim – Oui, parce que cette histoire de fous qui se regardent dans un miroir, je n’ai toujours pas compris…

Dom – En fait c’est une histoire symbolique.

Kim – Symbolique ? Qu’est-ce que c’est que ça, encore ?

Dom – L’humour est un miroir. C’est le miroir que les comédiens tendent au public pour qu’il puisse rire de ses propres travers.

Pat – Et nous pouvons tous nous reconnaître dans ce miroir.

Dom – Tous. À part les fous, qui préfèrent briser le miroir pour ne pas voir la face grimaçante qu’il leur renvoie.

Max – Alors rions !

Dom – C’est notre liberté, et pour citer un humoriste du siècle dernier : La liberté ne s’use que si l’on ne s’en sert pas.

Pat – Rions ensemble, mais rions de tout…

Max – Car si aujourd’hui on ne peut plus rire de tout, demain on ne pourra plus rire du tout.

Max saisit le panneau d’interdiction de rire, et l’enfonce sur la tête de Kim. Ils éclatent tous d’un rire sonore, qu’on pourra amplifier par des rires préenregistrés.

Noir.

Fin

L’auteur

Né en 1955 à Auvers-sur-Oise, Jean-Pierre Martinez monte d’abord sur les planches comme batteur dans divers groupes de rock, avant de devenir sémiologue publicitaire. Il est ensuite scénariste pour la télévision et revient à la scène en tant que dramaturge. Il a écrit une centaine de scénarios pour le petit écran et plus de soixante-dix comédies pour le théâtre dont certaines sont déjà des classiques (Vendredi 13 ou Strip Poker). Il est aujourd’hui l’un des auteurs contemporains les plus joués en France et dans les pays francophones. Par ailleurs, plusieurs de ses pièces, traduites en espagnol et en anglais, sont régulièrement à l’affiche aux États-Unis et en Amérique Latine.

Pour les amateurs ou les professionnels à la recherche d’un texte à monter, Jean-Pierre Martinez a fait le choix d’offrir ses pièces en téléchargement gratuit sur son site La Comédiathèque (comediatheque.net). Toute représentation publique reste cependant soumise à autorisation auprès de la SACD.

Pour ceux qui souhaitent seulement lire ces œuvres ou qui préfèrent travailler le texte à partir d’un format livre traditionnel, une édition papier payante peut être commandée sur le site The Book Edition à un prix équivalent au coût de photocopie de ce fichier.

Ce texte est protégé par les lois relatives au droit de propriété intellectuelle.

Toute contrefaçon est passible d’une condamnation

allant jusqu’à 300 000 euros et 3 ans de prison.

Paris – Février 2020

© La Comédi@thèque – ISBN 978-2-37705-397-1

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Trous de mémoire

Une comédie à sketchs de Jean-Pierre Martinez

Pour un ou plusieurs couples (sexes partiellement indifférents)

Comme les trous noirs, les trous de mémoire ouvrent sur des univers parallèles inconnus…


Ce texte est offert gracieusement à la lecture. Avant toute exploitation publique, professionnelle ou amateur, vous devez obtenir l’autorisation de la SACD.


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LIRE LE TEXTE INTÉGRAL

Trous de mémoire

1 – Vaguement

2 – Virgule

3 – Antipathie

4 – Trompe-l’œil

5 – Noir et blanc

6 – Retour vers le futur

7 – Confession

8 – Hommage

9 – Code confidentiel

10 – Amants d’enfance

11 – L’oubliée

12 – Trou de mémoire


1 – Vaguement

Ils sont debout l’un à côté de l’autre, et ils échangent un regard tendre.

Lui – Ça va ?

Elle – Oui… Et toi ?

Lui – Ça va. (Un temps) On est morts, non ?

Elle – Pourquoi tu dis ça ?

Lui – Je ne sais pas… La dernière chose dont je me souviens, c’est une vague de trente mètres de haut s’apprêtant à déferler sur la piscine au bord de laquelle on venait de s’allonger pour faire une sieste.

Elle – Ah oui…

Lui – Pas toi ?

Elle – Si.

Lui – Donc, on est morts.

Elle – Ou alors c’est que cette vague nous a entraînés tous les deux à des kilomètres de là, pour nous déposer délicatement, sans nous réveiller, au bord de la piscine d’un autre hôtel…

Lui – Qui s’appellerait aussi le Paradise Hotel.

Elle – Absolument indemnes et même pas mouillés.

Lui – Ce n’est pas le plus probable, non ?

Elle – Alors c’est qu’on est morts.

Lui – Enfin morts…

Elle – Tu as raison. Je ne vois pas trop la différence avec quand on était vivants.

Lui – Sauf que dans ce monde-ci, apparemment, on n’est pas encore mariés.

Elle – Pourquoi tu dis ça ?

Lui – On n’a pas d’alliances.

Elle – Tu crois qu’on n’a pas encore d’enfants non plus ?

Lui – En tout cas, je ne vois pas leurs serviettes au bord de la piscine.

Elle – Ni leurs bouées.

Un temps.

Lui – Peut-être qu’on ne s’est même pas encore rencontrés…

Elle – Tu veux dire… qu’on ne se connaît pas ?

Lui – Je ne sais pas. On se connaît ?

Elle – Je ne crois pas.

Un temps.

Lui – Alors ce serait ça ce qu’on appelle la mort.

Elle – Un monde parallèle dans lequel l’heure de notre mort n’a pas encore sonné.

Lui – Un paradis sur lequel ce tsunami n’aurait pas encore déferlé.

Elle – Pourtant on l’a bien vue, cette vague. Tous les deux.

Lui – Oui.

Elle – J’imagine que si ça marche comme ça, on n’est pas supposés se souvenir de notre ancienne vie ? Tu t’en souviens, toi ?

Lui – Vaguement.

Elle – Moi aussi. Je me souviens juste de cette vague… De toi et des enfants. Enfin surtout des enfants… Et toi ?

Lui – Surtout de la vague.

Elle – Tout ça est vraiment très bizarre.

Lui – Ça doit être un bug dans le système. On n’est pas supposés se souvenir de quoi que ce soit.

Elle – Sinon, les gens sauraient qu’ils sont déjà morts.

Lui – Tu crois qu’on doit leur dire ?

Elle – Quoi ?

Lui – Qu’ils sont morts.

Elle regarde en direction du public.

Elle – Regarde les… Ils ont l’air heureux… Ils ne nous croiraient pas…

Lui – Ils nous prendraient pour des fous, et c’est nous qu’on enfermerait dans un asile.

Elle – Il vaut mieux garder ça pour nous.

Lui – Tu as raison.

Elle – Ce sera notre secret.

Un temps.

Lui – Bon, on y va ?

Elle – Où ça ?

Lui – Découvrir ce qu’il y a de différent dans ce monde parallèle, où aucun tsunami n’a submergé le Paradise Hotel…

Elle – Et où on ne s’est pas encore rencontrés.

Lui – Je suis curieux de voir ça.

Elle – Oui… Et en même temps, ça me fait un peu peur.

Lui – Il faudrait déjà savoir dans quelle chambre on est.

Elle – Puisqu’on ne se connaissait pas encore, on n’était sûrement pas dans la même chambre.

Lui – On n’a qu’à demander à la réception.

Elle – On va faire comme ça.

Lui – Allons-y.

Ils commencent à s’en aller.

Elle – C’était pourtant une belle journée, non ?

Lui – Oui.

Elle – Comment on aurait pu deviner…

Lui – Qu’on allait se rencontrer aujourd’hui.

Ils s’en vont.

Noir.

2 – Virgule

Ils sont tendrement enlacés. Ils relâchent leur étreinte, en gardant un sourire béat sur les lèvres.

Lui – On est bien ensemble, non ?

Elle – Oui… (Un temps) Mais tu veux dire… « On est bien ensemble ? » Ou « On est bien, ensemble ? »

Lui – Euh… Je ne sais pas… C’est quoi la différence ?

Elle – Ben… la virgule.

Lui – La virgule ?

Elle – Avec la virgule, ça veut dire « Est-ce qu’ensemble on est bien ? ». Sans la virgule, ça veut dire… « Est-ce qu’on est vraiment ensemble ? »

Lui – Ah oui.

Elle – Ben oui.

Moment d’inquiétude. Nouvelle étreinte pour se rassurer. Et nouvelle séparation. Ils ont à nouveau un sourire épanoui.

Lui – Tu te souviens comment on s’est rencontrés ?

Elle – Oui… (Un temps) Enfin… non. Et toi ?

Lui – Non, moi non plus. Je pensais que toi tu le savais…

Elle – Où est-ce qu’on aurait bien pu se rencontrer ?

Lui – Si on est ensemble, c’est bien qu’on s’est rencontrés quelque part.

Elle – Bien sûr…

Lui – Mais où ?

Elle – Je ne sais pas… Où est-ce que les gens se rencontrent, en général ? Je veux dire… un homme et une femme.

Lui – Chez des amis ?

Elle – On a des amis en commun ?

Il jette un coup d’œil à son portable.

Lui – Pas d’après Facebook, en tout cas.

Elle – Il paraît qu’un couple sur quatre s’est rencontré sur son lieu de travail.

Lui – Tu travailles où ?

Elle – Je suis… Je suis strip-teaseuse… Enfin, je crois… Et toi ?

Lui – Plombier…

Elle – Plombier ?

Lui – Ils ont refait la plomberie récemment, dans ton club de strip-tease ?

Elle – Ah non, mais je ne travaille pas dans un club. Je fais ça en amateur. À la maison…

Lui – Ah oui…

Elle – Et toi ?

Lui – Non, non, moi je… Je suis plombier professionnel. Je veux dire… Je fais ça chez les autres. Enfin, je crois…

Elle – Je vois.

Lui – Et donc… tu as fait venir un plombier chez toi, récemment ?

Elle – Non… mais il me semble avoir eu un dégât… des eaux il n’y a pas très longtemps.

Lui – Un des gars des eaux… Tu veux dire un employé de la compagnie des eaux ?

Elle – Non… Un dégât des eaux. Une fuite.

Lui – Ah oui, pardon, je… Une fuite, évidemment, un délit de fuite… Enfin, je veux dire… Je vais peut-être y aller, non…?

Elle – Y aller ? Où ça?

Lui – Je… Je ne sais pas… Chez moi ?

Elle – Tu n’habites pas ici ?

Lui – Tu crois que j’habite ici ?

Elle – Je ne sais pas. Tu habites ailleurs ?

Lui – Ça ne me revient pas, non. Et toi, tu es sûre d’habiter ici ?

Elle regarde autour d’elle.

Elle – Ça ne me dit rien non plus.

Il regarde également autour de lui, et ramasse un carton, par terre.

Lui – Tiens…

Elle – Qu’est-ce que c’est ?

Lui – Un carton.

Elle – Il y a marqué quoi ?

Lui – Ne pas déranger.

Elle – Et de l’autre côté ?

Lui – Merci de faire la chambre.

Elle – Ah oui.

Elle se met en mouvement comme pour faire quelque chose.

Lui – Qu’est-ce que tu fais ?

Elle – Ben je vais faire la chambre. Ce n’est pas ce que tu viens de me dire ?

Lui – Si… Enfin, oui, mais… C’est ce qu’il y a marqué sur le carton.

Elle – Tout ça est vraiment très bizarre.

Lui – Oui… Je me demande si on ne ferait pas mieux de se recoucher.

Elle – Se recoucher ? Tu veux dire… ensemble.

Lui – Je ne sais pas… Non ?

Elle – Si, si…

Lui – On y verra peut-être plus clair en se réveillant.

Elle – Oui, j’espère…

Lui – Je vais mettre le carton ne pas déranger.

Elle – Oui, je crois que c’est mieux.

Noir.

3 – Antipathie

Ils sont debout chacun d’un côté de la scène. Ils se lancent des regards à la dérobée. Il finit par s’approcher d’elle.

Lui – Excusez-moi, ça fait un moment que je vous regarde et… Ne prenez surtout pas ça pour un mauvais plan drague… Je vous rassure, vous n’êtes pas du tout mon genre…

Elle – Merci…

Lui – Non, ce que je veux dire c’est que… j’ai l’impression de vous avoir déjà vue quelque part. Enfin… pas seulement de vous avoir déjà croisée, vous voyez ? J’ai l’impression… de vous connaître.

Elle – Ah oui…?

Lui – Excusez-moi, je suis complètement ridicule…

Elle – Non, non, pas du tout… Enfin si, vous êtes complètement ridicule, mais… moi aussi, j’ai l’impression de vous connaître. De très bien vous connaître même.

Lui – Ah bon… Alors je ne suis pas fou.

Elle – Ça dépend.

Lui – Ça dépend ?

Elle – On s’est peut-être rencontrés dans un asile de fous. Ce qui expliquerait qu’on préfère ne pas s’en souvenir…

Lui – Ah oui… Donc vous aussi, vous…

Elle – Tout à fait… votre tête me dit quelque chose, mais… je ne sais pas du tout quoi.

Ils se dévisagent encore un instant.

Lui – Non, ce qui est bizarre c’est que… votre visage m’est vraiment familier. Comme si… Je suis désolé… Ce serait très embarrassant évidemment, mais… Vous ne seriez pas une de mes ex, par hasard ?

Elle – Ah oui, là… Comme plan drague, ce serait vraiment très original… Mais comme je ne suis pas du tout votre genre… A priori, je ne peux pas avoir été…

Lui – Ça expliquerait qu’on ne soit pas restés ensemble, mais bon… Excusez-moi, je deviens vraiment…

Elle – Non, non, ne vous excusez pas. D’ailleurs, vous non plus, vous n’êtes pas du tout mon genre…

Lui – Bon…

Elle – Sans vouloir vous vexer, j’irais même jusqu’à dire que… votre tête ne me revient pas du tout.

Lui – Non, moi non plus…

Elle – Non mais ce n’est pas seulement votre nom que ne me revient pas. Ce que je veux dire c’est que votre tête ne m’est pas du tout sympathique.

Lui – Bien sûr… C’est drôle que vous disiez ça parce que… Je ne savais pas comment vous le dire sans être blessant mais… Vous aussi. Votre tête… m’est tout à fait antipathique.

Elle – Ça nous fait au moins quelque chose en commun.

Lui – Oui… Mais ça ne nous dit pas comment on se connaît, et où on aurait bien pu se rencontrer.

Elle – Remarquez, vu les bases sur lesquelles on est partis… et la profondeur à laquelle vous vous êtes déjà enfoncé… je me demande si c’est absolument nécessaire de creuser davantage.

Lui – Vous avez raison… Mieux vaut en rester là… Imaginez qu’on se souvienne tout d’un coup que…

Elle – Oui, ce serait vraiment…

Lui – Après tout… Il y a des choses qu’il vaut mieux oublier.

Elle – C’est vrai… Imaginez que tout à coup je me souvienne que… (Elle le regarde bizarrement.) Attendez un instant… Ça y est, ça me revient maintenant…

Lui – Non…? Quoi ?

Elle (outrée) – Tu ne te souviens vraiment pas ?

Lui – Euh… non, mais… Et donc, maintenant, on se tutoie ?

Elle le dévisage à nouveau, mais cette fois avec un rictus haineux sur les lèvres.

Elle – Espèce de salopard !

Lui – C’est si grave que ça ?

Elle – Et tu oses me demander si c’est grave ?

Lui – Désolé, je… Je ne me souviens pas du tout…

Elle – Tu ne te souviens pas de moi ? Après ce que tu m’as fait ?

Lui – Je ne sais pas quoi vous dire… Je ne me vois pas faire du mal à quelqu’un. Encore moins à une femme. Mais en même temps, j’avoue que… Vous m’êtes tellement antipathique… Dans des circonstances exceptionnelles, je dois reconnaître que j’aurais sans doute pu…

Elle – Espèce d’ordure… Donc, tu n’essaies même de nier ?

Lui – Si… Si, si… Enfin, non mais… Dites-moi, je vous en prie ! Il faut que je sache, maintenant… Je suis prêt à tout entendre, je vous assure.

Elle s’avance vers lui, menaçante.

Elle – Je ne sais pas ce qui me retient de…

Lui – Non mais allez-y… Si vous pensez que je l’ai mérité…

Elle reprend soudain un air détaché, avec un léger sourire sur les lèvres.

Elle – Mais non, je déconne. Je ne me souviens de rien du tout.

Lui – Ah d’accord…

Elle – Ceci dit, moi aussi, je crois que dans une vie antérieure, j’aurais pu vous tuer. Vous avez vraiment une tête à claques. On ne vous l’a jamais dit ?

Lui – Non… Enfin, jamais d’une façon aussi directe, en tout cas.

Elle – Franchement ça m’étonne, mais bon…

Lui – Oui… Je crois qu’on ferait mieux d’en rester là, non ?

Elle – Ça me paraît plus raisonnable, en effet.

Lui – Bon alors… au revoir.

Elle – Au revoir ?

Lui – Il n’est pas impossible qu’on ait l’occasion de se recroiser, non ?

Elle – Au moins, si on se revoit un jour, on saura pourquoi on a l’impression de s’être déjà vus.

Lui – Tout à fait… (Elle s’apprête à partir.) Non, mais vous pouvez rester…

Elle – J’allais partir, de toute façon.

Lui – Je partais aussi.

Elle – Bon… Alors allons-y…

Lui – OK. J’allais par là. Vous aussi ?

Elle – Oui…

Lui – Faisons un bout de chemin ensemble, ça nous reviendra peut-être.

Elle – Si on ne s’entretue pas avant…

Lui – C’est un risque, en effet… Vous m’êtes de plus en plus antipathique.

Elle – Oui, moi aussi.

Ils partent.

Noir

4 – Trompe-l’œil

Debout face au public, ils regardent vers le mur du fond.

Lui – Il fait beau, hein ?

Elle – Mais il y a beaucoup de vent.

Lui – Oui. C’est le vent qui a chassé les nuages…

Un temps.

Elle – Tu vois la fenêtre d’en face ?

Lui – Quelle fenêtre ?

Elle – Là-bas, légèrement cachée par le feuillage de cet arbre.

Lui – Ah oui, celle-là… C’est curieux, on ne voit jamais de lumière la nuit.

Elle – Je ne sais pas qui peut bien habiter là.

Lui – Personne, peut-être. Le logement doit être inoccupé. Ça arrive…

Elle – Je ne sais pas… Pendant la journée, il me semble apercevoir des silhouettes derrière ces vitres. À travers ces branches.

Lui – Ah oui ?

Elle – Un homme et une femme, je crois.

Lui – Ça me rappelle un film…

Elle – Quel film ?

Lui – Fenêtre sur cour ! Ne me dis pas qu’en plus, tu as cru voir cet homme assassiner sa femme…

Elle – Non, mais tout de même… J’ai l’impression qu’il se passe quelque chose de bizarre derrière cette fenêtre.

Lui – Tu n’as rien d’autre à faire que d’épier ce qui se passe dans l’immeuble d’en face ?

Elle sourit et regarde à nouveau avec plus d’attention.

Elle – Attends un peu… C’est dingue. On dirait que…

Lui – Quoi ?

Elle – Il y a un vent terrible aujourd’hui, et les feuilles de cet arbre ne bougent absolument pas.

Il regarde lui aussi.

Lui – Ah oui, c’est curieux en effet…

Elle – Tu vas rire mais…

Lui – Oui ?

Elle – L’arbre… C’est un trompe-l’œil.

Lui – Un trompe-l’œil ?

Elle – Je t’assure. Regarde.

Il regarde plus attentivement.

Lui – Ah oui. Je n’avais jamais remarqué.

Elle – Je me disais aussi…

Lui – Mais alors… si l’arbre est un trompe-l’oeil, c’est que la fenêtre en est un aussi.

Elle – Tu crois ?

Lui – Comment veux-tu qu’un faux arbre puisse cacher une vraie fenêtre ?

Elle – Oui, ce n’est pas faux.

Elle – Si l’arbre est un trompe-l’œil peint sur le mur d’en face, c’est que la fenêtre aussi est peinte sur le mur.

Lui – Un arbre qui n’existe pas, cachant une fenêtre qui n’existe pas.

Elle – C’est pour ça que ça que l’illusion marche aussi bien. On se dit que quelque chose qui est caché, c’est forcément quelque chose de réel. Pourquoi cacher quelque chose qui n’existe pas ?

Lui – Un peu comme Dieu, finalement. Les gens y croient d’autant plus qu’on ne le voit jamais.

Elle – Si Dieu se trimbalait dans les supermarchés avec une fausse barbe et un costume élimé, comme le Père Noël au moment des fêtes, c’est sûr que les gens n’y croiraient pas longtemps.

Lui – Oui…

Un temps.

Elle – Et si on était des trompe-l’œil, nous aussi ?

Lui – Quoi ?

Elle – Peut-être que les gens qui nous regardent nous voient comme des illusions d’optique. Des peintures ou des photos de nous-mêmes.

Lui – Mais nous on est là, on bouge, on parle.

Elle – Les vidéos, ça bouge aussi.

Lui – On est en trois dimensions.

Elle – Les hologrammes, c’est aussi en relief. On est peut-être des trompe-l’œil en trois D.

Lui – Il faudrait demander à ceux d’en face.

Elle – En même temps, quel crédit accorder aux voisins… si ce ne sont que des trompe-l’œil eux-aussi…

Lui – Je crois qu’on commence à devenir fous.

Elle – Tu as raison, je vais refermer la fenêtre.

Elle hésite.

Lui – Ne me dis pas qu’elle est peinte contre le mur…

Ils échangent un regard inquiet.

Noir.

5 – Noir et blanc

Elle est là. Il arrive, un gros cahier à la main.

Elle – Bonjour, bonjour… Entrez, entrez…

Lui – Merci, merci…

Elle – Vous n’avez pas eu trop de mal pour venir ? Avec ces grèves…

Lui – J’habite juste en face.

Elle – En face ? Vous voulez dire…

Lui – L’immeuble en face.

Elle – D’accord, d’accord… Je ne savais pas que… C’est curieux, j’étais persuadée que cette fenêtre-là, sur le mur d’en face, c’était un trompe-l’œil.

Lui – Un trompe-l’œil ?

Elle – Oui. Que la fenêtre était peinte sur le mur. Je n’ai jamais rien vu bouger derrière cette fenêtre.

Lui – Et pourtant, je suis là, vous voyez…

Elle – Je vois… Et donc, de votre salon, vous voyez tout ce qui se passe ici.

Lui – Absolument tout…

Elle rit nerveusement, comme pour se rassurer.

Elle – Remarquez… qu’est-ce qui pourrait bien se passer d’intéressant dans le bureau d’un agent littéraire ?

Lui – Ça, c’est à vous de me le dire.

Elle – Bien sûr, bien sûr… Alors, ce nouveau roman, ça avance ?

Lui – J’ai presque terminé.

Elle – Très bien, très bien… J’espère que c’est original, parce que vous savez, en ce moment… La rentrée littéraire est de plus en plus encombrée… Des tas de gens qui racontent leur petite vie, et leurs petits malheurs, persuadés que ça va passionner la Terre entière.

Lui – Rassurez-vous, ce n’est pas une autofiction.

Elle – Tant mieux, tant mieux… Non, ce dont on aurait besoin aujourd’hui, c’est d’un nouveau Robbe-Grillet. D’un nouveau Pérec. D’un nouveau Butor. Quelqu’un qui soit encore capable de renouveler les codes du roman classique.

Lui – Vous allez voir. Ça va vous étonner. Et je ne serais pas surpris qu’en sortant d’ici, vous me traitiez de butor.

Elle – Mais bien sûr ! Il faut tout faire péter. Comme en mai 68. On sait que ça ne durera pas, que six mois après on votera pour De Gaulle, et que soixante ans après c’est Cohn-Bendit qui se prendra pour De Gaulle, mais sur le moment, ça soulage…

Lui – C’est drôle que vous disiez « soulage » parce que justement… Vous comprendrez pourquoi quand vous aurez jeté un coup d’œil à mon manuscrit…

Elle – Là… vous commencez à m’intriguer, cher ami. J’ai hâte de voir ça. Vous m’avez apporté quelques bonnes feuilles ?

Lui – J’ai presque terminé. Tenez, si vous voulez y jeter un coup d’œil…

Il lui tend le gros cahier.

Elle – Très bien, très bien… Ah oui, c’est du lourd, on dirait… Ce n’est pas trop long quand même ? Vous savez, maintenant, au-delà de 200 pages… Que voulez-vous ? C’est la génération SMS. Les gens ont perdu l’habitude de tourner les pages…

Elle sort ses lunettes de presbyte.

Lui – Ça fera dans les 900 pages. Mais vous verrez, ça se lit très facilement.

Elle – Bon, bon… Et c’est quoi, le titre ?

LuiLe blanc et le noir.

ElleLe blanc et le noir… Un hommage à Stendhal, peut-être ?

Lui – À Soulages, plutôt… C’est pour ça que tout à l’heure, je vous disais que…

Elle – Soulages ? Tiens donc… J’adore Soulages.

Lui – D’ailleurs, pour le titre, j’avais d’abord pensé à… Les mémoires d’outrenoir.

Elle – Ah oui… Un clin d’œil à Chateaubriand, donc… Mais dites-moi, Stendhal, Chateaubriand… Vous êtes sûr qu’avec tout ça, vous allez vraiment révolutionner l’histoire de la littérature ?

Lui – Vous allez voir, c’est très étonnant.

Elle – Très bien, très bien… alors voyons ça.

Elle ouvre le cahier et commence à regarder. Elle tourne quelques pages.

Lui – Je vous laisse le temps de vous faire une idée…

Elle – Oui… mais dites-moi. Apparemment, vous avez laissé quelques pages blanches au début. Ça commence à quelle page, exactement ?

Lui – C’est déjà commencé.

Elle – Pardon ?

Lui – Ces pages blanches, ça fait partie du roman.

Elle – Je ne suis pas sûre de vous suivre…

Lui – Je vous avais dit que ça vous surprendrait. Alors voilà. J’ai calculé que sur une page de roman, en moyenne, les caractères d’imprimerie, en noir donc, occupent huit pour cent de la surface de la page blanche.

Elle – Huit pour cent ?

Lui – En moyenne. Ça dépend du type de caractères employés par l’imprimeur, évidemment. Pour un caractère plus gros et plus gras, ça peut monter jusqu’à neuf ou même dix pour cent.

Elle – Vraiment…? Et donc…

Lui – Donc, j’ai eu l’idée de séparer le blanc du noir.

Elle – Voyez-vous ça.

Lui – Après, je me suis demandé si je devais mettre le blanc d’abord et ensuite le noir, ou bien l’inverse…

Elle – Ah oui…

Lui – Finalement, j’ai décidé de commencer par le blanc… Pour créer… une attente de la part du lecteur, vous voyez ?

Elle – Je vois, je vois…

Lui – Une sorte de suspense, si vous préférez.

Elle – Je ne suis pas sûre de savoir ce que je préfère… (Tournant les pages) Et donc, toutes les pages sont blanches.

Lui – Pas du tout. Et c’est là où ça devient intéressant. Pour simplifier, je suis parti sur une moyenne de dix pour cent. Donc, systématiquement, après neuf pages blanches vient une page noire.

Elle – Noire ?

Lui – Totalement noire.

Elle – Pourquoi noire ?

Lui – Je savais que ça vous déstabiliserait un peu. Mais c’est ce que vous vouliez, non ? Du nouveau ?

Elle – Oui, enfin…

Lui – Cette page noire, qui vient après neuf pages blanches, rassemble toute l’encre qu’on aurait normalement dû utiliser pour noircir, comme on dit, les neuf pages précédentes, qui en l’occurrence, dans mon roman, resteront vierges. Vous comprenez ?

Elle – Je comprends, je comprends…

Lui – Je vois que ça vous laisse un peu perplexe, c’est normal. Comme tout ce qui est nouveau, ça peut surprendre un peu au début, alors vous me permettrez d’utiliser une métaphore, pour vous aider à mieux appréhender le caractère révolutionnaire de ce roman.

Elle – Une métaphore ?

Lui – Un roman, c’est comme une omelette. Mais des omelettes comme ça, on en a fait le tour. On a beau rajouter des oignons, des pommes de terre, des herbes de Provence… Une omelette, ça reste une omelette. Là, je fais un choix radical, et je reviens aux fondamentaux. Je sépare le blanc du jaune. Ou le blanc du noir, en l’occurrence. D’où le titre…

Elle – Vous vous foutez de moi, c’est ça ?

Lui – Je savais que vous alliez dire ça… Mais non… Pas plus que tous ces peintres qui vous vendent des tableaux complètement blancs ou complètement noirs, en baptisant pompeusement ça monochrome !

Elle – Évidemment…

Lui – Ce premier roman du genre est un geste fondateur. Par la suite, bien sûr, je pourrais en écrire d’autres, dans lesquels le blanc ne sera plus tout à fait blanc, et le noir plus tout à fait noir. Mais attention ! Toujours en respectant cette proportion sacrée de dix pour cent !

Elle – Dix pour cent.

Lui – Les peintres ont bien leur nombre d’or, pourquoi pas nous, les auteurs ? Et la preuve que ce chiffre est sacré, dix pour cent, c’est ce que vous me prenez en tant qu’agent sur tous mes droits d’auteur !

Elle – Et vous croyez vraiment que je vais vous verser une avance pour cette fumisterie ?

Lui – Je vous l’ai dit, j’habite juste en face… et de chez moi, je vois tout ce qui se passe dans ce bureau.

Elle – Tout ?

Lui – Tout. J’ai même des vidéos…

Elle – Je vois… Et… vous voulez combien, pour oublier tout ce que vous avez vu ?

Noir.

6 – Retour vers le futur

Elle est là, en blouse blanche. Il arrive en tenue de ville.

Elle – Bonjour Monsieur. Je vous remercie d’avoir accepté de participer à cette expérimentation, qui je vous le rappelle s’inscrit dans un programme de recherche strictement confidentiel, et d’ailleurs classé secret défense.

Lui – Si j’ai accepté votre proposition, sachez-le, ce n’est pas en raison de la généreuse indemnisation que vous offrez pour prendre part à ce protocole d’essai thérapeutique, mais par pur civisme. Je suis catholique pratiquant, mais aussi membre de la CFDT. Si ma modeste contribution permet de guérir l’Humanité d’un des nombreux maux dont elle souffre encore.

Elle – Oui… À ce propos, j’en arrive à l’objet de ce programme de recherche, que nous n’avons pas jugé utile de révéler aux participants avant qu’ils n’aient été définitivement sélectionnés. Mais maintenant que vous faites partie de l’aventure, nous nous devons d’être clairs sur le but que nous poursuivons, et sur les raisons qui nous ont poussés à entreprendre ce programme, baptisé « Retour vers le futur ».

Lui – « Retour vers le futur » ?

Elle – Vous allez bientôt comprendre pourquoi.

Lui – Mais il s’agit bien de tester un nouveau médicament, n’est-ce pas ?

Elle – En réalité… pas tout à fait.

Lui – Vous m’intriguez, Docteur.

Elle – À vrai dire, cher Monsieur, c’est votre sperme qui nous intéresse.

Lui – Là vous ne m’intriguez plus, vous me faites peur.

Elle – Vous évoquiez tout à l’heure les nombreux maux dont souffre encore l’Humanité.

Lui – Je pensais à la fièvre Ebola, au Coronavirus, au SIDA…

Elle – Des maladies bien réelles, contre lesquelles aucun vaccin efficace n’a encore été trouvé à ce jour, hélas.

Lui – Mais…?

Elle – Mais pour être honnête, cher Monsieur, si l’on examine les choses de façon tout à fait objective, est-ce que ce sont vraiment ces virus qui menacent l’existence même de l’Humanité ?

Lui – Non, probablement pas.

Elle – Et à votre avis, quel est ce mal, qui conduit notre planète à sa fin ?

Lui – Je… Je ne sais pas…

Elle – Ce fléau, cher Monsieur, c’est l’Homme.

Lui – L’homme ?

Elle – Enfin, la femme aussi, bien sûr. Je veux dire l’être humain en général.

Lui – Ah oui…

Elle – Surpopulation, déforestation, épuisement des ressources, réchauffement climatique, guerre nucléaire…

Lui – Oui, en effet, mais… en quoi mon sperme pourrait-il vous aider à lutter contre de tels fléaux ?

Elle – Cher Monsieur, la situation, telle que nous pouvons l’appréhender à l’aide des outils qui sont les nôtres, est encore plus désespérée que vous ne pouvez l’imaginer.

Lui – Vraiment…?

Elle – C’est en partant de ce tragique constat que nous en sommes arrivés à la seule solution possible pour éviter la catastrophe finale, en d’autres termes la fin du monde.

Lui – Je vous écoute…

Elle – Vous est-il arrivé, en prenant la mesure de toutes les horreurs dont l’homme est capable, de vous poser cette question toute simple : Quand tout ça a-t-il commencé à merder ?

Lui – Oui, enfin… Et quand à votre avis ?

Elle – La réponse est évidente hélas : quand le singe est devenu un homo sapiens.

Lui – Ah oui…

Elle – Ou selon vos critères à vous, puisque vous êtes catholique, quand Dieu a créé l’Homme.

Lui – Vous pensez qu’il a eu tort ?

Elle – Il suffit pour s’en convaincre de constater les résultats aujourd’hui. C’était une véritable bombe à retardement.

Lui – Bon… Et qu’est-ce que vous proposez, exactement ?

Elle – On a bien pensé d’abord à créer un surhomme. Mais ça a déjà été tenté par le passé, avec les conséquences fâcheuses que l’on connaît. Avec l’homme, on va à la catastrophe. Avec un surhomme on y court.

Lui – Ah oui…

Elle – Ce n’est donc pas du côté de la marche avant qu’il faut chercher la solution, mais plutôt du côté de la marche arrière.

Lui – La marche arrière ?

Elle – Les plus grands scientifiques du monde, ainsi que les meilleures spécialistes des sciences humaines, y compris les plus éminents philosophes, se sont réunis secrètement il y a quelques mois sous l’égide de l’ONU. Ils sont formels : la seule véritable solution à long terme pour sauver la Terre, c’est de ramener l’homme au stade du singe.

Lui – Comment ça ramener ?

Elle – Pas d’un seul coup, évidemment. Mais en modifiant peu à peu par une sélection naturelle les caractéristiques génétiques de nos descendants. Et c’est là où nous avons besoin de vous.

Lui – De moi ?

Elle – Enfin de votre sperme, en tout cas.

Lui – Expliquez-moi ça…

Elle – Des études scientifiques montrent que, parmi toutes les catégories de la population mondiale, les catholiques pratiquants sont les plus proches génétiquement du singe.

Lui – Vraiment ?

Elle – En réalité, la règle vaut pour les croyants en général. Mais nous avons contacté un échantillon d’extrémistes d’autres confessions, et ils ont refusé de collaborer…

Lui – Je vois…

Elle – Et puis on n’allait pas non plus faire surgir une nouvelle espèce humaine, plus proche du primate, à partir des seuls gènes de fanatiques religieux. Car il y a aussi des singes très agressifs, vous savez…

Lui – Bien sûr…

Elle – C’est d’ailleurs la raison pour laquelle nous avons aussi opéré une sélection parmi les catholiques pratiquants.

Lui – Et pourquoi moi ?

Elle – C’est là où dans nos études statistiques, le côté syndicaliste semble jouer en votre faveur. À condition qu’il s’agisse d’un syndicat réformiste, évidemment. Parmi les catholiques pratiquants, ceux qui sont aussi membres de la CFDT semblent les moins agressifs et les plus aptes à collaborer.

Lui – Je vois.

Elle – Maintenant que vous êtes au courant de tout, je vous repose donc solennellement la question, cher Monsieur : Êtes-vous prêt, en faisant don de votre sperme, à participer à la régénération de la race humaine en la faisant rétrograder au stade du singe ?

Lui – J’avoue que cette proposition… me prend un peu de court.

Elle – Vous comprenez mieux maintenant le nom que nous avons donné à cette mission de la dernière chance : « Retour vers le futur ». En ramenant l’Homme à l’état de primate, nous espérons que dans son développement à venir, il choisira une voie plus raisonnable…

Lui – Je suis sensible à l’honneur que vous me faites, et j’ai conscience de ma responsabilité. C’est pourquoi je vous confirme mon accord pour participer à cette opération de sauvetage de l’Humanité.

Elle – Merci, cher Monsieur, votre réponse ne m’étonne pas, au regard de ce que nous savons de vous. Je vous recontacterai donc très prochainement pour commencer le protocole.

Lui – Je me tiens à votre disposition.

Elle – Grâce à vous, dans deux ou trois générations, l’Homme aura oublié jusqu’au souvenir d’avoir été un Homme.

Il sort. Elle prend son portable et compose un numéro.

Elle – Tu ne vas pas le croire, mais il a accepté…

Noir.

7 – Confession

Il est là, assis face au public. Elle arrive, et s’assied, également face au public.

Lui – Je vous écoute, mon enfant…

Elle – Ce n’est pas facile, mon Père.

Lui – À travers moi, c’est à notre Seigneur que vous confesserez vos péchés. N’oubliez pas que pour lui, faute avouée est à moitié pardonnée. Si en plus vous vous repentez avec sincérité, quoi que vous ayez fait, vous serez absoute.

Elle – C’est-à-dire que… Il ne s’agit pas exactement d’un péché.

Lui – Si vous pensez ne pas avoir commis de péché, pourquoi venir vous confesser ? Mais vous savez, nous commettons tous des péchés, hélas.

Elle – Même vous ?

Lui – Bien sûr, même moi. Je ne suis qu’un homme.

Elle – Mais alors, à qui est-ce que vous vous confessez ? C’est vrai, c’est une question que je me suis toujours posée. Pour les coiffeurs, par exemple. Qui est-ce qui leur coupe les cheveux. Ou pour les médecins. On n’imagine jamais qu’un médecin puisse être malade. Et pourtant, ce ne sont que des hommes eux aussi…

Lui – Je crois que nous nous égarons, ma fille. Depuis combien de temps ne vous êtes-vous pas confessée ?

Elle – Je ne me suis jamais confessée.

Lui – Dans ce cas, comment pouvez-vous prétendre ne jamais avoir péché ? Quand bien même vous seriez une Sainte…

Elle – Je ne suis pas une Sainte, mais ce que j’ai à vous dire est tout à fait extraordinaire.

Lui – Bon… Si cela peut vous aider, je vous écoute. Et nous examinerons ensemble si ce que vous avez fait est ou non un péché.

Elle – Eh bien mon Père, en toute modestie, je pense avoir percé le mystère de l’univers.

Lui – Le mystère de… Si c’est une plaisanterie, sachez que c’est en tout cas un péché de bafouer ainsi la confession, qui est un de nos sacrements les plus précieux.

Elle – Je savais que vous me prendriez pour une folle… Mais c’est bien pour cela que je suis venue vous voir. Si vous, vous refusez de m’écouter, qui le fera ?

Lui – Très bien, alors je vous écoute…

Elle – Eh bien voilà, Docteur…

Lui – Mon Père.

Elle – Pardon… Eh bien voilà, mon Père… je pense avoir compris comment marche tout ça. Comment ça fonctionne. Et surtout pourquoi.

Lui – Tout ça ?

Elle – Le monde ! La vie, la mort, le bien, le mal…

Lui – Rien que ça ?

Elle – L’univers, les galaxies, les trous noirs, les extra-terrestres…

Lui – Je vois… Et comment prétendez-vous être parvenue à une telle connaissance universelle ? Vous êtes scientifique, sans doute ? Si c’est le cas, entendons-nous bien. Mon domaine est celui du doute, de la croyance et de la foi. Pas celui de la certitude, de la vérité et du savoir.

Elle – C’est là où ça va vous surprendre. Je ne suis absolument pas scientifique. D’ailleurs, j’ai toujours été nulle en maths. Mais depuis que je suis toute petite, je me pose des questions sur tout ça. Pas vous ?

Lui – Si… À ma façon…

Elle – Et vous aussi, à votre façon, vous pensez avoir trouvé la vérité.

Lui – Parlons plutôt de ce qui vous amène…

Elle – Bien entendu, assez vite, j’ai compris que je ne trouverai jamais les réponses aux questions que tout le monde se pose sans aucun résultat depuis des millénaires.

Lui – Et…?

Elle – Et pourtant, alors que je n’y croyais plus, la nuit dernière, tout s’est éclairé d’un coup.

Lui – Vraiment ?

Elle – Je dormais à poing fermés. Je me suis réveillée en sueur. Et la solution m’est apparue comme un flash.

Lui – Ne me dites pas que vous avez eu une apparition miraculeuse… Que vous avez vu la vierge…

Elle – Non, bien sûr. Et d’ailleurs, pour ce qui est du secret de l’univers, autant vous dire tout de suite que Dieu n’a pas grand chose à voir là-dedans. C’est aussi pour ça que je voulais vous prévenir en premier. Pour que vous puissiez en parler avec… votre patron.

Lui – C’est très aimable de votre part mais… par curiosité, pourriez-vous me dire en gros ce que vous pensez avoir découvert ?

Elle – Vous allez voir, en fait, c’est d’une simplicité…

Lui – Biblique ?

Elle – Je m’attendais bien sûr à un truc extrêmement compliqué. Puisque les scientifiques d’un côté, et les philosophes de l’autre, n’ont jamais réussi à trouver le début du commencement de la moindre explication.

Lui – Et ?

Elle – Eh bien finalement non… C’est très simple. Même si évidemment, c’est tout à fait étonnant. Sinon vous pensez bien que quelqu’un y aurait déjà pensé avant moi…

Lui – Je vous avoue que vous avez piqué ma curiosité. Je vous écoute…

Elle – Comme cette explication m’est apparue en rêve, je me suis empressée de noter tout ça sur un papier. Ça a beau être simple. Les rêves, vous savez ce que c’est… Le plus souvent, à peine réveillé, on les oublie.

Lui – Alors je vous prie de ne pas me faire attendre davantage. D’autant que j’ai encore plusieurs paroissiens à prendre en confession après vous…

Elle – Eh bien voilà…

Lui – Oui ?

Elle – Attendez, je vous dis ça tout de suite…

Lui – J’attends.

Elle cherche en vain dans son sac le papier en question.

Elle – Et merde !

Lui – Quoi encore ?

Elle – Je ne sais pas ce que j’ai fichu de ce papier. J’étais pourtant sûre de l’avoir mis dans mon sac…

Lui – Mais vous vous souvenez sans doute de quoi il retourne ? En gros, en tout cas…

Elle – Eh bien je vous dis… C’est comme les rêves… C’est parfaitement clair quand on dort. Tout paraît simple et évident mais…

Lui – Oui ?

Elle – Ah, ce n’est pas possible… Je l’ai sur le bout de la langue…

Lui – Je vois…

Elle – Oh, non, c’est trop bête… Le secret de l’univers ! Je l’avais, là… et… ça m’est sorti de l’esprit.

Lui – Vraiment ?

Elle – Non mais attendez, ça va sûrement me revenir… Ça avait un rapport avec… Oh merde, je ne sais plus…

Lui – Bien… Et sinon, vous n’avez rien d’autre à me confesser ?

Elle – Non…

Lui – Dans ce cas, je vais vous demander de partir. Parmi mes paroissiens, d’autres plus malheureux que vous attendent le réconfort de la religion.

Elle – Bien sûr, excusez-moi. Mais je vais y repenser, et si ça me revient…

Lui – Voilà, repensez-y, et revenez me voir si ça vous revient, d’accord ?

Elle – Merci. Je vous dois combien, Docteur ?

Lui – Vous pouvez toujours laisser une offrande dans le tronc en sortant.

Elle – Ça va me revenir, j’en suis sûre… Et puis je vais peut-être retrouver ce fichu papier… C’est moins gros qu’une bible, évidemment, mais bon… Ça tenait en une phrase.

Lui – En une phrase ?

Elle – Malheureusement, je l’ai oubliée…

Noir.

8 – Hommage

Ils sont debout l’un à côté de l’autre face au public, lui un peu en avant, elle légèrement en retrait. Ils affichent un sourire crispé et une mine de circonstance. Il se racle la gorge et sort un papier de sa poche, auquel il jettera un regard de temps.

Lui – Chers amis, chers collègues… Nous sommes ici rassemblés pour célébrer la mémoire de Jean-Claude, qui hélas nous a brusquement quittés il y a quelques jours. Pour nous tous, Jean-Claude était bien plus qu’un collègue, c’était un ami, je dirais même plus, presque un membre de la famille… Jean-Claude était un homme…

Elle essaie discrètement d’attirer son attention en toussant, et devant l’incompréhension de l’autre, elle lui glisse quelque chose à l’oreille.

Lui – Pardonnez-moi d’avoir écorché le prénom de notre cher défunt. L’émotion sans doute… Jean-Jacques était un homme… discret, mais apprécié de tous. Tout au long de sa carrière au Service de la Voirie. (Elle lui lance à nouveau un regard embarrassé et toussote, il jette un regard à son papier et se reprend.) Tout au long de sa carrière au Service du Cadastre, j’ajouterai au service de ses concitoyens et donc au service de la France, Jean-Paul ne s’est jamais fait remarquer pour un mauvais comportement, un geste d’humeur ou un mot plus haut que l’autre. Non, Jean-Paul n’était pas homme à se mettre en avant. Toujours prêt à la cantine, à céder sa place dans la file à quelqu’un de plus pressé que lui. Toujours disposé à remplacer un collègue en arrêt maladie. Toujours volontaire pour prendre ses congés d’été au mois de janvier pour permettre aux autres de partir au soleil en famille. Oui, plus qu’un homme discret, on peut dire que Jean-Jacques, de son vivant déjà, avait choisi de s’effacer. Mais c’était pour mieux laisser à ceux qu’il aimait la possibilité de s’épanouir. Oui, Jean-Charles, vu le peu de place que tu occupais en ce bas monde, on peut vraiment dire que ta disparition laisse un grand vide derrière toi. À la veille de la retraite, tu t’en vas comme tu as vécu. Sans vouloir déranger. Au moins tu seras mort paisiblement. C’est le cœur qui a lâché, sans doute parce que tu l’avais trop grand… (Elle lui glisse à nouveau un mot à l’oreille.) Le cœur… et aussi me dit-on le tramway qui t’a renversé juste au sortir de chez toi. Ce tram qui devait te conduire ici pour ce qui aurait dû être ton dernier jour de travail, et qui finalement t’aura conduit directement au terminus. Tu pars malgré tout entouré de l’amour des tiens, de celui de ta fidèle épouse surtout… (Elle lui fait un signe, et il se reprend.) Cette épouse dont hélas tu avais divorcé il y a de cela bien des années… Le plus dur, dit-on, c’est pour ceux qui restent. Fort heureusement, tu ne laisses derrière toi aucune veuve et aucun enfant. Mais ta famille te pleure malgré tout, Jean-Philippe. Car ta famille, c’était nous… Merci à vous tous d’avoir été présents pour honorer une dernière fois la mémoire de notre regretté Jean-Bernard. Paix à son âme. Et qu’il profite enfin après ce dernier voyage, lui qui n’en avait fait aucun de son vivant, de cette éternelle retraite bien méritée. Et qui celle-là ne coûtera rien à sa caisse de retraite. Adieu Jean-Christophe, tes collègues ne t’oublieront jamais….

Moment de transition pendant que l’assistance est supposée se disperser. Ils restent donc seuls.

Lui (rangeant son papier) – Oh putain, quel calvaire. Qui est-ce qui m’a rédigé ce torchon ? C’est vous ?

Elle – C’est votre premier adjoint. En effet, il n’avait pas l’air très intime avec le défunt.

Lui – Moi non plus… Vous le connaissiez, vous, ce type ?

Elle – Non, pas personnellement. C’était quelqu’un de très discret.

Lui – Vous êtes sûre qu’il est mort, au moins ?

Elle – Oh oui, je crois quand même… Je vais vérifier.

Noir.

9 – Code confidentiel

Ils sont debout face au public.

Lui – Alors ?

Elle – Non, ça ne me revient vraiment pas…

Lui – Tu es sûre que tu ne l’as pas noté quelque part ?

Elle – Si ! Si, évidemment, que je l’ai noté quelque part.

Lui – Eh ben alors ?

Elle – Le problème, c’est que je ne sais plus où je l’ai noté.

Lui – D’accord…

Elle – Le principe des codes secrets, ce n’est pas de les marquer en gros sur la porte du frigo… ou sur sa valise quand on part en voyage.

Lui – Le principe, c’est surtout de se souvenir où on les a planqués.

Elle – Eh ben voilà, il faut croire que je l’ai bien planqué, parce que même moi, je n’arrive pas à le retrouver.

Lui – Et ton mot de passe, tu ne sais plus du tout ce que c’était ?

Elle – Je ne suis plus très sûre. Je n’ai droit qu’à trois essais, et j’en ai déjà fait deux.

Lui – J’ai l’impression qu’on parle d’un génie sorti d’une bouteille et à qui on ne peut demander que trois choses.

Elle – J’essaie de me souvenir… Des mots de passe, on en a tellement.

Lui – Moi je prends le même pour tout, comme ça je suis sûr de m’en souvenir.

Elle – Et surtout, comme ça si on te le pirate, on peut tout te pirater.

Lui – Mais au moins, je peux accéder à mon compte !

Elle – Eh ben vas-y, accède à ton compte !

Lui – J’ai perdu ma carte bleue, tu le sais bien.

Elle – Tu te souviens de ton mot de passe, mais tu as perdu ta carte, moi je n’ai pas perdu ma carte mais je ne me souviens plus de mon mot de passe.

Lui – Ce n’était pas ta date de naissance ?

Elle – Je ne révèle jamais ma date de naissance à personne. Même pas à ma banque.

Lui – Ton numéro de sécurité sociale ?

Elle – Figure-toi que je choisis des mots de passe un peu plus difficiles à pirater.

Lui – Même par toi…

Elle – Il me semble quand même que cette fois, ce n’était pas juste une série de chiffres au hasard, comme je le fais pour ma grille de loto.

Lui – Bon, mais tu ne te souviens pas du numéro gagnant ?

Elle – On n’a plus droit qu’à un essai. Si ce n’est pas le bon code, la carte sera avalée, et on va mourir de faim.

Lui – Comme tous les habitants de ce pays de merde, d’ailleurs. Qu’est-ce qui nous a pris de venir passer nos vacances ici…

Elle – Ça en revanche, c’est une idée de toi, je te rappelle. Moi je voulais aller en Bretagne. En Bretagne, on ne risquait pas de mourir de faim.

Lui – Bon. Ne dramatisons pas. On peut toujours aller au consulat…

Elle – Le premier consulat est à deux cents kilomètres d’ici. On ne sait même pas où dormir ce soir…

Lui – Alors qu’est-ce que tu proposes ?

Elle – On n’a pas le choix, il faut essayer.

Lui – Comment ça, essayer ?

Elle – Je vais faire un code au hasard, en me fiant à ma mémoire gestuelle. Je l’ai fait des milliers de fois, ce code, mes doigts s’en souviennent sûrement.

Lui – Tu crois ?

Elle – Plus j’y pense, moins je m’en souviens, alors je ne vais penser à rien, et je vais faire le code.

Lui – Je ne sais pas si c’est une bonne idée…

Elle – Tu as une autre solution ?

Lui – Non…

Elle – Alors j’y vais.

Lui – OK… Mais concentre-toi bien.

Elle – Surtout pas ! Je te dis, il faut que je ne pense à rien.

Lui – OK, alors ne pense à rien.

Elle – J’essaie…

Lui – Je suis sûr que tu vas y arriver…

Elle – J’ai l’impression de sauter à l’élastique… Allez je me lance…

Elle ferme les yeux et compose un code. Ils retiennent leur respiration.

Lui – Alors ?

Elle – Ça a marché !

Lui – Alléluia !

Elle – Du coup, on a un peu d’argent, mais à l’étranger c’est limité à cent euros à chaque retrait.

Lui – On ne va pas aller loin avec ça. Enfin, on pourra toujours en reprendre, maintenant que tu as retrouvé ton code…

Elle – C’est-à-dire que…

Elle semble perturbée.

LuiQuoi ?

Elle – Ben j’ai tapé mon code sans réfléchir…

Lui – Et alors ?

Elle – Je ne sais pas du tout ce que j’ai tapé…

Lui – Tu n’as pas vu ?

Elle – J’ai fermé les yeux fermés, pour être sûre de ne penser à rien…

Un temps.

Lui – Je sens que ces vacances, ça va être une expérience inoubliable…

Noir.

10 – Amants d’enfance

Il est là, elle arrive.

Elle – Tu me reconnais ?

Lui – Non… Je devrais ?

Elle – Marie !

Lui – Marie… Et on se connaît ?

Elle – On était ensemble à la maternelle.

Lui – À la maternelle ?

Elle – Je crois même que tu étais un peu amoureux de moi.

Lui – Ah oui, c’est…

Elle – Tu ne te souviens pas ?

Lui – Non… En même temps, la maternelle… Mais toi ? Comment tu peux me reconnaître après tout ce temps ? Ne me dis pas que je n’ai pas changé…

Elle – Oui, évidemment, on a beaucoup changé… Tous les deux.

Lui – Mais alors comment…? Si on ne s’est pas vus depuis la maternelle…

Elle – Ah mais parce que moi, je t’ai revu depuis. Pas tous les jours. Par intervalle. Mais je t’ai revu régulièrement.

Lui – Comment ça ?

Elle – J’habitais juste en face, à l’époque. J’y habite toujours. Quand mes parents sont décédés, il y a une dizaine d’années, j’ai repris la maison. Toi aussi, apparemment, tu es revenu habiter chez tes parents…

Lui – Oui, enfin… moi ça ne fait pas très longtemps.

Elle – Trois mois.

Lui – À peu près, oui.

Elle – Mais tu venais les voir régulièrement. Donc… je t’apercevais de loin, de temps en temps.

Lui – Et c’est seulement maintenant que tu m’adresses la parole.

Elle – Je n’osais pas… J’avais peur de te déranger…

Lui – Pourquoi aujourd’hui ?

Elle – Je ne sais pas… J’ai divorcé il y a six mois…

Lui – Ah oui…

Elle – Et toi ?

Lui – Il y a trois mois… (Un temps) Tu le savais ?

Elle – Oui.

Lui – Tu connaissais ma femme ?

Elle – De vue.

Lui – De vue ?

Elle – On était au lycée ensemble.

Lui – D’accord.

Elle – C’est une petite ville.

Lui – Oui.

Elle – Évidemment, ça doit te faire un choc.

Lui – Tu veux dire… mon divorce ?

Elle – De me revoir comme ça, des années après.

Lui – Ah oui… Marie…

Moment d’embarras. Ils ne savent plus trop quoi dire.

Elle – Ferme les yeux.

Lui – Pardon ?

Elle – Ferme les yeux et écoute ma voix.

Il ferme les yeux.

Lui – OK…

Elle lui susurre à l’oreille d’un voix qui se veut envoûtante.

Elle – Marie. Marie Desfossés. On était ensemble en moyenne section. J’avais un manteau rouge, un duffle-coat. J’avais des couettes, et un jour à la récréation… (Elle dépose un baiser sur ses lèvres.) Tu m’as embrassée sur la bouche. Tu ne te souviens vraiment pas ?

Lui (troublé) – Marie… Ah oui, peut-être.

Il rouvre les yeux.

Elle – Évidemment, de me revoir comme ça… Après autant d’années… Je sais bien que j’ai beaucoup changé…

Lui – Ben oui, forcément.

Elle – Moi, du coup… Je t’ai vu grandir…

Lui – Oui. Et même vieillir un peu. Alors évidemment… Ça ne fait pas le même choc.

Un temps.

Elle – On pourrait se revoir…

Lui – Si tu habites en face… On va forcément se revoir…

Elle – D’accord… Je vais y aller alors…

Elle s’apprête à repartir.

Lui – C’est vrai, cette histoire ?

Elle – Quoi ?

Lui – Qu’on était à la maternelle ensemble… et tout le reste.

Elle – À ton avis ?

Lui – Je ne sais pas…

Elle – Qu’est-ce que tu préfères ?

Lui – C’est une belle histoire.

Elle – Alors on n’a qu’à dire qu’elle est vraie…

Elle s’en va.

Noir.

11 – L’oubliée

Il est là. Elle arrive.

Lui – Bonjour. Alors qu’est-ce que je lui mets à la petite dame ?

Elle – Je ne sais pas.

Lui – Oh vous, ça n’a pas l’air d’aller fort ? Vous ne voulez pas un petit remontant ?

Elle – Je vous dirais bien ce que je veux, mais dans une minute, vous aurez oublié.

Lui – Ah ça, ça m’étonnerait. Je n’oublie jamais une commande, Mademoiselle.

Elle – Vous oublierez la mienne, vous verrez.

Lui – Ah oui ? Et pourquoi ça ?

Elle – Parce que je suis celle qu’on oublie.

Lui – Pardon ?

Elle – Je suis l’oubliée. Depuis que je suis née, c’est comme ça.

Lui – Comme ça ? Comment ça, comme ça ?

Elle – Pendant sa grossesse déjà, ma mère oubliait souvent qu’elle était enceinte.

Lui – Ah oui…

Elle – Quand je suis née, mon père a oublié de me déclarer à l’état civil. Et quand ma mère a quitté la maternité, elle a oublié de me ramener à la maison avec elle en partant.

Lui – Sans blague ?

Elle – Ce n’est pas qu’ils ne m’aimaient pas. Ils m’oubliaient, c’est tout. Régulièrement, ils oubliaient d’aller me chercher à la sortie de l’école. Et je ne vous raconte pas le nombre de stations-service et de chambres d’hôtel où ils m’ont oubliée quand on partait en vacances.

Lui – Ah merde…

Elle – C’est comme ça. Enfin pas tout le temps. Il y a des périodes d’accalmie, parfois. Et puis ça recommence. Le jour de mon mariage, je pensais que j’étais enfin tirée d’affaire. Que quelqu’un, enfin, allait se souvenir de moi. Mais mon fiancé a oublié de se présenter à la mairie le jour de la cérémonie. Même le maire avait oublié de venir. Mes parents aussi, d’ailleurs…

Lui – Pourtant, vous avez l’air bien mignonne. Pas le genre de fille qu’on a envie d’oublier.

Elle – C’est vrai. J’ai toujours eu beaucoup de succès auprès des garçons. Et pourtant, je n’ai jamais brisé le cœur d’aucun d’entre eux, je vous assure. Pour ça il aurait fallu qu’ils se souviennent de moi. Mais la plupart de mes amoureux oubliaient de venir au deuxième rendez-vous.

Lui – Ah oui…

Elle – Vous connaissez la formule « jamais le premier soir » ?

Lui – Oui…

Elle – Eh bien pour moi, si ce n’était pas le premier soir, le deuxième on m’avait déjà oubliée.

Lui – Ça n’a pas dû être facile tous les jours.

Elle – Ça vous pouvez le dire. Pour trouver un travail, par exemple. Mes entretiens d’embauche, j’étais toujours toute seule. On m’avait oubliée. J’ai quand même réussi à me faire embaucher deux ou trois fois, mais tout le monde finissait par oublier qu’il y avait quelqu’un dans le bureau où je travaillais. Et évidemment, on oubliait de me payer aussi…

Lui – Et alors ?

Elle – Comme je ne pouvais jamais garder un travail, j’ai fini par basculer dans la délinquance.

Lui – La délinquance ? Pourtant, à vous voir, comme ça… Mais comment vous faites pour vivre.

Elle – Dans les magasins, je prends ce que je veux et je sors sans payer.

Lui – Vous allez finir en prison.

Elle – Pensez-vous ! Au bout d’une minute, les vigiles oublient d’appeler la police. Ou bien la police oublie de venir. Ou bien le gardien de prison oublie de fermer la cellule à clef, parce qu’il a oublié qu’il y avait quelqu’un dedans.

Lui – Ah oui, remarquez… Vu comme ça, ça n’a pas que des inconvénients.

Elle – Quand vous m’aurez servi ma consommation, si vous n’oubliez pas de le faire, je partirai sans payer, et vous ne vous souviendrez même pas de m’avoir servie.

Lui – Vraiment ?

Elle – Je n’ai jamais payé une seule note de restaurant, et pourtant, j’y mange tous les jours.

Lui – Mince… Et ça dure depuis longtemps, tout ça ?

Elle – Depuis 1902. C’est mon année de naissance.

Lui – 1902 ? Mais enfin, ce n’est pas possible.

Elle – La mort a dû oublier de venir me chercher, elle aussi.

Lui – Ah oui…

Elle – Je vous le dis… Vous m’oublierez vous aussi.

Un temps.

Lui – Bonjour. Alors qu’est-ce que je lui mets à la petite dame ?

Noir.

12 – Trou de mémoire

Il est là. Elle arrive.

Lui – Bonjour, ça va ?

Elle – Ça va. Et vous ?

Lui – Ça va, ça va.

Elle – Il ne fait pas chaud, hein ?

Lui – Non, ça on ne peut pas dire qu’il fait chaud. On peut même dire qu’il fait froid.

Elle – Oui, c’est ce que je disais. En employant une litote.

Lui – Pardon ?

Elle – Une litote ! Dire moins pour insinuer plus, si vous préférez. Par exemple… « Je ne te hais point » pour dire « je t’aime ».

Lui – Il ne fait pas chaud, c’est une litote ?

Elle – Ça peut.

Lui – Et ça peut vouloir dire je t’aime ?

L’autre semble un peu déstabilisée, et met un temps pour relancer la conversation comme elle peut.

Elle – Je me demande même s’il ne fait pas plus froid cette année que l’année dernière.

Lui – Ah oui, c’est bien possible.

Elle – Je me souviens, il y a un an, à la même époque, j’étais en maillot de bain sur ma terrasse.

Lui – En maillot de bain ? Vous êtes sûre ? En plein mois de janvier ?

Elle se rapproche de lui.

Elle – Excusez-moi, j’ai dit n’importe quoi, pour meubler. Je ne me souviens plus du tout de mon texte.

Lui – Votre texte ?

Elle – Le trou de mémoire, mais alors là… Je dirais même le trou noir.

Lui – Comment ça, le trou noir…?

Elle – Le blanc, si vous préférez. J’espérais que ça revienne, mais non. Alors j’ai improvisé. Je suis vraiment désolée.

Lui – Désolée ? Mais de quoi ?

Elle – D’avoir oublié mon texte !

Lui – Mais enfin… on n’a pas de texte !

Elle – On n’a pas de texte ?

Lui – Non. Enfin, moi, je n’ai pas de texte.

Elle – Vous êtes sûr ? Alors vous aussi, vous improvisez ?

Lui – Oui, enfin…

Elle – Ça alors… Ça m’étonnait aussi. Balancer de telles platitudes. Donc vous dites n’importe quoi… Ah oui, je comprends mieux.

Lui – Comment ça je dis n’importe quoi ?

Elle – Ce qui vous passe par la tête.

Lui – Ah non, pas tout ce qui me passe par la tête. Je trie un peu quand même.

Elle – Si ce que vous dites, c’est le plus intéressant parmi tout ce qui vous passe par la tête, je n’ose même pas imaginer le reste…

Lui – Et donc vous, vous auriez un texte.

Elle – Ben oui.

Lui – Un texte que vous auriez oublié, donc.

Elle – C’est ce que je pensais, en tout cas. Mais vous êtes sûr que vous ne seriez pas en train de dire un texte, vous aussi.

Lui – Je ne sais pas… Vous croyez ?

Elle – Il y a tout de même quelque chose qui ne colle pas.

Lui – Quoi donc ?

Elle – Si vous, vous êtes en train de dire un texte, ce n’est pas possible que moi je sois en train d’improviser.

Lui – Et pourquoi ça ?

Elle – Ça ne collerait pas.

Elle – Ah oui, c’est sûr.

Elle – Ou alors c’est qu’on est en train d’improviser tous les deux.

Lui – Ou bien qu’on est en train de dire un texte tous les deux.

Elle – Mais qui aurait bien pu écrire des inepties pareilles ?

Lui – Vous savez, le théâtre contemporain… Peut-être que l’auteur improvisait, lui aussi.

Elle – Je vois, l’écriture automatique, tout ça.

Lui – Je pensais que c’était démodé.

Elle – Ce qui est sûr, c’est que l’auteur, lui, il n’avait pas de texte. Au départ…

Lui – Donc, quelque part, il improvisait…

Elle – Oui, on peut dire ça comme ça…

Lui – Alors pourquoi on improviserait pas un peu, nous aussi.

Elle – En fait, je me demande si…

Lui – Quoi ?

Elle – On ne serait pas en train d’écrire le texte à la place de l’auteur.

Lui – Je vois… Les personnages improvisent, et lui il n’a plus qu’à recopier.

Elle – Et c’est lui qui empoche les droits d’auteur.

Lui – Auteur… C’est vraiment un métier de feignant.

Elle – Je dirais même plus : de plagiaire.

Lui – De plagiaire ?

Elle – Si l’auteur plagie ses propres personnages…

Lui – En même temps, vous l’avez dit vous-même. On ne peut pas dire que ce qu’on raconte soit d’une très haute tenue littéraire.

Elle – Non, il faut bien le reconnaître.

Lui – Bon on a peut-être assez improvisé comme ça, non ?

Elle – Oui, ça ira bien.

Lui – Alors ?

Elle – Quoi ?

Lui – Qu’est-ce qu’on disait avant de parler ?

Noir

Toutes les pièces de Jean-Pierre Martinez sont librement téléchargeables

sur son site : www.comediatheque.net

Ce texte est protégé par les lois relatives au droit de propriété intellectuelle.

Toute contrefaçon est passible d’une condamnation

allant jusqu’à 300 000 euros et 3 ans de prison.

Paris – Janvier 2020

© La Comédi@thèque – ISBN 978-2-37705-394-0


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Cendrillon et la Reine Margaux

N’oubliez pas les paroles, un vrai conte de fées

Analyse sémiologique d’un succès médiatique

À l’antenne depuis plus de douze ans, le jeu télévisé “N’oubliez pas les paroles” permet encore aujourd’hui à France 2 de dépasser régulièrement sa concurrente TF1 en termes d’audience sur cette case de l’access prime time. Quelles sont les raisons d’un tel succès populaire, aussi large et aussi pérenne ?

L’explication est en fait assez simple : N’oubliez pas les paroles est un vrai conte de fées. Cette émission en effet, rendez-vous quotidien avec le public, n’est pas un simple jeu, comme peut l’être Des Chiffres et des Lettres, mettant aux prises deux candidats plus ou moins insignifiants, rivalisant entre eux sur la base de leurs capacités cérébrales, les téléspectateurs étant indirectement invités à se mesurer également à ces deux compétiteurs.

Pour reprendre un concept à la mode, NPLP est un storytelling. Le storytelling est un mode de communication consistant à mettre en œuvre de façon sous-jacente à travers ce que l’on raconte, pour susciter l’empathie de son auditoire, un récit dont la structure est basée sur un schéma narratif similaire à celui des contes populaires. Cette structure commune à tous les contes, et au-delà à tous les discours comportant une dimension narrative (romans, films, pièces de théâtre), a été formalisée par le sémiologue Algirdas Julien Greimas. Le schéma narratif comporte quatre épisodes qui s’enchaînent pour constituer un récit.

Contrat : présentation et caractérisation du héros par la définition de ses valeurs et de sa mission. Quel défi s’apprête-t-il à relever et dans quel but ? Dans un conte de fées, par exemple, un chevalier (digne de porter ce nom pour son courage physique et sa noblesse d’âme) se voit confier la mission de délivrer une princesse enlevée à ses parents par un être maléfique (ou un animal fantastique comme un dragon) qui la retient dans son château (ou dans son antre).

Compétence : épreuve qualifiante, sorte d’examen de passage auquel le héros est soumis afin de prouver sa capacité et sa légitimité à concourir pour l’épreuve principale. Dans un conte populaire, ce chevalier est confronté en chemin à plusieurs épreuves (trois, en général), consistant par exemple à résoudre des énigmes ou à combattre les alliés de son adversaire qui protègent son refuge.

Performance : épreuve principale, à savoir la grande confrontation pour laquelle le héros s’est préparé. Dans les contes populaires, il s’agit du combat épique contre un adversaire malfaisant, dangereux et parfois même doté de super-pouvoirs.

Sanction : épreuve glorifiante à travers laquelle le héros, s’il est sorti vainqueur de l’épreuve principale, se verra reconnu, honoré et récompensé. Dans les contes populaires, par exemple, il s’agira de la reconnaissance officielle par le roi de la prouesse du chevalier, qui reçoit en récompense de sa bravoure la main de la princesse ainsi que la bonne fortune qui va avec. Le héros peut aussi recevoir un insigne matériel, une marque distinctive comme une médaille, qui lui permettra d’afficher aux yeux de tous son statut d’être exceptionnel reconnu comme tel. A minima, il se contentera de la gloire que lui vaudra sa prouesse.

Dans NPLP, ce schéma narratif s’applique triplement :

EN AMONT DU JEU

Contrat : présélection des candidats principalement sur la base de leur “profil”. Tout candidat admis à passer les épreuves de sélection doit se montrer digne de concourir. Il s’agit en quelque sorte d’un examen de moralité. Les candidats potentiels doivent faire montre de valeurs positives et consensuelles. De fait, on a rarement vu un candidat très antipathique, même doté d’une mémoire exceptionnelle, accéder au statut de candidat officiel. En revanche, les candidats potentiels sont soigneusement sélectionnés pour n’exclure aucune catégorie sociale, en veillant à ce que les classes populaires et aussi les “minorités” soient très bien représentées.

Compétence : les différentes épreuves de sélection constitutives du casting à proprement parler, destinées à choisir parmi tous les candidats dignes de l’être ceux qui sont le plus à même par leurs capacités (en l’occurrence mémorielles) à jouer le rôle de challenger pour conquérir le titre de Maestro (symbolisé par le “micro d’argent”).

Performance : la succès du candidat à la dernière épreuve de sélection.

Sanction : la qualification du candidat comme challenger officiellement reconnu pour participer au jeu.

PENDANT LE JEU

Contrat : l’entretien préliminaire du candidat avec l’animateur, pendant lequel ce dernier interroge le challenger sur son identité, ses valeurs, ses projets, tout en lui rappelant sa mission et éventuellement les règles du jeu. Avant cela, au début de chaque émission, l’animateur rappelle l’identité, les valeurs et les projets du champion en titre.

Compétence : la première partie du jeu, consistant en une première épreuve destinée à déterminer qui des deux candidats concourra en premier pour l’épreuve principale : “la même chanson”.

Performance : l’épreuve principale consistant pour chacun des candidats à compléter les paroles de “la même chanson”. À moins que la victoire de l’un ou l’autre ne soit obtenu par KO, en se rendant d’entrée “irrattrapable”.

Sanction : confirmation par l’animateur du champion en titre dans son statut de héros ou destitution du champion et passation de pouvoir au challenger victorieux avec l’octroi du “micro d’argent”. La dernière partie du jeu relève aussi de la sanction par l’octroi au vainqueur d’une somme d’argent proportionnelle aux capacités mémorielles dont il fera montre lors de cette dernière épreuve glorifiante.

APRÈS LE JEU

Contrat : dans le meilleur des cas, à sa sortie du jeu, le champion destitué après un parcours particulièrement long et brillant sera néanmoins reconnu comme digne d’être membre, au moins provisoirement, des masters, le panthéon des plus grands ex-champions.

Compétence : lors de chaque cession ultérieure du jeu, l’appartenance des ex-champions au club très fermé des masters est potentiellement remise en cause par l’accession possible d’autres candidats à ce club, l’entrée de l’un provoquant automatiquement la sortie d’un autre, le moins bien placé.

Performance : occasionnellement, organisation de confrontations exceptionnelles lors d’émissions spéciales entre membres des masters.

Sanction : les vainqueurs de ces confrontations titanesques se voient confirmés dans leur statut de champion parmi les champions, et en cela pratiquement divinisés.

Le jeu NPLP est donc exactement et triplement structuré comme un conte de fées. Sauf qu’il s’agit bien en l’occurrence d’un “vrai” conte de fées, et pas du simple récit d’une histoire imaginaire, symbolique et édifiante. NPLP n’est pas une fiction. C’est, si ce n’est une réalité, du moins une télé-réalité, c’est à dire une réalité scénarisée. Mais les destins des participants sont bien réels. C’est une histoire vraie qui se déroule en direct sous nos yeux, dont on ne connaît donc pas la fin. Certes, les émissions sont enregistrées, mais elles sont diffusées sur le mode du direct, et les spectateurs ignorent par conséquent au début de chaque diffusion quelle sera l’issue de la confrontation.

C’est ainsi que nous en arrivons à ce qui fait le succès de ce jeu auprès du public, au-delà de ce mode de narration extrêmement efficace, du phénomène d’identification très fort lié à la réalité de ces personnages non fictionnels, et du suspense découlant de l’effet de direct.

Tout est mis en œuvre dans ce jeu pour faire émerger des champions, et plus encore peut-être des championnes, avec lesquelles le public puisse développer émission après émission une empathie maximale et toujours plus forte à mesure que l’enjeu, notamment financier mais surtout symbolique, augmente. Ces champions, en effet, sont toujours des héros ordinaires, dotés de capacités extraordinaires, et surtout des gens qui ont fait pour en arriver là un parcours extraordinaire, lui-même structuré d’ailleurs comme un schéma narratif :

Contrat : décision de concourir pour le casting.

Compétence : préparation intense au prix de sacrifices personnels importants.

Performance : réussite au casting après souvent plusieurs échecs.

Sanction : même en cas de défaite, la participation au jeu étant en soi un aboutissement, une reconnaissance, et un quart d’heure de célébrité.

Penchons-nous plus particulièrement un instant sur le cas de Margaux. Margaux est, il faut bien le dire, l’archétype même de la chic fille cependant parfaitement ordinaire : naturellement belle sans être outrageusement provocante et sexy, dotée de capacités mémorielles hors norme sans apparaître pour autant comme une surdouée, ouverte sur le monde sans être particulièrement cultivée, non dépourvue d’humour sans être cassante, généreuse tout en restant réaliste, battante sans être agressive, joueuse sans être tricheuse… Bref, Margaux, c’est “juste quelqu’un de bien”, comme dit la chanson. Margaux, c’est quelqu’un comme nous. Ou comme on aimerait être. Quelqu’un qu’on aimerait avoir pour copine, ou pour femme, ou pour fille, ou pour belle-fille… Et c’est donc la fille qu’on voudrait voir gagner, pour lui permettre de réaliser ses rêves. Et nous de réaliser les nôtres par procuration. Margaux, c’est “Juste quelqu’un de bien, sans grand destin”, à qui NPLP offre la possibilité de se forger malgré tout un destin exceptionnel.

Margaux, c’est une Cendrillon des temps modernes, dont NPLP, sous les yeux du public et avec son concours, va faire une reine : la reine Margaux. Certes, cette charmante jeune femme est loin d’être aussi miséreuse au départ que Cendrillon. Mais la vie n’a pas su reconnaître en elle un talent qu’elle cachait. Margaux fait partie, comme beaucoup d’entre nous, et plus particulièrement les femmes sans doute, de ces gens dont le système scolaire et la société en général n’ont pas su reconnaître à la fois les capacités intellectuelles et la grandeur d’âme. Et NPLP est là pour réparer cette injustice. Car NPLP, c’est l’anti-loto. Les gagnants ne le sont pas hasard. L’animateur ne manque pas une occasion de rappeler qu’ils doivent leur succès à leur travail acharné : “le travail paie”. Certes, il ne s’agit pas d’un discours révolutionnaire. Le contraire serait très étonnant sur une chaîne de télévision. Mais il s’agit néanmoins d’un discours acceptable par tous : la célébration de la réussite au mérite. Et qui plus est un mérite que personne n’avait décelé jusque-là, dans la mesure où il n’entrait pas dans les critères de l’éducation nationale ou du dressage professionnel.

Nous avons tous en nous un talent méconnu, y compris de nous-mêmes parfois. Voilà le message de NPLP. C’est ce talent-là qu’il faut découvrir et cultiver avec courage, obstination voire même abnégation. Et alors nos mérites seront un jour reconnus, et nous pourrons réaliser nos rêves. Un discours très “service public”, donc. La réussite de Margaux, c’est potentiellement la nôtre. Et au-delà, la réussite de “N’oubliez pas les paroles”, c’est encore la nôtre puisque c’est nous qui en regardant cette émission en faisons le succès, et contribuons à la célébrité des vainqueurs. Finalement c’est nous, téléspectateurs, qui sommes les maîtres du jeu. Comme dans un jeu vidéo, c’est nous-mêmes qui choisissons notre “champion par procuration”, qui l’accompagnons dans ses épreuves, qui partageons ses victoires, et qui nous en réjouissons avec lui et pour lui. Et à la fin de chacune de ces émissions, chaque téléspectateur peut se dire : Cendrillon, c’est moi. Et si je le veux assez fort, moi aussi je peux devenir la Reine Margaux.

Jean-Pierre Martinez, scénariste, dramaturge et sémiologue

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Freitag, der 13.

Zum Autor

Jean-Pierre Martinez, geboren 1955 in Auvers-sur-Oise bei Paris, hat seine ersten Bühnenerfahrungen als Schlagzeuger verschiedener Rockgruppen gemacht. Nach Studium und eigener Lehre von Text- und Bildsemiotik an sozial- und theaterwissenschaftlichen Hochschulen (Ecole Pratique des Hautes Etudes en Sciences Sociales, EHESS; Conservatoire européen d’écriture audiovisuelle, CEEA) wurde er in der Werbebranche tätig, verfasste nebenher schon bald Drehbücher für das Fernsehen und kehrte schließlich als Theater-Autor und Dramaturg an die Bühne zurück.

Martinez zählt zu den produktivsten und meistgespielten der heutigen Theater- und TV-Drehbuchautoren Frankreichs und des französisch-sprachigen Auslands. Bis dato hat er an die 100 TV-Drehbücher und mehr als 85 Komödien verfasst, von denen einige zu Klassikern geworden sind (Vendredi 13 oder Strip Poker). In englischer und spanischer Übersetzung werden seine Theaterstücke regelmäßig auf Bühnen in Nord- und Lateinamerika gespielt. Für den Erfolg der Theaterstücke von Jean-Pierre Martinez steht die Zahl von jährlich über 2.000 Aufführungen seiner Stücke, die inzwischen in 12 Sprachen übersetzt vorliegen – jetzt auch auf Deutsch.

Um seine Komödien interessierten Theatergruppen nahezubringen, hat Martinez sie zum freien Download auf einer eigenen Internet-Plattform eingestellt: La Comédiathèque, comediatheque.net. In Papierform (zum Preis der entsprechenden Fotokopien) können die Texte über die Webseite The Book Edition bestellt werden. Die Rechte für die Bühnenaufführung können / müssen über die Verwertungsgesellschaft SACD erworben werden.


Alle Stücke von Jean-Pierre Martinez können gratis von seiner Webseite heruntergeladen werden.


In deutscher Übersetzung liegen folgende Theaterstücke von Jean-Pierre Martinez vor:

Das Werk einschließlich aller seiner Teile ist nach den Bestimmungen über geistiges Eigentum urheberrechtlich geschützt. Jede Verwertung des Werks außerhalb der engen Grenzen des Urheberrechtsgesetzes und ohne Einwilligung von Autor und Übersetzer ist unzulässig und strafbar und kann zu hohen Schadensersatzansprüchen führen.

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Freitag, der 13.

Wenn man im Lauf eines Abends erfährt, dass die beste Freundin mit dem Flugzeug abgestürzt ist und man selbst den Jackpot im Lotto geknackt hat – wie soll man da sein Glück vor dem potentiellen Witwer zurückhalten ?

Jérôme und Christelle haben ein befreundetes Pärchen zum Abendessen eingeladen. Aber nur er taucht auf, allein, vollkommen aufgelöst: eben hat er aus dem Radio erfahren, dass das Flugzeug mit seiner Frau auf dem Flug nach Paris über dem Ärmelkanal abgestürzt ist. Die Gastgeber verfolgen mit dem potentiellen Witwer die Nachrichten – ist seine Frau unter den Überlebenden oder nicht? Zwischendurch stellt sich bei der Bekanntgabe der Lottozahlen heraus, dass Jérôme und Christelle an diesem Freitag, den 13. den Jackpot im Lotto geknackt haben. Fortan müssen sie mit ihrer Freude „hinterm Berg halten“ – verständlich, dass es an diesem bewegten Abend stimmungsmäßig auf und ab geht …

Personen

Jérôme – Christelle – Patrick

Von diesem Stück liegen (französische) Fassungen für die Besetzung 1 Mann und 2 Frauen, 3 Männer oder 3 Frauen vor: https://comediatheque.net

© La Comédi@thèque

Wohnzimmer im Öko-Schick, wovon allerdings nur noch Spuren sichtbar sind. An der hinteren Wand ist ein abstraktes Gemälde auf dem Boden abgestellt, andere Sachen sind schon in Umzugskartons verpackt. Geschmückter Weihnachtsbaum in einer Ecke. Niemand auf der Bühne. Das Telefon klingelt, der Anrufbeantworter schaltet sich ein:

Jérôme (Stimme aus dem Off): Hallo! Richtig, wir sind’s, Jérôme und Christelle. Wir sind gerade in Untersuchungshaft wegen Steuerbetrug, aber ihr könnt uns nach dem Piep eine Nachricht hinterlassen. Wir rufen zurück, sobald wir nicht mehr in Polizeigewahrsam sind. Jetzt seid ihr dran!

Man hört den Piep, danach die vom AB aufgenommene Nachricht:

Nathalie (Off-Stimme): Ähm… Hallo, ihr beiden, ich bin’s, Nathalie. Alles klar bei euch? Ach Quatsch, ihr könnt ja nicht antworten… Also, wir sehen uns wie geplant heute Abend, nur

Jérôme tritt auf. In jeder Hand eine Einkaufstüte, von verschiedenen Supermärkten. Unter dem Arm ein Baguette. Er ist zu bepackt, um das Gespräch noch anzunehmen und hört einfach den Rest der Nachricht ab:

Nathalie (Off-Stimme): … wir kommen eher so gegen halb neun. Mein Flug landet in Beauvais, von dort mit dem Bus rein nach Paris, meinen Koffer zu Hause abstellen und dann mit Patrick zu euch fahren, das kann dauern… Ach, übrigens, vielen Dank für den Koffer. Den bring ich euch bei der Gelegenheit auch gleich zurück. Also, bis dann! Und macht euch bloß keinen Kopf wegen dem Abendessen – alles ganz locker, wie unter guten Freunden, ja?

Jérôme verschwindet mit seinen Tüten in der Küche und kommt mit einem Kanister billigem Wein zurück. Er zieht seine Regenjacke aus und holt eine Karaffe aus einem Schrank. Er macht den Kanister auf, setzt einen Trichter auf die Karaffe und füllt den Wein in die Karaffe ab. Christelle tritt auf.

Christelle: Hallo! Auch schon da? Alles klar?

Jérôme: Nathalie hat angerufen, sie kommen etwas später.

Christelle: Umso besser, wir sind auch nicht grade früh dran… Sie zieht ihren Mantel aus. Ganz schön kalt hier drinnen, findest du nicht? Noch kälter als draußen…

Jérôme: Ich hab die Heizung ausgedreht. Wir wollten doch sparen, oder?

Christelle sieht, was er gerade macht.

Christelle (erstaunt): Was soll das werden?

Jérôme: Na, ich füll den Wein in eine Karaffe, damit er ein bisschen atmet, bevor wir ihn trinken. Ist scheinbar besser.

Christelle: In so einen Spitzen-Wein hättest du aber auch nicht zu investieren brauchen… Wenn es nach mir ginge, würde ich eher am Wein als an der Heizung sparen…

Jérôme: Ist nur Landwein. Frag mich nicht, aus welchem Land. Auf jeden Fall nicht aus der Europäischen Gemeinschaft. Ein Euro 24 Cent der Liter, beim Discounter. Sonderangebot zu Weihnachten…

Christelle: Und warum füllst du ihn ab?

Jérôme (ironisch): Den Tipp hat mir der Sommelier dort gegeben. Damit dieser kostbare Nektar an der Nase alle Fruchtaromen von roten Beeren und Vanille zeigen kann. Ohne im Abgang eine leichte Traubenbetonung zu verleugnen… (Wieder ernsthaft) Aber im Ernst – würdest du den Kanister auf den Tisch stellen?

Christelle: Stimmt natürlich …

Jérôme: Außerdem kann es diesem Pennerglück nicht schaden, wenn man ihn etwas lüftet. Landwein ist wie Leitungswasser: besser, man dekantiert ihn, bevor man ihn trinkt. Damit die giftigen Dämpfe noch schnell abziehen und die Schwermetalle sich am Boden absetzen können…

Christelle: Hast du alles besorgt?

Jérôme: Ich hab eine Artischockenpastete von Frosta gekauft, muss man nur noch auffrosta, ähm, auftauen und fertig.

Christelle: Eine Artischockenpastete?

Jérôme: War auch im Angebot… Zusammen mit einem Salat…

Christelle: Aha… Na, ich bereite dann schon mal den Aperitif vor.

Christelle holt Gläser.

Christelle: Warst du beim Jobcenter?

Jérôme: Jep.

Christelle: Und?

Jérôme: Die haben mir ein Praktikum angeboten…

Christelle: Ein Praktikum?

Jérôme: Bei einem Restaurator.

Christelle: Restaurateur? Das ist ja super… Das ist doch genau das, was du wolltest.

Jérôme: Ein Restaurator… von Bildern!

Christelle: Bilder restaurieren? Aber du hast doch auf der Hotelfachschule gelernt!

Jérôme: Willkommen beim Jobcenter die bringen dich weiter. Nur leider ganz woanders hin. Die müssen da was verwechselt haben…

Christelle: Aber du hast ihnen doch gesagt, dass du Chefkoch warst. Ist ihnen nichts Besseres dazu eingefallen?

Jérôme: Die haben nur gemeint: „Heutzutage müssen Sie vielseitig einsetzbar sein.“

Christelle: So was von bescheuert! Erst Rahmschnitzel, dann Rahmen schnitzen. Erst in der Nobelbleibe, dann am Hobel bleiben…

Jérôme: Keine Sorge, zuhause werde ich immer dein Meisterkoch bleiben.

Christelle: Meisterkoch… von wegen. Zuhause kriegst du’s ja nicht mal fertig, etwas aufzutauen.

Jérôme: Das ist jetzt aber fast so was wie ein versteckter Vorwurf…

Christelle: Schon gut. Bist du hingegangen?

Jérôme (mit Blick auf das an die Wand gelehnte Bild): Naja, ich hab bei der Gelegenheit gleich mal unser Gemälde schätzen lassen…

Christelle: Ach, diesen Ölschinken, den du vor zehn Jahren von deinem Freund gekauft hast – diesem Studenten der Schönen Künste, dem du für seine Schöpfung auch noch ein Vermögen gezahlt hast…

Jérôme: Das war kurz nach seinem ersten Selbstmordversuch. Ich wollte ihm auf die Beine helfen. Und dann habe ich mir gesagt, dass das Bild mit der Zeit an Wert gewinnt…

Christelle: Wenn wir damit wenigstens die Heizkosten bezahlen können… Ja, und auf wieviel hat er dieses Meisterwerk geschätzt, dein Restaurator?

Jérôme: Gute hundert Euro.

Christelle: Und du hast es für 1.500 gekauft!

Jérôme: Warte mal ab. Du weißt doch, was für einen Run es nach Van Goghs Tod auf seine Bilder gegeben hat.

Christelle: Dann brauchen wir ja nur noch zu hoffen, dass dein genialer Freund seinen Selbstmord doch noch hinkriegt, bevor wir hier erfroren sind… (seufzt) Wir können nicht einmal davon träumen, dass der Rahmen an Wert gewinnt – ist ja keiner dran!

Jérôme: Tja, das ist so eines von den Problemen bei moderner Malerei…

Christelle: Ich hoffe ja, dass Patrick uns wenigstens die 1.000 Euro zurückzahlt, die du ihm so großzügig geliehen hast. Dann könnten wir das Unterstellen von unseren Möbeln bezahlen, solange wir auf die Sozialwohnung warten, die uns dein sozialdemokratischer Cousin im Rathaus versprochen hat… Übrigens: hast du ihn mal daran erinnert?

Jérôme: An unsere Wohnung?

Christelle: Ach was – an die 1.000 Euro!

Jérôme: Ich frage mich, ob das jetzt der richtige Augenblick ist… Die haben es auch nicht leicht, weißt du. Wo die Telekom Nathalie in dieses Call-Center nach Straßburg versetzt hat – das musst du dir mal vorstellen! Straßburg! Die war doch immerhin Chefin der Personalabteilung, mit Büro am Pariser Seine-Ufer. Da kann Patrick mit seinem Gehalt als Grundschullehrer in Teilzeit nicht mithalten…

Christelle: Na und ich? Ich hab drei halbe Stellen! Und das reicht nicht mal, um die Nebenkosten zu bezahlen!

Jérôme: Okee, ich rede mit ihm, heute Abend!

Das Telefon klingelt.

Christelle: Ach, das sind sie bestimmt… (Sie nimmt den Hörer ab) Hallo…? Alles klar bei dir, Patrick! Ach so… Nee, überhaupt kein Problem, Patrick… Ok, wir warten solange… Bis gleich, Patrick… (Sie legt auf) Das war Patrick…

Jérôme: Das hab ich mir irgendwie gedacht, als du gleich als Erstes gesagt hast: „Ach, Patrick.“ Das musste er einfach sein…

Christelle: Nathalies Flug hat Verspätung. Er kommt allein, mit dem Wagen…

Jérôme: Und sie?

Christelle: Er hat ihr auf ihre Sprachbox gesprochen, dass sie direkt hierher kommen soll. Den Aperitif trinken wir dann ohne sie.

Jérôme: Was für eine Schnapsidee, von Straßburg nach Paris zurück zu fliegen!

Christelle: Wo sie auch noch 60 km vor Paris landet. Aber klar, mit Ryan Air kostet der Hin- und Rückflug weniger als ne Metro-Fahrkarte…

Jérôme geht zu ihr und nimmt sie in die Arme.

Jérôme: Hey, wir kommen schon wieder klar.

Christelle: Ja, sicher. …. Und solange wir zusammen sind, kann uns eh nichts Schlimmes passieren, hab ich recht?

Jérôme: Ich trinke lieber Landwein mit dir als Edel-Schampus mit wem auch immer.

Christelle: Ich hab so ein Gefühl, dass sich das Glück wenden wird. Zu Weihnachten. Und heute ist doch auch Freitag, der 13., stimmt’s?

Jérôme: Vielleicht gewinnen wir im Lotto.

Christelle: Wir spielen doch gar nicht…

Jérôme: Ich hab neulich, als wir deine Mutter in Lille besucht haben, in einem Kiosk Lotto gespielt. Hab meine Bewerber-Nummer vom Job-Center getippt.

Christelle: Da geht’s mir ja gleich besser…

Sie küssen sich.

Jérôme: Und Patrick? Ist der schon auf dem Weg?

Christelle: Der fährt seit ner Viertelstunde um unseren Häuserblock, auf der Suche nach einem Parkplatz.

Jérôme: Ein Parkplatz, in diesem Viertel, um diese Zeit…

Christelle: Eins steht fest: wenn die sich einen Smart zugelegt hätten wie wir, statt diesem fetten Mercedes mit 4-Rad-Antrieb, dann wäre das Einparken leichter…

Jérôme: Aber wie sollen sie das mit ihren zwei Kindern anstellen… Der Smart hat doch nur zwei Sitze.

Christelle: Die Kids sind noch klein, da hätte ein Twingo auch schon gereicht! Wo sie angeblich Geldprobleme haben…

Jérôme: Zuerst sollte er mal lernen, wie man einen Laster einparkt…

Christelle fängt an, die Flaschen auf den Tisch zu stellen. Es läutet an der Tür.

Jérôme: Na, so schlecht fährt er ja gar nicht… Jetzt hat er seinen 5-Tonner doch noch untergebracht. Bleib sitzen, ich mach ihm auf…

Jérôme geht die Türe aufmachen.

Jérôme: Hallo, Patrick! Na, was ist n los mit dir? Du bist ja leichenblass? Man könnte glauben, du hast einen Wiedergänger gesehen…

Patrick kommt mit Jérôme rein. Er hält eine Flasche Champagner in der Hand und sieht tatsächlich wie das heulende Elend aus.

Patrick (tränenerstickt): Du weißt nicht, wie recht du hast.

Christelle kommt näher, verstört.

Christelle: Was ist denn passiert, Patrick?

Patrick: Ich wollte gerade das Autoradio ausmachen und aussteigen… da kam es in den Nachrichten… (stockt) Das Flugzeug mit Nathalie ist über dem Meer abgestürzt…

Jérôme: Über dem Meer?

Christelle: Bist du sicher, dass es ihr Flug ist?

Jérôme: Der Flug aus Straßburg?

Patrick: Es war ein Billigflug mit Zwischen-Stopp in Brüssel und London. Sie haben die Flugnummer und den Namen der Fluggesellschaft genannt. Es gibt keinen Zweifel. Die Maschine ist über dem Ärmelkanal von den Bildschirmen verschwunden…

Patrick bricht in Schluchzen aus. Jérôme und Christelle schauen sich hilflos an, sie wissen nicht, was sie sagen sollen.

Christelle: Hör mal, die finden sie vielleicht noch…

Jérôme: So groß ist der Ärmelkanal auch nicht…

Christelle: Der Pilot hat vielleicht eine Wasserlandung hingekriegt.

Jérôme: Zwischen zwei Öltankern…

Christelle: So was hat es schon gegeben…

Jérôme: Kommt nicht jeden Tag vor, aber ist schon mal da gewesen

Patrick (mit schwacher Stimme): Meint ihr wirklich…

Christelle: Was haben sie gesagt, im Radio? Haben sie gesagt, dass es keine Überlebenden gibt?

Patrick: Das wissen sie noch nicht…

Christelle: Na, siehst du!

Jérôme: Und außerdem sind Flugzeuge immer noch das sicherste Verkehrsmittel! Laut Statistik liegt deine Chance draufzugehen bei eins zu einer Million. Ungefähr die gleiche Chance wie auf einen Sechser beim Lotto, also…

Christelle schaut ihn fassungslos an.

Patrick (verzweifelt): Und dass es ausgerechnet Nathalie treffen musste… Ich hab ihr noch gesagt, sie soll nicht an einem Freitag, den 13. fliegen…

Jérôme: Na, es ist nur der Ärmelkanal… die Black Box fischen sie bestimmt raus…

Patrick zuckt zusammen.

Patrick: Mein Gott, was soll aus mir werden, ohne sie? Mit den zwei Kindern. Und dem Darlehen auf dem Haus…

Jérôme und Christelle blicken sich an und wissen nicht, was sie tun sollen.

Patrick (pathetisch): Und euch schulden wir auch noch 1000 Euro…

Christelle: Ach, was redest du da? Das ist doch jetzt nicht dringend.

Patrick reicht Jérôme die Flasche Champagner.

Patrick: Hier, ich hab euch als Dankeschön eine Flasche Champagner mitgebracht. Wenn ich geahnt hätte…

Patrick hält Jérôme seine Flasche Champagner hin.

Jérôme: Veuve CliquotVoll der Luxuschampagner! Mann! Du hast dich nicht lumpen lassen!

Patrick: Es ist ein Alptraum… Sagt mir, dass es nicht wahr ist!

Jérôme (plötzlich zweifelnd): Aber das ist jetzt alles nicht nur ein übler Scherz?

Christelle sieht ihn missbilligend an.

Christelle: Komm, Patrick, setz dich erst mal her. Wir machen den Fernseher an, da kommen gleich Nachrichten. Geht das für dich?

Christelle schaltet das Fernsehen ein, wo gerade Werbeeinblendungen laufen.

Stimme (aus dem Off): Und der Unterschied zwischen den zwei Särgen? Der Preis! Leclerc – weil das Leben schon teuer genug ist… Jipijeijei.

Christelle wechselt hastig den Sender.

Stimme (aus dem Off): Sternzeichen Löwe – heute ist ein rabenschwarzer Tag für Sie…

Patrick: Ich bin Löwe…

Stimme (aus dem Off): Sie sollten besser nicht verreisen…

Christelle: Aber das warst doch nicht du im Flieger…

Stimme (aus dem Off): Wenn es sich gar nicht vermeiden lässt, nehmen Sie lieber den Zug als das Flugzeug…

Patrick: Nathalie ist auch Löwe.

Christelle: Ich glaub, wir schalten besser das Radio ein.

Stimme (aus dem Off): … An diesem Freitag, den 13. warten im Jackpot 60 Millionen Euro auf die glücklichen Gewinner. Und hier ist auch schon die Ziehung der Lottozahlen…

Christelle wechselt den Sender.

Stimme (aus dem Off): Noch gibt es keine neuen Nachrichten von Flug Nummer 32 der Fluggesellschaft Discount Airways auf ihrem Flug von Straßburg nach Paris-Beauvais, mit Zwischen-Stopp in Brüssel und London.

Patrick: Seht ihr, das ist ihr Flug…

Stimme (aus dem Off): Nach derzeitigem Kenntnisstand hat der Pilot ein Notsignal gesendet, kurz bevor die Maschine von den Radarschirmen verschwand. Wir werden Sie selbstverständlich über den Stand der Dinge informieren, sobald uns nähere Einzelheiten vorliegen…

Christelle macht das Radio aus.

Christelle: Wir müssen abwarten… etwas Anderes können wir jetzt eh nicht tun… Ich schenk dir mal einen Schluck ein, das wird dich ein bisschen ablenken.

Jérôme: Wir werden doch jetzt nicht den Champagner aufmachen …?

Patrick (bemerkt die Karaffe): Ich nehme einen Schluck Wein, der ist eh schon offen.

Christelle: Bist du sicher? Willst du nicht lieber was Anderes?

Patrick: Nee, schon in Ordnung, ehrlich…

Jérôme schenkt ein Glas Wein ein und reicht es Patrick, der es auf einen Zug leertrinkt. Die anderen beiden sehen beunruhigt zu.

Patrick (zu Jérôme): Bei dem, was ich durchmache, habe ich keine Freude mehr, nicht mal mehr an so einem Spitzenwein…

Jérôme: Mach dir nicht so viele Sorgen, Kumpel…

Patrick (plötzlich in Panik): Oh Gott, meine Mutter!

Christelle: War die auch in der Maschine?

Patrick: Nee, die ist zu Hause und die Kinder sind bei ihr. Ich hoffe nur, die sitzen nicht vorm Fernseher!

Patrick holt hastig sein Handy heraus und tippt die Nummer seiner Mutter.

Patrick: Hallo Mama? Ja, ich weiß, ich hab’s gehört… Sag mal, die Kinder sind nicht vorm Fernseher, oder? Die schlafen schon? (seufzt vor Erleichterung) Gut. Du, ich hab jetzt wirklich keine Lust, darüber zu sprechen… Ich ruf dich später nochmal an, ok? … Bitte, Mama, erspar mir dein Beileid… Nur zur Erinnerung: sie ist noch nicht tot… Ja, wahrscheinlich, aber sicher ist es noch nicht, also, komm mir jetzt nicht damit… Du hast sowieso nie ein gutes Haar an ihr gelassen und mir schon tausend Mal gesagt, dass sie nicht die richtige Frau für mich ist und ich eine bessere hätte finden können… Ach, weißt du was, Mama, ich scheiß auf deine Meinung!

Patrick legt wütend auf. Jérôme und Christelle sehen ihn an, etwas unangenehm berührt und doch mitfühlend.

Patrick: Sie hat Nathalie noch nie leiden können… Innerlich jubelt sie wahrscheinlich…

Christelle: Sag doch so was nicht…

Patrick: An unserem Hochzeitstag hat sie vorgegeben, dass mein Vater krank sei – nur damit sie nicht zur Trauung kommen musste.

Jérôme: Aber er war doch wirklich krank und ist ein paar Monate später gestorben…

Patrick: Ja, genau an dem Tag, als Maxime auf die Welt gekommen ist… auch extra, um mir eins auszuwischen…

Christelle: Pat, willst du ein Beruhigungsmittel? Oder einen Schnaps?

Patrick: Tut mir leid, dass ich euch mit diesen Familiengeschichten auf die Nerven gehe… Ich will euch nicht den Abend verderben. (Er steht auf und will gehen). Ich mach mich mal lieber auf den Weg …

Christelle: Ach, komm jetzt, Patrick! Wir sind doch Freunde? Wozu hat man Freunde, wenn sie einem in solchen Momenten nicht beistehen?

Patrick (setzt sich wieder hin): Ich hab gewusst, dass ich mich auf euch verlassen kann… Und, ehrlich gesagt, habe ich keine große Lust, allein zu Hause vor dem Weihnachtsbaum zu hocken, mir die Nachrichten reinzuziehen und jedes Mal mit dem Schlimmsten zu rechnen…

Jérôme: Mal hören, ob’s schon Neues gibt…

Patrick: Ich weiß nicht, ob ich das wissen will. (Pause) Na, gut, geh schon, schalt ein…

Christelle: Ok. (Christelle schaltet das Radio wieder ein.)

Stimme (aus dem Off): Die in die Nähe der vermeintlichen Unfallstelle entsandten Suchflugzeuge haben einen größeren Kerosin-Teppich gesichtet. Noch kann nicht mit Sicherheit gesagt werden, ob es sich dabei um Treibstoff der Maschine der Fluggesellschaft Discount Airways handelt, die, wie gemeldet, vor etwa einer Stunde über dem Ärmelkanal abgestürzt ist. Wir erwarten in Kürze einen Bericht unseres Sonderkorrespondenten, der sich an Bord eines der Rettungshubschrauber befindet… In der Zwischenzeit geben wir noch einmal die Lottozahlen bekannt…

Patrick: Einen Kerosin-Teppich… Das heißt doch nichts anderes, als dass die Maschine abgestürzt ist… Wie soll es da noch Überlebende geben…?

Jérôme und Christelle wissen nicht, wie sie seine Stimmung aufhellen sollen.

Stimme (aus dem Off): … Die Gewinnzahl lautet: 1-5-2-7-9-6, Zusatzzahl 10…

Jérôme erstarrt.

Christelle: Wenn der Pilot eine Wasserlandung fertiggebracht hat, sind bestimmt ein paar Passagiere aus der Maschine rausgekommen, bevor sie untergegangen ist…

Stimme (aus dem Off): Der glücklichen Gewinnerin, dem glücklichen Gewinner winkt das hübsche Sümmchen von 60 Millionen Euro. Damit lässt sich gelassen in die Zukunft blicken… (Christelle macht das Radio aus.)

Jérôme: Das ist ja…

Patrick: Was?

Jérôme: Ach, nichts, nichts…

Christelle: Du bist doch auch schon geflogen und kennst die Sicherheitsanweisungen, die von den Stewardessen vor dem Start demonstriert werden… die Sauerstoffmasken, die automatisch herunterfallen, die Schwimmwesten unter den Sitzen, die Notausgänge vorne und hinten, die Notrutschen etc. Da gibt es doch ein typisches Vorgehen bei Gefahr, da ist für alles vorgesorgt…

Jérôme holt mehr oder weniger unauffällig seinen Ausweis vom Jobcenter aus der Tasche und sieht nach.

Patrick: Das Flugpersonal – denen hört doch sowieso niemand zu…

Jérôme (zu Christelle, die ihm aber nicht zuhört): Ey, ich fass es nicht!

Patrick: Sag mal, Jérôme, hast du schon mal aufgepasst, was die Stewardessen da immer runterleiern?

Jérôme (vollkommen geistesabwesend): Hä? Was? Wer?

Patrick (zu Christelle): Siehst du? Hab ich’s dir nicht gesagt?

Christelle (zu Jérôme): Die Stewardess – was demonstriert die vor dem Start? Bei… Druckabfall in der Maschine?

Jérôme (flippt aus): Die… Die Fallschirme unter den Sitzen… der Schnorchel, der von der Decke fällt… die Schwimmflossen im Handschuhfach, meinst du das?

Christelle wirft Jérôme einen vorwurfsvollen Blick zu.

Christelle (zu Patrick): Und angerufen hat dich niemand?

Patrick: Nathalie liegt bestimmt schon auf dem Meeresgrund – wie soll sie mich da anrufen?

Jérôme hat völlig geistesabwesend den Fernseher wieder eingeschaltet.

Stimme (aus dem Off): … Hier noch einmal die Gewinnzahlen der heutigen Lotto-Ziehung Freitag, den 13.: 1-5-2-7-9-6. Zusatzzahl: 10. Gewinnsumme 60 Millionen Euro.

Jérôme sieht noch einmal genau auf seinem Ausweis vom Jobcenter nach.

Jérôme: Boah. Ich krieg mich nicht mehr…

Christelle macht den Fernseher wieder aus.

Christelle: Nee, ich wollte sagen… Die haben doch bestimmt ein psychologisches Beratungs-Team, so was wird doch immer gleich eingesetzt… um die Angehörigen zu verständigen… und sie zu betreuen und so…

Jérôme (zu Christelle): Du, kann ich dir was sagen?

Christelle: Was denn?

Jérôme: Nicht hier…

Das Handy von Nathalie schnarrt.

Christelle: Siehst du, das sind die bestimmt…

Patrick: Ich weiß nicht, ob ich das wissen will…

Das Handy schnarrt weiter.

Christelle: Soll ich für dich rangehen?

Patrick: Ja, sei so gut…

Christelle nimmt das Gespräch an.

Christelle: Hallo… Ja… Nein… Ach so, klar … Wirklich?… Nein, nicht nötig… Doch, doch, wir sind natürlich überglücklich. Ok, danke…

Christelle legt auf.

Patrick: Und?

Christelle (wie in Trance): Das war der Frauenarzt von Nathalie… Wegen der Untersuchungsergebnisse…

Patrick: Und…?

Christelle: Na, sie ist wirklich schwanger…

Patrick (dem Zusammenbruch nahe): Das ist jetzt nicht wahr…

Christelle: Soll ich dir noch ein Glas Wein einschenken?

Patrick: Ja, gerne…

Christelle füllt Patricks Glas nach.

Jérôme (zu Christelle): Du … ich muss dir unbedingt was sagen…

Christelle (zu Jérôme): Muss das wirklich jetzt sein?

Jérôme: Ehrlich, es ist total wichtig…

Patricks Blick fällt auf das Ölgemälde.

Patrick: Schon merkwürdig, dieses Bild, findet ihr nicht auch?

Christelle: Tja… Doch, schon ein wenig, ja…

Christelle reicht ihm das Glas rüber.

Patrick: Der Typ, der das gemalt hat, muss echt depressiv gewesen sein. (Zu Jérôme) Ist das ein Freund von dir?

Jérôme: Ja, naja… Er kommt aus Ungarn, glaub ich.

Patrick: Das sieht man. (Zu Jérôme) Hat er sich umgebracht?

Christelle: Nee, noch nicht, leider…

Patrick leert sein Glas in einem Zug.

Patrick (zu Christelle): Schenkst du mir noch ein Glas ein?

Christelle: Du solltest vielleicht nicht so viel trinken, weißt du… Wo Leben entsteht, gibt es doch auch Hoffnung … Vergiss nicht, du wirst noch mal Vater…

Jérôme (weiß nicht, was er sagen soll): Unverhofft kommt oft.

Christelle durchbohrt ihn mit Blicken.

Jérôme (zu Christelle): Ich muss jetzt wirklich mit dir reden…

Patrick: Du hast recht, mir dreht sich alles. Ich geh mal raus auf euern Balkon, ein bisschen frische Luft schnappen.

Christelle: Soll ich mitkommen?

Patrick: Ist lieb von dir. Aber ich brauche einen Moment für mich.

Christelle: Ok.

Patrick geht auf den Balkon. Jérôme wartet ungeduldig darauf, dass er endlich draußen ist.

Jérôme: Du wirst nie draufkommen, was uns bevorsteht…!

Christelle (mit den Gedanken anderswo): Schwanger… Das kann doch nicht wahr sein?

Jérôme: Du bist schwanger? Das ist doch toll! Vor einer Viertelstunde wär das für mich noch eine Naturkatastrophe gewesen, ehrlich gesagt. Aber jetzt sehe ich alles durch die rosarote Brille. Und weißt du auch, warum ?

Christelle: Aber das bin doch nicht ich, die schwanger ist!

Jérôme: Ach, so. Aber was mich betrifft…

Christelle: Wieso hört ihr Männer nie zu, wenn man mit euch redet…

Jérôme: Also, wer ist denn jetzt schwanger?

Christelle: Nathalie! Begreifst du nichts? Da erfährt Patrick, dass seine Frau mit dem Flugzeug abgestürzt ist und dann im selben Atemzug, dass Nathalie ein Kind von ihm erwartet hat…

Jérôme: Woher willst du wissen, dass es seins ist?

Christelle (verdrossen): Weiß ich auch nicht… Weibliche Intuition…? Die ersten zwei waren von ihm und er ist ihr Mann – da ist mir sein Name irgendwie als erstes eingefallen. Ist bescheuert, oder?

Jérôme: Egal, darum geht’s jetzt gar nicht… Weißt du, was?

Christelle: Was denn?

Jérôme: Wir haben gewonnen!

Christelle (mit Blick zum Balkon): Mein Gott!

Jérôme: Da ist man erst mal baff, was?

Christelle: Der Patrick! Der klettert übers Balkongeländer.

Jérôme dreht sich um und sieht, was los ist.

Jérôme: Booah, auch das noch! Wie lange will er uns noch nerven!… Soll er doch springen – dann haben wir unsere Ruhe. Wobei… wir sind ja nur im ersten Stock, da holt er sich höchstens ein paar Kratzer…

Christelle geht zum Fenster, ohne auf ihn zu hören.

Christelle: Patrick, ich flehe dich an! Tu’s nicht! Denk an deine Kinder! Es ist Weihnachten…

Patrick: Versprich mir: wenn ich springe, dann kümmerst du dich um sie. Nicht, dass das Jugendamt sie in die Hände kriegt, versprochen?

Christelle: Ja, ich verspreche es dir…

Jérôme: Das hat uns gerade noch gefehlt.

Christelle: Ich meine: nein, spring nicht! (zu Jérôme) Sag doch du auch mal was!

Jérôme: Um die Kinder kann sich doch deine Mutter kümmern, oder?

Patrick: Dann lieber das Jugendamt!

Christelle: Ich glaub, wir rufen besser die Feuerwehr…

Jérôme: Nee, schon gut, es brennt doch nirgends. Ich krieg ihn schon von da runter…

Patrick: Bleibt, wo ihr seid, sonst springe ich.

Christelle: Was machen wir jetzt?

Jérôme: Warte, ich komm gleich wieder…

Christelle: Lass mich jetzt bloß nicht allein!

Jérôme verschwindet im Flur.

Patrick (pathetisch): Ich stürze mich auch in die Tiefe. Wie ein Flugzeug ohne Tragfläche. Bald sind Nathalie und ich wieder vereint.

Christelle: Glaubst du wirklich, dass sie das von dir erwartet? Ich meine, ihr wäre es bestimmt lieber, dass du am Leben bleibst und dich um eure Kinder kümmerst. Und dann stell dir mal vor: wenn sie überhaupt nicht tot ist: sie klingelt unten und du liegst zerschellt unter unserem Balkon.

Es klingelt. Nicht an der Wohnungstür, sondern auf Patricks Handy.

Christelle: Ah, siehst du? Vielleicht ist sie’s ja… Worauf wartest du noch, geh ran…

Patrick (zögernd): Soll ich…?

Christelle (in die Richtung, in die Jérôme gegangen ist): Hoffentlich ist das nicht noch mal die Frauenärztin, die jetzt damit kommt, dass es Zwillinge sind…

Patrick: Ja, am Apparat… Und da gibt es wirklich keinen Zweifel?… Gut. Nein, keine Sorge… Ok, danke, ich hab das Handy immer bei mir.

Christelle: Und? Neuigkeiten?

Patrick: Das waren sie, die Leute vom psychologischen Beratungs-Team.

Christelle: Und? Was sagen sie!

Patrick: Sie haben Überlebende gefunden… Vielleicht ist Nathalie dabei…

Christelle: Das ist ja super! Siehst du? Stell dir vor, du wärst ausgerechnet jetzt gesprungen, in deiner Verzweiflung…

Jérôme kommt wieder.

Jérôme: Dann hätte er sich wenigstens den Knöchel verstaucht…

Christelle: So! Jetzt komm schon runter… (zu Jérôme) Das psychologische Beratungsteam hat ihn gerade angerufen. Sie haben Überlebende gefunden.

Jérôme : Ich weiß…

Christelle: Ach, hast du’s mitbekommen?

Jérôme: Das war ich, der angerufen hat.

Christelle: Wie bitte?

Jérôme: Irgendwie musste man ihn ja von da runterkriegen.

Patrick kommt wieder ins Wohnzimmer.

Patrick: Du hast recht… Ich muss einfach dran glauben. Ich spüre, dass Nathalie noch am Leben ist. Ich weiß es einfach.

Christelle blickt Jérôme strafend an.

Christelle: Du darfst jetzt aber nichts überstürzen. Woran wollen sie Nathalie unter den Überlebenden erkennen?

Patrick: Sie konnten eine Frau lokalisieren, die sich an einem Koffer festgehalten und „Patrick, Patrick“ geschrien hat.

Christelle sieht noch einmal böse zu Jérôme.

Patrick: Woher wissen die eigentlich, dass ich Patrick heiße?

Christelle: Frag ich mich auch.

Jérôme: Also, ich mach jetzt die Balkontür zu, ok? Lass ihn bloß nicht wieder in die Nähe!

Christelle: Und was sagen wir ihm, wenn das echte Beratungs-Team anruft?

Jérôme: Dass an Bord der Maschine bestimmt mehrere weibliche Passagiere waren, deren Ehemann Patrick heißt…

Patrick: Ich hab komplett vergessen, die Telefonnummer zu speichern… Ich wollte die nämlich noch fragen, ob ich vor Ort bei der Suche helfen kann. Na, ich drücke einfach auf Wahlwiederholung…

Christelle (sehr bestimmt): Das würde ich nicht machen, an deiner Stelle …

Erstaunter Gesichtsausdruck von Patrick.

Christelle: Weißt du, die sind sicher vollkommen überlastet. Die rufen garantiert an, sobald sie was Genaueres wissen…

Jérôme: Ich muss mit dir reden.

Christelle: Na, sag schon.

Jérôme: Nicht hier.

Christelle: Wir können ihn nicht allein lassen. Stell dir nur vor, die Polizei ruft an, um ihm zu eröffnen, dass Nathalie umgekommen ist – dann wird er noch mal versuchen, vom Balkon zu springen.

Jérôme: Dann gehen eben wir auf den Balkon!

Christelle: Ich bin enttäuscht von dir, Jérôme … Echt enttäuscht… Ich dachte, dass du mehr für deine Freunde übrig hast…. Es geht um Patrick! Deinen Schulkamerad! Und um Nathalie, meine beste Freundin! Sie waren unsere Trauzeugen. Da kann man doch mal einen Abend opfern, um ihm bei so einem Unglück beizustehen.

Jérôme: Wir haben im Lotto gewonnen.

Christelle: Wie viel?

Jérôme: 60 Millionen.

Patrick: Ich könnte doch noch ein Glas Wein vertragen. Das ist alles zu viel für mich…

Christelle (schroff): Du hast ja allmählich mitgekriegt, wo die Karaffe steht! Oder sollen wir den ganzen Kanister servieren, samt Strohhalm?

Patrick ist betroffen.

Patrick: Na gut, ich verzieh mich dann wohl besser. Ich bin euch schon genug auf die Nerven gegangen.

Christelle reißt sich zusammen.

Christelle: Tut mir leid. Ich hab’s nicht so gemeint. (Sie schenkt ihm noch ein Glas Wein ein) Das geht uns allen an die Nieren… Aber du musst auch was essen, sonst kriegst du’s noch mit dem Magen… (Leise zu Jérôme, während Patrick sein Glas hinunterkippt) Ich glaube, das ist jetzt der richtige Moment, um ihm deine Artischocken-Pastete zu verabreichen…

Jérôme geht kurz in die Küche.

Christelle: Sie war uns ja auch sehr nahe gestanden. Deswegen sind wir von Nathalies Tod so erschüttert. (Korrigiert sich) Ähm,… ich meine, von der entfernten Möglichkeit, von ihr Abschied nehmen zu müssen… Andererseits … man muss loslassen können? Man lebt nur einmal.

Jérôme kommt mit einem Stück Artischocken-Pastete zurück, das er Christelle gibt.

Christelle (gibt die Pastete an Patrick weiter): Die guten Dinge im Leben muss man sich einfach gönnen… (Patrick beißt in das Stück hinein)

Patrick: Nicht übel. Was ist das?

Christelle (schwindelt): Ums Essen hat sich diesmal Jérôme gekümmert. Was war das nochmal, Jérôme?

Patrick (mit vollem Mund): Schon gut. Solange es nichts mit Artischocken ist. Das ist das einzige Zeug, gegen das ich allergisch bin. Ich weiß nicht mal mehr, wie das schmeckt. Ich hab’s nur ein einziges Mal gegessen, bei meiner Großmutter in der Bretagne – und bin dann in der Notaufnahme aufgewacht…

Die beiden anderen sehen sich bestürzt an.

Patrick: Der Vorteil bei Artischocken ist, dass man es gleich merkt, wenn man eine isst…

Christelle reißt ihm das Pasteten-Stück aus der Hand.

Christelle: Zeit fürs Dessert, nicht?

Patrick ist verdutzt und kämpft gleichzeitig mit Magenschmerzen.

Patrick: Ich glaub, ich muss kotzen… Normalerweise esse ich alles. Vor allem so etwas Leckeres… Das muss der Stress sein…

Er entfernt sich Richtung Toilette. Kaum sind sie alleine, platzt Christelle vor Aufregung.

Christelle: Bist du sicher?

Jérôme (zeigt seinen Ausweis): Hier, die Nummer vom Jobcenter! Genau die ist drangekommen! Haben sie eben im Radio durchgegeben! Hast du’s nicht gehört? 60 Millionen… stell dir vor, was wir alles damit machen können! Davon können wir uns einen Airbus kaufen, zumindest einen gebrauchten, gut erhaltenen…

Christelle: Das ist der absolute Wahnsinn!

Jérôme schenkt zwei Gläser Wein ein und gibt eins Christelle, um mit ihr anzustoßen.

Jérôme: Hier, trink ein letztes Mal Pennerglück vom Discounter, nur damit du dich erinnerst, wie das schmeckt. So bald wirst du so was nämlich nicht mehr trinken wollen… (Sie stoßen an)

Christelle: Der Wahnsinn! Und das ist auch kein Witz?

Jérôme: Ich kann’s ja selber nicht glauben. Aber ich hab die Nummer drei Mal nachgeprüft. Ich schwör dir, wir haben gewonnen. Den Jackpot, an einem Freitag, den 13.

Patrick kommt zurück.

Christelle: Du errätst nie, was wir gerade erfahren haben!

Patrick: Haben sie nochmal angerufen? Ist sie’s? Ist sie noch am Leben?

Jérôme (verlegen): Ähm, nein… Die sind sich noch nicht sicher…

Christelle: Aber sie haben einen Koffer gesichtet, der so ähnlich aussieht wie ihrer. Ein Koffer Marke Vuitton. Er treibt auf dem Wasser…

Patrick: Und was ist daran erfreulich?

Christelle: Naja… (aufgeregt, fast hysterisch) Wir kriegen den Koffer wieder!

Jérôme macht eine Geste, um Christelle zu beruhigen.

Jérôme: Ihre Nerven gehen mit ihr durch.

Patrick: Ihr habt Recht. Diese Warterei ist unerträglich… Selbst wenn sie noch lebt… allein die Vorstellung: Nathalie ganz alleine, wie sie sich an ihren Koffer klammert, mitten im Ärmelkanal, und das auch noch im Winter… Und wir sitzen hier schön im Warmen… bei der Vorstellung gefriert mir das Blut in den Adern… (Pause) Bei euch ist es aber auch nicht besonders warm? Oder liegt das nur an mir?

Jérôme (in Anspielung): Jetzt können wir die Heizung ja wieder anmachen, oder, Christelle? Ich dreh sie gleich mal voll auf…

Er geht kurz raus, um die Heizung anzumachen.

Patrick: Was meinst du – wie lange hält man im Ärmelkanal durch, bei diesen eisigen Dezember-Temperaturen?

Christelle: Kommt drauf an… Sie war schon immer eher der kälteempfindliche Typ, oder?

Patrick: Ja… Furchtbar…

Jérôme kommt zurück.

Jérôme: Ich hab das Thermostat auf 25 gestellt. (Zwinkert Christelle zu) Damit wir nicht gleich einen Hitze-Schock kriegen, wenn wir unvorhergesehen in die Karibik verreisen sollten.

Patrick: Ihr fahrt in Urlaub?

Jérôme: Nee… naja… warum eigentlich nicht?

Patrick: Nehmt bloß kein Flugzeug…

Christelle: Ist vielleicht klüger. Das Gesetz der Serie… Und eine gute Meerwasserkur mit 5-Sterne-Hotel in der Bretagne ist auch nicht zu verachten… Wenn’s drum geht, in ein neues Leben zu starten…

Patrick: Ihr habt Recht, wenn ihr euer Leben genießen wollt … Ihr sehr ja, was für ein Spiel das Schicksal mit einem treibt! Gerade verbringt man noch einen ruhigen Freitagabend mit Freunden – und eh man sich’s versieht, ist man Witwer…

Christelle: Tja… (Es bricht aus ihr heraus) Oder Multimillionär!

Patrick: Ach… wir haben uns ja nicht mal eine Lebensversicherung leisten können… Es ist schon komisch: sie hat erst vor kurzem davon gesprochen… Damit wir wenigstens Geld für das Studium von den Kindern ansparen, wenn es mal ganz eng wird… Sie muss etwas gespürt haben… so was wie eine schlimme Vorahnung…

Jérôme: Tja… Na, wir haben nicht damit gerechnet, kann ich dir nur sagen. Ist einfach passiert…

Christelle (zu Patrick): Es muss ja nicht zum Schlimmsten kommen…

Jérôme: Da ist man baff… Das müssen wir auch erstmal verdauen.

Patrick: Habt ihr eine?

Christelle: Eine was?

Patrick: Eine Lebensversicherung! Oder eine Sterbeversicherung…

Jérôme: Wir haben was Besseres, kannst du mir glauben.

Patrick: Wenn sie da lebend herauskommt, werde ich mein Leben umkrempeln…

Christelle: Wir auch, da kannst du Gift drauf nehmen.

Patrick: Alle diese kleinen Opfer, die man jeden Tag bringt und sich dabei sagt, dass man alles später nachholt… Von wegen… Besser, man lebt in den Tag hinein … und denkt nicht an Morgen…

Jérôme: Genau. Ich, ich höre morgen auf zu arbeiten.

Patrick: Ich dachte, du bist arbeitslos?

Jérôme: Jaja, dann höre ich eben auf, mich nach Arbeit umzusehen.

Patrick: Aber irgendwie muss man ja die Kohle einfahren. Und ein bisschen was auf die Seite legen. Weil – bei unserer Rente… Aber für Nathalie wird die Rentenkasse nicht viel rausrücken müssen, so wie es aussieht…

Christelle: Sag doch so was nicht!

Patrick: Wie soll ich die beiden Kleinen allein durchbringen?

Christelle: Wir sind doch auch noch da… Nicht, Jérôme? Wir können dir ja einen abnehmen, um dich etwas zu entlasten!

Jérôme (wenig begeistert): Naja, wenn‘s sein muss…

Patrick: Ist lieb von euch… Aber wir schulden euch ja schon 1000 Euro…

Christelle: Ach, weißt du was? Die schenken wir euch, die 1000 Euro. Auf die kommt’s uns nicht mehr an, nicht, Jérôme?

Jérôme: Ja, ja, nee… Klar…

Patrick (gerührt): Das ist für mich wirklich eine große Unterstützung, dass ich auf Freunde wie euch zählen kann. … Ich weiß, was 1000 Euro für euch bedeuten… Gerade jetzt, wo Jérôme keine Arbeit hat. Wenn ich meine Bank bitten würde, mir die 1000 Euro zu leihen – ich weiß nicht, ob die das machen würden. Bei dem ganzen Geld, das sie verdienen, indem sie auf unsere Kosten spekulieren.… Und ihr habt nicht mal genug Geld, um mitten im Dezember die Heizung aufzudrehen… Außer wenn ihr jemanden eingeladen habt … Übrigens, ist jetzt ganz schön warm hier drin, findet ihr nicht? Ich will eure Heizkostenrechnung nicht in die Höhe treiben…

Jérôme: Ich dreh sie wieder ein wenig runter…

Jérôme geht wieder kurz raus.

Patrick: Wie soll ich das bloß den Kindern beibringen?

Christelle: Im Moment schlafen sie, oder?

Patrick: Aber die werden wohl eines Tages wieder aufwachen…

Christelle: Hör mal, auch wenn ich das vielleicht für mich behalten sollte: ich kann es immer noch nicht fassen, dass sie tot ist. Nicht heute Abend…

Patrick: Wieso: nicht heute Abend?

Christelle: Ich weiß nicht, irgendwie… nach dem, was du vorhin über deinen Vater erzählt hast. Dass der ausgerechnet bei der Geburt von deinem Sohn gestorben ist. Als ob er dir eins auswischen wollte.

Patrick: Du meinst, dass Nathalie sich gerade heute entschlossen hat, mit dem Flieger abzustürzen, um uns den Abend zu verderben?

Jérôme kommt zurück.

Christelle (wechselt lieber das Thema): Wie wär’s, wenn wir den Fernseher wieder einschalten, um die Gewissheit zu haben… Jetzt kommen gleich die Lotto-Zahlen… ich meine, gleich danach kommen die Nachrichten…

Das Handy von Patrick klingelt, gerade als Christelle den Fernseher einschalten will. Patrick ist wie gelähmt und zögert abzunehmen, aber greift dann doch nach dem Handy.

Patrick: Ja…? Ja, das bin ich(Zu Christelle und Jérôme) Das sind sie! Das psychologische Beratungsteam… Ja…? Ja, ich bin noch dran…

Den beiden anderen ist das sehr peinlich.

Patrick: Aber sie hatten uns gesagt, dass… Ja, gut… Ok… Danke…

Er legt auf.

Patrick: Sie haben fünf Überlebende gesichtet, die sich an Trümmern des Flugzeugs festklammern… Eventuell auch sechs…

Jérôme: Die Zusatzzahl.

Patrick: Jetzt versuchen sie, die in einen Hubschrauber zu hieven, aber das Wetter über dem Ärmelkanal ist ganz übel… Die Identität ist noch ungeklärt.

Christelle: Sie werden dich sicher gleich benachrichtigen, wenn die Ziehung zu Ende ist… Äh, ich meine natürlich die Rettung.

Patrick: Nee, ihr habt ganz recht… Das ist wie beim Lotto. Schrecklich, diese Warterei… Als ob ich Lotto gespielt hätte und darauf warten müsste, dass die Gewinnzahlen bekannt gegeben werden.

Christelle: Genau… Als ich Jérôme geheiratet habe, war’s dasselbe… Wie viele Passagiere waren eigentlich in der Maschine?

Patrick: Keine Ahnung… Bei so einem Kurzstreckenflug…

Jérôme: Na, nehmen wir mal an: 100 Passagiere. Bei 5 Überlebenden macht das eine Chance von 1 zu 20. Eindeutig besser als beim Lotto.

Patrick: Ich hab noch nie Glück im Spiel gehabt.

Christelle: Ach, weißt du: „Das Glück ist ein Rindvieh – und sucht seinesgleichen.“

Patrick: Ein Glück, dass ihr da seid, sonst…

Christelle: Willst du dich nicht ein bisschen hinlegen, im Schlafzimmer?

Patrick: Und wenn sie wieder anrufen…?

Jérôme: Das kann doch noch Stunden dauern… Bei dem Sturm… So eine Bergung auf hoher See, bei diesen Bedingungen, das ist Feinarbeit… Ist nicht ausgemacht, dass sie die lebend herausfischen… Bei einer Wassertemperatur von zwei, drei Grad, überleg mal…

Patrick: Ich werd sowieso nicht schlafen können.

Christelle: Ich kann dir ein Schlafmittel geben, wenn du willst.

Patrick: Das bringt nichts, in meinem Zustand..

Christelle: Du kannst auch zwei oder drei davon nehmen. Die sind nicht so stark…

Patrick: Das ist echt lieb, aber ich werde jetzt nicht auch noch euer Schlafzimmer belegen…

Christelle: Ach, weißt du, wir werden auch nicht schlafen können, also…

Patrick: Danke… Ehrlich, ich hab nicht geglaubt, dass euch das alles genauso mitnimmt wie mich… (Schaut auf sein Handy) Scheiße, ich hab auf Anrufbeantworter gestellt, im Reflex… Ich schau noch mal nach, ob Nachrichten reingekommen sind…

Er geht ein paar Schritte zur Seite, um seine Sprachbox abzuhören.

Jérôme (zu Christelle): Wir werden ihn nicht mehr los… (Patrick kommt zurück)

Patrick: Nein, noch immer nichts…

Christelle: Naja, es ist ja auch erst fünf Minuten her, dass sie angerufen haben…

Jérôme: Und dann, weißt du, unter uns gesagt… Bei einer Chance von 1 zu 20… Da machst du dich besser auf das Schlimmste gefasst.

Patrick: Aber vorhin hast du doch noch gesagt..

Christelle: Wir wollen nur nicht, dass du dir falsche Hoffnungen machst… Oder, Jérôme?

Jérôme: Ehrlich gesagt: gut sieht’s nicht aus…

Christelle: Jérôme will damit sagen, mit seinen Worten, dass du es noch früh genug erfährst, wenn Nathalie umgekommen ist… Aber jetzt brauchst du vor allem etwas Schlaf… Soll ich dir ein Taxi rufen…?

Patrick: Nicht nötig, ich bin mit dem SUV gekommen.

Christelle: Ach, stimmt ja.

Patrick: Dabei… ich weiß nicht, ob ich in meinem Zustand fahren kann.

Jérôme und Christelle tauschen einen gereizten Blick aus.

Patrick: Aber du hast recht, ich werde mich ein bisschen in eurem Schlafzimmer ausruhen. Ich werde zwar nicht schlafen können, aber… ich glaub, es wird mir gut tun, ein bisschen für mich zu sein…

Jérôme: Ja, uns auch… Das verstehen wir sehr gut. Nicht, Christelle?

Patrick: Also, ich bin dann mal nebenan…

Christelle: Mach mal…

Patrick geht aus dem Wohnzimmer, unter den erleichterten Blicken von Jérôme und Christelle, die ihrer Freude freien Lauf lassen, als er verschwunden ist.

Jérôme: Der Wahnsinn! 60 Millionen!

Patrick kommt zurück. Jérôme und Christelle halten den Atem an.

Patrick: Ich hab nur mein Handy vergessen… (Patrick nimmt es und geht wieder raus.)

Christelle: Solange ich deinen Lottoschein nicht gesehen habe, glaub ich nicht daran. Zeig ihn mal her…

Jérôme: Wart mal, ich hol ihn… (Steht auf und macht einen Schritt) Scheiße, der ist im Schlafzimmer… Na, wenn wir Glück haben, schläft er ein und geht uns nicht die ganze Zeit auf den Keks. Also, besser, wir wecken ihn nicht auf… Wir können uns ja in der Zwischenzeit den Schampus einflößen? Zur Feier des Tages…

Christelle: Im Schlafzimmer? Da hab ich aber nichts rumliegen sehen… Du hast ihn doch hoffentlich nicht verloren, den Lottoschein? Wenn er vom Nachttisch runtergefallen ist… dann hat ihn der Staubsauger geschluckt. Und da hab ich gestern einen neuen Staubbeutel reingemacht. Und den Mülleiner mit dem alten habe ich heute früh geleert…

Jérôme: Keine Sorge… Der ist gut aufgeräumt. (Macht sich daran, die Flasche Champagner aufzumachen) Ich versuch, den Korken nicht zu sehr knallen zu lassen… damit er nicht gleich wieder aufwacht.

Christelle: Gut aufgeräumt…? Wo denn…?

Jérôme: In meinem Vuitton-Koffer. Oben auf dem Schrank… In der Innentasche… Ich hab ihn nicht einmal rausgenommen, als ich aus der Normandie zurückgekommen bin… Ich hatte ja sogar vergessen, dass ich Lotto gespielt habe, echt unglaublich…

Christelle (bestürzt): Meinst du wirklich deinen Koffer von Vuitton?

Jérôme: Ja doch … Meinen Koffer halt.. Sag bloß nicht, dass du auch den Inhalt aufgesaugt hast… (Jérôme merkt, wie verlegen Christelle ist) Was ist?

Christelle: Nathalie hatte keinen Koffer für den Flug nach Straßburg… Und hat mich gefragt, ob ich ihr einen leihen kann.

Jérôme lässt den Korken los, der mit einem kräftigen Knall durch den Raum fliegt.

Jérôme: Du hast ihr meinen Koffer geliehen? Du hast sie mit meinem Vuitton-Koffer in diesen verrotteten Billigflieger einsteigen lassen?

Christelle: Also, nur zur Erinnerung, der Vuitton-Koffer war kein echter… Nur ein nachgemachter, den wir in Triest gekauft haben, auf dem Rückweg aus dem FUI-Club in Korsika.

Jérôme: Mit unserem 60-Millionen-Gutschein drin! Damit hätten wir die Fabrik aufkaufen können, in der sie die echten Koffer herstellen…

Patrick erscheint wieder.

Patrick: Ich hab was knallen hören und bin aufgewacht… (sieht die mitgenommenen Gesichter der beiden) Ihr seht elend aus… Habt ihr Neuigkeiten?… Schlechte Nachrichten, ist es das? Und ihr traut euch nicht, damit rauszurücken?

Jérôme (zerknittert): Kann man so sagen…

Patrick: Herrgott nochmal…!

Christelle: Nee, du… Es geht gar nicht um Nathalie…

Jérôme: Ein bisschen schon…

Christelle: Jérôme hat nicht gewusst, dass ich Nathalie seinen Koffer geliehen habe… Das hat ihn natürlich getroffen… Also… emotional getroffen, meine ich… Dass seine beste Freundin sich an seinen Koffer klammert, mitten im Ärmelkanal… Völlig den Haien ausgeliefert…

Patrick: Was, da gibt’s Haie, im Ärmelkanal?

Christelle: Keine Ahnung, hab ich mir nur so vorgestellt…

Patrick: Auch das noch, der Koffer… Wir schulden euch schon 1000 Euro, die wir euch nicht so bald zurückzahlen können. Und jetzt kommt auch noch euer Vuitton-Koffer dazu – den werdet ihr auch nicht wiedersehen. Gut, dass es kein echter war…

Christelle: Noch ist nicht alles verloren. (Sie sieht zu Jérôme) Ich meine, wir können noch hoffen, dass sie Nathalie finden… und den Koffer.

Jérôme: Meinst du das wirklich?

Christelle: Ein Koffer schwimmt besser als eine Leiche! Wenn du an die Bilder denkst, die man nach einem Flugzeugabsturz im Fernsehen sieht. Was treibt auf dem Wasser? Die Koffer!

Jérôme: Tja… Vorausgesetzt, sie sind nicht zu schwer…

Christelle (zu Patrick): Hat sie viel Zeug dabei gehabt, in ihrem Koffer?

Patrick: Sie war nur eine Nacht im Hotel Ibis, in Straßburg, viel hat sie nicht mitgenommen.

Jérôme und Christelle schöpfen Hoffnung.

Patrick: Außer natürlich ihre Ansichtskataloge. Papier wiegt ja gleich eine Tonne. Ich hab den Koffer kaum in den Wagen heben können, als sie losgefahren ist. Aber wenigstens hatte er Rollen. Sind gar nicht so schlecht gemacht, diese nachgemachten Koffer. Ist nur vernünftig, sich keinen echten für teures Geld zuzulegen… Aber wieso wollt ihr wissen, was in dem Koffer drin war?

Christelle: Naja, wenn er schwimmt, kann sich Nathalie dran festklammern. Wie an einer Boje…

Patrick: Hmm. Aber bei dem Koffer nicht… Da hätte sie sich gleich an einen Amboss klammern können. Und außerdem sind die Koffer eh im Frachtraum, oder? Säuft alles mit der Maschine ab, Richtung Meeresboden…

Christelle ist untröstlich. Jérôme wirft ihr einen finsteren Blick zu.

Christelle: Manchmal orten sie doch so ein Flugzeugwrack und bergen es. Dann haben sie die Black Box und können die Absturzursache klären. Und vor allem alles rausholen, was drin ist, die Koffer – ähm, ich meine: die Körper… damit die Familien ihre Trauerarbeit aufnehmen können…

Jérôme: Glaubst du?

Christelle: Ach, bestimmt! Ich weiß nicht warum, aber ich bin guter Hoffnung. Oder, Patrick?

Patrick: Hmm. Ja, wenn du das sagst…

Christelle: Wir haben doch Freitag, den 13.?

Patrick: Ich hab nie durchschaut, ob das Glück oder Unglück bringt…

Christelle: Na… ein bisschen von beidem!

Jérôme: Bist du Hundert Prozent sicher, dass sie mit dem Koffer gereist ist?

Patrick: Ja, leider! Und mit der Discount Airways! … Ich hab ihr ja noch selber den Flug im Internet gebucht…

Jérôme (hysterisch): Mit meinem Koffer, verdammt noch mal! Mit meinem Scheißkoffer!

Patrick ist einigermaßen verwirrt.. Christelle gibt Jérôme zu verstehen, dass er sich beruhigen soll.

Patrick: Gut, ich glaub, ich verzieh mich jetzt wirklich… Ich werde bei meiner Mutter übernachten. Dann bin ich wenigstens bei den Kindern, wenn sie aufwachen. Und wenn ich Neuigkeiten habe, egal ob gute oder schlechte, gebe ich euch Bescheid. Versprochen.

Jérôme: 60 Millionen… 60 Millionen, fuck, fuck! Sagt mir, dass das ein Albtraum ist…

Christelle (zu Patrick): Ja, ist vielleicht vernünftiger…

Patrick: Mhm. Und ihr könnt schlafen.

Jérôme: Du glaubst doch nicht im Ernst, dass wir jetzt schlafen können?

Patrick: Ich ruf euch morgen früh an… Ihr werdet es sowieso früh genug erfahren… Ich natürlich auch. Du hast recht, Christelle. Es kann noch Stunden dauern. Ich nehm gleich ein Schlafmittel, wenn ich bei Mama bin…

Jérôme: Nee… wir wollen’s sofort wissen, wenn was rauskommt, oder, Christelle? Wir werden doch nicht rumsitzen wie auf glühenden Kohlen!

Patrick: Ich bin ehrlich gerührt, wie sehr dich das mitnimmt… Ich weiß, dass Nathalie für dich wie eine Freundin war… aber ich hätte nicht gedacht, dass dir ihr Tod so nahegeht.

Jérôme: Ich schalte noch mal den Fernseher an.

Stimme (aus dem Off): Die Gewinnzahl des Lotto ist, wie schon bekanntgegeben, die…

Jérôme: Wissen wir schon, es langt…

Patrick (beunruhigt, zu Christelle): Gib ihm besser auch ein Beruhigungsmittel, oder?

Jérôme zappt zu einem anderen Sender.

Stimme (aus dem Off): Es ist zur Gewissheit geworden: Beim Absturz einer Maschine der Discount Airways über dem Ärmelkanal hat es keine Überlebenden gegeben. Was man bisher für Überlebende hielt, hat sich als eine Gruppe von Flüchtlingen herausgestellt, die versuchten, auf einem Floß zur englischen Küste zu gelangen. Sie wurden geborgen und werden derzeit in einer Charter-Maschine der selben Fluggesellschaft zurück in ihre Heimatländer geflogen. Ihnen sei an dieser Stelle eine gute Reise gewünscht… Wir schalten zurück in die Lotto-Zentrale, wo man noch immer nicht den oder die glückliche Gewinnerin der heutigen Ziehung ermitteln konnte…

Jérôme schaltet aus, dem Zusammenbruch nahe.

Jérôme: Mist nochmal… Keine Überlebenden..

Das Handy von Patrick klingelt. Er sieht nach, welche Nummer angezeigt wird.

Patrick: Wenn es meine Mutter ist, geh ich nicht ran…

Jérôme: Mein Vuitton-Koffer…

Patrick: Das ist sie

Christelle: Wer – sie?

Patrick: Nathalie… Das ist ihre Nummer, auf dem Display.

Christelle: Nein…

Jérôme (beeindruckt): Du musst mir mal die Nummer von deiner Telefongesellschaft geben. Die sind echt gut drauf, was die Reichweite angeht…

Christelle: Los, geh schon ran!

Patrick (bleich, nimmt ab): Hallo?

Jérôme und Christelle hängen an seinen Lippen.

Patrick: Nathalie? Von wo rufst du n an? Du, ich kann dich kaum verstehen… Es ist, als ob du von ganz, ganz weit weg anrufst…

Jérôme: Na, das ist ja erstaunlich… Wo es keine Überlebenden gegeben hat…

Patrick: Und du, kannst du mich hören…? Nathalie…? Hallo…? Hallo…? (Er dreht sich zu den beiden anderen um, mit dramatischer Miene) Die Verbindung ist unterbrochen…

Totenstille.

Christelle: Bist du dir wirklich sicher, dass sie‘s war?

Patrick: Ich weiß nicht… Die Verbindung war sehr schlecht,,,

Jérôme: Isss nich wahr…!

Patrick: Auf jeden Fall kam der Anruf eindeutig von ihrem Handy. Es war ihre Nummer…

Jérôme: Die Gewinnzahl…

Christelle: Vielleicht ist sie aus der Maschine geschleudert worden… Und hat es geschafft, sich an etwas festzuklammern…

Jérôme: An ihrem Koffer…

Christelle: Und hat dich gerade noch mit dem letzten bisschen aus ihrem Akku angerufen.

Patrick: Puh… Die haben doch gesagt, dass es keine Überlebenden gibt… Ich hab gerade erst angefangen, mich damit abzufinden…

Christelle: Wunder werden wahr.

Jérôme: Ein Wunder… Jetzt müssen sie sie erst noch rechtzeitig orten, bevor die Haie sich über sie hermachen…

Patrick: Könnt ihr euch Nathalie vorstellen, allein, bei diesem Sturm, mitten im Atlantik…

Jérôme: Du meinst: im Ärmelkanal…

Christelle: So groß ist der nicht, der Ärmelkanal…

Patrick: Mitten in der Nacht, festgeklammert an deinen Koffer, mutterseelenallein im Ozean…

Jérôme: Im Ärmelkanal, hab ich gesagt!

Patrick: Vielleicht ist sie abgetrieben… Wie sollen sie sie da finden…?

Jérôme: Das ist wie ein Koffer in einem Heuhaufen…

Patrick: Ich versuch sie zurückzurufen… Auch wenn ihr Akku fast leer ist, kann sie uns vielleicht noch die Stelle beschreiben, wo sie ist. Das würde die Suche nach ihr erleichtern…

Christelle: Ja, aber wenn sie irgendwo mitten im Pazifik treibt…

Jérôme: Hey! Im Ärmelkanal!

Patrick wählt ihre Nummer und wartet angstvoll.

Patrick: Es klingelt… Oh, Gott, ihre Sprachbox. Es ist gerade so, als ob ich eine Stimme aus dem Jenseits höre… Hallo, Nathalie? Wenn du diese Nachricht abhörst, dann sollst du wissen, wie sehr ich dich liebe. Und die Kinder auch. Ich bitte dich, Nathalie, versuche durchzuhalten. Für mich. Für die Kinder. Und für dich selbst natürlich. Bis die Einsatzkräfte dich gefunden haben. Ich umarme dich ganz fest, Liebling… Ach, und bevor ich’s vergesse: dein Frauenarzt hat angerufen! Du bist schwanger, mein Schatz! Siehst du, du musst durchhalten!

Jérôme und Christelle sehen sich an, gerührt. Aber Patrick hat noch nicht aufgelegt.

Patrick: Noch eines wollte ich dir sagen, Nathalie, um mein Gewissen zu erleichtern… falls ich nicht mehr die Gelegenheit dazu habe. Ich hab dich mal betrogen. Nur ein einziges Mal. Aber es war ohne Bedeutung, ehrlich… Es war mit unserer Putzhilfe. Aber jetzt, wo ich weiß, dass ich Vater werde … Ich umarme dich ganz fest, Liebling…

Patrick legt auf, völlig durcheinander. Die anderen sehen sich betroffen an.

Christelle: Also, wenn sie jetzt nicht durchhält..

Beklommenes Schweigen.

Jérôme: Du heiliger Strohsack, das Handy!

Christelle: Ich höre nichts…

Jérôme: Nee, ich meine das Handy von Nathalie – das können sie doch orten! Das müssen wir den Rettungskräften gleich sagen. Vielleicht gibt’s ja noch Hoffnung, den Koffer wiederzufinden… Ich meine, Nathalie wiederzufinden… Was war denen ihre Nummer?

Patrick hält ihm sein Handy hin.

Patrick: Da, die Nummer ist drauf gespeichert.

Jérôme nimmt das Handy von Patrick und klickt auf Wahlwiederholung.

Jérôme: Mist, kein Netz. Ich versuch’s nochmal, auf dem Balkon.

Jérôme geht raus.

Patrick: Ich weiß nicht, ob’s richtig war, ihr das gerade jetzt zu gestehen.

Christelle: Wieso denn…?

Patrick: Das war so vor drei Monaten. Mit Maria, unserer Putzfrau. Wir waren allein zu Hause. Ich weiß nicht, was in mich gefahren ist. Es war, als sie auf den Knien die Kloschüssel gescheuert hat, in ihrer kleinen weißen Schürze…

Christelle: Erzähl’s Nathalie genau so… Dass diese Schlampe dich unverschämt scharf gemacht hat…

Patrick: Und du, hast du Jérôme nie betrogen?

Christelle: Nach der Hochzeit nicht mehr…

Patrick: Naja… Ihr seid ja erst ein halbes Jahr verheiratet. Aber vorher wart ihr immerhin schon 15 Jahre zusammen…

Christelle: Naja, also nein…

Jérôme kommt zurück, was Christelle sehr gelegen kommt, weil es ihr ausführliche Erklärungen erspart.

Jérôme: Alles ok, sie leiten sofort die notwendigen Schritte ein. Und rufen uns an, sobald es was Neues gibt.

Christelle: Ich hab schon mal in einem Krimi im Fernsehen gesehen, wie sie das machen. Ist ganz leicht, jemanden über sein Handy zu orten. Und geht im Prinzip auch ganz schnell. Obwohl… mitten im Atlantik… muss man sehen!

Jérôme: Im Ärmelkanal.

Patrick: Leute, ich glaube, mir bleibt gleich das Herz stehen, bei diesem Hin und Her…

Das Handy klingelt.

Patrick: So schnell?

Christelle: Na, siehst du…

Jérôme: Jetzt geh schon ran!

Patrick: Hallo? Nein, Mama, sie haben ihren Tod noch nicht bestätigt. Tut mir leid, dich enttäuschen zu müssen… Nein, die neue Adresse von Tante Adele hab ich auch nicht. Aber es ist doch wohl ein bisschen früh, die Todesanzeige zu verschicken…? Es reicht, ich kann jetzt nicht weiterreden, ich muss die Leitung freimachen. Ich erwarte einen dringenden Anruf… Ja, genau… Die Kränze? Hör mal, mach was du willst, das ist mir jetzt egal, kapiert? (Er legt auf, fuchsteufelswild) Manchmal geht es schon ungerecht zu… Wenn wenigstens meine Mutter in dem Flieger gesessen hätte…!

Das Telefon klingelt wieder. Patrick nimmt ab, noch immer außer sich vor Wut.

Patrick: Kannst du uns nicht endlich in Ruhe lassen, verdammt nochmal…? Oh, tut mir leid, ich hab geglaubt, dass es jemand anderes ist… Ja, klar, reden Sie nur weiter… Nein, nein, ich mach keine Witze, kann ich Ihnen versichern… Meine Frau war wirklich an Bord dieser Maschine und… Gut, in Ordnung, vielen Dank… Und rufen Sie bitte zurück, wenn Sie Neuigkeiten haben…?

Er legt auf, verunsichert.

Patrick: Das waren sie nochmal… Sie haben Nathalies Handy orten können…

Christelle: Und?

Patrick: Sie hat vom Bahnhof in Straßburg angerufen…

Das Festnetz-Telefon von Jérôme und Christelle klingelt. Christelle hebt mechanisch ab.

Christelle: Ja? (fassungslos, übergibt Patrick den Hörer) Nathalie

Patrick nimmt den Hörer.

Patrick: Nathalie? Wo bist du? Der ganze Atlantik wird nach dir abgesucht…! Das kann nicht wahr sein…! (zu den beiden anderen) Sie hat den Flug verpasst! Sie sitzt im Zug von Straßburg nach Paris!

Jérôme: Gott ist nicht tot…

Patrick: Weißt du’s noch gar nicht? (zu den beiden anderen) Sie weiß es nicht… Die Maschine von Discount Airways, mit der du fliegen solltest, ist über dem Mittelmeer abgestürzt… Alle Passagiere sind umgekommen … Boh, das ist echt ein Wunder…! (zu den beiden anderen) Sie ist zwei Stunden im Terminal am Flughafen festgesessen. In den Waschräumen. Sie hat die Tür nicht aufgekriegt… War vom Terminal dieser Flohmarkt-Fluggesellschaft auch nicht anders zu erwarten. Ok… Ruf mich an, wenn du kurz vor Paris bist, ja? Kuss, Kuss, Liebling… (er will schon auflegen, aber redet dann doch weiter) Ähm, Nathalie…? Hast du meine Nachricht bekommen?… Nein, es war nichts Wichtiges… Du kannst sie löschen, am besten sofort… Jetzt, wo ich weiß, dass du nicht tot bist…

Patrick legt auf.

Patrick (strahlend): Also jetzt können wir glaub ich den Champagner aufmachen!

Jérôme und Christelle sind leicht verlegen, weil sie die Flasche ja schon ohne ihn aufgemacht haben. Aber gleichzeitig sind sie auch furchtbar erleichtert.

Christelle: Das ist ja so was von unglaublich! Findest du nicht auch, Jérôme?

Jérôme: Du bekommst deine Frau wieder und wir…

Christelle: … einen Freund!

Jérôme: Um wieviel Uhr kommt sie an der Gare de l’Est an?

Patrick: In knapp einer Stunde… Dann ist dieser Albtraum endlich zu Ende… Ich bin euch so dankbar… Ich weiß nicht, ob ich das ohne euch durchgestanden hätte… (Er macht Anstalten aufzubrechen) Ich glaube, den Champagner trinken wir ein anderes Mal… Ich hole sie jetzt vom Bahnhof ab und dann fahren wir gleich nach Hause… nach dieser Bewährungsprobe haben wir uns eine Menge zu erzählen, das versteht ihr sicher…

Christelle: Klar… Vor allem, wenn sie doch noch deine Nachricht abhört…

Jérôme: Kommt nicht in Frage! Wir feiern das alle zusammen. Oder, Christelle?

Patrick: Wenn ich nur daran denke, dass sie die einzige Überlebende ist… Ich kann mir lebhaft vorstellen, wie sich die anderen Familien fühlen, die weniger Glück als ich gehabt haben…

Jérôme : Das Leben ist eine Lotterie! Hauptsache die richtigen Zahlen werden gezogen! Schlimm für die anderen, aber so ist es nun mal. The show must go on! Jetzt im Ernst, in deinem Zustand kannst du nicht Auto fahren. So mit den Nerven fertig, wie du bist, kriegst du deine Edelkutsche an einem Freitagabend am Bahnhof nicht geparkt. Ich rufe sie nochmal an und sag ihr, sie soll sich ein Taxi nehmen und direkt zu uns kommen. Mit ihrem Koffer.

Patrick: Ein Taxi…? Das wird aber ziemlich teuer und wir haben es doch gerade nicht so dicke…

Jérôme : Aber wir schon, nicht wahr, Christelle?

Christelle: Wir haben auch gute Neuigkeiten… Jetzt können wir’s euch ja verraten… Sag du’s ihm!

Jérôme will gerade loslegen, da klingelt das Festnetz-Telefon. Christelle nimmt ab.

Christelle: Hallo… Ach, Nathalie… Wir wollten dich gerade nochmal anrufen, um… (Ihr Lächeln erstarrt) Ok, ich geb ihn dir… (Zu Patrick) Nathalie… Sie hat deine Nachricht bekommen…

Patrick ist entsetzt, nimmt den Hörer und geht langsam Richtung Balkon.

Patrick: Hör mal, Nathalie, ich werde dir alles erklären, ok? Mach’s nicht gleich zur Staatsaffäre! Nach allem, was wir in den letzten Stunden durchgemacht haben, solltest du das vielleicht relativieren. Ich erinnere dich daran, dass du dem Tod ins Auge gesehen hast! Wichtig ist jetzt, dass wir beide am Leben sind! Du bist eine Überlebende, Nathalie!

Er geht auf den Balkon, um das Telefongespräch weiterzuführen.

Jérôme: Scheiße, das hat uns gerade noch gefehlt…

Christelle: Das wird jetzt überhaupt nicht einfach, sie dazu zu bringen, dass sie herkommt und mit uns eine Flasche Champagner köpft.

Jérôme: Stell dir vor, sie beschließt, jetzt, wo sie erfährt, dass Patrick ihr Hörner aufgesetzt hat, ihrem Leben ein Ende zu setzen und sich in die Seine zu stürzen. Samt Koffer…

Patrick kommt zurück, mit versteinerter Miene.

Christelle: Und…?

Patrick: Sie will nicht mehr mit mir unter einem Dach schlafen … Und spricht von Scheidung…

Jérôme: Solange kann sie ja hier übernachten, nicht, Christelle? Den Koffer hat sie ja schon gepackt…

Patrick: Ach, der Koffer, genau… Aber wenn’s nur das wäre…

Verständnislosigkeit bei den beiden.

Jérôme: Was denn?

Patrick: Also: Nathalie hat ihren Flug verpasst, aber den Koffer, den hatte sie schon aufgegeben… Den müsst ihr jetzt leider abschreiben… Der war im Laderaum…

Jérôme: So was Bescheuertes! (Zu Christelle) Sag mir, dass er fantasiert!

Patrick: Glücklicherweise – wenn man so will – war es ja kein echter, … Eigentlich ist es ja nicht ganz legal, die nachzumachen… Ich hab da mal eine Doku drüber gesehen… Nathalie hätte Schwierigkeiten bekommen können, an der Grenze…

Christelle: Auf dem Weg nach Straßburg?

Patrick: Wenn man über London fliegt…

Jérôme: Wenn er nicht gleich abhaut, prügle ich ihm das Hirn aus der Birne…

Patrick ist etwas überrascht von Jérômes Reaktion.

Patrick: Keine Panik, ich kauf euch einen echten nach, wie versprochen… Das bin ich euch schon schuldig…

Jérôme: Gute Idee! Von den 1000 Euro, die du uns schuldest…

Patrick: Also, jetzt mache ich mich wirklich auf den Weg, nicht, Christelle? Genug Emotionen für einen Tag…

Christelle schiebt Patrick sanft zur Türe, um ihn vor dem anstehenden Wutausbruch von Jérôme zu schützen.

Christelle: Mach dir keine Sorgen, der beruhigt sich wieder… Ruf mich morgen an, ok?

Patrick: Mach ich, ich halte dich auf dem Laufenden…

Patrick ist gerade dabei, raus zu gehen, dreht sich aber noch ein letztes Mal um.

Patrick: Ach übrigens, was war denn das für eine gute Nachricht, von der ihr mir erzählen wolltet…?

Christelle drängt ihn nach draußen.

Christelle: Ich ruf dich morgen an.

Patrick geht ab. Jérôme und Christelle bleiben allein zurück. Sie sinken auf die Couch. Bleierne Stille macht sich breit.

Jérôme: 60 Millionen Euro…

Christelle nähert sich Patrick zärtlich an.

Christelle: Komm schon, ist doch alles nicht so schlimm… Hauptsache, wir sind noch am Leben, oder? Und noch immer zusammen …

Jérôme entspannt sich ein wenig.

Jérôme: Stimmt auch irgendwie…

Christelle: Und überhaupt, was hätten wir mit 60 Millionen angestellt?

Jérôme: Das frag ich mich auch…

Christelle: Hätte unsere Beziehung dieser Belastung überhaupt standgehalten?

Jérôme: Gute Frage. Ganz zu schweigen: unsere Freunde… Schau mal, wir hätten uns fast mit Patrick und Nathalie zerstritten…

Schweigen.

Jérôme: Meinst du, wir hätten uns scheiden lassen, wenn wir die 60 Millionen kassiert hätten?

Christelle: Das kann einem schon zu Kopf steigen… Wenn man auf einen Schlag erfährt, dass man sich alle unterdrückten Wünsche erfüllen kann…

Jérôme: Du hast recht, der Dauerfrust ist Zement für eine Beziehung… Wenn ich daran denke, dass wir fast Multimillionäre geworden wären, läuft es mir kalt über den Rücken.

Christelle: Egal, für einen gemütlichen Abend vorm Fernseher, nur wir zwei, reicht es immer…

Jérôme: Weißt du, was mich wirklich entspannen würde…?

Christelle (erwartungsvoll): Lass es raus… Als kleine Entschädigung für dein verlorenes Vuitton-Imitat bin ich bereit, dir jeden Wunsch zu erfüllen.

Jérôme: Ein Tierfilm… Über das Liebesleben der Warane zum Beispiel…

Christelles Begeisterung ebbt etwas ab.

Jérôme: Hast du gewusst, dass die es mit jedem treiben, die Warane… Die weiblichen Warane lassen sich nacheinander von mehreren Männchen bespringen und die Eier, die sie später legen, enthalten dann das Erbgut von ihren sämtlichen Liebhabern.

Christelle (deprimiert): Da ist noch ein bisschen von dem Landwein… Zumindest das, was Patrick übrig gelassen hat… Willst du noch was davon? Besser, wir gewöhnen uns daran…

Sie schenkt zwei Gläser ein, während Jérôme den Fernseher wieder einschaltet.

Stimme (aus dem Off): Soeben erreicht uns die Nachricht, dass der Flug Nummer 32 a der Discount Airways nicht, wie bisher gemeldet, über dem Ärmelkanal abgestürzt ist. Nach neuesten Berichten hatte der Pilot auf Autopilot geschaltet und dann eine Ruhepause eingelegt. Statt der Zwischenlandung in London ist die Maschine bis Alaska weitergeflogen, wo sie an der Küste wegen Treibstoffmangel zu einer Notlandung gezwungen war.

Jérôme: Komisch, weißt du, ich hab das Gefühl, das ist ganz weit weg von mir.

Das Telefon klingelt. Christelle steht wie ein Zombie auf und hebt ab, während Jérôme gebannt in den Fernseher schaut.

Stimme (aus dem Off): Noch liegt uns keine Nachricht über das Schicksal der Passagiere im Flugzeugwrack vor. Auf diesen Bildern von einwandfreier Qualität sind jedoch zwei Pinguine zu erkennen, die mit einem Koffer spielen…

Christelle: Das ist jetzt nicht wahr…!

Christelle ist wie betäubt. Sie legt auf und kommt zu Jérôme zurück.

Jérôme: Wer war das?

Christelle: Nathalies Frauenarzt… Beziehungsweise meiner… Wir sind ja beim selben…

Jérôme: Und?

Christelle: Der hat unsere Krankenakten verwechselt…

Jérôme (verständnislos): Ja, und?

Christelle: Sie ist gar nicht schwanger. Ich bin’s, die schwanger ist!

Jérôme: Du, ich bin jetzt wirklich nicht zu schwachen Scherzen aufgelegt…

Christelle (frohlockend): Ich bin schwanger von dir, Jérôme! Wir kriegen ein Baby!

Jérôme (nicht wirklich begeistert): Aber… ich hab gedacht, wir können keines kriegen… Dein Frauenarzt hat doch gesagt, dass mein Sperma eine so schlechte Kondition hat, dass die Chancen bei eins zu einer Million liegen!

Christelle: Heute ist eben Freitag, der 13.!

Licht aus. Zu sehen ist nur noch die Lichterkette vom Weihnachtsbaum. Weihnachtslied, danach das Heulen von Flugzeugturbinen beim Absturz und eventuell eine Explosion.

Ende

Zum Autor

Jean-Pierre Martinez, geboren 1955 in Auvers-sur-Oise bei Paris, hat seine ersten Bühnenerfahrungen als Schlagzeuger verschiedener Rockgruppen gemacht. Nach Studium und eigener Lehre von Text- und Bildsemiotik an sozial- und theaterwissenschaftlichen Hochschulen (Ecole Pratique des Hautes Etudes en Sciences Sociales, EHESS; Conservatoire européen d’écriture audiovisuelle, CEEA) wurde er in der Werbebranche tätig, verfasste nebenher schon bald Drehbücher für das Fernsehen und kehrte schließlich als Theater-Autor und Dramaturg an die Bühne zurück.

Martinez zählt zu den produktivsten und meistgespielten der heutigen Theater- und TV-Drehbuchautoren Frankreichs und des französisch-sprachigen Auslands. Bis dato hat er an die 100 TV-Drehbücher und mehr als 70 Komödien verfasst, von denen einige zu Klassikern geworden sind (Vendredi 13 oder Strip Poker). In englischer und spanischer Übersetzung werden seine Theaterstücke regelmäßig auf Bühnen in Nord- und Lateinamerika gespielt.

Um seine Komödien interessierten Theatergruppen nahezubringen, hat Martinez sie zum freien Download auf einer eigenen Internet-Plattform eingestellt: La Comédiathèque, comediatheque.net. In Papierform können die Texte über die Webseite The Book Edition bestellt werden (zum Preis der entsprechenden Fotokopien).

Zum Übersetzer

Dr. phil. Hans-Joachim Bopst, Studium von Romanistik, Germanistik und Deutsch als Fremdsprache; nach über 10 Jahren Lehre an französischen Universitäten seit 1992 in der Übersetzerausbildung an der Universität Mainz / Germersheim tätig; Lehre, Forschung, Veröffentlichungen und Übersetzungen zu Tourismus, Sprachwissenschaft, Didaktik; zahlreiche Gastdozenturen, Vorträge und Workshops an in- und ausländischen Universitäten; seit 2016 Übersetzung der Komödien von Jean-Pierre Martinez.

Was ist eigentlich gemeint, wenn man vom „übersetzten Text“ spricht ? – Beide Texte: der Original-Text und der Text, in dem er sich spiegelt…

Grundlage für die deutsche Übersetzung der Stücke von Jean Pierre Martinez waren Übersetzungsübungen, die unter meiner Leitung am Fachbereich Translations-, Sprach und Kulturwissenschaft (FTSK) der Universität Mainz / Germersheim zwischen 2018 und 2020 stattfanden.

Mein Dank für Kreativität, Korrekturen und Tipps an alle beitragenden Studierenden und Kolleg*innen !

Hans-Joachim Bopst

In deutscher Übersetzung liegen folgende Theaterstücke von Jean-Pierre Martinez vor:

Die Touristen

Vier Sterne

Freitag, der 13

Strip Poker

Alle Stücke von Jean-Pierre Martinez einschließlich der Übersetzungen können gratis von seiner Webseite heruntergeladen werden:
comediatheque.net

Das Werk einschließlich aller seiner Teile ist nach den Bestimmungen über geistiges Eigentum urheberrechtlich geschützt. Jede Verwertung des Werks – insbesondere die Bühnenaufführung – außerhalb der engen Grenzen des Urheberrechtsgesetzes und ohne Einwilligung von Autor und Übersetzer ist unzulässig und strafbar

und kann zu hohen Schadensersatzansprüchen führen.

Text-Download: kostenlos

Paris / Heidelberg / Germersheim – März 2020

© La Comédi@thèque – ISBN 978-2-37705-401-5

Alle Stücke von Jean-Pierre Martinez einschließlich der Übersetzungen können als pdf-Datei gratis von seiner Webseite heruntergeladen werden oder von ihm als Buch bezogen werden : LA COMÉDIATHÈQUE

Freitag, der 13. Lire la suite »

Vier Sterne

Zum Autor

Jean-Pierre Martinez, geboren 1955 in Auvers-sur-Oise bei Paris, hat seine ersten Bühnenerfahrungen als Schlagzeuger verschiedener Rockgruppen gemacht. Nach Studium und eigener Lehre von Text- und Bildsemiotik an sozial- und theaterwissenschaftlichen Hochschulen (EHESS, Ecole Pratique des Hautes Etudes en Sciences Sociales; Conservatoire européen d’écriture audiovisuelle, CEEA) wurde er in der Werbebranche tätig, verfasste nebenher schon bald Drehbücher für das Fernsehen und kehrte schließlich als Theater-Autor und Dramaturg an die Bühne zurück.

Martinez zählt zu den produktivsten und meistgespielten der heutigen Theater- und TV-Drehbuchautoren Frankreichs und des französisch-sprachigen Auslands. Bis dato hat er an die 100 TV-Drehbücher und mehr als 70 Komödien verfasst, von denen einige zu Klassikern geworden sind (Vendredi 13 oder Strip Poker). In englischer und spanischer Übersetzung werden seine Theaterstücke regelmäßig auf Bühnen in Nord- und Lateinamerika gespielt.

Um seine Komödien interessierten Theatergruppen nahezubringen, hat Martinez sie zum freien Download auf einer eigenen Internet-Plattform eingestellt: La Comédiathèque, comediatheque.net. In Papierform (zum Preis der entsprechenden Fotokopien) können die Texte über die Webseite The Book Edition bestellt werden. Die Rechte für die Bühnenaufführung können / müssen über die Verwertungsgesellschaft SACD erworben werden.


Alle Stücke von Jean-Pierre Martinez können gratis von seiner Webseite heruntergeladen werden.


In deutscher Übersetzung liegen folgende Theaterstücke von Jean-Pierre Martinez vor:

Das Werk einschließlich aller seiner Teile ist nach den Bestimmungen über geistiges Eigentum urheberrechtlich geschützt. Jede Verwertung des Werks außerhalb der engen Grenzen des Urheberrechtsgesetzes und ohne Einwilligung von Autor und Übersetzer ist unzulässig und strafbar und kann zu hohen Schadensersatzansprüchen führen.

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Wenn Sie ihn öffentlich darbieten möchten – gleich ob auf einer etablierten Bühne oder in einem Laientheater – müssen Sie die Aufführungsrechte beim Autor einholen:

Kontakt: comediatheque.net


Vier Sterne

Sie haben nichts gemeinsam – vier Reisende, die eine Reise ins All gebucht haben. Das Zusammenleben im Raumschiff verläuft mehr oder weniger gut – bis zu dem Moment, als der Kontrollturm ihnen eröffnet, dass sie wegen eines Lecks in der Sauerstoffversorgung zurückgeholt werden müssen. Das Problem: es ist nicht mehr genug Luft für alle da. Einer von ihnen muss sich opfern, sonst kommen sie alle um. Sie haben eine Stunde Zeit, um denjenigen zu finden, der das „Zeug zum Helden“ hat…

Personen : Edouard – Kimberley – Natacha – Igor

© La Comédi@thèque

ERSTER AKT

Leitzentrale eines Raumschiffs. Bei so einer Komödie sollte man auf einen kitschigen Futurismus Marke Science-Fiction-Filme nicht verzichten. Die Bühnenrückwand kann mit einer bemalten Leinwand abgehängt sein, sie zeigt den Sternenhimmel, wie er von der Aussichtsplattform zu sehen ist. An einer der Seitenwände hängt ein telefonförmiges Funkgerät mit rot blinkendem Lämpchen, an der anderen ein Glaskasten mit einer kleinen roten Feueraxt, wie in Zügen üblich (mit der Aufschrift „Nur im Notfall zu benutzen“). Nach vorne hat man sich eine weitere Glasfront vorzustellen, von der aus sich den Raumfahrern je nach Drehung des Raumschiffs eine unverstellte Sicht auf Erde, Mond und Sterne bietet. Rechts führt eine Tür zur Pilotenkanzel und zum Labor, links geht es zu den Unterkünften. Eduard steht den Zuschauern zugewandt und bestaunt die Szene.

Edouard: Einfach unglaublich, schauen Sie nur, Kimberley! Da unten ist Frankreich!

Kimberley scheint gerade nach etwas zu suchen und wirft nur einen zerstreuten Blick in seine Richtung.

Kimberley: Ja, ja, ganz klein…

Edouard: Von hier erkennt man gut die Küste der Bretagne, die Gironde-Mündung und das Bassin d’Arcachon… wo übrigens meine Jacht liegt, die müsste man eigentlich auch sehen…

Kimberley: Mit Google Earth sehen Sie sie bestimmt. Wenn ich mein Handy finde…

Edouard: Ist schon verrückt… Jeder weiß, dass die Weltkarten von heute absolut wirklichkeitsgetreu sind, anders als die mittelalterlichen Karten, auf denen Amerika noch gar nicht verzeichnet war… Und jetzt haben wir den sichtbaren Beweis!

Kimberley: Erzählen Sie mir bloß nicht, dass Sie ein Heidengeld für diesen Flug hingelegt haben, nur um nachzuprüfen, ob es Amerika wirklich gibt?

Edouard: Aber schauen Sie nur, man kann sogar Korsika sehen! (Er geht zur Aussichtsplattform) Ach, nee… Das ist nur Fliegendreck… (Er tritt zurück und nimmt seine Beobachtung wieder auf) Da, der Stiefel, das ist Italien…

Kimberley (wirft jetzt einen kurzen Blick in die Richtung) – Ist schon komisch, von hier sieht man keine einzige Grenze…

Edouard: Haben Sie etwa gedacht, dass man die Grenzen gestrichelt eingezeichnet sieht, wie auf einer Michelin-Karte? Aber stimmt schon, früher hat man ja sogar die Berliner Mauer aus dem All erkennen können.

Kimberley: Schon schade, dass die weg ist.

Edouard: Die Chinesische Mauer, die bleibt, die kann man ja auch nur schwer kaputt machen…

Kimberley: Mhm…

Edouard: Und Sie? Wie sind Sie zu dieser Reise gekommen?

Kimberley: Das war der erste Preis bei einem Ratespiel auf Kanal TF 1.

Edouard: Und den haben Sie gewonnen? Chapeau!

Kimberley: Man musste den Namen von der Kandidatin wissen, die am Abend zuvor bei einer Reality-Show rausgefallen war.

Edouard: Mich hat dieser nette Ausflug ins All die Kleinigkeit von einer Million Dollar gekostet…

Kimberley: Ja, aber dann gab’s noch einen Losentscheid…, weil über eine Million richtige Einsendungen eingegangen waren. Ehrlich gesagt wär mir ja der zweite Preis lieber gewesen.

Edouard: Nämlich?

Kimberley: Ein Twingo.

Edouard: Auch nicht schlecht.

Kimberley: Nigelnagelneu! Mit allem Drum und Dran: elektrische Fensterheber, Autoradio, Klimaanlage… Ist ganz schön warm hier drin, nicht?

Edouard wendet sich wieder der Aussicht durch die Panoramascheibe zu.

Edouard: Ist wirklich un-glaub-lich, hier braucht man keinen Wetterbericht mehr. Ich kann Ihnen auf einen Blick sagen, dass Nicaragua in der nächsten Stunde einen satten Wirbelsturm abbekommt, der alles zu Kleinholz macht. Das ist schon toll…

Kimberley sucht noch immer überall, außer am Panoramafenster.

Kimberley: Ich hab’s vorhin noch in der Hand gehabt, es kann doch nicht einfach weggeflogen sein…

Sie stößt mit Igor, dem Chefpiloten, zusammen, der in diesem Moment von der Pilotenkanzel hereinkommt.

Kimberley (kokett): Ah, Igor!

Igor: Haben Sie was verloren, Kimberley?

Kimberley: Ja, mein iPhone.

Igor (hält ihr ihr iPhone hin): Ich hab’s in der Toilette gefunden, hat an der Decke geschwebt. In dem Teil vom Raumschiff haben wir Probleme mit der künstlichen Schwerkraft. Ich werd versuchen, das in Ordnung zu bringen…

Kimberley: Danke, das ist nett von Ihnen, Herr Kommandant.

Igor: Leider schweben da noch ganz andere UFOs… Was wollen Sie denn mit dem Handy anfangen?

Kimberley: Naja, mal anrufen!

Igor: Hm… Ich glaub, das wird nicht gehen, Kimberley.

Kimberley: Im Flugzeug muss man sein Handy doch nur beim Start ausschalten, oder?

Igor: Ja, aber hier sind wir in einer Raumfähre. Sie können Ihr Handy anlassen. Aber es würde mich wundern, wenn Sie in 180 km Höhe ein Netz bekommen. Und wenn doch, dann geben Sie mir bitte gleich den Namen von Ihrem Anbieter.

Kimberley: Das kann doch nicht wahr sein, dass wir nicht telefonieren können, den ganzen… Das ist ja schlimmer als im Theater!

Igor: Ich bin untröstlich…

Kimberley: Sagen Sie mir jetzt bloß nicht, dass wir ganz abgeschnitten sind vom Rest der Welt!

Igor: Nicht unbedingt abgeschnitten… Sagen wir mal so: sollte Ihr iPhone im Weltraum tatsächlich klingeln, dann wär das am anderen Ende der Leitung kein Erdbewohner…

In diesem Augenblick klingelt das Handy von Kimberley. Sie nimmt ab, ungläubig.

Kimberley: Hallo? (Wieder gefasster) Das ist nur die Weckfunktion, ich hab vergessen, die Uhr umzustellen.

Igor: In der Umlaufbahn kommt man zugegebenermaßen mit den Tageszeiten ganz schön durcheinander.

Kimberley: Aber was, wenn wir zum Beispiel einen Notfall haben? Kann man dann nicht einmal mehr das Rote Kreuz anrufen?

Igor zeigt zum Sprechfunk an der Wand.

Igor: Im Notfall sind wir per Funk mit der Erde verbunden. Aber wenn Sie Ihren Friseurtermin verschieben wollen, werden Sie noch bis zu unserer Rückkehr warten müssen, fürchte ich…

Kimberley gibt einen Seufzer von sich.

Kimberley: Ich hab überhaupt nichts zum Anziehen heute Abend – was soll ich bloß machen?

Igor: Ich persönlich hab schon was zum Anziehen. Aber Sie können das natürlich ganz frei entscheiden…

Kimberley (schnurrt wieder): Aber, Herr Kommandant…

Natacha tritt auf und kreuzt gerade noch Kimberley beim Rausgehen.

Natacha (kühl-distanziert): Hallo, Kimberley. Alles nach Wunsch?

Kimberley (imitiert E.T.): E.T. nach Hause telefonieren…

Kimberley geht ab.

Edouard: Da, von hier kann man den Mond sehen!

Igor schaut Kimberley hinterher, vor allem auf ihren verlängerten Rücken, was Natacha genau mitbekommt.

Natacha: Von hier auch… (Zu Igor) Was wollte’n die Dauergewellte?

Igor: Die Adresse von Ihrem Friseur. Aber keine Sorge, von mir erfährt sie die nicht, nur über meine Leiche…

(Natacha kommt nicht mehr dazu zu antworten)

Edouard: Na, Igor, heute Kapitänsgala? Was steht denn so auf dem Speiseplan? Ist ja immerhin Silvester, kaum zu glauben! Sie werden uns doch nicht schon wieder Ihre dehydrierten Fertiggerichte in lauwarmer Tunke vorsetzen?

Igor: Keine Angst, Edouard, es ist alles für einen Jahreswechsel vorgesehen, der sich sehen lassen kann. Der Küchenchef schlägt Gänsebraten mit dehydrierten Maronen vor, dazu unseren besten russischen Champagner… lauwarm.

Edouard (seufzt): Wenn ich denke, was ich für meine 4-Sterne-Fahrkarte hingelegt habe – dafür hätten Sie schon französischen Kaviar auffahren können!

Igor: Warum haben Sie nicht ein paar von Ihren legendären Würsten mitgebracht, Edouard?

Edouard: Sie werden’s nicht glauben, ich hatte einen Wurst-Koffer dabei. Aber dann hieß es, ich hätte Übergepäck … und ich musste entweder die Würste oder meinen DVD-Player und die komplette Simpsons-Serie zurücklassen.

Natacha: Und als Mann von Welt…

Edouard: Schon gut. In der Zwischenzeit gehe ich mal wieder in die Schwerelosigkeitskammer, kann gar nicht genug davon kriegen, vielleicht bekomme ich da mehr Appetit.

Igor: Das leuchtet ein. (Zu Natascha gewandt) Ist auch der einzige Ort, an dem er nicht wie ein Trampel daherkommt…

Edouard (Edouard geht ab, trällert dabei die Erkennungsmelodie aus dem Film ‚Die Simpsons‘): “Spider-Schwein, Spider-Schwein”, macht, was immer ein Spider-Schwein macht… ! Und, Natacha? Was macht die Forschung?

Natacha: Der liebe Gott hat die Erde nicht an einem Tag erschaffen… Geben Sie mir den Rest der Woche Zeit und ich finde raus, wie er’s angestellt hat.

Edouard: An was arbeiten Sie gleich nochmal?

Natacha: Am Urknall.

Edouard (skeptisch) Wenn es nobelpreisverdächtig wird – lassen Sie‘s mich auf jeden Fall wissen. (Trällert weiter) “Spider-Schwein, Spider-Schwein, macht, was immer ein Spider-Schwein macht…”

Igor: Er hat sich mit Wurstwaren eine goldene Nase verdient.

Natacha: Er ist aber gut drauf.

Igor: Vor allem auf der Waage.

Natacha: Er ist eine Milliarde Dollar schwer. Und ohne diese Neureichen, die astronomische Summen zahlen, um die Erde von oben zu sehen, könnte ich nicht mehr weiterforschen…

Igor: Schon komisch, dass das Geheimnis der Schöpfung vielleicht dank Sponsoring eines Wurstfabrikanten aufgeklärt wird…

Natacha: Und Sie? Ohne die Finanzierung durch das Fernsehen würden Sie doch keine Raumfähren fliegen, sondern nur Chartermaschinen auf die Balearen … Was soll denn diesmal draus werden?

Igor: Bei RTL denken sie über ein neues Format für eine Reality-Show nach. Eine Art Big Brother mit Schwerelosigkeit… Oder so etwas wie Dschungelcamp, aber auf dem Mond.

Natacha: Ach, deswegen haben wir Kimberley an Bord?

Igor: Sie wollen herausfinden, wie das menschliche Gehirn bei einem IQ unter 60 mit der Schwerelosigkeit zurechtkommt. Und das natürlich, bevor sie zukünftige Kandidaten ins Rennen schicken …

Natacha: Das hätten sie auch gleich an einer echten Gans ausprobieren können.

Igor: Und die hätten wir uns jetzt an Silvester einverleibt.

Natacha: Sie können das ja noch.

Igor: Sie ist nicht so ganz mein Typ…

Natacha: So wie Sie hinter ihr her gegafft haben, könnte man dran zweifeln…

Igor (ironisch): Eifersüchtig…?

Natacha: Sie glauben doch nicht etwa, dass Sie mein Typ sind?

Igor: Zumindest jetzt an Silvester hab ich keinen Konkurrenten. Außer wenn Herr Spiderschwein Ihr Typ ist…

Natacha (lächelt): Sind wir jetzt etwa schon in der ersten Folge vom Luna-Dschungelcamp?

Igor will gerade antworten, da fängt die rote Kontroll-Lampe der Bordsprechanlage an zu blinken.

Igor: ‚Tschuldigen Sie n Moment… (Er nimmt den Hörer ab) Kommandant Spock … (Natacha will gerade rausgehen, da bemerkt sie den besorgten Gesichtsausdruck von Igor und bleibt stehen) Ja… Ja… Ok. Nein, nein… Halten Sie mich auf dem Laufenden.

Igor hängt auf.

Natacha: Gibt’s ein Problem?

Igor: Das Kontrollzentrum hat gerade ein Leck in der Sauerstoffversorgung entdeckt…

Natacha: Schlimm?

Igor: Können die noch nicht sagen. Sie rufen durch, sobald sie mehr wissen… Bis dahin müssen wir das Notaggregat in Betrieb nehmen…

Kimberley kommt wieder. Sie trägt ein sehr durchscheinendes Abendkleid.

Kimberley: Meinen Sie, das wäre etwas für heute Abend?

Igor hat andere Sorgen und beachtet sie kaum.

Igor (zu Kimberley): Kleinen Moment, ich muss gerade was regeln… (Zu Natacha gewandt) Kein Grund, die beiden Touristen jetzt damit zu beunruhigen…

Igor geht ab. Kimberley ist offensichtlich enttäuscht.

Kimberley: Er hat mich nicht mal angeschaut… Gerade so, als wäre ich durchsichtig… Finden Sie mich durchsichtig?

Natacha: Ihr Kleid schon…

Kimberley: Vielleicht ein wenig…?

Natacha: Mehr als das, aber… Weihnachten und Silvester ist nur einmal im Jahr! Und es ist die einzige Woche im Jahr, wo eine Frau sich nacheinander als Tannenbaum und als Schlampe anziehen kann. Das muss sie doch ausnutzen.

Kimberley: Sie finden’s nicht so umwerfend…

Natacha: Das hab ich nicht gesagt.

Edouard kommt wieder, trällert.

Edouard: “Spider-Schwein, Spider-Schwein, macht, was immer ein Spider-Schwein macht…” Wow, das ist einfach der Wahnsinn! Aber lieber, bevor ich mir die Gans genehmige.

Kimberley wendet sich ihm zu.

Kimberley: Gefällt Ihnen das, was Sie sehen, Edouard?

Edouard: Ich hab nicht Sie gemeint. Das hätte ich mir nie erlaubt.

Kimberley: Mein Kleid!

Edouard: Ja, es ist… Wie wär’s, wenn Sie mal mit mir unter die Decke gehen? Zu zweit macht das bestimmt noch mehr Spaß…

Igor kommt wieder, was Kimberley eine Antwort erspart. Natacha merkt, dass er noch etwas besorgter aussieht.

Natacha: Alles Roger, Käptn Spock?

Kimberley (zu Edouard): Ich dachte, er ist Kommandant und heißt Igor…

Igor: Alles Roger. Ich habe das Notaggregat eingeschaltet…

Edouard: Das Notaggregat…?

Igor (beschwichtigt) Wir haben ein kleines technisches Problem, aber das bekommen wir gleich wieder hin … Keine Sorge, wir werden ein atemberaubendes Silvester feiern, wie vorgesehen.

Edouard: Dann ist ja alles gut… Ach übrigens, Kommandant, wo wir doch fast genauso schnell wie die Sonne um die Erde kreisen… ähm… Sie wissen schon, was ich meine… Wann genau können wir davon ausgehen, dass es Mitternacht ist?

Igor (zweideutig): Sie können mir glauben, Edouard, bis dahin wird es die längste Silvesternacht Ihres Lebens…

Edouard: Ist schon der Wahnsinn, diese Reise… So was macht man nur einmal in seinem Leben.

Natacha: Sie wissen gar nicht, wie richtig Sie da liegen.

Edouard: Stimmt, es ist ganz schön heiß hier, finden Sie nicht? (Zu Kimberley) Sie hatten recht, Sie hätten den Twingo nehmen sollen, der hat wenigstens eine Klimaanlage…

Es blinkt wieder an der Bordsprechanlage. Igor tauscht einen Blick mit Natacha und nimmt den Hörer ab, während sie versucht, die anderen abzulenken, indem sie in Richtung Glasfront / Zuschauerraum zeigt.

Natacha: Schauen Sie nur, wir fliegen gerade über China!

Igor (spricht in den Hörer) Ja…?

Natacha: Man kann sogar die Große Mauer sehen!

Edouard: Wo denn?

Kimberley: Ich sehe nichts…

Natacha: Doch, doch, da!

Edouard: Ah ja, das könnte sie sein…

Igor (spricht in den Hörer): Nicht…?

Edouard: Ah ja, da, ich kann sie sehen!

Kimberley: Ich kann noch immer nichts erkennen. Allmählich frage ich mich, wozu ich überhaupt hierher gekommen bin.

Igor (spricht in den Hörer): Verstanden…

Igor hängt auf und wechselt einen besorgten Blick mit Natacha.

Edouard: Das ist der schönste Tag in meinem Leben!

Natacha: Ja… Und vielleicht auch der letzte!

Igor (zu Kimberley): Na, Kimberley, ich möchte sie daran erinnern, dass Sie heute noch keine Gymnastik in der Schwerelosigkeitskammer gemacht haben. Sie wissen doch, das gehört zu unserem täglichen Programm

Kimberley (mit einem Seufzer): Mir wird immer ganz übel davon, wenn ich wie eine Fliege kopfüber an der Decke krabbeln soll! Wozu soll das gut sein?

Edouard: Ich komme mit. Sie werden sehen, das macht wirklich Spaß! (Er geht mit Kimberley ab und trällert wieder) “Spider-Schwein, Spider-Schwein, sie macht, was sie immer macht…”

Igor und Natacha bleiben allein zurück.

Natacha: Und?

Igor: Es ist etwas unerfreulicher als erwartet…

Natacha: Jetzt rücken Sie schon raus mit der Wahrheit, Kommandant. Ich brauche Sie wohl nicht daran zu erinnern, dass ich als Co-Pilotin in dieser Raumfähre eingesetzt bin.

Igor: Das Hauptbelüftungssystem ist definitiv ausgefallen. Wir müssen mit der Notversorgung auskommen.

Natacha: Wie viele Stunden Funktionsfähigkeit?

Igor: Vier Stunden.

Natacha: Genug für die Rückkehr zur Erde – wenn wir gleich starten. Aber nicht genug für die Silvester-Party. Die beiden Touristen werden enttäuscht sein, naja, aber das ist das Geringste. Edouard bekommt sein Geld zurück und Kimberley ihren Twingo.

Igor: Ganz so einfach ist es leider nicht…

Natacha: Das habe ich fast geahnt. Sonst würden Sie nicht diesen Cocker-Blick aufsetzen. Welche Mängel gibt’s noch in diesem Schrotthaufen? Und erzählen Sie mir bloß nichts von diesen UFOs, die in der Toilette schweben – ich bin schon auf dem Laufenden…

Igor: Die Notbelüftung ist nur für drei Personen vorgesehen…

Natacha (fassungslos): Soll das ein Witz sein?

Igor: Warum würde ich diesen Cocker-Blick aufsetzen, wenn’s einer wäre?

Natacha: Aber… wieso?

Igor: Sie haben’s ja selber gesagt, diese Raumfähre ist ein Schrotthaufen. Das Antriebssystem stammt von dem Shuttle, den die Amerikaner vor nicht langer Zeit ausgesondert haben, die Kommandokapsel von der Internationalen Raumstation, die die Europäer gerade aufgegeben haben… und das Notsystem, in dem wir hier stecken, haben sie aus einer alten russischen Sojus-Kapsel zusammengebastelt…

Natacha (fix und fertig): Für 3 Personen ausgelegt… Aber wie konnten sie uns dann zu viert starten lassen?

Igor: Spider Schwein hat eine Million Dollar für sein Ticket bezahlt. Und ohne ihn wäre der Start aus Geldmangel abgeblasen worden. Und Sie hätten Ihre Experimente nicht durchführen können.

Natacha: Und Sie haben das alles gewusst!

Igor: Wie gesagt: es war die einzige Chance zu diesem Start. Und hätten Sie auf diese einmalige Gelegenheit verzichtet, ihre Urknall-Theorien zu beweisen, wenn Sie es gewusst hätten?

Natacha: Nein.

Igor: Nein. Weil Ihnen das im günstigen Fall wahrscheinlich den Nobelpreis einbringt. Wozu wäre dann diese kleine Information gut gewesen?

Natacha: Ja, schon, aber unsere beiden Hochbegabten sind kaum nobelpreisverdächtig. Die hatten das Recht, es zu erfahren.

Igor: Die – die wären doch gar nicht mitgekommen, wenn sie’s gewusst hätten…

Natacha: Spider Schwein hätte stattdessen bestimmt den Club Med von Bora Bora gebucht…

Igor: Und die Lady hätte den Twingo mit Klimaanlage gewählt…

Natacha: Toll! Und was hat die werte Reiseleitung am Boden zu bieten?

Igor: Nichts… Wie es aussieht, sind wir für uns selbst verantwortlich. Aber die Rechnung ist einfach: wir haben für vier Stunden Sauerstoff, aber nur für drei Leute. Entweder sind wir bis zur Landung alle erstickt. Oder einer von uns muss eine Stunde lang die Luft anhalten…

Natacha: Und wie soll das gehen?

Igor: Zum Beispiel mit einer Kapsel Zyankali.

Natacha: Wie bitte??

Igor: Wir haben auch die Erste-Hilfe-Ausstattung der Sojus-Kapsel übernommen. Das war der Plan B für den Notfall.

Natacha: Na, super… Dann müssen wir nur noch den Freiwilligen finden, der Philosoph genug ist, den Schierlingsbecher zu leeren.

Igor: Ich hab da so eine Idee, aber die wird Ihnen nicht gefallen…

Natacha: Und die wäre?

Igor: Ein wenig Zyankali als Beilage zur gefriergetrockneten Gans, das wird sie nicht merken.

Natacha: Sie?

Igor: Die Gans.

Natacha: Das ist nicht Ihr Ernst, oder?

Igor: Oder lieber Spider Schwein?

Natacha: Das läuft auf Mord hinaus, Kommandant! Egal, wie wir unser Gewissen beruhigen, können Sie nicht abstreiten, dass es gesetzeswidrig ist.

Igor: Aber vier Leute in einen fliegenden Schrotthaufen mit nur drei Fallschirmen steigen zu lassen – das ist legal…

Natacha: Klar, wir wollen unsere Haut retten. Aber nicht, wenn wir dafür ins Gefängnis gehen… oder das bis an unser Lebensende auf dem Gewissen haben.

Igor: Na schön, was schlagen Sie vor?

Edouard und Kimberley kommen sichtlich gut gelaunt zurück. Sie trällern das Lied von Peter Schilling ‚Major Tom / Völlig losgelöst‘

Kimberley: „Die Erdanziehungskraft ist überwunden / Alles läuft perfekt, schon seit Stunden.“

Edouard: „Im Kontrollzentrum, da wird man panisch / Der Kurs der Kapsel, der stimmt ja gar nicht.“

Kimberley: „Völlig losgelöst / Von der Erde / Schwebt das Raumschiff / Völlig schwerelos.“

Edouard: Na, Kommandant? Zeit für einen Aperitif, nicht? Mir knurrt der Magen!

Kimberley: Ich hab auch schon einen Bärenhunger.

Natacha (zu Igor): Auf jeden Fall werden wir ihnen nicht länger die Wahrheit verschweigen können… ohne sie natürlich unnötig in Panik zu versetzen…

Igor: Diesen beiden schrägen Vögeln eröffnen, dass sie oder er ein Übergepäck ist, ohne sie unnötig in Panik zu versetzen, wie Sie so schön sagen – ich bin mal gespannt, wie Sie das anstellen…

Natacha (verlegen): Ich kann’s ja immerhin versuchen…

Igor: Wenn Sie das hinkriegen, haben Sie sich auch den Nobelpreis für Psychologie verdient…

Licht aus.

ZWEITER AKT

Von der noch dunklen Bühne ertönt ein schriller Schrei, ein Glas geht zu Bruch. Das Licht geht an. Natacha und Igor machen sich an der bewusstlosen jungen Frau zu schaffen, um sie wachzubekommen. Edouard steht daneben, die Augen weit geöffnet. Er umklammert die kleine Feueraxt aus dem Glaskasten, den er eben eingeschlagen hat.

Igor (zu Natacha): Ich glaube, Sie geben sich besser mit dem Physik-Nobelpreis zufrieden…

Edouard (schwingt die Feueraxt bedrohlich): Ich weiß nicht, was mich davon zurückhält, Ihnen beiden den Schädel zu spalten!

Igor: Vielleicht der Umstand, dass nur wir beide dieses Raumschiff zur Erde zurückbringen können…

Edouard: Ich könnte ja nur einen von Ihnen ausschalten… Sie zum Beispiel…

Igor: Wären Sie dazu überhaupt fähig?

Edouard: Ich hab’s als Chef in einem Schlachthof weit gebracht…

Igor: Ich bin kein Kalb. Aber versuchen Sie’s nur! Ich kann mich ja immer auf Notwehr berufen…

Natacha: Glauben Sie wirklich, dass das jetzt der richtige Moment ist?

Edouard: Wann soll denn der richtige Moment sein? Wenn wir alle am Ersticken sind?

Igor: Ihr Anfall verbraucht Luft. Ich schlage vor, Sie hören auf zu atmen. Das würde auch gleich unser Problem lösen.

Natacha: Ah, sie kommt wieder zu sich.

Igor: Schade. Das hätte unser Problem auch gelöst…

Kimberley: Sagen Sie mir, dass das nur ein Albtraum ist… Und dass ich den Twingo gewonnen habe…

Natacha: Leider nicht, Kimberley. Sie haben wirklich das große Los gezogen

Edouard: Sie sind nicht in einem voll klimatisierten Twingo, sondern in einem fliegenden Sarg mit rationiertem Sauerstoff.

Kimberley: Dann stimmt es, dass wir alle sterben werden?

Natacha: Nicht alle, das garantiere ich Ihnen.

Igor: Sie haben sich wenigstens Ihren Optimismus bewahrt…

Kimberley: Also gibt’s doch noch eine Lösung?

Edouard: Ja. (ironisch) Die Kapsel…

Kimberley: Haben wir eine Rettungskapsel? Dann sind wir ja doch gerettet!

Edouard: Die Kapsel mit dem Zyankali! Haben Sie’s noch immer nicht begriffen? Einer von uns ist zu viel an Bord. Und uns bleibt eine knappe Stunde, um zu entscheiden, wer.

Kimberley: Oh, mein Gott, ich hab’s geahnt, dass ich besser auf der Erde geblieben wäre. Ich hätte auf meine Mutter hören sollen: eine Frau von Welt gehört nicht ins All. Das ist bestimmt eine Strafe des Himmels. Denken Sie nur an den Fall des Ikarus.

Edouard: Wer ist jetzt das schon wieder?

Kimberley: Eine Figur aus der griechischen Mythologie! Er bildet sich ein, dass er wie ein Vogel zum Himmel fliegen kann. Zur Strafe lassen die Götter seine Flügel in der Sonne schmelzen…

Igor (zu Natacha): Sagen Sie denen, dass Gott tot ist. Sie arbeiten doch an der Urknall-Theorie. Gerade Sie sollten wissen, dass die Erde nicht von diesem alten Mann mit Bart erschaffen worden ist…

Natacha: Bleibt nur herauszufinden, wer die Lunte für den Urknall angesteckt hat…

Igor: Gut, wir haben leider keine Zeit zum Philosophieren. Also, was machen wir jetzt? Streichhölzer ziehen?

Edouard: Auf gar keinen Fall, das wäre zu einfach!

Igor: Sie könnten damit anfangen, dass Sie die Axt weglegen.

Widerwillig legt Edouard die Axt beiseite.

Edouard: Sie sind doch der Pilot, oder? Sie haben uns in diese Scheiße reingeritten. Sie waren der Einzige, der Bescheid wusste – und haben uns nichts gesagt! Jetzt müssen Sie auch die Verantwortung übernehmen! Auf Schiffen geht der Kapitän mit seinem Kahn unter. Nachdem er alle Passagiere in Rettungsbooten untergebracht hat!

Igor: Mensch, Spider Schwein, komm wieder runter auf den Boden der Vernunft!

Edouard: Würde ich ja gern, glauben Sie mir. Und ich verbitte mir, dass Sie mich duzen.

Igor: He Kumpel, wir sind nicht im Kino!

Kimberley: Aber schon wie auf der Titanic…

Igor: Ich bin nur Untergebener. Ich habe nur Anweisungen ausgeführt.

Edouard: Das haben die SS-Leute in den KZs auch gesagt.

Die beiden Männer sind kurz davor, aufeinander loszugehen. Natacha greift ein.

Natacha: Leute, das bringt doch nichts, jetzt die Nerven zu verlieren. Außer, dass wir unseren bisschen verbleibenden Sauerstoff vergeuden… Aber Igor hat Recht. Es wäre ungerecht, einen Schuldigen zu suchen. Und selbst wenn wir einen ausmachen könnten – ich brauche Sie nicht daran zu erinnern, dass die Todesstrafe in den meisten Demokratien abgeschafft ist.

Edouard (zeigt in Richtung Glasfront / Zuschauerraum): Dann brauchen wir ja nur zu warten, bis wir China oder die USA überfliegen.

Natacha: Die wahren Schuldigen sind da unten, das steht fest. Und als wir uns auf diese Reise gemacht haben, haben wir alle gewusst, dass es gefährlicher wird als eine Woche im Club-Hotel in Tunesien.

Kimberley: Ich war letztes Jahr in Djerba, da habe ich mir Montezumas Rache eingefangen…

Die drei anderen sehen sie etwas verständnislos an.

Edouard: Ok, wir vergessen mal das Volksgericht. Also, wie machen wir das jetzt? (Totenstille) Wir könnten versuchen, den oder die auszumachen, die für die Menschheit der geringste Verlust wäre.

Igor (ironisch): Irgendetwas sagt mir, dass Sie sich aus bestimmten Gründen für unersetzlich halten.

Edouard: Ich stehe an der Spitze eines Unternehmens, das mehr als 200.000 Mitarbeiter weltweit beschäftigt.

Igor: Und Sie glauben wirklich, dass Ihre Wurstfabrik ohne Sie nicht überleben würde? Pff – die Aktionäre wählen einen neuen Vorstandsvorsitzenden und das wär’s.

Edouard: Und Sie? Halten Sie sich für unersetzlicher als mich?

Igor: Na, erstens kann ich diese Raumfähre fliegen.

Natacha: Ich auch…

Edouard: Na, da sehen Sie‘s, einer von Ihnen beiden reicht als Chauffeur und Room Service. Der andere kann verschwinden. (Zu Natacha) Wie wär’s mit Ihnen?

Igor: Halten Sie sich für wichtiger als eine zukünftige Nobelpreisträgerin?

Edouard: Wieso denn nicht?

Igor: Sie haben Recht. Wenn es einen Nobelpreis für Würste gäbe, dann würde er bestimmt Ihnen verliehen.

Edouard: Meine Würste ernähren fast ein Drittel der Menschheit. (Zu Natacha) Woran forschen Sie gleich wieder?

Natacha: An der Schöpfung.

Edouard: Und wozu soll das gut sein?

Natacha: Zu nichts.

Edouard: Und haben Sie eine Antwort auf Ihre Fragen?

Natacha: Nein.

Igor: In diesem Fall weiß ich nicht – egal wie nobelpreisverdächtig Sie sind – was Ihnen das Recht gibt, sich für unersetzlicher als uns zu halten.

Natacha: Das habe ich nie behauptet.

Erneutes Schweigen.

Edouard (zu Kimberley): Und Sie?

Kimberley: Was, ich?

Edouard: Geben Sie uns einen Grund, warum das Schicksal der Erde besiegelt wäre, wenn Sie nicht lebendig zurückkämen…

Kimberley (mit Pathos) Auf mich warten zwei Katzen und ein Kanarienvogel… ganz zu schweigen von meiner Mutter…

Natacha: Jetzt reicht’s! So kommen wir auch nicht weiter! Es ist doch monströs, den Wert eines Menschenlebens über ein anderes zu stellen! Ich mag vielleicht nichts Großartiges entdeckt haben, aber eines weiß ich: kein Leben ist weniger wertvoll als ein anderes.

Edouard: Großartig. Dann stimmen wir eben ab.

Kimberley: Worüber?

Edouard: Eben haben Sie mir die Demokratie vorgehalten. Und dass es ein Zeichen von Größe sein kann, sich für andere zu opfern. Also, lassen Sie uns abstimmen, wen wir dafür als den Würdigsten ansehen.

Natacha: Auf gar keinen Fall!

Edouard: Sie brauchen ja nicht mit abzustimmen. Wir leben in einer Demokratie. Aber es hält uns nichts davon ab, für Sie zu stimmen, sonst ist es zu einfach…

Edouard greift nach einem Notizblock und einem Stift.

Edouard: Jeder schreibt einen Namen auf ein Blatt, faltet es und Natacha übernimmt dann die Auszählung. Igor?

Igor: Und Sie schwören, dass Sie das Ergebnis anerkennen?

Edouard: Das schwöre ich.

Edouard schreibt einen Namen auf ein Blatt, reißt es heraus, faltet es und legt es auf den Tisch. Dann reicht er Block und Stift weiter an Igor.

Edouard: Sie sind dran.

Igor: Sind Sie wirklich so von sich überzeugt?

Edouard: Und Sie?

Igor macht dasselbe wie Edouard und gibt dann Block und Stift an Kimberley weiter.

Edouard: Auf jeden Fall verspreche ich Ihnen eines, Kimberley: wenn wir beide heil hier rauskommen, kriegen Sie Ihren Twingo. Ich kümmere mich höchstpersönlich darum…

Igor wirft ihm einen vernichtenden Blick zu. Kimberley zögert, dann schreibt sie einen Namen auf ein Blatt, reißt das Blatt heraus, faltet es und legt es auf den Tisch.

Edouard: Natacha… Sie haben die ehrenvolle Aufgabe, das Ergebnis der Abstimmung zu verkünden.

Widerwillig greift Natacha nach einem Blatt und liest vor.

Natacha: Igor… (greift spürbar angespannt nach einem anderen Papier) Edouard … (Sie nimmt das dritte Blatt) Kimberley… (erleichtert) Aus der Abstimmung geht kein Märtyrer hervor.

Igor (zu Edouard): Ich habe gegen Sie gestimmt… Und Sie gegen mich… Wer hat dann gegen Kimberley gestimmt?

Kimberley: Ich selbst…

Natacha: Sie opfern sich freiwillig?

Kimberley: Ich hab mich geirrt… Ich hab gedacht, dass jeder für denjenigen stimmt, der gerettet werden soll…

Mitfühlende Blicke der anderen.

Edouard: Tja, so kommen wir nie zu einer Entscheidung!

Igor: Und gehen alle drauf. (Er schaut auf seine Uhr) In ungefähr zwei Stunden.

Edouard: Na, wie wär’s denn, wenn wir, statt zu diskutieren, so schnell wie möglich den Heimflug antreten?

Igor: Wir kommen erst in ungefähr einer halben Stunde wieder in eine Position, aus der wir in die Erdatmosphäre eintreten können.

Natacha: Andernfalls treiben wir ab in eine entfernte Umlaufbahn und müssen ewig um die Erde kreisen.

Edouard: Und die haben mir diese Reise ohne Heimkehr als Vergnügungsreise verkauft…

Igor: Wir haben noch eine knappe halbe Stunde Zeit, um herauszufinden, wer von uns vier das Zeug zum Helden hat.

Natacha: Die Dichter antiker griechischer Tragödien würden uns um diese Konstellation beneiden. Wenn keiner von uns in den Freitod geht, sterben wir alle. Jeder von uns hat also die Wahl, als Einziger zu sterben und die drei anderen zu retten oder ehrlos mit den drei Anderen zu sterben…

Kimberley: Oder im Stillen zu hoffen, dass ein anderer sich für ihn opfert…

Natacha: Egal, ob wir einen oder eine Auserwählte finden, das bringt uns hier nicht lebend raus. Wer sich opfert, um die anderen zu retten, muss es freiwillig tun.

Edouard: Perfekt… Freiwillige vor…

Stille.

Natacha: Ich mach’s.

Die drei anderen sind versteinert. Edouard reagiert als Erster.

Edouard: Ausgezeichnet. Das wäre geregelt. Wir sind Ihnen natürlich dankbar. Auch wenn es nur darum ging, wie Sie selber gesagt haben, dass entweder einer oder wir alle vier sterben…

Igor (zu Natacha): Wieso wollen Sie das tun? Wollen Sie die erste Menschheitserlöserin werden? Sie glauben ja noch nicht mal an Gott …

Edouard: Hat Sie jemand gefragt? Wenn sie sich dazu bereit erklärt… Ich übernehme auf jeden Fall die Kosten für die Beerdigung. Haben Sie diesbezüglich besondere Wünsche?

Igor: Schnauze. Natacha, Sie werden doch nicht für einen Wurstfabrikanten Ihr Leben hergeben… für dieses Würstchen.

Kimberley: Welches Würstchen?

Natacha: Wer sagt Ihnen, dass ich nicht für Sie mein Leben hergebe?

Igor: Ich bin’s nicht wert, das können Sie mir glauben.

Natacha: Ich tu’s aus Stolz. Wenn wir schon draufgehen, dann mit wehender Fahne. Da bin ich ganz Freigeist wie Cyrano…

Igor: Das werde ich nicht zulassen.

Natacha: Und wie wollen Sie mich davon abhalten?

Igor: Den Schlüssel zum Ersten-Hilfe-Schrank habe ich. Und wenn sich hier einer opfern muss, dann ich.

Edouard: Geht’s vielleicht, ohne dass Sie sich deswegen in die Haare kriegen?

Natacha: Sie wären wirklich bereit, sich für mich zu opfern? Wieso denn?

Igor: Weil Sie es wert sind.

Edouard: Eins steht fest: Sie dürfen nicht beide sterben, einer muss ja das Raumschiff zurück zur Erde bringen. (Mit Seitenblick auf Kimberley) Ich habe nämlich nur einen Lkw-Führerschein. Und diese reizende junge Frau wäre wohl nicht mal im Stande, ihren Twingo in der Garage zu parken.

Kimberley: Da bin ich anderer Meinung.

Edouard: Na gut, ich nehme das mit dem Twingo zurück.

Kimberley: Nein, ich bin der Meinung, dass sich weder Natacha noch Igor für uns opfern sollen.

Edouard: Fangen Sie jetzt nicht auch damit an. Wir waren fast durch.

Kimberley: Wie sollen wir denn damit weiterleben?

Edouard: Ach bestens, glauben Sie mir. (Schaut auf seine Uhr) Wir haben nur noch eine Viertelstunde, um uns zu entscheiden.

Igor: Na gut, was schlagen Sie vor?

Kimberley: Den Zufall entscheiden lassen… Das scheint mir die einzige gerechte Lösung zu sein.

Edouard: Gerecht, aber riskant…

Natacha: Ich frage mich, ob Kimberley nicht letzten Endes recht hat. Sofern alle einverstanden sind…

Edouard: Hab ich die Wahl?

Igor: Nicht wirklich…

Kimberley: Wenn wir’s nicht per Strohhalm entscheiden, wie dann?

Igor: Ich würde zwar gern Russisches Roulette vorschlagen, was in einer Sojus-Kapsel auch stilecht wäre. Aber Schusswaffen sind an Bord leider verboten. Außerdem: wenn die Kugel auf der anderen Schädelseite wieder austritt und in eine Kabinenwand einschlägt, käme es höchstwahrscheinlich zu einem Druckabfall. Das würde uns gerade noch fehlen…

Kimberley: Wir haben noch die Axt.

Natacha: Ach so… Und wie spielt man Russisches Roulette mit einer Axt?

Schweigen. Allgemeines Nachdenken.

Edouard: Wir könnten’s durch Pokern entscheiden. Ich habe Karten dabei… Jedes Streichholz steht für einen Liter Luft. Und der Verlierer muss aufhören zu atmen…

Kimberley: Ich weiß nicht, wie man Poker spielt.

Natacha: Ich auch nicht.

Edouard: Dann bringe ich’s Ihnen bei. Sie werden sehen, ist ein Kinderspiel.

Igor: Versuchen Sie bloß nicht, uns was vorzumachen. Poker ist ja gar kein Glücksspiel.

Edouard: Haben Sie eine bessere Idee…?

Igor: Vielleicht…

Igor geht Richtung Tür. Edouard verstellt ihm den Weg.

Edouard: Wo wollen Sie hin?

Igor: Ich hole uns was zum Trinken: Sie haben doch selber gesagt, dass ich für den Zimmerservice zuständig bin, oder?

Edouard: Ich bin dafür, dass wir zusammen bleiben. Sie wollen uns ja vielleicht nur reinlegen.

Igor: Sie haben mein Wort. Das muss Ihnen genügen. Außer, Sie wollen mich vom Rausgehen abhalten, mit Gewalt…

Sie starren sich herausfordernd an, bis sich Edouard letzten Endes abwendet.

Edouard: Schon gut. Wir sind ja hier schließlich unter zivilisierten Menschen…

Igor geht ab. Erneutes Schweigen. Natacha sieht durch das Panoramafenster zu den Sternen.

Natacha: Es mag für eine Astrophysikerin komisch klingen – aber ich habe mir bisher nie die Zeit genommen, die Sterne auf diese Weise zu betrachten, gewissermaßen interesselos…

Edouard (gleichgültig): Aha.

Natacha: Ich frage mich, ob das nicht die eigentliche Antwort ist…

Kimberley: Was für eine Antwort?

Edouard: Auf welche Frage?

Natacha: Nach dem Ursprung der Erde! Vielleicht ist die Antwort ja keine wissenschaftliche, sondern eine rein ästhetische, nach dem Motto: Wenn Gott ein Künstler wäre…?

Edouard zuckt mit den Achseln. Kimberley schaut auch zu den Sternen.

Kimberley: Es ist wahr, es ist wirklich schön.

Natacha (zu Edouard): Sie sind doch auch auf diese Reise gegangen, um die Sterne aus der Nähe zu sehen, oder?

Edouard: Hm…ja.

Natacha: Ich glaube, wir haben doch alle gewusst, dass wir auf dieser Reise so etwas wie den halben Weg zum Himmel zurücklegen.

Kimberley: Es wird Ihnen vielleicht komisch vorkommen, aber inzwischen bedauere ich das mit dem Twingo gar nicht mehr. Mir könnte jetzt gleich die Luft wegbleiben, aber das hätte ich wenigstens vorher noch gesehen… So lebendig habe ich mich noch nie in meinem Leben gefühlt…

Natacha: Wir werden uns alle eines Tages in Luft auflösen, das sollte uns doch jeden Morgen beim Aufwachen bewusst sein. Das macht das Leben leichter. Und nicht einmal die Sterne bleiben davon verschont. Genau wie auch die Sonne eines Tages nicht mehr aufgehen wird.

Kimberley: Dann sind wir nichts anderes als Stars unter vielen anderen?

Natacha: Vier Sternchen, ja. Und eines zu viel…

Edouard: Vier Sterne in diesem Wrack? Kein Wunder, dass hier einer zu viel ist…

Natacha (sieht wieder zu den Sternen): Ein Stern zu viel, aber welcher? Hmm… vielleicht ist das ja das Geheimnis des Universums. Und seiner unablässigen Bewegung. Ein unermessliches Puzzle, das man nicht zusammenbekommt…, weil am Ende immer ein Teil übrig bleibt.

Edouard: Geht’s noch? Bei diesem Vollidioten sind wohl schon die Lichter im Hirn ausgegangen?!

Igor ist mit einem Tablett hereingekommen, auf dem vier Schalen mit Champagner stehen.

Igor: Wie wär’s, wenn wir auf das Neue Jahr anstoßen?

Edouard: Halten Sie das für den geeigneten Augenblick?

Igor: In einer von den Schalen ist das Zyankali.

Totenstille.

Edouard: Und Sie wissen, in welcher! Sie haben’s ja eingeschenkt!

Igor: Deswegen nehme ich auch die letzte Schale. Sie sind der Ehrengast, Sie dürfen sich als Erster bedienen…

Er hält Edouard das Tablett hin. Edouard zögert.

Edouard: Sie wissen wirklich, welche es ist?

Igor: Nein. Sonst wär’s ja witzlos.

Edouard ringt sich durch und greift nach einem Glas. Igor hält das Tablett Kimberley hin, die auch zögert.

Kimberley: Ich vertrag keinen Champagner, ich muss da immer aufstoßen.

Igor: Geht jetzt nicht anders …

Kimberley entschließt sich und nimmt ein Glas. Igor reicht das Tablett Natacha, die ohne zu zögern ein Glas nimmt. Danach bleibt für Igor das letzte Glas. Die vier rücken zusammen und heben ihre Gläser.

Igor: Auf das Wohl der Überlebenden

Alle vier leeren ihr Glas in einem Zug.

Kimberley: Schön kühl… Haben wir keine Erdnüsse?

Licht aus.

DRITTER AKT

Die Vier sitzen um einen Tisch. Gedämpfte Stimmung.

Kimberley: Ich hab gedacht, dass es viel lauter ist, in den Raketen. Hören Sie diese Stille? Wenn man das nicht gewohnt ist… tut es fast weh in den Ohren…

Edouard: Der Beweis, dass wir noch am Leben sind.

Kimberley: Es ist noch leiser als bei meiner Oma. Die wohnt in Limoges…

Natacha: Im luftleeren Raum kann sich Schall nicht ausbreiten – deswegen hört man nichts.

Kimberley: In Limoges?

Natacha: Im All!

Igor: Dabei ist der Kosmos alles andere als leise. Die meisten Sterne, die Sie am Himmel leuchten sehen, sind schon seit Jahrtausenden verglüht, in einem nuklearen Feuerwerk. Wenn Gott existiert, dann ist er eher so ein Dr. Strangelove à la Stanley Kubrick, kein Georges Moustaki.

Kimberley: Also müssen Sterne auch sterben…

Igor: Ja. Und sie sterben, ohne einen Laut von sich zu geben.

Schweigen.

Edouard: Können wir nicht mal ein bisschen Musik anmachen… Hier kriegt man ja einen Koller.

Natacha: „Die ewige Stille dieser unendlichen Weltenräume flößt mir schreckliche Angst ein.“

Edouard: Ja, so hab ich’s gemeint.

Natacha: Das ist von Blaise Pascal, dem Philosophen.

Edouard: Pascal?

Igor: Ein Philosoph, der das ungefähr so wie Sie ausgedrückt hat…

Kimberley isst von ihrem Teller.

Kimberley: Schmeckt eigentlich gar nicht so übel, der dehydrierte Gänsebraten…

Edouard: Apropos dehydriert… Das bringt mich auf eine Idee: wie wär’s, wenn ich meine Produktion auf dehydrierte Würste verlege? Viel praktischer zu transportieren, vor allem ins Ausland. (Deutet mit den Fingern die Wurstlänge an) So eine geschrumpfte Wurst, nicht länger als mein kleiner Finger. Kurz vor dem Essen ins Wasser getaucht und hopp! – verwandelt sie sich in eine stattliche Knackwurst.

Kimberley: Frisch schmecken aber Rosskastanien besser.

Igor: Wie sehen frische Rosskastanien eigentlich aus?

Kimberley: Wie kandierte Rosskastanien?

Edouard: Eher wie gebratene Esskastanien, oder?

Natacha: Ich spüre noch kein Symptom. Und Sie?

Kimberley: Ich auch nicht…

Igor: Es dauert, bis das Gift wirkt.

Edouard: Wie lange?

Igor: Eine knappe Viertelstunde, schätze ich.

Kimberley: Ist Zyankali schmerzhaft?

Igor: Ich weiß nicht. Ich hab noch nie welches eingenommen. Ich meine: bis heute…

Natacha: Wieso sollte es Sie treffen? Sie haben gesagt, dass Sie nicht wissen, in welchem Glas das Gift ist.

Igor: Sagen wir mal … nach meinem Bauchgefühl.

Natacha: So viel ich weiß, verursacht Zyankali zuerst Krämpfe, dann verliert man das Bewusstsein und zuletzt fällt man in ein tiefes Koma…

Edouard: Na, das ist ja allerhand… vor diesen ganzen Nebenwirkungen hatten Sie uns gar nicht gewarnt …

Natacha: Da es sich um eine hochgiftige Substanz handelt, besteht die vorrangige Nebenwirkung im Tod, der im Allgemeinen durch Herzstillstand eintritt.

Alle schlucken.

Igor: Es war das Lieblingsgift der Nazi-Aristokratie. Auf die Weise hat Göring Selbstmord begangen, um sich seiner Hinrichtung nach den Nürnberger Prozessen zu entziehen.

Edouard: Selbstmord begehen, um einer Hinrichtung zu entgehen… Bringt ja auch nichts…

Natacha: Wie auch immer, einer von uns wird in den nächsten Minuten sterben. Wie wär’s, wenn jeder sagt, was er in seinem nächsten Leben anders machen würde, wenn er eines hätte. Wir können nicht so weitermachen wie bisher, oder?

Igor: Sehr gut… Fangen Sie gleich damit an…

Natacha: Hmm… ich glaube, ich würde noch einmal in dieses super-teure Geschäft gehen, wo ich ein paar zum Sterben schöne Schuhe gesehen habe…

Edouard: Ist das alles?

Natacha: Damals habe ich den Preis so was von unverschämt gefunden. Aber nach unserem Abenteuer begreife ich, wie wichtig es ist, sich etwas so ausgefallen Oberflächliches, Frivoles zu gönnen… Und Sie, Edouard?

Edouard: Zuerst mal würde ich nie wieder gestampften Stallboden unter meinen Füßen aufgeben… Schließlich sind die Sterne auch von unten schön. Wenn man ihnen zu nahe kommen will, dann verbrennt man sich die Flügel, wie dieser Typ da… (die anderen blicken verständnislos) Na, dieser Ikarus!

Natacha: Ach so. … Und was noch?

Edouard: Ich werde eine Stiftung gründen…

Igor: Sie?

Edouard: Warum denn nicht? Wie Bill Gates!

Natacha: Und was wäre der Zweck dieser Stiftung?

Edouard: Was weiß denn ich… Mit dem Hunger in der Welt Schluss machen, zum Beispiel…

Igor: Das ist… das ist gut.

Edouard: Ich war nicht immer so reich, wissen Sie. Ich bin nicht mit einem goldenen Löffel im Mund zur Welt gekommen, wie man so schön sagt.

Kimberley: Heißt es nicht: mit einem silbernen Löffel?

Edouard: Wie auch immer…. Bei mir war’s sowieso eher ein silberner Löffel. Mein Vater gehörte zum jüngeren Zweig unserer Familie. Deswegen habe ich beim Tod meines Großvaters nur ungefähr ein Fünftel von seinem Vermögen geerbt. War auch schon eine schöne Stange Geld, aber… Zu dem Fleisch-Imperium bin ich erst gekommen, als mein Onkel gestorben ist…

Igor: Da haben Sie ja weiß Gott eine unglückliche Kindheit gehabt…

Edouard: Weiß Gott. Wenn ich’s zum Wurstkönig gebracht habe, dann genau genommen, weil’s mir darum ging, allen Menschen etwas zum Essen zu verschaffen… Auf meine Weise bin ich nämlich auch ein Idealist…

Igor: Wie hat man nur den Revolutionär verkennen können, der in Ihnen schlummert!… Wenn es hier mit Ihnen zu Ende geht, dann werden wir ein Denkmal für Sie errichten lassen – versprochen! Und was ist mit Ihnen, Kimberley?

Kimberley: Ich nehme mein Studium fernöstlicher Sprachen wieder auf.

Natacha: Sie haben studiert?

Kimberley: Überrascht Sie das?

Natacha: Ich meine nur… ein Studium fernöstlicher Sprachen?

Kimberley: Ja, ich wollte Dolmetscherin werden. Aber ich hab’s abgebrochen, als ich bei der Miss-Wahl mitgemacht habe…

Edouard: Sind Sie zur Miss Frankreich gewählt worden?

Kimberley: Ich hätte’s schaffen können! Aber ich habe vor dem Finale aufgeben müssen… Einer von meinen früheren Lovern hat einen Film ins Internet gestellt, den ich vor Langem gedreht habe, nichts Großartiges… Nur eine Jugendsünde…

Edouard (gespannt): Echt?

Igor: Dann sprechen Sie mehrere Sprachen?

Kimberley: Japanisch und Mandarin fließend. Und mit Russisch komme ich auch ganz gut zurecht.

Igor: Das hätte ich vorhin wissen müssen, als ich in diesem Erste-Hilfe-Arsenal rumgestöbert habe. Ich hab einfach das Zyankali nicht finden können. Es war alles auf Koreanisch beschriftet… glaube ich zumindest…

Kimberley: Mit Koreanisch kenne ich mich auch etwas aus. Eine sehr schöne Sprache, sehr musikalisch.

Edouard: Vor allem das Südkoreanische, schätze ich mal.

Kimberley: Ach ja? Wieso?

Edouard: Im Süden spricht man doch immer etwas melodischer, nicht?

Kimberley: Naja…

Natacha: Und Sie, Igor?

Igor (sichtbar mit Anderem beschäftigt): Ich glaube, das ist jetzt kein guter Zeitpunkt für mich, um Zukunftspläne zu schmieden…

Kimberley: Mein Gott! Spüren Sie schon die ersten Wehen? Ich meine: Krämpfe?

Igor: Ich lasse Sie noch weiter ins Neue Jahr feiern… (Er steht mit Mühe auf und reicht Natacha einen Brief) Hier. Ich habe Ihnen ein paar Zeilen geschrieben, für den Fall… (Natascha nimmt den Brief geistesabwesend entgegen) Lesen Sie ihn, sobald ich nicht mehr da bin. Ich mag keine Abschiede…

Natacha (betroffen): Ich begleite Sie.

Igor: Nein, nicht nötig. Ich gehe lieber allein… Ich wünsche Ihnen allen einen guten Flug…

Kimberley: Ebenso…

Er verlässt die Szene, die anderen drei bleiben versteinert zurück.

Edouard: Die Besten erwischt es immer zuerst.

Natacha steht auf, nimmt das leere Glas von Igor, prüft den Bodensatz und riecht daran.

Natacha: Da war gar kein Zyankali in seinem Glas.

Edouard: Woher wissen Sie das?

Natacha: Zyankali verbreitet immer einen leichten Geruch nach bitteren Mandeln. Es ist mir manchmal im Labor untergekommen. Und ich hab eine feine Nase…

Kimberley greift ebenfalls nach dem Glas und riecht daran.

Kimberley: Ich auch. Ich habe eine Anti-Allergie-Seife, die riecht genau so.

Edouard (besorgt): Also ist es nur die Gans, die ihm schlecht bekommen ist und sterben wird einer von uns dreien?

Natacha riecht auch an den anderen drei Gläsern.

Natacha: In keinem der vier Gläser war Zyankali.

Kimberley: Aber er hat gar nicht gut ausgesehen.

Edouard: Was soll das heißen?

Natacha: Das heißt, dass er das Gift zu sich genommen hat, noch bevor er die Gläser eingeschenkt hat. In voller Absicht. Sie haben ja auch gesehen, dass er genau wusste, dass er sterben wird. Warum hätte er sonst diesen Brief geschrieben…?

Kimberley: Aber… warum?

Natacha: Er hat sich für uns geopfert. Freiwillig. Aber er wollte nicht, dass wir es erfahren…

Edouard: Warum denn? Das ist doch sinnlos!

Natacha: Bestimmt, um unser Gewissen zu beruhigen. Wir sollten glauben, dass das Schicksal gewollt hat, dass wir gerettet werden – und nicht sein Freitod. Außerdem geht es den wahren Helden nicht um die Ehre…

Kimberley: Mein Gott…

Edouard: Was für ein Mann…

Natacha: Ja…

Edouard: Und was steht in dem Brief?

Natacha: Den lese ich lieber erst später, wenn Sie erlauben…

Edouard: Ja klar, aber… vielleicht ist es wichtig… Er war doch der Pilot… Ich weiß nicht… Vielleicht sind das die Anweisungen für die Landung.

Natacha gibt nach, öffnet den Umschlag und beginnt, den Brief leise zu lesen. Die anderen sehen ihr gespannt zu.

Kimberley: Und?

Natacha: Es ist eine Art Testament…

Edouard: Hat er uns etwas hinterlassen? Das ist wirklich großzügig von ihm…

Kimberley wirft ihm einen vorwurfsvollen Blick zu.

Natacha: Es ist eher so etwas wie ein moralischer Nachlass…

Edouard: Moralisch… Inwiefern?

Natacha: Er möchte, dass Ihre Stiftung seinen Namen trägt…

Edouard: Welche Stiftung? (Die beiden anderen werfen ihm einen ungläubigen Blick zu.) Ach ja … die Stiftung.

Kimberley: Um Himmels willen…

Natacha: Und Sie, Kimberley, Sie sollen auch Ihr Versprechen halten…

Kimberley: Mein Versprechen?

Natacha: Ja, das Versprechen, Ihr Studium wieder aufzunehmen… Er hinterlässt Ihnen sein Sparbuch, damit Sie das auch verwirklichen können…

Edouard: Mit wie viel drauf?

Natacha: Fünfzehntausend Euro.

Edouard: Ah… Immerhin.

Kimberley: Für Sie wird er doch auch ein paar Worte übrig gehabt haben…

Natacha: Ja, da sind ein paar Empfehlungen für die Landung. Das zweite Triebwerk hat etwas Schub verloren …

Edouard: Und…?

Natacha (bewegt): Der Rest ist sehr persönlich…

Edouard und Kimberley tauschen einen verlegenen Blick aus, als sie sehen, dass Natacha kurz davor ist, in Tränen auszubrechen. Plötzlich beginnt das Funkgerät an der Wand, wieder rot zu blinken. Natacha nimmt mechanisch ab.

Natacha: Ja…? (fassungslos) Nein? Und das sagen Sie uns erst jetzt? Ok, ich melde mich wieder…

Edouard und Kimberley sehen sie fragend an.

Edouard: Was ist jetzt wieder los?

Natacha: Sie haben es hinbekommen, das Leck in der Hauptbelüftungsanlage wieder abzudichten…

Edouard: Und das heißt?

Natacha: Wir haben wieder für alle genug Sauerstoff bis zur Landung.

Kimberley: Großartig! (begreift) Oh, mein Gott! Igor…

Natacha (läuft überstürzt raus) Ich sehe nach, ob es noch nicht zu spät ist…

Edouard und Kimberley bleiben allein zurück.

Edouard: Solche Versager… Die bekommen was von mir zu hören, da unten. Präsentiert haben sie‘s uns wie einen Luxuszug à la Orient Express… Zusammengestückelt, ja. Das Triebwerk vom amerikanischen Shuttle, das Cockpit von der Europäischen Raumstation, die Sauerstoffversorgung von den Russen…

Kimberley: Und der Erste-Hilfe-Schrank von den Nordkoreanern.

Edouard: Das ist der Turm von Baby Bel, diese Rakete! Ich werde mein Geld zurückverlangen. Aber Hauptsache, wir sind am Leben! Wir haben’s geschafft, wir sind aus dem Schneider, Kimberley! Ist Ihnen das klar? Sie sehen nicht besonders zufrieden aus…

Kimberley: Armer Igor…

Edouard: Tja… Das kommt dabei heraus, wenn man den Helden spielt… Es war schon gut, keinen vorauseilenden Gehorsam zu leisten…

Kimberley: Immerhin… Was für eine Courage… Und gut ausgesehen hat er auch, ehrlich gesagt…

Edouard: Und wie steht’s mit mir? Knackig frisch! (Munter) Und Sie, Sie haben als junges Mädchen in einem Pornofilm mitgemacht? Das sind ja ganz neue Seiten, die ich an Ihnen entdecke, Kimberley. Und polyglott sind Sie auch noch!

Kimberley: Danke!

Edouard: Sagen Sie mal, Kimberley, dieses ganze Abenteuer hat mich nachdenklich gemacht. Oder reifer, würde ich sogar sagen… Ich habe einen Vorschlag für Sie. Ich bräuchte jemanden, dem ich vertrauen kann, für die Leitung…-

Kimberley (begeistert): … Ihrer Stiftung?

Edouard: Welche Stiftung?

Kimberley: Ihre Welthungerhilfe!

Edouard: Ach die… Nein, ich habe eher daran gedacht… kommt auf das Gleiche heraus… Ich suche jemand für die Vertriebsleitung, der den asiatischen Markt erobert…

Kimberley: Den asiatischen Markt?

Edouard: Ich bin sicher, dass Sie in diesem Teil der Welt eine großartige Botschafterin für Wurst wären.

Kimberley: Glauben Sie wirklich…?

Edouard: Sie sprechen fast so viele Sprachen wie der Papst, aber mit Ihrem Aussehen… Das spielt heutzutage eine große Rolle, das Aussehen! Wie soll der Vatikan mit so einem zerknitterten Vertreter, der wie eine dehydrierte Wurst aussieht, nach China expandieren?

Kimberley: Eine dehydrierte Wurst?

Edouard: Eine Milliarde Chinesen, die heute nichts als Nems und Frühlingsrollen zum Beißen haben! Stellen Sie sich nur vor: wenn Sie die alle zur Wurst bekehren könnten? Das wär ein Gemetzel!

Kimberley: Mhm…

Edouard: Und was die Werbung angeht, unter uns, mir ist da eine geniale Idee gekommen, als ich mit Ihnen vorhin den Himmel bewundert habe…

Kimberley: Ach ja…?

Edouard mach eine theatralische Geste in Richtung Mond, die seine tolle Idee unterstreichen soll.

Edouard: Ich projiziere mit einem Laser von einem Satelliten aus ein Bild von meiner Wurst auf die Mondoberfläche, mit meinem Namen drauf in Großbuchstaben! Können Sie sich die Wirkung vorstellen? Das wäre von überall auf der Erde sichtbar! Und das im Zeitalter der Globalisierung!

Kimberley ist ganz betäubt, aber kommt nicht mehr zu einer Antwort. Natacha ist hereingekommen, vollkommen aufgelöst.

Natacha: Er liegt bewusstlos in seiner Koje… Nicht wach zu bekommen… Ich werde ihm folgen…

Edouard: Wie: ihm folgen?

Kimberley nimmt Natacha Tablettenröhrchen aus den Händen.

Kimberley: Oh, mein Gott… Sie hat auch eine von den Zyankali-Kapseln geschluckt…

Edouard: Bloß das nicht! Dann gehen wir alle drauf! (Kimberley sieht erstaunt zu ihm) Wer soll denn jetzt die Raumfähre zur Erde zurückbringen?

Natacha: Ach, das hab ich ganz vergessen… Lebt wohl und werdet glücklich miteinander. Ich folge dem geliebten Mann nach. Für alle Ewigkeit… Aber erst mache ich noch einen Umweg über die Toilette…

Natacha geht ab.

Edouard (außer sich): Die haben uns aber auch nichts erspart…

Kimberley: Ist das nicht erschütternd?

Edouard: Was?

Kimberley: Erst Igor, dann Natacha… Er beschließt zu sterben, um sie zu retten und sie folgt ihm in den Tod nach. Das ist wahnsinnig romantisch!

Edouard: Das ist vor allem echt bescheuert.

Kimberley: Das ist echt Shakespeare! Was für ein Liebesbeweis! Würden Sie für mich in den Tod gehen?

Edouard: Ich hab jetzt sowieso keine andere Wahl mehr. Wir werden alle umkommen.

In diesem Augenblick erscheint Igor wieder. Er taumelt. Auch er hält eine Tablettenröhrchen in den Händen.

Kimberley (verwundert): Das ist jetzt aber echt wie bei Romeo und Julia…

Igor: Ich versteh nicht, ich hab zwei Zyankali-Kapseln geschluckt und fühl mich nur leicht schläfrig…

Kimberley untersucht neugierig das Röhrchen, das Igor in der Hand hatte.

Kimberley: Das ist kein Nordkoreanisch, das ist Südvietnamesisch. (Sie schaut noch einmal nach) Und das ist kein Zyankali – das ist ein Schlafmittel, mit Haltbarkeitsdatum bis 1973.

Edouard: Kein Wunder, dass es nicht mehr wirkt. Aber dann sind wir gerettet. Er kann die Raumfähre zurück zur Erde steuern. Wenn wir’s schaffen, ihn noch eine knappe Stunde wachzuhalten…

Igor: Wo ist Natacha?

Kimberley (verlegen): Jaa… es ist so, dass… –

Edouard: Fühlen Sie sich wieder flugtüchtig? Sonst – zeigen Sie mir schnell, wie alles funktioniert, bevor Sie wieder einschlafen. Es kann ja nicht so kompliziert sein, eine Rakete zu steuern… Wie gesagt, ich hab bei der Armee den LKW-Führerschein gemacht.

Igor: Was ist passiert?

Kimberley: Wir sind gerettet, Herr Kommandant. Die haben’s geschafft das Hauptbelüftungssystem zu reparieren. Wir können wieder nach Hause…

Igor: Und Natacha? Was ist mit ihr, sagen Sie schon!

Kimberley: Es ist so, dass… –

Edouard: Na, kommen Sie schon, es laufen doch auch noch andere schöne Frauen rum…

Kimberley: Sie hat Sie für tot gehalten…

Igor sieht das Röhrchen, das Natacha auf dem Tisch gelassen hat und nimmt es auf.

Igor: Sie hat doch nicht… –

Kimberley: Leider doch, Igor… Aber Sie können sicher sein: sie hat Sie auch geliebt…

Igor: Oh, mein Gott… Dann wäre ich auch lieber tot…

Edouard: Ach neee! Nicht schon wieder! Es nervt langsam!

Kimberley nimmt Igor das Röhrchen aus der Hand und liest, was drauf steht.

Kimberley: Edouard hat Recht. Das würde ich an Ihrer Stelle sein lassen… Igor und Edouard sehen sie fragend an) Das ist auch kein Nordkoreanisch, das ist Tibetisch… (Sie schaut noch einmal nach) Und das ist auch kein Zyankali, sondern ein starkes Abführmittel auf pflanzlicher Basis…

Edouard: Mit abgelaufener Haltbarkeit?

Kimberley: Leider nein…

Edouard: Und das bei diesen Toiletten mit Schwerelosigkeit…

Kimberley: Das wird ein echter Tsunami…

Natacha kommt hereingelaufen.

Natacha: Weiß vielleicht einer, wo in dieser Raumfähre noch Reserve-Klopapier ist… (Sie sieht Igor) Igor? Sie leben ja noch?!

Igor: Ja, Natacha! Wie durch ein Wunder! Wir sind gerettet! Es war nur ein Schlafmittel! Und Sie, Sie werden mit Montezumas Rache davonkommen!

Natacha: Das ist echt …wunderbar!

Igor: Ich liebe Sie, Natacha. Vom ersten Augenblick an, als ich Sie gesehen habe. Wollen Sie meine Frau werden?

Natacha: Ja, Igor… (Sie umarmt ihn unter den gerührten Blicken der anderen Beiden) Aber entschuldigen Sie mich einen Moment, ich komme gleich wieder…

Sie läuft raus und hält sich dabei den Bauch. Igor fällt derweil wieder in tiefen Schlaf.

Edouard: Das sind die zwei Richtigen, um diese Müllkutsche heimzubringen…

Kimberley ist den Tränen nahe und flüchtet sich in die Arme von Edouard.

Kimberley: Mein Gott! Diese ganzen Emotionen… Ich glaube, mein armes Herz wird gleich aufhören zu schlagen…

Edouard (etwas durcheinander): Sie haben Recht… Mir wird auch allmählich bewusst, wie kurz das Leben ist… Und nach allem, was wir gerade gemeinsam durchgemacht haben… Wollen Sie mich heiraten, Kimberley?

Kimberley: Wären Sie wirklich bereit, mich zu heiraten, Edouard? Trotz meiner Jugendsünden?

Edouard: Das Schlimmste liegt hinter uns. Das Beste kommt erst. Ich verspreche Ihnen den Mond, Kimberley!

Kimberley: Den Mond?

Edouard: Wenn ich Sie heirate, tragen Sie meinen Namen! Sie wissen doch: der Laser! Der Name des Wurstkönigs, in Großbuchstaben auf den Mond projiziert. Wollen Sie meine Königin werden, Kimberley?

Kimberley: Bekomme ich dann auch meinen Twingo?

Edouard: Das wird Ihr Hochzeitsgeschenk! Mit allem Zubehör! Einschließlich Zigarettenanzünder und eingebautem Wurstgrill!

Kimberley: Oh, Edouard… also, ja… Ich nehme Ihren Antrag an…

Sie wollen sich gerade umarmen, als das Funkgerät wieder rot blinkt. Sie tauschen einen besorgten Blick aus. Schließlich nimmt Edouard ab.

Edouard: Ja…? (Er hört einen Moment mit ernster Miene zu, dann dreht er sich zu Kimberley, mit breitem Lächeln) Sie haben es sogar geschafft, das verstopfte Klo in Ordnung zu bringen!

Kimberley: Na dann: Ende gut, alles gut…

Ende

Zum Autor

Jean-Pierre Martinez, geboren 1955 in Auvers-sur-Oise bei Paris, hat seine ersten Bühnenerfahrungen als Schlagzeuger verschiedener Rockgruppen gemacht. Nach Studium und eigener Lehre von Text- und Bildsemiotik an sozial- und theaterwissenschaftlichen Hochschulen (Ecole Pratique des Hautes Etudes en Sciences Sociales, EHESS; Conservatoire européen d’écriture audiovisuelle, CEEA) wurde er in der Werbebranche tätig, verfasste nebenher schon bald Drehbücher für das Fernsehen und kehrte schließlich als Theater-Autor und Dramaturg an die Bühne zurück.

Martinez zählt zu den produktivsten und meistgespielten der heutigen Theater- und TV-Drehbuchautoren Frankreichs und des französisch-sprachigen Auslands. Bis dato hat er an die 100 TV-Drehbücher und mehr als 80 Komödien verfasst, von denen einige zu Klassikern geworden sind (Vendredi 13 oder Strip Poker). In englischer und spanischer Übersetzung werden seine Theaterstücke regelmäßig auf Bühnen in Nord- und Lateinamerika gespielt.

Um seine Komödien interessierten Theatergruppen nahezubringen, hat Martinez sie zum freien Download auf einer eigenen Internet-Plattform eingestellt: La Comédiathèque, comediatheque.net. In Papierform können die Texte über die Webseite The Book Edition bestellt werden (zum Preis der entsprechenden Fotokopien).

Zum Übersetzer

Dr. phil. Hans-Joachim Bopst, Studium von Romanistik, Germanistik und Deutsch als Fremdsprache; nach über 10 Jahren Lehre an französischen Universitäten seit 1992 in der Übersetzerausbildung an der Universität Mainz / Germersheim tätig; Lehre, Forschung, Veröffentlichungen und Übersetzungen zu Tourismus, Sprachwissenschaft, Didaktik; zahlreiche Gastdozenturen, Vorträge und Workshops an in- und ausländischen Universitäten; seit 2016 Übersetzung der Komödien von Jean-Pierre Martinez.

Grundlage für die deutsche Übersetzung der Stücke von Jean Pierre Martinez waren Übersetzungsübungen, die unter meiner Leitung am Fachbereich Translations-, Sprach und Kulturwissenschaft (FTSK) der Universität Mainz / Germersheim zwischen 2018 und 2020 stattfanden.

Mein Dank für Kreativität, Korrekturen und Tipps an alle beitragenden Studierenden und Kolleg*innen !

Hans-Joachim Bopst

In deutscher Übersetzung liegen folgende Theaterstücke von Jean-Pierre Martinez vor:

Die Touristen

Vier Sterne

Freitag, der 13.

Strip Poker

Alle Stücke von Jean-Pierre Martinez einschließlich der Übersetzungen können gratis von seiner Webseite heruntergeladen werden:

comediatheque.net

Das Werk einschließlich aller seiner Teile ist nach den Bestimmungen über geistiges Eigentum urheberrechtlich geschützt. Jede Verwertung des Werks – insbesondere die Bühnenaufführung – außerhalb der engen Grenzen des Urheberrechtsgesetzes und ohne Einwilligung von Autor und Übersetzer ist unzulässig und strafbar und kann zu hohen Schadensersatzansprüchen führen.

Text-Download: kostenlos

Paris / Heidelberg / Germersheim – März 2020

© La Comédi@thèque – ISBN 978-2-37705-418-3

Alle Stücke von Jean-Pierre Martinez einschließlich der Übersetzungen können als pdf-Datei gratis von seiner Webseite heruntergeladen werden oder von ihm als Buch bezogen werden : LA COMÉDIATHÈQUE

Vier Sterne Lire la suite »

Die Touristen

Theaterstücke von Jean-Pierre Martinez in deutscher Übersetzung

Zum Autor

Jean-Pierre Martinez, geboren 1955 in Auvers-sur-Oise bei Paris, hat seine ersten Bühnenerfahrungen als Schlagzeuger verschiedener Rockgruppen gemacht. Nach Studium und eigener Lehre von Text- und Bildsemiotik an sozial- und theaterwissenschaftlichen Hochschulen (EHESS, Ecole Pratique des Hautes Etudes en Sciences Sociales; Conservatoire européen d’écriture audiovisuelle, CEEA) wurde er in der Werbebranche tätig, verfasste nebenher schon bald Drehbücher für das Fernsehen und kehrte schließlich als Theater-Autor und Dramaturg an die Bühne zurück.
Martinez zählt zu den produktivsten und meistgespielten der heutigen Theater- und TV-Drehbuchautoren Frankreichs und des französisch-sprachigen Auslands. Bis dato hat er an die 100 TV-Drehbücher und mehr als 70 Komödien verfasst, von denen einige zu Klassikern geworden sind (Vendredi 13 oder Strip Poker). In englischer und spanischer Übersetzung werden seine Theaterstücke regelmäßig auf Bühnen in Nord- und Lateinamerika gespielt.
Um seine Komödien interessierten Theatergruppen nahezubringen, hat Martinez sie zum freien Download auf einer eigenen Internet-Plattform eingestellt: La Comédiathèque, comediatheque.net. In Papierform (zum Preis der entsprechenden Fotokopien) können die Texte über die Webseite The Book Edition bestellt werden. Die Rechte für die Bühnenaufführung können / müssen über die Verwertungsgesellschaft SACD erworben werden.


Alle Stücke von Jean-Pierre Martinez können gratis von seiner Webseite heruntergeladen werden:


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Der vorliegende Text möchte Sie zur Lektüre einladen.

Wenn Sie ihn öffentlich darbieten möchten – gleich ob auf einer etablierten Bühne oder in einem Laientheater – müssen Sie die Aufführungsrechte beim Autor einholen:

Kontakt: comediatheque.net


Die Touristen

Ein Touristen-Pärchen aus Paris hat in einem nord­afrikanischen Land nach dem Arabischen Frühling eine Ferien­wohnung günstig zu mieten bekommen… Aber in dem Haus hat sich schon ein anderes Pärchen breitgemacht…

Personen

Maurice – Delphine – Patrick – Brigitte

© La Comédi@thèque

ERSTER AKT

Terrasse einer Villa irgendwo in Nordafrika. Gartentisch, ein paar Stühle. Zwei Liegestühle. Maurice und Delphine, Pariser ‚Bobos‘, eine Mischung aus Bohème und Schickeria, treten auf, sichtlich erschöpft. Maurice zieht einen Edel-Trolley, Marke ‚Louis Vuitton‘, hinter sich her.

Delphine: Zu früh sind wir nicht da… Von wegen: „20 Minuten vom Flughafen“!

Maurice: Mit dem Hubschrauber, vielleicht.

Delphine: Und dann noch in diesem Viehtransporter, den die hier „Autobus“ nennen… Ich hab‘s Dir ja gesagt, wir hätten ein Taxi nehmen sollen.

Maurice: Aber du musst zugeben, es war ziemlich landestypisch…

Delphine: Was? In einem Abteil mit diesen Nutztieren fahren? Ich rieche bestimmt wie eine Ziege, oder?

Maurice: Ich rieche nichts.

Delphine: Sie hätten uns wenigstens vorwarnen können, dass es ein Omnibus ist… Zwei Stunden Fahrt bis hierher…

Maurice stellt den Koffer ab und bewundert die Landschaft.

Maurice: Hauptsache, wir sind angekommen! Und die Aussicht ist wirklich einzig­artig. Schau mal!

Delphine schaut ihrerseits, fast lächelt sie schon, da verdunkelt sich ihre Miene plötzlich wieder.

Delphine: Und wo ist das Meer? Auf der Webseite stand: Terrasse mit Meerblick!

Maurice schaut angestrengt und wird fündig.

Maurice: Ah, doch, da hinten…

Delphine: Ich sehe nichts… Wo denn?

Maurice: Doch. Da, ganz links. Zwischen den zwei Kamelen.

Delphine: Naja… wenn man sich rausbeugt… und mit einem guten Fernglas…

Maurice (mit einer zärtlichen Geste): Komm schon… Hauptsache, wir sind am Ziel, du und ich, und feiern ab jetzt unsere zweiten Flitterwochen.

Delphine (nicht mehr ganz so missmutig): Du hast Recht. 10 Jahre verheiratet! Nicht zu glauben! Würdest Du’s noch mal machen?

Maurice: Mit geschlossenen Augen!

Delphine: Und mit offenen Augen?

Maurice: Du wirst schon sehen, wir haben‘s hier bestimmt gut getroffen. Auf jeden Fall wird es gemütlicher als in diesem Billig-Flughafen-Terminal von Beauvais….

Delphine: Puh! 11 Stunden Verspätung… In denen sie einem 11 Tage alte Sandwiche in die Hand drücken, mit denen du dir eine Lebensmittelvergiftung einhandelst, noch bevor du an Bord gehst. Alles pure Geldschneiderei – sogar die Papiertüten fürs Kotzen im Flugzeug kosten extra.

Maurice: Du musst es von der guten Seite sehen: wir sind schon mal gegen Montezumas Rache geimpft…

Delphine: Und dann haben wir auch noch unsere ganzen Sachen in einen einzigen Koffer stopfen müssen, um kein Übergepäck zu zahlen.

Maurice: Dafür reist man dann „unbeschwerter“! Ich bin sicher, wir hätten sonst lauter nutzloses Zeug mitgenommen.

Delphine: Nutzlos? Du weißt genau, dass eine Frau im Gepäck nur Unverzichtbares hat, Sachen, ohne die gar nichts geht, vor allem nicht im Urlaub. Du verwechselst das Unverzichtbare mit dem Überflüssigen.

Maurice: Damals die Seychellen, mit Air France und in diesem Hotel vom Club Med… das war schon ein bisschen wie im Film, nicht?

Delphine: Ach, da, wo wir in unseren Flitterwochen waren…

Maurice: Mhm! Die Seychellen, das war noch das echte Abenteuer. Aber heute ist das ja schon abgedroschen…

Delphine: Ich hätte nichts dagegen gehabt, unseren Hochzeitstag konventionell zu feiern.

Maurice: Dafür unterstützen wir jetzt die Befreiungsbewegungen im Maghreb… Hast Du die Wahlplakate an den Hauswänden gesehen? Spürst du den Hauch von Demokratie, der in diesem Land weht?

Delphine: Najaa… Ob wir durch das Buchen einer Ferienwohnung mit Swimming-Pool für die Wiederauferstehung des Tourismus nach der Revolution sorgen – ich weiß nicht so recht. Oder hältst du dich jetzt etwa für Che Guevara?

Maurice: Aber wenn jeder einen solchen Solidaritätsurlaub buchen würde…

Delphine: Die Seychellen, haben die eine Demokratie?

Maurice: Ich weiß nicht, ob das überhaupt ein Land ist.

Delphine: Wem sollen die denn gehören?

Maurice: Irgend so einem Reiseveranstalter?

Sie sehen sich um.

Delphine: Also… was machen wir jetzt? Sollen wir warten, bis jemand kommt?

Maurice: Da ist offen, schau mal.

Delphine: Also, ich hab gedacht, dass der Besitzer da ist und uns begrüßt, so in der Landestracht, im Schneidersitz auf einem Orient-Teppich, mit Pfefferminz-Tee. Wo ist denn die sprichwörtliche arabische Gastfreundschaft hingekommen? Naja. Ich sage dir, so eine Revolution hat nicht nur ihr Gutes. Die traditionellen Sitten und Gebräuche gehen verloren…

Maurice: Wenigstens beweist das, dass es hier sicher ist. Wenn man in Paris die Tür offen stehenlässt… dann ist später nicht mal mehr die Türe da.

Delphine: Gut, lass uns gucken, wie es drinnen aussieht. Ich will nur noch eines: unter die Dusche und mir was Frisches anziehen…

Maurice: Ich auch.

Sie gehen mit ihrem Trolley ins Haus… Kaum sind sie drinnen, kommt ein anderes Ehepaar auf die Terrasse. Prollig angezogen. Er (Patrick) hat ein Short und ein T-Shirt mit einem Werbespruch an. Sie (Brigitte) sieht sexy aus, aber auch etwas vulgär, knapp bekleidet mit einem Pareo, einem Hüfttuch. Sie kommen vom Swimming-Pool. Patrick trägt einen zusammengeklappten Sonnenschirm und ein Kofferradio, Brigitte eine Kühltasche.

Patrick: Bohey, was für eine Affenhitze am Pool, ohne den Sonnenschirm und die Kühltasche wären wir draufgegangen… Wie wär’s mit einem Durstlöscher, Baby?

Brigitte: Ich könnte das ganze Meer austrinken, mitsamt den Fischen…

Sie lassen sich in den Liegestühlen nieder. Brigitte langt nach der Kühltasche, die sie neben sich gestellt hat.

Brigitte: Was darf’s denn sein, Bärchen?

Patrick: Genau… ein Bierchen wär jetzt recht.

Sie gibt ihm ein Dosenbier rüber und nimmt sich ein Cola Light.

Brigitte: Das ist aber das letzte, wir müssen welches nachkaufen.

Patrick: Was? Schon?

Brigitte: Wie viele hast du n getrunken, seit heute früh?

Patrick: Wenn’s schmeckt, dann zählt man nicht…. Glaubst du, dass die hier Bier haben?

Brigitte: Vielleicht alkoholfreies.

Patrick: Bloß nicht !

Brigitte: Das sind doch hier Moslems.

Patrick: Da wären wir besser wieder an die Costa Brava gefahren, oder?

Brigitte: Die Costa Brava? Aber das ist doch jetzt so was für reiche Pinkel geworden.

Patrick: Findest du?

Brigitte: Und bei dem, was dieses Jahr passiert ist, hätten wir doch eh keinen Bock gehabt, da wieder hinzufahren, oder?

Patrick: Und auch nicht die Kohle… Das ist ja jetzt teurer als in Frankreich!

Brigitte: Vor allem, seitdem die auch den Euro haben.

Patrick: Und die Kriminalität bei denen… Wie die uns letztes Jahr die Wagentür aufgebrochen haben… Früher, beim Franco, hat’s so was nicht gegeben.

Brigitte: Eigentlich war ich bisher kein großer Fan von arabischen Ländern. Aber die Preise sind einfach unschlagbar.

Patrick: Und dann sind das ja auch keine echten Araber hier, oder?

Brigitte: Wieso? Was sollen die denn sonst sein?

Patrick: Keine Ahnung… Vielleicht Beduinen?

Brigitte: Beduinen? (sie denkt nach) Aber die Beduinen – sind das keine Araber?

Patrick: Ich glaub eher nicht…

Sie trinken aus ihren Getränkedosen und brüten weiter.

Brigitte: Die Beduinen – sind das nicht die, die in der Wüste leben?

Patrick: Wieso?

Brigitte: Na, weil wir hier nicht in der Wüste sind! Wir sind am Meer.

Patrick: Solche auf Kamelen, meinst du? Aber das sind doch die Tuareg, oder?

Brigitte: Und die Tuareg, sind das etwa auch keine Araber?

Patrick: Was weiß denn ich!

Brigitte: Aber Moslems sind sie schon?

Patrick: Wer?

Brigitte: Mann, die Beduinen!

Patrick: Ja, schon, was denn sonst … Ich meine, wir sind in der Wüste und gleichzeitig am Meer. … Schau, da drüben, ein Kamel! Oder ein „Wüstenschiff“, wie die hier sagen.

Brigitte (gähnt): Ehrlich? Ich bin noch ganz fertig von der Reise.

Patrick: Wir sind doch erst vor einer Stunde angekommen.

Brigitte: Das muss die Zeitverschiebung sein.

Patrick: Ist aber nur eine Stunde Zeitverschiebung zu uns! Und auch nur im Sommer…

Brigitte: Aber wenn man nicht daran gewöhnt ist…

Patrick: Stimmt: es ist Mittag und ich hab noch keinen Kohldampf…

Brigitte: An der Costa Brava hat‘s kein solches Problem mit dem Jetlag gegeben.

Patrick: Also, bevor mir der Magen zu knurren anfängt, blende ich mich mal siestamäßig aus. Was hältst du davon?

Brigitte: Da genieren wir uns einfach nicht! Ist ja schließlich Urlaub, gell!

Sie schlummern ein… Von der anderen Terrassenseite kommen Maurice und Delphine wieder. Sie sehen Patrick und Brigitte in ihren Liegestühlen nicht gleich.

Maurice: Gar nicht so übel, oder?

Delphine: Etwas einfach, aber es geht schon.

Maurice: Wenn du bedenkst, dass diese Leute sich gerade erst von einer Diktatur erholen, die ein halbes Jahrhundert gedauert hat…

Delphine: Wieso ein halbes Jahrhundert? War es davor eine Demokratie?

Maurice: Es war, soweit ich weiß, eine Monarchie.

Delphine: Und wer genau ist dieser Kandidat für die ersten demokratischen Wahlen?

Maurice: Welcher?

Delphine: Gibt es mehrere?

Maurice: Aber ja doch!

Delphine: Ich meine den, den man auf allen Wahlplakaten sieht !

Maurice: Ach, der Spitzenkandidat… Das ist der ehemalige Justizminister.

Delphine: Der Justizminister von dem Diktator, den sie gerade gestürzt haben?

Maurice: Ja, das ist zumindest das, was ich in der Zeitung gelesen habe…

Delphine: Und das ist dir nicht komisch vorgekommen?

Maurice: Was?

Delphine: Dass Diktatoren einen Justizminister haben?

Maurice: Ach, diese armen Teufel haben noch nie so etwas wie eine Demokratie gehabt. Sie werden natürlich einige Zeit brauchen, um sie in ihrem wahren Wert zu erkennen.

Delphine: Tja… Demokratie nach französischem Vorbild ist wie Wein besonderer Herkunft oder feines Parfum, das verlangt schon eine gewisse Kultur…

Maurice: Man muss das Gespür dafür haben.

Delphine: Und eine gute Nase. Bist du sicher, dass ich nicht nach Ziege rieche?

Maurice: Du riechst wie immer…

Delphine: Puh, diese Hitze! … Du hast schon Recht: die Revolution zu unterstützen ohne Klimaanlage, das grenzt an Heldentum.

Maurice: Aber hast du gesehen? Die haben sogar Getränke im Kühlschrank kaltgestellt wo du schon an ihrer Gastfreundlichkeit gezweifelt hast…

Patrick gibt einen Schnarchlaut von sich, wodurch Maurice und Delphine auf das andere Ehepaar aufmerksam werden, das noch immer vor sich hinschlummert.

Delphine: Wer ist denn das?

Maurice: Das müssen die Besitzer sein…

Delphine: Sie sehen aber nicht sehr arabisch aus.

Maurice: Vielleicht sind es Kabylen…

Delphine: Sie haben eher den Look von Debilen.

Maurice: Sprechen Sie Französisch?

Patrick und Brigitte sind von der Unterhaltung der beiden anderen aufgewacht und kommen langsam zu sich. Maurice und Delphine blicken sie mit leichtem Entsetzen an.

Patrick: Wir waren nur ein bisschen abgetaucht… Ist das Ihr Laden?

Delphine: Unser Laden?

Maurice: Er meint, ob wir die Vermieter sind.

Delphine: Ja, danke, ich hab schon mal einen Film mit Jean-Paul Belmondo gesehen. Aber ich habe nicht gedacht, dass die einfachen Leute auch so reden. (Zu Patrick) Was machen Sie hier, guter Mann, wenn Sie nicht der Besitzer sind? Wollen Sie den Rasen mähen?

Patrick: Wir wohnen hier!

Brigitte: Also…urlaubshalber…

Maurice: Was soll das heißen? Diese Villa haben wir gemietet!

Patrick: Wir auch, aber so was von!

Maurice: Ich hab’s… Diese Herrschaften haben die Villa in der Zeit vor uns gemietet… Sie wollen gerade aufbrechen, nicht wahr?

Brigitte: Von wegen! Wir sind ja erst vor einer Stunde angekommen.

Patrick: Und bleiben eine Woche. Und Sie?

Maurice: Wir auch.

Delphine: Das ist ein Alptraum, Maurice, tu was …

Maurice: Da muss ein Missverständnis vorliegen. Der Besitzer kommt bestimmt gleich und wird alles aufklären. Haben Sie ihn schon gesehen, den Besitzer?

Patrick: Nee, und Sie?

Maurice: Nein, noch nicht.

Brigitte: Wir sind vor einer Stunde mit einem Taxi hergekommen.

Delphine: Da siehst du‘s! Wenn wir ein Taxi genommen hätten, wären wir als erste da gewesen…

Patrick: Es war alles offen, da sind wir reingegangen.

Brigitte: Wir haben noch nicht mal unsere Koffer aufgemacht.

Delphine: Umso besser, dann können Sie ja gleich wieder abreisen!

Patrick: Wir haben gerade mal Zeit für einen Sprung in den Pool gehabt, ohne Klamotten, sozusagen textilfrei.

Brigitte: Wir haben nicht gedacht, dass wir Gesellschaft bekommen…

Delphine (über Patrick): Sein Gesicht kommt mir irgendwie bekannt vor…

Maurice (verlegen): Mir auch… Wahrscheinlich haben wir sie im Flugzeug gesehen

Delphine: Vielleicht sind das Hausbesetzer…

Maurice: Also, ich ruf jetzt den Hausbesitzer an. (Maurice zieht sein Smartphone aus der Hülle, die anderen schauen ihm gespannt zu.)

Maurice: Kein Netz.

Patrick: Arabische Telefongesellschaft.

Brigitte: Der wird bestimmt noch aufkreuzen.

Patrick: Kein Schwein da, soviel steht fest.

Brigitte: Na, das Haus ist groß genug! (Zu Patrick) Und du hast noch gemeint, dass du dich langweilen wirst…

Patrick: Normalerweise machen wir immer mit Freunden Urlaub, aber dieses Mal stehen sie nicht mehr zur Verfügung…

Brigitte: Die haben vor 2 Monaten einen Verkehrsunfall gehabt und sind jetzt beide tot…

Patrick: Das hat ganz schön reingehauen, können Sie sich ja denken.

Brigitte: Wo wir seit Ewigkeiten mit denen zusammen Urlaub gemacht haben.

Patrick: Die haben so ein kleines Apartment an der Costa Brava gehabt.

Brigitte: Und haben uns jedes Jahr im August zu sich eingeladen.

Patrick: Dieses Mal haben wir uns zwangsläufig was Anderes gesucht.

Brigitte: Gar nicht so einfach, für August, können Sie sich ja vorstellen…

Patrick: Da sind wir auf Nordafrika ausgewichen.

Brigitte: Das war nämlich so ein Einführungsangebot…

Patrick: Ist ja auch fast genauso wie die Costa Bra­va, gell?

Brigitte: Statt Paella gibt’s jetzt halt Couscous zum Essen, voilà.

Patrick: Und in Gesellschaft, warum auch nicht, gell, Brigitte?

Delphine (zu Maurice): Du hast das doch hoffentlich nicht alles arrangiert, das Zusammentreffen mit diesen Proleten, so einen flotten Vierer zu unserem Hochzeitstag, so als kleiner Kick? Du weißt genau, dass ich Überraschungen nicht besonders mag…

Patrick: Dann genehmigen wir uns erst mal einen kleinen Aperitif, wie wär’s damit? Baby, bringst du uns ein paar Oliven?

Brigitte geht in die Villa.

Patrick: Bier ist keines mehr da. Wie wär’s mit einem Magenwärmer?

Delphine: Mit was?

Maurice: Er meint so was wie einen Pastis.

Patrick: In diesem Schuppen kommt ein kleiner Pastis gerade recht… Ich hab Pfefferminzsirup. Einen Papagei für die junge Dame?

Delphine (leise zu Maurice): Ich verstehe nicht, was er meint.

Patrick schenkt ein. Brigitte kommt mit den Oliven zurück. Patrick hebt sein Glas.

Patrick: Zum Wohlsein!

Brigitte: Hier, Oliven, greifen Sie zu.

Patrick: Waren Sie schon mal in der Gegend?

Delphine: Wie kommen die dazu, die Villa zweimal zu vermieten?

Maurice: Keine Ahnung.

Delphine: Haben Sie den Mietvertrag?

Patrick: Klar doch, da ist er… (Er hält Delphine den Mietvertrag hin.) Monsieur und MadameMartin… da steht’s…

Delphine: Monsieur und Madame Martin!

Patrick: Aber Sie können einfach Patrick zu mir sagen…

Brigitte: Und ich bin die Brigitte.

Maurice: Wir haben denselben Zunamen.

Patrick: Heißen Sie auch Patrick?

Delphine: Wir heißen auch Martin. Das nennt man eine Homonymie.

Brigitte: Ehrlich?

Patrick: Das ist ja krass.

Brigitte: Kein Wunder, es gibt doch so eine Redensart: dass nicht nur Esel auf den Namen Martin hören!

Patrick: Das hat schon mein Lehrer immer zu mir gesagt. Wir waren zwei mit demselben Namen in der Klasse. Der andere, das war so ein übler Streber! Hat sich immer wie der Klassenbeste aufgeführt. Waren Sie das etwa? Sie sehen ihm nämlich ganz schön ähnlich.

Maurice: Wie kommen Sie denn da drauf?

Patrick: Gell, Baby, ein bisschen sieht er dem Momo ähnlich? Du hast ihn doch auch gekannt, den Momo?

Brigitte: Nö…

Patrick: Ach, natürlich hast du den gekannt! Wir waren zusammen in der Schule! In der GagarinHauptschule. Gagarin! Der Lehrer hat immer zu mir gesagt: Wenn man später mal die Idioten in eine Umlaufbahn schießt, dann dich für immer.

Delphine: Das ist wirklich wie in einem Belmondo-Film.

Brigitte: Sie haben Recht, das muss von dieser Homophobie herkommen.

Delphine: Verzeihung?

Brigitte (zu Maurice): Die müssen geglaubt haben, dass mein Mann und Sie ein und dasselbe Ehepaar sind…

Patrick: Klar doch. Wir haben denselben Namen… Pfff, womöglich sind wir noch Cousins.

Brigitte: Na, das Haus ist ja groß genug. Wenn wir schon fast eine Familie sind warum verbringen wir den Urlaub dann nicht zusammen?

Delphine: Zusammen?

Patrick: Wir teilen uns die Miete!

Brigitte: Und fürs Essen machen wir gemeinsame Kasse.

Patrick: Wie mit unseren Freunden.

Maurice: Ihren Freunden?

Brigitte: Die, die jetzt tot unter der Erde sind.

Patrick: Was halten Sie davon?

Brigitte: Es ist ja eh schon günstig…, wenn wir’s dann noch durch zwei teilen…

Patrick: Dann ist es hier billiger, als wenn wir zu Hause geblieben wären und Fernsehen geschaut hätten, das steht fest.

Brigitte: Wenn‘s im Fernsehen wenigstens was Vernünftiges gäbe!

Delphine (zu Maurice): Na, prächtig… Du wolltest ja auch sparen… Jetzt sag schon was…

Maurice: Im Moment gibt es sowieso keine andere Lösung…

Delphine: Besten Dank, ich habe mir schon gedacht, dass das jetzt kommt. Aber hier in der Umgebung muss es doch Hotels geben, oder?

Patrick: Uuh… Das ist hier eher tote Hose… Was man so vom Taxi aus gesehen hat. Das ist hier Pampa. Oder genauer gesagt: Wüste.

Brigitte: Außer ein paar Zelten von Beduinen.

Patrick: Und die gnädige Frau, wie heißt die?

Maurice: Martin – das habe ich Ihnen doch schon gesagt! Das ist meine Frau. Wir heißen beide Martin.

Delphine (leise, zu Maurice): Die sind so was von zurückgeblieben, das gibt’s doch nicht…

Patrick: Nee, den Vornamen meine ich! Nicht den Mädchennamen.

Delphine: Delphine. Ich heiße Delphine.

Patrick: Alles klar… Und er ist der Maurice. Echt krass. Der Momo Martin! Mein Kumpel von der Schule! Aber der hat doch nicht Maurice geheißen, oder?

Brigitte: Wer möchte noch einen Aperitif?

Maurice: Danke, ich hab genug…

Patrick: Und was machst du so, Momo?

Maurice: Ähm… ich bin Journalist…

Patrick: Für France Soir oder so ein Käsblatt?

Maurice: Golf Magazin International.

Patrick: Aha, ein großer Reporter… (zu Delphine) Und die Dame?

Delphine: Ich bin Malerin.

Brigitte: Malerin? Das ist ja kein sehr üblicher Beruf für Frauen.

Patrick (zu Brigitte): Du wolltest doch deine Küche neu streichen lassen, kannst sie gleich mal nach einem Kostenvoranschlag fragen.

Delphine: Ähm… nein, ich… male keine Küchen…

Brigitte: Ach so? Was malen Sie denn dann?

Delphine: Ich mache hauptsächlich Bilder von Kühen.

Brigitte: Von Kühen?

Delphine: Ab und zu auch von Kälbern.

Maurice: Meine Frau ist Kunstmalerin.

Delphine: Tiermalerin.

Patrick: Ach so… Und Sie haben sich auf Rind spezialisiert?

Brigitte: Da haben Sie aber Pech, hier gibt es nur… Kamele.

Delphine: Wir sind im Urlaub…

Brigitte: Ist ja lustig. Eine Kunstmalerin habe ich noch nie kennengelernt. Und Sie könnten auch ein Porträt von mir malen?

Patrick: Die Dame hat dir doch gesagt, dass sie nur Kühe malt…

Delphine: Und Sie Patrick?

Patrick: Ich hab im Gefrierkost-Sektor zu tun.

Delphine: Ach, daher das T-Shirt…

Maurice: Und Sie, Brigitte, was machen Sie beruflich?

Brigitte: Ich? Ach, zurzeit arbeite ich in einem Massage-Salon.

Maurice (interessiert): In einem Massage-Salon…?

Patrick: Süße… ich hab dir doch gesagt, das heißt ‚Physiotherapeutin‘…

Brigitte: Massage-Salon ist aber einfacher.

Patrick: Meine Frau ist Sprechstundenhilfe …

Brigitte: Ich wette, wir haben einen Haufen Dinge gemeinsam.

Delphine: Sie meinen, außer unserem Namen?

Patrick: Du, Baby, setzt du schon mal die Suppe auf? Ich schiebe einen Kohldampf, kann ich dir sagen…

Brigitte: Bleiben Sie zum Essen?

Patrick: Ich weiß nicht, ob …

Delphine: Lassen Sie nur. Wir wollen doch keine Gewohnheiten einreißen lassen.

Brigitte: Ich übernehme als erste das Geschirr

Delphine: Nein, das ist wirklich nett von Ihnen, aber wir werden hier schon ein kleines Restaurant in der Nähe finden…

Maurice: Wir haben nämlich heute unseren Hochzeitstag.

Patrick: Ja, dann…! Wir werden Ihnen kein Schlaflied singen, gell, Brigitte.

Sie gehen ab.

Delphine: Musstest du ihnen unbedingt sagen, dass heute unser Hochzeitstag ist?

Maurice: Mir ist nichts Anderes eingefallen, wie wir Ihrer Einladung aus dem Weg gehen können.

Delphine: Ehrlich… wir wären besser auf die Seychellen geflogen und hätten die nächste Revolution angezettelt…

Maurice versucht noch einmal zu telefonieren.

Maurice: Immer noch kein Netz…

Delphine: Sag mir, dass das alles nur ein Albtraum ist und dass ich gleich aufwache…

Maurice: Nimm‘s von der guten Seite…

Delphine: Welche gute Seite?

Maurice: Wir hätten doch sonst nie den Abend mit Leuten aus Clichy-sous-Bois verbracht…

Delphine: Wir wollten die Einheimischen von hier kennenlernen, nicht Leute aus der Pariser Banlieue… Woher weißt du eigentlich, dass sie aus Clichy-sous-Bois kommen?

Maurice: Weiß ich nicht, sag ich nur so.

Delphine: Na dann… Was machen wir jetzt?

Maurice: Außer warten…

Delphine: Nein, auf keinen Fall werde ich in dieser Bleibe auch nur eine Nacht mit diesen beiden Schwachköpfen verbringen! Weißt du, was dein Problem ist, Maurice? Du bist so was von energielos, so ein Weichei!

Maurice: Hast du eine bessere Lösung?

Delphine: Ach, was weiß ich! Schau mal im Koffer nach, ob wir die Telefonnummer von dem Reisebüro in Paris haben!

Er bringt den Koffer und versucht, ihn mit einem Schlüssel zu öffnen.

Maurice: Ich krieg ihn nicht auf.

Delphine: Zeig mal…

Sie versucht es auch, aber vergeblich.

Maurice: Hmm… Ist das überhaupt der richtige Schlüssel?

Delphine (entsetzt): Es ist der richtige Schlüssel… aber der falsche Koffer.

Maurice: Was? Aber das ist doch unser Koffer von Vuitton.

Delphine: Der hier ist aber ein echter Vuitton.

Maurice: Wieso? War unserer kein echter?

Delphine: Wir müssen uns vertan haben, als wir den Koffer vom Förderband genommen haben.

Maurice: Vertan? Wie sollen wir uns denn vertan haben?

Delphine: Du hast doch den Koffer vom Band genommen, weil er für mich zu schwer war. Hast du nicht gesehen, dass das hier ein echter Vuitton ist?

Maurice: Ich hab nicht gewusst, dass unserer kein echter ist!

Delphine: Wir haben nichts mehr!

Maurice: Gar nichts?

Delphine: Nichts als die schmutzigen Klamotten, die wir anhaben…!

Maurice: Sei froh, wir haben noch die Pässe, die Kreditkarten und die Reiseschecks…(Sie wirft ihm einen bedeutungsschweren Blick zu.)… Neiiin. Sag bloß…

Delphine: Ich habe die Hülle mit unseren Reiseunterlagen gleich nach der Zollkontrolle in das Außenfach vom Koffer gesteckt…

Maurice: Das ist nicht dein Ernst?

Delphine: Du hast mir doch davon vorgeschwärmt, wie sicher es in diesem Land ist und von allen diesen Vorteilen der 50-jährigen Diktatur… dass man sogar die Haustür offen stehen lassen kann…

Maurice: Ja und?

Delphine: Unsere Reisedokumente sind nicht im Außenfach von diesem Koffer hier!

Maurice: Dann war es also so, dass ich den richtigen Koffer vom Halsband runtergenommen habe…

Delphine: Vom Halsband? Was redest du da?

Maurice: Und das mit der Verwechslung war später, in der Eingangshalle vom Flughafen. Als ich dich mit dem Gepäck alleine gelassen habe und zum Taxistand gegangen bin…

Delphine: Bin jetzt etwa ich schuld?!

Maurice: Jetzt rück raus mit der Wahrheit, Delphine. Hast du den Koffer unbeaufsichtigt gelassen, auch wenn’s nur für einen Augenblick war?

Delphine: Neiiiiin… Bis auf… ich bin nur einen Moment auf die Toilette gegangen… es war ganz dringend… und mit dem Koffer bin ich nicht in die Toilette reingekommen…

Maurice: Okeee…

Patrick und Brigitte kommen mit zwei Konservendosen und Tellern zurück und wollen den Tisch decken.

Patrick: Was ist los, ihr schaut so gequält?

Maurice: Das ist ein fremder Koffer.

Delphine: Den unseren hat man uns geklaut.

Brigitte: Komisch! Uns hat man gesagt, dass es hier sehr sicher ist.

Delphine: Mit unseren ganzen Reiseschecks…

Brigitte: Mit Reiseschecks…?

Patrick: Gibt’s sowas überhaupt noch?

Delphine: Wir haben keinen Cent mehr…

Maurice: Wir haben nicht mal was zu essen…

Brigitte: Na, dann haben Sie ja jetzt keine andere Wahl!

Delphine: Keine Wahl?

Patrick: Wir laden Sie ein! Schatzi, holst du noch 2 Portionen Körner und deckst für die beiden mit?

Delphine: Was ist das?

Patrick: Couscous.

Maurice: Aus der Dose?

Brigitte kommt mit zwei Tellern und zwei Konservendosen für die anderen zurück.

Brigitte: Wir sollen uns hier von frisch zubereitetem Essen fernhalten, hat man uns gesagt.

Patrick: Wegen Montezumas Rache, Sie verstehen schon…

Brigitte: Unser Doc hat uns ausdrücklich Konserven empfohlen…

Maurice: Dosen-Couscous… na toll…

Patrick: Ja, aus der Dose, aber aus regionaler Produktion…

Delphine: Ach, hier gibt’s Couscous aus der Dose? Das ist ja wirklich revolutionär…

Brigitte: Ob’s das hier gibt, weiß ich nicht… Wir haben’s bei Auchan entdeckt, bei uns in Clichy-sous-Bois…

Delphine: Du hast Recht, die sind tatsächlich aus Clichy-sous-Bois.

Patrick: Und aufgepasst… Das ist fair gehandeltes Couscous!

Maurice und Delphine gucken verständnislos.

Brigitte: Abgefüllt von Frauen in einer Konservenfabrik, wo die Menschenrechte eingehalten werden.

Delphine: Auch eine Art, den Arabischen Frühling zu unterstützen…

Patrick (zu Maurice): Ist wirklich krass, deine Aufmachung erinnert mich total an jemanden …

Delphine: Nebenbei, wir haben nichts mehr zum Anziehen.

Patrick: Nicht mal einen Badeanzug für den Pool.

Brigitte: Ich leih Ihnen einen, wenn Sie wollen. Obwohl… ich weiß gar nicht, ob ich einen zweiten dabei habe… Wegen dem Übergepäck… Wir haben ja schon alle Lebensmittel für eine Woche dabei…

Delphine: Dann eben ein Badeanzug für zwei… Wir baden abwechselnd… (Zu Maurice) Oder eben alle textilfrei, mit unseren neuen Freun­den… was meinst du, liebster Maurice?

Brigitte: Soll ich Ihnen ein Kleid leihen?

Delphine: Ich glaub, wir haben nicht ganz die gleiche Größe. … Aber wir versuchen jetzt mal, diesen Koffer aufzubekommen. Vielleicht ist da etwas zum Anziehen…

Brigitte: Na, dann warten wir noch etwas mit dem Couscous.

Licht aus.

ZWEITER AKT

Maurice und Delphine kommen zurück, orientalisch angezogen: er mit Tunika im orientalischen Stil – einer „Dschellaba“ – und Schnabelschuhen, sie mit einem Bauchtanz-Kostüm. Patrick und Brigitte sind natürlich überrascht.

Brigitte: Wer hat was von einem Kostümfest heute Abend gesagt?

Patrick: Im Club Med waren es immer die Animateure, die die Kostüme besorgt haben. Für hier haben wir gar nichts mitgenommen…

Delphine: Wir haben den Koffer nicht auf bekommen, aber das hier haben wir in einem Schrank gefunden…

Patrick: Und Sie sagen, dass Sie keinen Reisepass mehr haben? So kostümiert kommen Sie in Paris sowieso nicht an der Flughafen-Polizei vorbei. Oder höchstens als Boat-People!

Brigitte: Stimmt, aber es steht Ihnen super gut!

Patrick: Und wie wär’s, wenn du nach dem Essen einen kleinen Bauchtanz für uns machst, Delphine?

Delphine (etwas steif): Duzen wir uns jetzt etwa?

Brigitte: Ich serviere dann mal.

Brigitte serviert, indem sie auf jeden Teller eine Dose Couscous stellt.

Delphine: Wenigstens sind die Portionen fair verteilt…

Maurice: Sieht gar nicht so übel aus.

Brigitte: Appetit ist die beste Würze, hat meine Mama immer gesagt.

Sie essen.

Patrick: Einen Schluck Traubenmost?

Delphine versteht nicht gleich.

Maurice: Monsieur fragt, ob du Wein möchtest.

Delphine: Du wärst besser Dolmetscher in der Pariser Banlieue geworden, statt Journalist beim Golfmagazin…

Patrick: Sag mal Momo, du kommst sicher ne Menge rum, bei deinem Job?

Maurice: Na ja, wissen Sie, die Golfplätze sehen alle gleich aus. Unterschiede gibt’s nur bei der Zahl der Löcher…

Brigitte: Echt?… Und was hat Sie auf die Idee gebracht, Journalist bei diesem Golfmagazin zu werden?

Patrick: Bist wohl n Golf-Narr?

Maurice: Der Vater von meiner Frau ist der Chef von dieser Zeitschrift.

Patrick: Ah, verstehe …

Delphine: Interessieren Sie sich für Golf?

Brigitte: Patrick ist eher der Fußballtyp! Oder, Patou?

Delphine: Tiermalerei ist wohl auch nicht Ihre große Leidenschaft… (beiseite, zu Maurice) Die Unterhaltung wird zäh, wenn nicht bald das Lokum zum Nachtisch kommt ….

Patrick schenkt nach.

Brigitte: Unglaublich, diese Koffergeschichte…

Patrick: Andererseits, wenn man meinen Koffer gegen einen anderen vertauscht hätte – ich glaub, ich hätte nicht schlecht abgeschnitten.

Brigitte: Und was ist in dem Koffer, den Sie jetzt haben?

Maurice: Ich habe Ihnen ja gesagt: wir haben ihn nicht aufbekommen.

Patrick: Das schauen wir uns später zusammen an.

Brigitte: (heiter) Es gibt kein Schloss, das Patrick nicht aufkriegt. Oder, Patou?

Patrick: Sie lacht, weil wir uns auf einer Single-Party kennengelernt haben.

Brigitte: Jedes Mädel hatte ein Schloss, na, Sie wissen schon, was ich meine…

Patrick: Und jeder Typ hatte einen Schlüssel und musste das passende Schloss dazu finden.

Brigitte: Patrick hatte nicht den richtigen Schlüssel, aber er hat mein Schloss doch aufgekriegt. Er bastelt gern, wissen Sie.

Maurice ist ein bisschen verlegen. Delphine hängt ihren eigenen Gedanken nach.

Delphine: Es ist eigentlich unanständig, die Koffer von jemand Unbekanntem zu durchwühlen.

Brigitte: Also, ich glaube, der Nachtisch wäre so weit.

Brigitte steht auf.

Brigitte: Nein, nein, bleiben Sie ruhig sitzen… Schatz, kannst du mir beim Abräumen helfen?

Patrick und Brigitte gehen raus.

Delphine: Und wenn die es waren?

Maurice: Was?

Delphine: Der Koffer! Vielleicht haben die uns den Koffer geklaut!

Maurice: Aber es ist doch eh nichts Wertvolles in unserem Koffer! Und ein echter Vuitton ist es auch nicht! Warum sollen die denn den Koffer vertauscht haben?

Delphine: Was weiß denn ich… zum Spaß oder so!

Maurice: Hältst du diese Leute für fähig zu so einem raffinierten Coup?

Delphine: Ich gehe später mal diskret nachsehen, ob das unser Koffer in ihrem Zimmer ist.

Maurice: Ich weiß nicht, ob das so eine gute Idee ist…?

Patrick und Brigitte kommen zurück und begegnen Delphine, die rausgeht.

Brigitte: Wo gehen Sie denn hin? Es gibt Lokum zum Nachtisch!

Delphine: Ich geh… mich nur schnell frisch machen.

Patrick: (gut aufgelegt) Also, salam Ali komm, lieber Bruder Momo! Es heißt immer, dass die Araber Schwierigkeiten haben, sich bei uns anzupassen, aber du, du bist ja ein Integrations-Champion – Respekt! Du musst nur noch die Landessprache lernen…

Maurice bemüht sich um einen klugen Gesichtsausdruck.

Brigitte: Hör doch auf, ihn anzumachen.

Patrick: Ich darf doch mal ein bisschen Spaß haben, oder? Wir sind im Urlaub! Und es ist echt krass… Er sieht dem Momo ähnlich wie ein Ei dem anderen.

Brigitte: Welchem Momo?

Patrick: Meinem Kumpel aus der Gagarin-Schule! Mohamed!

Brigitte: Mohamed Martin?

Patrick: Der hatte doch eine arabische Mutter und sein Vater war Franzose. Von seinem Alten hat er den Nachnamen, aber den Vornamen hat die Mama ausgesucht.

Brigitte: Tja, so ist das mit Multikulti – ist nicht immer leicht, damit umzugehen.

Patrick: Mohammed Martin! Wir haben ihn Ali Baba genannt, weil seine Mutter ihn in Araber-Klamotten, in so einer Dschellaba, zur Schule geschickt hat. Alle haben ihn deswegen aufgezogen… Wenn ihm die Nerven durchgegangen sind, hat er immer angefangen zu stottern. – Bist du sicher, dass du nie in Clichy-sous-Bois gewohnt hast?

Maurice (stottert): Nee, nee… ich… ich… ich glaub nicht…

Patrick: Momo?

Maurice: Das heißt… meine Frau weiß nichts davon… Sie und ich haben uns an der Uni kennengelernt, ich habe nach dem Abitur ein Begabtenstipendium bekommen…

Patrick: Und jetzt nennst du dich Maurice?

Maurice: Ich habe meinen Vornamen ändern lassen… Aber mir wäre lieber, wenn das unter uns bleibt, einverstanden?

Patrick: Ok…

Delphine kommt zurück.

Delphine: Das hätten wir…

Brigitte: Schatz, räumst du den Tisch ab? Ich mach uns etwas Pfefferminztee.

Maurice: Und?

Delphine: Das sind nicht unsere Sachen in ihrem Zimmer… Sie haben zwei Koffer. Im einen sind ihre Anziehsachen und der andere ist voll mit Couscous-Dosen…

Maurice: Hat übrigens gar nicht so übel geschmeckt, für Dosen-Couscous.

Delphine: Das ist schon irgendwie abartig.

Maurice: Was?

Delphine: Ein Koffer voll mit Couscous-Dosen… Vielleicht sind sie Schwarzhändler?

Maurice: Und dealen mit Dosen-Couscous?

Delphine: Und wenn da etwas anderes drin wäre…

Maurice: Nämlich?

Delphine: Was weiß ich… Drogen…

Maurice: Wer ist denn so bescheuert, Drogen nach Nordafrika zu schmuggeln und noch dazu in Dosen von fair gehandeltem Couscous…?

Sie wenden den Blick gleichzeitig zu Patrick und Brigitte, die eben zurückgekommen sind.

Patrick: So, das Geschirr ist abgespült!

Delphine: Tja, der Vorteil von Konservenbüchsen ist, dass es mit dem Geschirrspülen schneller geht.

Brigitte: Nächstes Mal seid ihr dran!

Patrick: Aber euer Kofferproblem ist damit noch nicht gelöst.

Maurice: Im Moment weiß ich auch nicht weiter.

Delphine: Der, der unseren Koffer hat, wird bestimmt Kontakt mit uns aufnehmen, wenn er merkt, dass die Koffer vertauscht sind…

Patrick: Steht Ihre Adresse auf dem Koffer?

Maurice: Unsere Adresse in Frankreich, ja.

Brigitte: Das bringt Sie auch nicht weiter, wenn der Typ Ihren Koffer nach Frankreich schickt…

Patrick: Und auf dem Koffer, den Sie jetzt haben – steht da eine Adresse? Eine Telefonnummer?

Maurice holt den Koffer.

Maurice: Nein…

Delphine: Vielleicht innen?

Maurice: Aber uns fehlt doch der Schlüssel zum Aufmachen.

Patrick: Kein Problem für uns, Ali Baba! (Er macht sich mit einer Gabel am Koffer zu schaffen.) Sesam, öffne dich! Uuuund hopp!

Der Koffer geht auf. Allgemeine Verblüffung.

Maurice: Das gibt’s doch nicht!

Patrick: Sieht ganz aus wie Geldscheine…

Brigitte: Sie mit Ihrer Angst, dass Sie nicht genug Geld für Ihren Aufenthalt haben!

Delphine: Euro sind es auf jeden Fall keine.

Patrick: Komische Buchstaben.

Delphine: So was wie Kyrillisch.

Patrick: Wie was?

Maurice: Das müssen Rubel sein…

Delphine: Oh, mein Gott…

Brigitte: Wer fährt denn in den Maghreb in Urlaub mit einem Koffer voll Rubel?

Delphine: Die Russen-Mafia.

Maurice: Das muss Schwarzgeld sein.

Patrick: Deswegen die vertauschten Koffer.

Delphine: Was?

Patrick: Das habe ich mal in einem Film gesehen. Die haben die Touristen benutzt wie Maultiere.

Delphine: Wie Maultiere?

Brigitte: Nicht nur Esel hören auf den Namen Martin!

Patrick: Damit sie durch den Zoll kommen.

Maurice: Glauben Sie?

Delphine: Aber was sollen wir denn jetzt tun? Oh, mein Gott! Wir müssen dieses Geld unbedingt loswerden!

Patrick: Tja, aber der Haken ist, dass diese Herrschaften bestimmt ihre Kohle zurückhaben wollen, egal wie… Und die haben im Allgemeinen keinen Sinn für Humor…

Delphine macht den Koffer hastig zu.

Delphine: Sie haben Recht. Wir tun besser so, als hätten wir den Koffer gar nicht aufgemacht und als ob wir von nichts eine Ahnung haben.

Maurice: Und wenn der Typ, der uns das Haus vermietet hat, mit denen unter einer Decke steckt?

Patrick: Stimmt, ist allmählich ganz schön schräg, dass wir den noch nicht zu Gesicht bekommen haben, den Besitzer.

Delphine: Der gehört vielleicht zur Al Qaida oder zum Islamischen Maghreb…

Patrick: Und was fängt er dann mit einem Koffer voll Rubel an?

Delphine: Die werden vielleicht von den Tschetschenen finanziert? Die Tschetschenen sind doch auch Moslems…

Brigitte: Oh, mein Gott! Wenn wir gewusst hätten, dass hier Tschetschenen sind, wären wir nie hier hergekommen… Dabei hast du mir gesagt, dass hier nur Beduinen sind!

Patrick: Immer mit der Ruhe, Spatz, vielleicht ist es ja auch ganz anders. (Zu Delphine) Sie glauben doch hoffentlich nicht, dass die heute Nacht kommen und uns allen die Kehle durchschneiden, wie Schafen?

Brigitte (unter Tränen): Dabei sind wir hier hergekommen, um ganz in Ruhe einen kleinen Urlaub zu verbringen… Du hast ganz Recht gehabt, Patou, wir wären besser wieder an die Costa Brava gefahren!

Schweigen.

Delphine (zu Maurice): Und wer sagt uns, dass nicht die‘s sind?

Brigitte: Wir?

Delphine: Wir kommen hierher und die sind schon da. Und rein zufällig haben sie denselben Namen! Und dabei kennen wir sie gar nicht. Vielleicht haben die ja den Auftrag gehabt, den Koffer zu übernehmen! Und vielleicht schneiden sie uns heute Nacht die Kehle durch.

Maurice: Na, das sind doch immerhin Landsleute von uns…

Delphine: Unsere Landsleute? Sie wohnen in der Banlieue! Wo die ganzen Moscheen sind!

Maurice: Bist du schon mal dort gewesen?

Delphine: Das sagen doch alle.

Patrick: Hey, junge Frau, jetzt aber mal halblang!

Brigitte: Wir laden die ein, mit uns Couscous zu essen, und jetzt behandeln die uns wie Islamisten…

Patrick: Ihr habt uns in diese Scheiße geritten!

Brigitte: Wir haben doch nichts von denen gewollt!

Patrick: Ihr kreuzt hier bei uns auf, einfach so, mit eurem vornehmen Getue.

Brigitte: Und plötzlich ist hier Golfkrieg!

Delphine: Bei Ihnen? Aber das ist hier bei uns! Oder, Maurice? Sag du endlich auch was!

Maurice: Ja, doch. Nur nicht die Nerven verlieren, das ist jetzt nicht der richtige Moment. Wir müssen solidarisch bleiben.

Patrick: Also, ich sag mal so: seht zu, wie ihr aus der Scheiße rauskommt! Der Koffer – den haben sie doch euch untergeschoben. Wir haben damit nichts zu tun… So, und jetzt werde ich meinen Astralkörper zur Ruhe betten. Kommst du mit, Spatz? Die sind vielleicht drauf…!

Patrick und Brigitte gehen raus. Maurice und Delphine bleiben einigermaßen hilflos zurück.

Delphine: Ich glaube, es ist besser, wenn wir nachts abwechselnd Wache halten.

Licht aus

DRITTER AKT

Maurice und Delphine, die ganz offensichtlich die Nacht auf der Terrasse verbracht haben, wachen vom Ruf des Muezzins auf.

Delphine: Sind wir noch am Leben?

Maurice: Ich glaub schon.

Delphine: Und der Koffer ist noch immer da?

Maurice: Ja…

Erneuter Ruf des Muezzins.

Delphine: Was ist denn los?

Maurice: Der Gebetsruf …

Sie denken nach.

Delphine: Und wenn es ein Geschenk des Himmels wäre…

Maurice: Ein Geschenk des Himmels?

Delphine: Wenn ein Jahr und einen Tag niemand auf das Geld Anspruch erhebt, dann…

Maurice: Meinst du wirklich?

Delphine: Wir brauchen dann nur zu sagen, dass wir im Lotto gewonnen haben…

Sie denken nach.

Maurice: Wie steht denn der Rubel?

Delphine: Ich weiß nicht, aber wenn man einen Koffer voll davon hat… das dürfte für die nahe Zukunft reichen…

Maurice: Aber irgendwie muss man diese ganzen Rubel nach Frankreich zurückschaffen…

Delphine: Wir könnten die leeren Couscous-Dosen benützen…

Maurice nimmt eine übriggebliebene leere Couscous-Dose und untersucht sie.

Maurice: Das Verfallsdatum ist überschritten… Das war wohl ein Sonderangebot. Deswegen haben sie gleich alles aufgekauft.

Delphine: Das passiert einem nicht alle Tage, so eine Geschichte.

Maurice: Nein…

Delphine: Und wenn das alles ein genau ausgeklügelter Plan ist?

Maurice: Ein ausgeklügelter Plan?

Delphine: So was wie ‚Versteckte Kamera‘, du weißt schon. Die Art von Sendung, wo man Prominente in eine ganz unglaubliche Falle tappen lässt.

Maurice: Wir sind aber keine Prominenten.

Delphine: Wir müssen nachsehen, ob hier nicht irgendwo eine Kamera ist (sie fängt an zu suchen). Oder Leute, die sich irgendwo verstecken und sich über uns totlachen. (Sie späht in das Dunkel des Zuschauersaals, kann aber nichts entdecken.)

Maurice: Das würde bedeuten, dass Patrick und Brigitte Schauspieler sind…

Delphine: Warum auch nicht?

Maurice: Glaub mir, ich habe da so meine berechtigten Zweifel…

Die anderen beiden kommen herein, er im Schlafanzug, sie in einem Bademantel.

Delphine: Du hast Recht… Auch die besten Schauspieler könnten keine so glaubwürdige Proll-Nummer abliefern…

Brigitte: Gut geschlafen?

Delphine: Nicht wirklich.

Brigitte will Patrick offensichtlich dazu bringen, etwas zu sagen.

Patrick: Ja… Also… T’schuldigung wegen gestern Abend, nich, da ist mir ne Sicherung durchgebrannt.

Brigitte: Mein Mann geht manchmal auf wie ein Hefekuchen…

Maurice: Schon gut, ist nicht schlimm, ehrlich…

Delphine: Ich glaub, ich geh mich mal ein wenig frisch machen…

Maurice: Ich auch.

Brigitte: Ich hab Kaffee gemacht. Sollen wir auf Sie warten, mit dem Frühstück?

Maurice und Delphine lächeln eine Spur und gehen ab.

Patrick: Sie lassen einfach ihren Koffer stehen…

Brigitte: Ganz schön unvorsichtig…

Es vergeht eine Weile.

Patrick: Wär schon schade, wenn nur die von diesem Sechser mit Zusatzzahl profitieren…

Brigitte: Allerdings.

Patrick: Wir haben doch auch ein Recht auf unseren Anteil?

Brigitte: Und wir könnten es auch wirklich besser gebrauchen als die…

Patrick: Es ist eben wie beim Lotto… Gewinnen tun immer die, die es gar nicht so nötig haben.

Brigitte: Die Alten, die Reichen…

Patrick: Oder die, die zu arm dran sind und nicht wissen, wie man damit umgeht…

Brigitte: Die alles ausgeben und dann noch ärmer sind als vorher.

Patrick: Ich wüsste schon, was ich damit anfange, mit der ganzen Kohle, das kannst du mir glauben…

Brigitte: Ja, aber der Koffer ist eben denen ihrer.

Patrick: Denen ihrer? Und wenn die uns als Maultiere benutzt haben…

Brigitte: Du hast Recht. Es sind ja nicht nur Esel, die auf den Namen Martin hören!

Patrick: Es muss doch irgendwie möglich sein…

Brigitte: Was?

Maurice und Delphine erscheinen wieder.

Brigitte: Wollt ihr einen Kaffee?

Maurice: Wir haben noch einmal überlegt, dass wir besser vorsichtig sind und das Ganze der Polizei melden. Die kümmern sich dann um alles.

Patrick: Also… ich an eurer Stelle würde das nicht machen…

Delphine: Wieso?

Patrick: In Ländern wie diesem hier ist das mit der Polizei so eine Sache…

Delphine: Das ist wahr, vor ein paar Wochen hat die Polizei hier in der Gegend die Regimegegner noch gefoltert…

Patrick: Ihr könnt euch vorstellen, was die mit euch anstellen, wenn ihr hier wie Bin Laden angezogen rumlauft – und noch dazu mit eurem Koffer voll Rubel. Die werden euch doch für Mitglieder von Al-Qaida halten.

Maurice: Meint ihr…?

Patrick: Bestenfalls landet ihr im Knast und verfault da langsam, bevor sich jemand gnädigerweise mit eurem Fall beschäftigt.

Brigitte: Das ist schon alles ziemlich verwirrend… Da blicke nicht mal ich ganz durch.

Delphine: Dann verbrennen wir einfach alles! Ist ja sowieso nur Schwarzgeld…

Patrick: Aber wenn diese Bande auftaucht und die Kohle zurückhaben will?

Delphine: Noch ist ja keiner gekommen.

Patrick: Die warten vielleicht nur auf einen günstigen Moment.

Brigitte: Vielleicht haben sie gerade Ramadan.

Maurice: Also, was machen wir jetzt?

Patrick: Vielleicht abwarten, ob der Besitzer aufkreuzt?

Maurice: Der Hausbesitzer?

Patrick: Quatsch, der Besitzer von dem Geld!

Brigitte: Die tschetschenische Mafia!

Maurice: Vielleicht habt ihr Recht.… Was meinst du, Delphine?

Delphine (ratlos): Ehrlich gesagt, ich weiß nicht mehr, wo mir der Kopf steht …

Brigitte: Na, dann mach ich noch mal Kaffee.

Patrick: Lass mich machen.

Brigitte: Bist du sicher, dass du das hinkriegst?

Patrick: Na klar, du bist doch im Urlaub! Ruh dich ein bisschen aus.

Patrick verdrückt sich. Die drei anderen bleiben da, in Gedanken versunken. Brigittes Handy klingelt.

Brigitte: Ja? (überrascht) Ich geb sie Ihnen… (Zu Delphine) Für Sie. Ein Typ mit belgischem Akzent… Er hat seinen Namen nicht gesagt, keine Ahnung, wer es ist.

Delphine: Ja? (Ihre Gesichtszüge entgleisen. Die anderen sehen besorgt zu ihr.) In Ordnung. … Nein, nein… Gut… Wir halten uns an Ihre Anweisungen. (Sie gibt Brigitte ihr Handy mit ausdrucksloser Miene zurück. Maurice und Brigitte werfen ihr fragende Blicke zu.)

Delphine: Das waren sie.

Patrick kommt zurück.

Patrick: Spatz, ich kann die Filter nicht finden… (sieht den Gesichtsausdruck der Anderen) Was issn los?

Delphine: Eben hat ein Typ mit komischem Akzent angerufen. Er behauptet, dass er unseren Koffer hat…

Maurice: Ja und?

Delphine: Er schlägt einen Austausch vor…

Brigitte: Einen Geiselaustausch?

Delphine: Einen Kofferaustausch!

Patrick: Wie jetzt?

Delphine: Wir sollen den Koffer auf die Terrasse stellen und ins Haus zurückgehen. Dann kommt dieser Mensch und tauscht den echten gegen den falschen Koffer aus.

Brigitte: Welchen falschen Koffer?

Delphine: Na, unseren!

Maurice: Das ist ja wie in einem schlechten Agentenfilm…

Delphine: Und er hat ausdrücklich gesagt, dass es ohne Zeugen ablaufen soll.

Maurice: Und wieso hat er auf dem Handy von Brigitte angerufen?

Brigitte: Das ist ja nicht das erste Mal, dass man uns verwechselt … Liegt sicher wieder an dieser Homophobie.

Patrick: Ich find, wir machen besser, was die sagen. Die verstehen keinen Spaß, diese Typen.

Delphine: Ohne Zeugen…

Brigitte: Vielleicht bringen die uns sowieso alle um. Wenn sie den Koffer haben. Und alles nur wegen euch!

Maurice: Was können wir denn dafür?

Brigitte: Wir kommen vielleicht nie wieder nach Clichy-sous-Bois…

Patrick: Hey, cool, Kleines. Wir müssen nur tun, was die von uns verlangen, dann geht alles gut über die Bühne, da bin ich sicher.

Brigitte geht hastig auf die Flasche Rotwein zu.

Brigitte: Ich glaub, ich brauch was zur Aufmunterung.

Maurice kommt ihr zuvor und schenkt ihr und sich etwas ein.

Maurice: Ich auch…

Licht aus.

VIERTER AKT

Im Dämmerlicht schleicht ein Mann herein, in Djellaba, mit hochgeschlagener Kapuze, und nimmt den Koffer. Brigitte taucht in seinem Rücken auf und schlägt auf ihn ein. Der Mann bricht zusammen. Das Licht geht wieder an.

Brigitte: Schnell! Kommt her! Ich hab ihn erwischt!

Maurice und Delphine kommen dazu. Der Mann ist bewusstlos. Brigitte schlägt seine Kapuze zurück.

Brigitte: Patrick!?

Delphine: Siehst du, ich hab dir gleich gesagt, dass sie’s waren.

Maurice: Aber warum schlägt ihn dann seine Frau bewusstlos?

Patrick: Ok… Ich wollte nur die Kohle reinholen.

Brigitte: Aber warum hast du mir nichts gesagt?

Patrick: Du hättest womöglich was dagegen gehabt.

Brigitte: Ach was, Patou… Hab ich dir wenigstens nicht zu wehgetan?

Delphine: So ein elender Narr!

Brigitte: Ey, du blöde Kuh, pass auf, was du sagst. So redest du nicht über meinen Mann!

Maurice: Aber wenn der Typ tatsächlich gekommen wäre, um sein Geld zu holen – was hätten wir dann gemacht?

Patrick: Das am Telefon, das war doch ich!

Delphine: Ach soo… Dafür verdient er eine Tracht Prügel. Maurice?!

Patrick: Kannst du ja mal versuchen, Momo.

Maurice: Wir sind zivilisierte Leute, oder? Und wir sind hier in einem Land, das gerade die Demokratie zurückerobert hat. Wir lassen uns doch nicht zu Gewalt hinreißen…

Patrick: Ok, aber unseren Anteil wollen wir trotzdem.

Delphine: Welchen Anteil?

Patrick: Unsere Hälfte. Ansonsten packe ich aus. Wie würdste das finden, „Ali Baba“?

Delphine: Was auspacken?

Maurice: Das erkläre ich dir gleich… Also gut, wir teilen es gerecht auf.

Brigitte: Genau. Wie beim Couscous.

Maurice macht den Koffer auf und sie sehen sich die Banknoten genauer an.

Brigitte: Das ist gar kein Kyrillisch. Das ist Griechisch.

Patrick: Das sind Drachmen!

Delphine: Woher wollen Sie das wissen?

Patrick: Wir waren im Urlaub mal in Griechenland, kurz bevor der Euro eingeführt wurde. Ich erinnere mich genau, wie die Scheine ausgesehen haben. Schauen Sie hier, da ist nämlich das Kolosseum abgebildet.

Delphine: Sie meinen zweifellos das Parthenon…

Brigitte: Was in aller Welt wollen denn russische Mafiosos mit einem Koffer voll Drachmen in Nordafrika…

Patrick: Ist vielleicht Falschgeld?

Delphine: Wer ist so dämlich, falsche Drachmen zehn Jahre nach der Einführung des Euro zu drucken, einen Koffer damit voll zu packen und in den Maghreb zu reisen?

Maurice: Sie haben ja auch einen Koffer voll mit abgelaufenem Dosen-Couscous!

Delphine: Aber die kann man ja vielleicht noch umtauschen.

Brigitte: Nee, seit dem ersten Januar 2012 geht das nicht mehr.

Maurice: Woher wollen Sie das wissen?

Brigitte: Wir haben mal einen alten Geldschein in einem Koffer gefunden und uns erkundigt…

Delphine: Tja, und von so was haben wir jetzt einen Koffer voll…

Patrick: … Und hätten uns gegenseitig fast umgebracht.

Allgemeine Erleichterung.

Brigitte: Und wofür das alles?

Patrick: Für Kohle!

Patrick füllt die Gläser nach.

Patrick: Die nächste Runde geht auf mich. Ein bisschen Entspannung nach der ganzen Aufregung.

Sie stoßen an.

Brigitte: Meine Mutter hat immer zu mir gesagt: Geld macht nicht glücklich.

Delphine: Drachmen jedenfalls nicht. Vor allem, wenn man sie nicht mehr umtauschen kann…

Maurice: Eins steht fest: dieses Geld will niemand zurückhaben.

Brigitte: Ende gut, alles gut, hat meine Mutter immer gesagt.

Schweigen.

Delphine: Na gut, ich ruf beim Konsulat an, in Sachen verlorener Koffer, mal sehen, was die dazu sagen.

Maurice: Die werden uns vorläufige Papiere ausstellen, damit wir nach Frankreich zurückkönnen.

Delphine: Und uns etwas Geld vorstrecken.

Brigitte: Sonst leihen wir euch was.

Patrick: Wie sich’s für Franzosen im Ausland gehört, da muss man zusammenhalten. Und du, Momo, du kriegst jetzt erst mal andere Klamotten zum Anziehen, so verkleidet kannst du nicht länger rumlaufen… und ich auch nicht.

Delphine geht raus zum Telefonieren, Patrick und Maurice gehen sich umziehen.

Brigitte: Gut, dann räum ich ein bisschen auf.

Sie stellt einen Sender im Radio ein.

Radiosprecher. Die Spannungen um den Austritt Griechenlands aus der Euro-Zone nehmen weiter zu. Eine Sitzung…

Brigitte stellt einen anderen Sender ein. Orientalische Musik. Sie räumt weiter auf. Patrick und Maurice erscheinen wieder. Patrick hat dieselben Sachen wie am Anfang an, Maurice ist jetzt ähnlich wie Patrick angezogen, sehr prollig.

Brigitte: Ah, das steht Ihnen gut.

Patrick: Gleich noch einen Roten drauf.

Maurice: Immer zu!

Patrick schenkt wieder ein.

Maurice: Wir müssen nur noch überlegen, was wir mit dem Haus hier machen.

Patrick: Jetzt, wo wir uns kennengelernt haben und uns allmählich anfreunden… Warum machen wir nicht Urlaub zusammen, hä, Momo? Wir kennen uns doch schon seit der Schulzeit, stimmt’s?

Delphine erscheint wieder.

Delphine: So, das wär’s. Ich hab denen unsere Adresse gegeben… (Sie wird auf den Aufzug von Maurice aufmerksam.) Hast du dich umgezogen?

Brigitte: Er sieht gleich ganz anders aus, nicht? Das macht ihn jünger, finden Sie nicht?

Der Alkohol zeigt deutlich Wirkung bei Maurice.

Maurice: Patrick und Brigitte schlagen vor, dass wir den Urlaub zusammen verbringen. Findest du das nicht toll, Liebling?

Delphine (mit gesenkter Stimme): Hör mal, Maurice… Es mag schon sein, dass wir im Umgang mit Leuten aus Fontenay-sous-Bois viel lernen können, aber trotzdem…

Maurice: Aus Clichy-sous-Bois.

Delphine: Ja, schon gut. Ist doch eh alles das Gleiche.

Maurice: Nein. Fontenay ist im Département 94, Clichy-sous-Bois ist im Département 93…

Delphine: Woher weißt du so gut Bescheid?

Maurice: Ich war dort in der Schule. In der Gagarin-Schule. Zusammen mit Patrick. Mo­mo – das bin nämlich ich, Delphine! Und wenn’s dir nicht passt, ist es auch egal!

Delphine: Was? Was redest du da?

Brigitte: Das ist ein Coming-out!

Maurice: Ich hab’s satt. Ich will nicht mehr lügen. Seit wir uns kennen gelernt haben, habe ich alles getan, um dir zu gefallen, um deinen Eltern zu gefallen. Aber jetzt reicht’s.

Delphine: Sag mal, tickst du noch richtig!

Maurice: Ich habe sogar meinen Namen für dich geändert!

Delphine: Du heißt gar nicht Maurice?

Maurice: Ich will zu meinen Wurzeln zurückkehren! Ich will mich mit meinen Vorfahren verbinden!

Delphine: Er hat zu viel getrunken, das ist alles. Und außerdem, lieber Maurice, stammst Du von den Galliern ab!

Maurice: In meinen Adern fließt das Blut eines Beduinen, Delphine! Ich bin ein Wüstenbewohner! Ein Nomade! Ich kann keine Golfplätze mehr ertragen, verstehst du?

Brigitte: Was ist nochmal der Unterschied zwischen einem Beduinen und einem Moslem?

Delphine: Hört nicht auf ihn, er ist total betrunken.

Maurice: In meinem tiefsten Inneren habe ich schon immer gewusst, dass ich dazu bestimmt bin, in einem Zelt, umgeben von Sand, zu leben und nicht in einer Maisonette im 16. Arrondissement.

Delphine: Na schön! Wenn es nur darum geht, machen wir nächstes Mal Camping-Urlaub am Atlantik.

Maurice: Ich bin ein Tuareg, Delphine! Und du hast aus mir … einen Touristen gemacht!

Brigitte, die auch ziemlich angetrunken ist, hält es für angebracht, sich einzumischen, um die Situation zu entspannen.

Brigitte: Wollen wir heute Mittag grillen?

Patrick: Baby, merkst du nicht, dass das gerade nicht der richtige Moment ist… Ich schwör, manchmal fehlt es dir echt an Psychologie, weißt du!

Brigitte: An Psychologie…? Sag bloß, dass ich nix im Kopf hab!

Patrick: Reg dich nicht gleich auf, Baby?

Brigitte: Erstmal bin ich nicht dein Baby! Aber du, wenn du ein echter Mann wärst, würdest du mir eines machen!

Patrick ist betroffen.

Maurice: Nur die Würstchen fehlen noch.

Delphine: Wie bitte?

Maurice: Fürs Grillen!

Delphine: Wir haben ja nicht mal Papier, um den Grill anzuzünden.

Maurice (dreht durch): Wir haben doch die Drachmen! Diese verdammten Drachmen! Die werden wir doch nicht zum Monopoly spielen behalten!

Maurice fängt an, die Banknoten zu zerreißen und in den Grill zu werfen.

Patrick: Wir haben auch Merguez dabei.

Licht aus.

FÜNFTER AKT

Maurice, Delphine, Patrick und Brigitte kommen zusammen vom Pool zurück.

Patrick: Aah, Frische für den ganzen Tag!

Maurice: Ja, und man bekommt den Kopf wieder klar.

Delphine: Den Magen auch… Die Bratwürste waren doch etwas fett, nicht?

Maurice: Ich hab gar nicht gewusst, dass es so was gibt – Bratwürste aus der Dose.

Delphine: Eines muss man sagen, der Swimmingpool ist herrlich.

Brigitte: Los, wir gehen uns umziehen, kommst du, Delphine? Ich gebe dir was zum Anziehen. Ich weiß schon, was dir gut stehen würde…

Beide Frauen gehen ab.

Patrick: Wie hast du es eigentlich geschafft, deiner Frau zu verheimlichen, dass du Moslem bist? Nach allem, was ich gesehen habe, bist du immer noch beschnitten, oder?

Maurice: Ich habe ihr gesagt, dass ich nicht-praktizierender Jude bin. Übrigens: einmal im Jahr faste ich wie ein richtiger Jude, am Jom Kippur.

Patrick: Na, das ist ja schon was…

Schweigen.

Patrick: Lust auf einen kleinen Absacker?

Maurice: Klar!

Patrick nimmt eine Flasche aus der Kühltasche und füllt zwei Gläser. Sie prosten sich zu.

Maurice: Sagenhaft! Was ist das für ein Zeug?

Patrick: Ouzo. Wir haben ein ganzes Lager davon zu Hause. Ich mach mal Musik an, ja?

Patrick schaltet das Radio ein. Er regelt am Empfang herum und stellt einen Sender ein, der orientalische Musik bringt. Nach einer Weile kommen Brigitte und Delphine zurück. Delphine ist jetzt so sexy-vulgär angezogen wie Brigitte.

Patrick: Wow, das steht Ihnen aber gut!

Delphine: Finden Sie? Und Du, was meinst Du, Schatz?

Maurice traut seinen Augen nicht. Die Musik hört auf.

Radiosprecher. Wir unterbrechen unser Musikprogramm für eine aktuelle Sondermeldung. Wie wir soeben erfahren, ist die Drachme seit heute wieder offizielle Währung Griechenlands, nachdem das Land vor wenigen Tagen seinen Austritt aus der Euro-Zone erklärt hat. Vertreter von Politik, Wirtschaft und Börse zeigten sich überrascht von dieser Entwicklung. Über erste Reaktionen auf diese Entscheidung werden wir Sie auf dem Laufenden halten. Alle Reisenden nach Griechenland können ab sofort wieder in Drachmen zahlen – was sicher alle diejenigen unter unseren Zuhörerinnen und Zuhörern erfreuen wird, die noch irgendwo in einer Schublade oder einem Koffer Drachmen gehortet haben…

Maurice: Und wir haben unsere ganzen Drachmen in Flammen aufgehen lassen, um den Grill anzuzünden…

Radiosprecher. Aus Anlass dieses für Europa so folgenreichen Ereignisses senden wir klassische Musik. (Alle Augen richten sich auf den noch rauchenden Grill. Delphines Handy klingelt. Maurice schaltet das Radio aus.)

Delphine: Ja…? In Ordnung!… Gut!…

Sie steckt ihr Handy weg. Die drei anderen hängen an ihren Lippen.

Delphine: Ein Typ vom Konsulat kommt persönlich vorbei, um uns provisorische Reisepässe auszuhändigen.

Maurice: Und?

Delphine: Und den Vuitton-Koffer zu holen. Die suchen den überall seit heute Morgen.

Maurice: Das Konsulat?

Delphine: Der Koffer gehört einem leitenden Beamten vom Außenministerium, der hier seinen Urlaub verbringt.

Maurice: Hier? Der will doch nicht etwa ein Schnäppchen machen?

Delphine: Der ehemalige Justizminister dieses gestürzten Diktators hat ihn zu sich in seinen Palast eingeladen und den will er jetzt bei seiner Kandidatur zur Präsidentschaftswahl unterstützen.

Patrick: Und das alles mit einem Koffer voller Drachmen?

Delphine: Die Griechen haben ja schließlich die Demokratie erfunden.

Maurice: Ja, aber Frankreich hat Vuitton erfunden.

Delphine: … und die versteckte Wahlkampffinanzierung, die den ganzen Charme der Demokratie à la française ausmacht.

Maurice: Haben die sonst noch was gesagt?

Delphine: Sie haben ausdrücklich gesagt, dass wir auf keinen Fall den Koffer aufmachen sollen. Es ist Vuitton-Diplomatengepäck. (In der Ferne hört man ein Polizei-Tatütata.)

Maurice: Ich glaub, jetzt gibt’s Ärger…

Patrick: Wir haben nicht mal ne Gurke, mit der wir die Biege machen können.

Maurice: Wir könnten höchstens auf die Kamele da drüben steigen und in die Wüste verschwinden.

Delphine: Genau! Du wolltest ja den Tuareg wecken, der in dir schlummert.

Maurice: Das letzte Mal bin ich mit acht auf ein Kamel gestiegen. Im Parc Astérix.

Patrick: Und ich in einem Freizeitpark namens Sandmeer.

Das Handy von Brigitte klingelt. Sie nimmt ab.

Brigitte: Ja, bitte…? (Sie deckt mit der Hand das Handy ab.) Es ist der Wohnungsbesitzer. Er fragt, ob soweit alles in Ordnung ist. Was soll ich ihm sagen?

Erneutes Polizei-Tatütata, in der Nähe.

Licht aus.

Ende

Zum Autor

Jean-Pierre Martinez, geboren 1955 in Auvers-sur-Oise bei Paris, hat seine ersten Bühnenerfahrungen als Schlagzeuger verschiedener Rockgruppen gemacht. Nach Studium und eigener Lehre von Text- und Bildsemiotik an sozial- und theaterwissenschaftlichen Hochschulen (Ecole Pratique des Hautes Etudes en Sciences Sociales, EHESS; Conservatoire européen d’écriture audiovisuelle, CEEA) wurde er in der Werbebranche tätig, verfasste nebenher schon bald Drehbücher für das Fernsehen und kehrte schließlich als Theater-Autor und Dramaturg an die Bühne zurück.

Martinez zählt zu den produktivsten und meistgespielten der heutigen Theater- und TV-Drehbuchautoren Frankreichs und des französisch-sprachigen Auslands. Bis dato hat er an die 100 TV-Drehbücher und mehr als 70 Komödien verfasst, von denen einige zu Klassikern geworden sind (Vendredi 13 oder Strip Poker). In englischer und spanischer Übersetzung werden seine Theaterstücke regelmäßig auf Bühnen in Nord- und Lateinamerika gespielt.

Um seine Komödien interessierten Theatergruppen nahezubringen, hat Martinez sie zum freien Download auf einer eigenen Internet-Plattform eingestellt: La Comédiathèque, comediatheque.net. In Papierform können die Texte über die Webseite The Book Edition bestellt werden (zum Preis der entsprechenden Fotokopien).

Zum Übersetzer

Dr. phil. Hans-Joachim Bopst, Studium von Romanistik, Germanistik und Deutsch als Fremdsprache; nach über 10 Jahren Lehre an französischen Universitäten seit 1992 in der Übersetzerausbildung an der Universität Mainz / Germersheim tätig; Lehre, Forschung, Veröffentlichungen und Übersetzungen zu Tourismus, Sprachwissenschaft, Didaktik; zahlreiche Gastdozenturen, Vorträge und Workshops an in- und ausländischen Universitäten; seit 2016 Übersetzung der Komödien von Jean-Pierre Martinez.

Was ist eigentlich gemeint, wenn man vom „übersetzten Text“ spricht ? – Beide Texte: der Original-Text und der Text, in dem er sich spiegelt…

Grundlage für die deutsche Übersetzung der Stücke von Jean Pierre Martinez waren Übersetzungsübungen, die unter meiner Leitung am Fachbereich Translations-, Sprach und Kulturwissenschaft (FTSK) der Universität Mainz / Germersheim zwischen 2018 und 2020 stattfanden.

Mein Dank für Kreativität, Korrekturen und Tipps an alle beitragenden Studierenden und Kolleg*innen !

Hans-Joachim Bopst

In deutscher Übersetzung liegen folgende Theaterstücke von Jean-Pierre Martinez vor:

Die Touristen

Vier Sterne

Freitag, der 13

Strip Poker

Alle Stücke von Jean-Pierre Martinez einschließlich der Übersetzungen können gratis von seiner Webseite heruntergeladen werden:
comediatheque.net

Das Werk einschließlich aller seiner Teile ist nach den Bestimmungen über geistiges Eigentum urheberrechtlich geschützt. Jede Verwertung des Werks – insbesondere die Bühnenaufführung – außerhalb der engen Grenzen des Urheberrechtsgesetzes und ohne Einwilligung von Autor und Übersetzer ist unzulässig und strafbar

und kann zu hohen Schadensersatzansprüchen führen.

Text-Download: kostenlos

Paris / Heidelberg / Germersheim – März 2020

© La Comédi@thèque – ISBN 978-2-37705-403-9

Alle Stücke von Jean-Pierre Martinez einschließlich der Übersetzungen können als pdf-Datei gratis von seiner Webseite heruntergeladen werden oder von ihm als Buch bezogen werden : LA COMÉDIATHÈQUE

Die Touristen Lire la suite »

The worst village in England

A comedy by Jean-Pierre Martinez

English translation by Anne-Christine Gasc

The last survivors of a dying village, forsaken by God and bypassed by the motorway, decide to take matters into their own hands and create an event that will drive traffic to their village. But it’s not easy to turn the worst village in England into the next must-see tourist attraction.


This text is available to read for free. However, an authorization is required from the author prior to any public performance, whether by professional or amateur companies. To get in touch with Jean-Pierre Martinez and ask an authorization to represent one of his works : CONTACT FORM


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The Worst Village in England

Characters

Derek: pub landlord (male)
Jackie: pub landlady (female)
Charlie: school teacher (male or female)
Benedict: priest (male)
Felix Blatherington-Smythe: mayor (male or female)
Jason: teenager, celebrity wanna-be (male or female)
Wendy: reality tv producer (female)
Catherine: journalist (male or female)
Ramirez: inspector (male or female)
Sanchez: constable (male or female)

Act 1

The Red Lion in Sodgibbon Cross, a typical small village pub. Behind the bar, Derek, the landlord is a middle-aged, working class Sun Reader-type. He is thumbing the local paper, while Jackie, the landlady, wipes glasses absentmindedly. Felix Blatherington-Smythe, the mayor, enters the pub. He looks very much like the last branch of a dying aristocratic family tree, dressed with quaint elegance and worn clothing.

Felix – Hello Derek. Mrs. Jackie, my respects.

Derek, looking surly, barely lifts his eyes from his paper. Jackie appears to snap out of her daydream and her face lights up a little.

Jackie – Mr. Mayor… How’s things?

Felix takes his place at the counter.

Felix – Well, my dear… I have a positively ruinous headache this morning, I’m afraid. I simply have no idea what brought it on…

Derek – Really? You were three sheets to the wind last night. It’s called a hangover…

Jackie looks at Derek disapprovingly.

Jackie (very friendly) – And what can I get you, Felix?

Felix – I’ll have a Fernet-Branca. That should right me…

Derek – Hair of the dog… Good call…

Jackie serves Felix, who thanks her with a smile.

Felix – You look stunning today, dear.

Jackie – I had a colour rinse. Nice of you to notice, because my husband…

Felix – Oh yes, it’s certainly very….

Derek – Blue.

Felix – Dearest Jackie, your husband really doesn’t deserve you. This colour suits you perfectly.

Jackie – I fancied a change…

Derek observes the small talk, annoyed.

Derek – Your hair color is the only thing that ever changes in Sodgibbon Cross… (he puts the paper down on the counter) Can you believe this? This place is so dead we don’t even feature in the local paper any more.

Jackie – Really?

Derek – Look for yourself! It used to be that even if they didn’t actually write about us, Sodgibbon Cross was right there, next to Greenfield Wellsand Sodgibbon Pews. Now, nothing. We’ve been dropped from the menu!

Felix (sighing) – What can you do, my poor Derek… We are the castaways of the great rural brain drain. Today we’re off the menu and tomorrow we won’t even be in the specials. Soon, we won’t even feature on maps, like a desert island lost in the middle of the Pacific Ocean, far from any shipping lane.

Jackie – At least we’d have a beach… You’re right Felix. Castaways among potato fields. That’s what we are.

Felix – Watching powerless as the small bit of land we’re clinging to is being slowly submerged under the rising seas…

Derek – Round here you’re more likely to be swept by a mud slide…

Felix drinks his Fernet-Branca.

Jackie – That’s all so very sad… But what can you do, right, Mr Mayor?

Felix – Mayor… I’m not sure I’ll be mayor for very long yet…

Derek – Surely you’re not afraid you won’t be re-elected! You’ve always been the only candidate in the mayoral elections at Sodgibbon Cross. And given the number of voters left, if you vote for yourself that’s almost twenty percent of the votes.

Felix – No, it’s not that… I just received a letter sent to the council… they’re thinking of amalgamating us with the next town over.

Derek – Sodgibbon Pews?

Jackie – But that’s over twenty miles away!

Felix – Twenty-three as the crow flies… Twenty as the crow walks.

Derek – Yes, the road is straight like a laser across the fields…

Jackie – There’s so much nothing around here. I can’t imagine why we’d need a bend in the road.

Derek – We’d settle for a hill, woods, even a large bush.

Felix – It’s been a concern of mine… I considered a crest for the town but I don’t know what to put on it…

Derek – A spud.

Felix – Regardless, this isn’t the time to crow about it. And it could be my last term. Consolidation, that’s what they call it.

Derek – After more than thirty years as mayor…

Jackie – So what’re we going to call you now, if we can’t call you Mr Mayor?

Felix – Mr Blatherington-Smythe I suppose… But you, Jackie, you can still call me Felix of course…

Derek – They’ve already removed the last park bench and the last phone booth. Now we won’t even have a town hall.

Felix – We’re witnessing the slow death of the public service…

Jackie – And to think of all the good you’ve done for Sodgibbon Cross…

Derek – Yeah, right…

Jackie – What?

Derek – More like the good that Sodgibbon Cross has done to his shady little business deals… Know what I mean?

Felix – Shady business deals? What business deals?

Derek – Right, because as our elected representative you’ve done so much for the municipality. That must be why they want to get rid of it…

Jackie – You’re being unfair, Derek. We don’t have much going for us to start with, at Sodgibbon.

Derek – And that hasn’t stopped you from enjoying all the perks that come with the job, has it?

Felix – I don’t know what you mean…

Derek I mean the grant you managed to get from the regional council…

Felix – Oh, that…

Derek – To restore a manor in which, according to a legend that no one had ever heard of, Boudica spent a night back in 60 AD.

Felix – I can show you the book in which this legend is documented!

Derek – You wrote it!

Felix – Last time I checked, writing books was still allowed…

Derek – A manor that just you just happen to own, and that was entirely refurbished at tax payers’ expense, allegedly to turn it into an AirBnB… Fitting, since air is the only thing that ever fills this bed and breakfast. Well, that and Boudica…

Felix – You have no idea of the responsibility that comes with owning a listed building, my poor Derek…

Derek – Boudica… If at least she’d shagged in that bed.

Jackie – Derek, please…

Derek – And let’s not mention the grant to restore the village chapel.

Felix – But of course Sodgibbon Cross needed an actual chapel!

Derek – A chapel whose priest just happens to be your cousin. The rectory was entirely refurbished thanks to our taxes. Now it looks like a Moroccan Riad. There’s even a jacuzzi in the patio…

Felix – A jacuzzi… Please… It’s an ornamental pool.

Derek – Let’s call it an ornamental whirlpool.

Felix – Derek, I honestly don’t know what you’re getting at…

Derek – Oh, I don’t know… Maybe that this kind of money could have been used to improve the town…

Felix – Oh yes? How so?

Derek – Off the top of my head… We could have installed CCTV cameras.

Felix – To watch what? The potato fields?

Derek – We could have restored the school!

Charlie the school teacher, visibly camp, enters.

Charlie – Ladies, gentlemen…

Jackie – Speaking of the devil. Here’s the school teacher. Hello Charlie.

Charlie – Oh, I see it’s rush hour at the Red Lion.

Derek – Yep… it’s almost a full house.

Charlie – I see lords and commoners. As soon as the Lords Spirituals join us, the Parliament can be in session…

Felix – You think you’re joking, Charlie. But our democracy is in danger.

Derek – And Boudica isn’t here to fight for us anymore…

Charlie (to Felix) – Are you finally under investigation, Mr Mayor? It’s very trendy, you know.

Jackie – It’s much worse than that…

Charlie – You’re going to have to officiate your first gay wedding? Although, as far as I know, no one’s asked for my hand… at least not to put a ring on it…

Felix – Sodgibbon Cross is going be amalgamated with the next town over.

Charlie – Amalgamated?

Jackie – And that’s just the beginning, mark my words.

Felix – The beginning of the end, for sure.

Derek – Hitler started with Poland and look what happened next. If we just stand by and watch…

Charlie – You think you’re joking…

Charlie takes his place at the counter, looking visibly concerned.

Jackie – Don’t tell us you have bad news too?

Charlie – They’re talking about closing the school, believe it or not.

Jackie – Really?

Derek – That can’t come as too much of a surprise… there aren’t any pupils left. When we run out of patrons we’ll have to close down the pub too…

Jackie – No pupils left? Did Jason finally get his O Levels?

Charlie – O Levels… that’s so last century, my poor Jackie. No, but he’s over 18 so I couldn’t justify keeping him back in primary school yet another year.

Jackie – They also got rid of O Levels? What is the world coming to, I ask you. What can I get you, Charlie?

Charlie – A Sea Breeze, as usual.

Jackie makes his drink.

Jackie – So what’s Jason going to do now?

Charlie – Good question…

Jackie – Speaking of which, we haven’t seen him this morning. I don’t know where he’s hiding.

Derek – Hey Charlie, if they close the school you’re going to have a hard time finding another position…

Felix – I thought there was a shortage of teachers…

Derek – That may be, but with his criminal record…

Charlie – Criminal record… You always loved a hyperbole.

Derek – Well, it did involve the Vice Squad…

Charlie – Yes but… It didn’t have anything to do with children…

Jackie – Still.

Charlie – So what, I enjoyed teaching dressed as a woman once in a while. No one got hurt…

Jackie – Still, it must have been a wee bit disturbing for the kids. A school master one day, a mistress the next…

Derek – What did they call you again?

Charlie – Mrs Doubtfire.

Felix – That must be why they transferred you to a school without pupils… while they decide on your case.

Benedict, the priest, enters the pub. He looks more like an ageing playboy then a priest, except for the small cross he wears discreetly on his lapel.

Charlie – Father! We were waiting for you to open the Parliamentary session.

Benedict – Good morning, children.

Derek – Children… With a priest like him, you never know if he means it literally…

Jackie – Derek…

Derek – Hey Charlie, isn’t life funny? If you were a priest you could wear a dress without fearing the long hand of justice. While this one, he never wears anything but street clothes.

Charlie – That’s a shame. I’m sure you would look fabulous in a dress, Benedict.

Jackie – What are you drinking, Father?

Benedict – Dry white wine.

Felix – So, Father? I hope you are the bringer of the good news we’ve been waiting for…

Benedict – I’d love nothing more, Mr Mayor… But alas…

Derek – I won’t ask you if anyone died. Apart from Jason, every last soul of our ghost village is in this room.

Benedict – Worse… The Church is talking about closing down the parish…

Jackie – No?

Benedict – Unfortunately, God is insolvent. Apparently, the Church needs to ‘strengthen its core business and capitalise on the future’ too.

Jackie – Shameful, that’s what it is… Whatever next? It’s only a matter of time before the Chinese start buying stock in the Vatican.

Benedict – On the other hand, no one ever came to service in Sodgibbon.

Derek – Despite all the trouble you went through to increase the parish population.

Jackie – Derek… Please, at least show some respect for religion…

Derek – It’s not bread loaves he multiplies, but buns in the oven.

Felix – No town hall, no school, no church… At least we still have the Red Lion.

Derek – But for how long?

Charlie – You’re not thinking of closing, are you?

Jackie – I wouldn’t mind selling myself. If we found a buyer…

Benedict – Come on, you’re not going to leave us, are you?… What would you do without a pub, eh Jackie?

Jackie – Ha, I’d start by going on a holiday. You won’t believe this, but I’ve never seen the sea.

Derek – Might as well wait for the sea to come to us, with global warming and all. It’ll be quicker than finding a buyer.

Charlie – I think you mean a sucker.

Derek – Who would ever buy a pub in this place? We don’t even have customers…

Felix – Even the last inbred, alcoholic farmers have been replaced by drones controlled from Hackney.

Jackie – If we could only get a handful of tourists, at least during the summer.

Charlie – Why would tourists ever come to this hole? There’s literally nothing to see for a hundred miles around.

Felix – For sure, it’s the ideal place to rest.

Derek – Yeah… If you’re hoping for eternal rest…

Benedict – Potato fields as far as the eye can see. A few crows. You really do need the faith to stay here…

Charlie – Crows over potato fields… Sounds like a Van Gogh painting…

Jackie – At least if Van Gogh came here to kill himself it would have put the place on the map.

Derek – That’s not a bad idea, actually. If assisted suicide became legal in Britain, Sodgibbon Cross would be the best place to set up the first practice.

Charlie – And if everyone suffering from depression came here to kill themselves, it would blow a bit of life back into our lovely town…

Benedict – Come now, children, we must keep the faith. God always answers our prayers…

Derek – Right, well this round’s on me. Let’s drink to forget that everyone, God included, has abandoned us in the middle of an ocean of potatoes… Jackie, break out the sparkling wine.

Felix looks at his pocket watch.

Benedict – Ok, but quickly then.

Felix – Oh my… look at the time.

Derek – What’s going on? Why are you both overbooked all of a sudden?

Jackie opens a cupboard and cries out in shock as she sees Jason curled up inside.

Jackie – Good Lord… One of these days he’s going to give me a heart attack…

Felix – Does he do that often?

Jackie – Since he’s a wee boy. He likes to practise hiding in the most unexpected places.

Derek – We even found him inside the washing machine once. But he’s too big to fit there anymore…

Jackie – I’ll never get used to it… You, come out of there!

Jason crawls out of the cupboard. He’s meant to be 18 years old but appears slow and detached from real life, obsessed with his only life goal of becoming a reality-tv celebrity. The others treat him like he has learning difficulties.

Jason (to Derek) – Hi Uncle Derek.

Derek answers with a nod.

Charlie – Hello Jason.

Felix – I see your cousin is still a few sandwiches short of a picnic…

Benedict – I thought he was your nephew.

Jackie – It’s complicated. I find it hard to keep track myself…

Jackie takes a bottle of sparkling wine and drops it in an ice bucket.

Charlie – I see… That would explain a few things…

Derek – I’m also his godfather, so let’s just call him my godson.

Jackie – I mean, we just call him Jason, it’s easier.

Charlie – Or JC for short.

Benedict – Blessed are the poor in spirit: for theirs is the kingdom of heaven.

Felix – The last young person in the village…

Charlie – He does look like he’s carrying more than his fair share of DNA.

Derek – According to a legend I recently uncovered, he’s actually the last direct descendent of Boudica…

Benedict – I had him do his First Communion last year, just in case…

Jackie – Now that they’ve dropped O Levels, his baptism certificate might be the only certificate he’ll ever get…

Charlie – According to a study by some ologists, children named Jason who born after the year 2000 only have a one in a hundred chance of getting their A Levels.

Felix – So what are you going to do now, son?

Benedict – If he leaves too, I won’t have any altar boys left…

Derek – And since you haven’t got any female parishioners anymore…

Jason – I want to go to London and prepare for auditions.

Felix – Auditions? You mean job interviews?

Charlie – You want to apply for a job?

Felix – Maybe he wants to be a mailman, like his father.

Benedict – His father was a mailman?

Derek – Why? You thought he was a priest?

Jackie – He’s got it in his head to audition to be a candidate on a reality-tv show.

Charlie – What show?

Derek – Britain’s Got Incredible Talent.

Benedict – No, really?

Felix – What talent can this muppet possibly have?

Jackie – He’s a contortionist. Well, according to him anyway.

Derek – Remember that time when the binmen found him asleep in a wheelie bin? A few seconds later and he would have been on his way to the recycling center.

Jackie – Maybe his parents were hoping he’d get picked up with the bulky items…

Jason steps a few feet away from the group to play darts with a distinct lack of dexterity, which could become dangerous for the rest. Felix drains his glass.

Felix – Listen, I think I’ll take a rain check for that champers… There’s an urgent matter I need to attend to at the town hall.

Derek – Urgent?

Felix – I need to reply to that letter.

Charlie – Oh that’s right, the takeover bid launched by Sodgibbon Pews for Sodgibbon Cross…

Benedict – I’ll come with you, Mr. Mayor. I need to plead for my cause too…

The mayor and the priest leave the pub. Jackie shows the bottle of sparkling wine to Charlie.

Jackie – A glass of bubbly?

He signals that he isn’t interested either.

Charlie – Thanks, but no thanks. And it’s not even noon…

Jackie – All right, I’ll put it back in the fridge… Save it for a special occasion…

Derek glances at the door of the pub with a look of surprise on his face.

Derek – I think we may have one now…

Wendy and Catherine enter the pub. Their appearance is very London hipster chic and makes a stark contrast with the locals. Wendy looks like a depressed celebrity and hides behind oversized sunglasses. Catherine is dressed elegantly but more practical and less feminine. Catherine’s demeanour is determined, positive and enthusiastic, while Wendy is pessimistic bordering on suicidal. Wendy looks around her.

Wendy – Did we just land in the intro sequence of an episode of the Twilight Zone?

Catherine – Do you want to sit down for a few minutes?

Wendy doesn’t reply but drops on a chair.

Catherine – Hello everyone… I apologise for interrupting your cute meeting but… Can I ask you something?

Jackie – Yes…?

Catherine – Where are we? Precisely?

Silence.

Derek – Precisely? Well, Madam, we are precisely at Sodgibbon Cross.

Catherine – Oh yes, it’s…

Charlie – In the middle of nowhere…

Catherine glances at the screen on her smartphone.

Catherine – Even the GPS doesn’t even know where it is…

Jackie – It’s a lovely, quiet place…

Catherine – You don’t say… I thought we were in… Do you know, I think we’re a little lost…

Charlie – It’s quite unusual for anyone to come here of their own free will, you know…

Catherine looks around her, appalled, especially when she notices Jason who is still playing darts with a visible lack of talent.

Derek – Can I get you something to drink?

Catherine – Hmm… Sure, why not? Wendy, do you want something to drink… (Wendy doesn’t answer) We’ll have two Cokes. No ice, please.

Jackie – Good call, I hadn’t gotten around to plugging the freezer yet. With this weather…

Derek – For sure, spring is rather late this year.

Charlie – Last year it came around the middle of August, and two weeks later it was Autumn.

Jackie pours their Cokes.

Derek (trying to be friendly) – Are you vacationing in the area?

Catherine – Yes… Well, actually… More like a short break… (quietly, aside) My friend had a… she suffers from exhaustion. We had to move away from it all for a bit.

Charlie – Well you found the right place…

Jackie – Sodgibbon Cross is the perfect place to rest and recuperate…

Charlie – It’s because there isn’t a whole lot to do…

Catherine – Yes, it’s… It’s charming, isn’t in, Wendy?

Wendy – Hmmm… Looks like a good place to spend one’s last days…

Jackie – Yes, we have a big retirement community…

Wendy – No, I meant a good place to put an end to your life…

Awkward silence.

Jackie – So you’re planning to relocate to the countryside?

Catherine – We haven’t really had time to talk about it yet, but… why not… There is a sense of serenity here… Like in a church…

Wendy – Yes… or a cemetery.

Derek – We only have a chapel, but you’ll find that it has been entirely refurbished. It looks like it was built only yesterday…

Catherine – Life in London is so stressful… Sometimes the thought of leaving it all behind and moving to a small village, far away from everything…

Wendy – Oh we’re far away from everything alright… We don’t even know where we are…

Wendy takes several pills and swigs a mouthful of Coke to chase them down.

Catherine – Remember what the doctor said? No more than one at a time.

Wendy – You’re right… Actually, I think I’ll go and vomit…

Charlie – I was like that when I first got here… But then you get used to it, you’ll see…

Jackie, concerned for her tiled floor, points towards the toilets.

Jackie – This way, please…

Wendy leaves. Catherine looks a little embarrassed.

Catherine – It’s probably the change of scenery…

Derek – For sure, the air is different here…

Catherine – Indeed, our lungs are used higher carbon monoxide concentrations. We’ll need a bit of time to recover from withdrawal symptoms…

She sneezes.

Charlie – Either that, or the pesticides they dump on the potato fields. It takes time to build up a tolerance…

Catherine – Pesticides?

Charlie – If you have the opportunity to see it, don’t miss it – it’s spectacular. One of the few attractions the area has to offer. When the choppers rise out of the fog to spread their Monsanto stuff, music blaring… you’ll feel as if you’re in a scene straight out of Apocalypse Now.

Catherine – Isn’t it toxic?

Charlie – They say it isn’t, but… I wonder if that’s not part of the reason for Jason… On top of his stunted family tree, obviously…

Derek glares at him furiously. We hear the sounds of loud vomiting. Light embarrassment.

Derek – And what do you do, in London? If you don’t mind me asking, of course…

Catherine – I’m a journalist.

Derek – Journalist? Really?

Jackie – And you’re writing an article on the area?

Catherine – We’re on a vacation, but who knows? If I find something interesting to write about… Actually, I’m thinking of writing a book…

Derek – Oh. A book. Why not.

Jackie – We have a mayor who books too.

Catherine – How nice for him…

Derek – Actually, he’s more into history books.

Jackie – And your lady friend? I mean, your friend? Is she a journalist too?

Catherine – Not exactly… She’s a television producer (confidentially) WC Productions, that’s her…

Jackie – WC?

Catherine – You’ve never heard of Wendy Crawford? WC, that’s her initials…

Derek – So she works on the telly?

Catherine – I’m sure you’ve heard of a show called Britain’s Got Incredible Talent?

Jackie – Have we…? Incredible Talent? But of course!

Catherine – Well, that’s her! She’s the show’s producer.

Jason – An Incredible Talent?

Everyone turns towards Jason, whose presence had been forgotten. But he doesn’t say anything else.

Catherine – It’s been going for ten years. Naturally, there’s a lot of pressure. She burned out.

Jackie – Burned out…? What’s that? Like a third-degree burn?

Derek – A BBQ accident?

Charlie – Back when we still had O Levels, we used to call that a nervous breakdown.

Catherine – Actually, the tv commissioner decided to cancel the show. If she doesn’t want to shut down her production company, Wendy needs to come up with something more modern. Unfortunately, her last show wasn’t a success…

Derek – Ah yes…

Catherine – And then there’s the matter of that little incident with the submarine in the Baltic Sea… You must have heard about it…

Derek – Yes I… Probably…

Catherine – It was a totally new concept… We rounded up a gaggle of celebrities from the ‘70s, all suffering from claustrophobia, and sent them to the bottom of the sea in a yellow submarine. To help them face and conquer their fears.

Jackie – I think I read something about it in a magazine at the hairdresser’s.

Catherine – Unfortunately, the submarine pilot was an ex-airline pilot with an undiagnosed case of severe depression and he wasn’t able to come back from the depths…

Jackie – That’s horrible… But what can you do, it’s fate…

Charlie (with emphasis) – Man’s greatness is to accept his fate, without believing in it’s fatality.

Catherine – Are you a professor?

Charlie – A teacher… in between jobs at the moment…

Catherine – Anyway, WC is going through shit times. So I decided to take Wendy out to pasture for a while, so she doesn’t blow a gasket…

Renewed vomiting sounds.

Charlie – I hope she’s going to flush that.

Catherine – I thought that spending time away from London would inspire her to find a concept for a new show. But so far she just seems to want to shut down the company and start over.

Derek – I know the feeling… We all have those moments where we’d like to start over.

Charlie – Except that since we’re already over, we just want to start something…

Catherine – Actually, my plan is to write a biopic.

Derek – A biopic?

Catherine – On WC. To tell the story of her life… You have no idea how fascinating the life of a television producer can be. So if we could find a quiet place to stay for a few months, far away from the hustle and bustle of London…

Jackie – Well, you’ve found the right place. We don’t even get mobile reception or the internet, we’re in a white zone…

Charlie – Sometimes it feels more like a black hole…

Catherine – Or maybe even buy a secondary residence…. To put down some roots.

Jackie – Oh, you’ll take root alright, quicker than you think…. And then you won’t be able to leave…

Jason – Do you want to see me hide in a fridge?

Jackie (mildly rebuking him) – Jason…

A moment of uncertainty.

Catherine – This place is really special, isn’t it? I’ve never seen anything so…

Derek – Authentic.

Catherine – No… That’s not the word I was looking for, but…

Derek – Why don’t you stay in our village for a few days… or even longer?

Catherine – This is a hotel, too?

Derek – It could be…

Jackie and Charlie look at him, intrigued. Wendy returns.

Catherine – Do you hear that, Wendy? This gentleman is suggesting that we rent a room here in the Red Lion. What do you think?

Wendy – I think I’m going to be sick again…

Jackie – Who knows, you might even end up buying the place…

Catherine – The pub is for sale? Do you hear that, Wendy? Wouldn’t that be a hoot?

Wendy – Wonderful. And we wouldn’t have to worry about customers interrupting our work.

Derek – It’s a little quiet at the moment, for sure. But the tourists won’t be long now…

Jackie – It’s peak season soon…

Catherine (surprised) – In March? They come here for…?

Derek (not sure what to say) – Well… I mean… Because in the Spring…

Charlie –… the potato fields are in bloom. It’s very romantic, you’ll see…

Catherine – Potatoes… How interesting… Do you hear that, Wendy?

Wendy – I didn’t even know potatoes had flowers. But if you want a bouquet for your birthday…

Charlie – Or how about a perfume, even? Spud by Givenchy. It’ll stand out on the shelves.

Catherine – You’re right, the tulips in Holland get all the press, no one ever thinks of the potatoes…

Charlie – In Sodgibbon Cross.

Catherine – But then the season must be very short…

Jackie – It depends on the type of potato.

Derek – Actually, we get flowers all year round.

Charlie – Especially from the transgenic ones, which are Beacon’s special export.

Jackie – No, there really isn’t an off-season to speak of.

Jason joins the group.

Jason – I can also fit in a wheelie bin, do you want to see?

Jackie – Come now, Jason… Stop bothering the nice lady… Why don’t you go and practice outside? Look, I just took out the wheelie bin to the curb.

Derek pushes Jason outside.

Jackie – I’m sorry… He’s not very bright.

Derek – It’s a pretty good deal, you know.

Catherine – Wendy’s right… It’s a little dead around here, no?

Charlie – Well, now that they build the motorway to go around the village…

Jackie – It’s because they’re all having a nap.

Wendy – It’s not even noon yet… They start napping early around here…

Jackie – If you’d been here an hour ago, you’d have seen what peak time looks like…

Derek – Or you could turn it into a secondary residence in the country, and invite your London friends. There’s a nice flat on the first floor.

Catherine – In a real life, working pub, that would be a riot, wouldn’t it?

Wendy – Do you have anything stronger?

Jackie – Would you like to taste our local specialty?

Derek – We do a mean potato hooch.

Charlie – And believe me, you always remember your first time.

Derek – Like love.

Charlie – And like love, it can make you blind…

Wendy – You’ve convinced me.

Derek pours her drink.

Catherine – I don’t think, with the pills…

Wendy – We all have to die of something…

Derek – Would you like one?

Charlie – The recipe was invented by the defrocked monk who allegedly fathered one of Boudica’s daughters in a barn when she stopped in our village in 60 AD.

Derek – The first one is on the house…

They empty their glasses.

Catherine – Oh, yes, that’s brutal…

Wendy – You can really taste the potatoes.

Charlie – Spot on! And if it doesn’t kill you right away, you’ll feel full of beans.

Derek – And nothing but natural ingredients.

Charlie – And 100% organic compounds… Organic chemistry compounds…

Jackie pours a second round.

Jackie – The second round is sponsored by the Tourist Board of Sodgibbon Cross.

Derek – You won’t need your pills any more after that one, believe you me.

Wendy – I’m sure, it feels like a much quicker way to commit suicide.

Derek – And get this, it’s completely legal.

Charlie – Our mayor is the alchemist who distills this nectar in his cellar, with his illegal still.

Jackie – And this divine beverage is blessed once a year by our priest. A holy man if there is one…

Jason returns, looking confused and covered in rubbish.

Jason– I couldn’t get in the wheelie bin, Uncle Derek. It was already full.

Derek – Jesus wept, what a loser…

Wendy – Does he want to drink some of the magic potion too?

Jackie – Absolutely not. He was given plenty when he was teething.

Derek – Go on, go play outside. The adults are talking!

Jason (disappointed) – You’ll see, one day I’ll go to London…

To everyone’s surprise, Jason, disappointed, starts singing a verse from the song “There’s no business like show business” while performing a few dance steps from the film:

There’s no business like show business like no business I know
Everything about it is appealing, everything that traffic will allow
Nowhere could you get that happy feeling when you are stealing that extra bow

Jason leaves the room. The others don’t mention the incident, perhaps thinking they just experienced a collective hallucination from the potato spirit.

Jackie – The region is gorgeous, you know.

Derek (leers at Catherine) – And, just like a gorgeous woman, it knows not to reveal its assets all at once.

Jackie – And pub landlady is a noble job. Contact with customers and all that.

Derek (to Wendy) – Surely that’s just what the doctor would order for a depressive victim like you. Much better than being alone with your thoughts.

Catherine – I know it sounds crazy, but it could be fun, don’t you think?… You’re always saying how you want to start a new life…

Wendy – Well… I meant, changing for a better life…

Everyone is beginning to be considerably drunk.

Jackie – Come on, I’ll show you the flat upstairs. You’ll see, it’s very cozy…

Charlie – And very convenient. No need for public transport. Your commute will be walking down a flight of stairs. A nice change from the Tube.

Jackie takes Catherine and Wendy to the staircase that leads to the first floor.

Jackie – After you…

Derek – Be careful, the staircase is rather steep.

Wendy (swaying) – I think I’m holding a steep one too.

They leave.

Derek – Talk about a gift from heaven…

Charlie – More like a miracle.

Derek – And I think they might be receptive to the magic of this place.

Charlie – Either that or they’re feeling the effects of the potato booze. It gave me hallucinations once.

Derek – We absolutely must find a way to get them to stay the night.

Charlie – Right, I’ll leave you to it. I have to get changed…

Derek – You’re right, we need to make a good impression.

Charlie leaves. Felix and Benedict return.

Felix – Who are these two beautiful young women I saw entering your establishment?

Benedict – And what have you done with them?

Derek – They’re from London. Jackie is giving them a tour of the flat upstairs.

Felix – London?

Derek – One of them is a journalist, and the other one works on the telly! Can you imagine?

Benedict – What are they doing upstairs?

Derek – If they decide to move here, they could do for Sodgibbon Cross what Ed Sheeran did for Framlingham! The capital of Hipsterland!

Felix – You think?

Derek – I’m going to try and flog them my pub.

Benedict – That might be harder than it sounds…

Felix – Do you really believe they’re thinking of living here?

Derek – The one who works in reality-tv looks completely out to lunch, you know, anxiety-depression style. The other one’s the same, but the opposite.

Benedict – How do you mean, the same but the opposite?

Derek – She’s also out to lunch, but she thinks everything’s amazing! Even Sodgibbon Cross! Can you imagine?

Benedict – How on Earth did they did they end up here?

Derek – It’s a gift from heaven, I tell you. I almost found my faith again. They’re looking for a quiet place to recuperate mentally and write their memoirs.

Felix – Quiet? They certainly won’t find anything better. So you really think that…

A man wearing a Zorro costume enters the pub, holding a gun (we later learn that it’s Jason)

Jason – Hands up. This is a hold up.

Derek – Fuck. What now…

Felix – A hold-up? Really?…

Benedict – Beacon sure is full of excitement this morning…

Felix – And you told them it was a nice, quiet place.

Derek – What’s this wanker doing? He’s going to fuck everything up.

Jason – The moolah, and hurry up…

Derek – Sure thing, little man, stay calm…

Derek bends down behind the counter, pulls out a hunting rifle and points it towards the man who cocks his gun.

Benedict – Aha… Snap!

Jason – Heh! Watch it! Mine’s a toy gun.

Derek – I know, I gave it to you for your First Communion, moron. Along with your Zorro costume and your diving watch.

The man removes his masque. It’s Jason. Derek puts his rifle away.

Felix – What a fucking idiot…

Derek – The hipsters will be down any minute now, what do we do with this one?

Jason – I just wanted a little cash to take the train and make it to the competition in London.

Benedict – The competition?

Jason – An Incredible Talent…

Benedict – Shouldn’t we be calling the cops?

Felix – Or the asylum…

Derek – No time for that. And we can’t risk frightening the ladies with the presence of cops…

Derek points the freezer to Jason.

Derek – You, get in there!

Jason – In there?

Derek – I thought you were a contortionist?

Jason – Yes, but…

Derek – I’m sure the lady from the telly will be very impressed that you can fit in the freezer…

Jason – You think?

Derek – Do you want to be in that show or not?

Jason – Oh, alright…

Benedict – He’s an eager beaver…

Felix – Yes… I can see how his parents managed to talk him into hiding in a green wheelie bin…

Jason steps into the freezer.

Derek – Don’t worry, it’s not plugged in. We use it to keep the Cornettos in the summer but it’s not the season yet.

Jackie comes down from the first floor with Catherine and Wendy. Derek quickly closes the freezer.

Derek – Ladies, let me introduce you to our mayor, who wanted to personally welcome you to our lovely village…

Catherine – Sir… Very happy to meet you.

Felix – Ha! See, it’s funny because that’s my name… Felix… It means happy in Latin.

Catherine – Oh, right…

Derek – And this is our priest, who…

Benedict – My child…

Derek – … who was just stopping by. So, what do you think of our little love nest?

Catherine – Yes, it’s…

Wendy – How do you say again?

Jackie – Cozy.

Catherine – That’s it… It’s cozy. Isn’t it, Wendy?

Wendy – Yes, it’s… That’s exactly it.

A moment of silence.

Derek – It must be quite a change from London, of course.

Catherine – On the other hand, since you’re looking for a new reality-tv concept… a short stay here could be the occasion to reconnect with grass-roots England.

Wendy – Never mind grass roots… Any lower and we’ll need a shovel… to dig us six feet under.

Jackie – There’s a bit of work to finish the decoration before anyone can move in , of course, but…

Catherine – We’ll think about it, won’t we Wendy?

Wendy – That’s right, we’ll think about it… And while we do that we’ll need a place to sleep… I’m crashing…

Catherine – Do you know if there’s a hotel in the area? Because this room, no offence but…

Wendy – Like you said, there’s still a bit of work to be done… like installing a bathroom for example…

Felix – Unfortunately… For the moment we don’t have anything else… apart from a few AirBnB rooms. But it will be my pleasure to…

Benedict – If it’s just for a couple of nights, I would be happy to offer you the hospitality of the rectory.

Catherine – The rectory…? What’s that?

Benedict – I am the humble shepherd of this herd of tormented sinners.

Catherine – A herd of what now?

Wendy – The man is trying to tell you he’s a man of the cloth…

Catherine – A priest, of course! You told me earlier… But since you’re not dressed like…

Benedict – Ah… But you should know that not all priests are cut from the same cloth…

Catherine – But that’s very chivalrous of you… I mean… A rectory… Is that amazing or what?

Wendy – Yes. Spending the night in a rectory sounds exactly like something a woman must do at least once in her life…

Benedict – But it’s only natural. Pure Christian charity.

Catherine – And we’ll be staying with a priest, what’s the worst that could happen?

Derek – I’ll let you be the judge of that…

Felix – Right, so it’s settled. You’ll see, you won’t regret it…

Benedict – If you’d like to follow me…

Catherine and Wendy follow Benedict. They are about to leave the pub together. They bump into Charlie who is returning, dressed like a woman. Catherine doesn’t recognise him but Wendy looks at him suspiciously.

Catherine – Madam…

Charlie (to Wendy) – Looks like our local fresh air is already working it’s magic on you…

Wendy (to Catherine) – Are you sure they’re not taking us to the motel from Psycho?

They leave.

Derek – A journalist and a television producer! How lucky is that?

Felix – Do you really think these two hipsters are going to buy an insolvent pub in Sodgibbon Cross?

Jackie – It’s very common for celebrities to buy cafes and turn them into show-biz canteens.

Charlie – Robert De Niro even owns a set of high-end Japanese restaurants.

Felix – And then there’s those who move to the country to reconnect with their peasant roots…

Jackie – Sting makes olive oil. And Brad Pitt has his red wine.

Charlie – But strangely, I’ve never heard of celebrities interested in growing transgenic potatoes.

Jackie – We’re trailblazers…

Derek – Ok, you’re right, they won’t buy this shit pub. But they work for the press and the telly! They could talk about our village so people will hear of it.

Felix – What could possibly be of interest to them here…

Jackie – We’ll find something. There’s plenty of small towns with nothing going for them that are famous for something…

Felix – Like what?

Derek – Off the top of my head, Bethlehem or even Windsor!

Felix – Windsor has a famous family.

Jackie – So does Bethlehem.

Charlie – In Sodgibbon Cross we only have JC…

Derek – The trick is finding a way to get people to talk about us! If we build it, they will come.

Jackie – And they’d know where to find us on a map.

Charlie – There will be no more talk about amalgamation with the next town!

Felix – We’d keep our mayor, our teacher, our priest…

Jackie – And we’d gain a few customers!

Derek – Ok, but right now what we need is an idea to keep them here.

Jackie – At least temporarily…

Charlie – Just long enough to convince them that Sodgibbon Cross’s most vibrant place isn’t the cemetery on All Saints Day…

Felix – He’s right… We need to attract people to create a sense of excitement… But how?

They think.

Derek – How about a happy hour?

Charlie – There isn’t a single customer within 20 miles… Who’s going to drive 40 miles both ways for a free refill of potato booze?

Felix – And that’s if they survive the first glass…

Jackie – I’ll leave you to think about it… I’m going to the shops… If we’re going to have company I need to fill the larder… And it’s not next door…

Jackie leaves. Benedict returns.

Felix – So?

Benedict – They were in the jacuzzi when I left…

Derek – Don’t you mean the ornamental pond?…

Benedict – Whatever… They seem to be enjoying themselves…

Felix – I’m sure it’s amazing but it’s hardly going to be enough to get them to move here.

Derek – The media is already here, we just need to find something about Beacon that they can talk about…

Benedict – How about a fete?

Derek – Fuck’s sake… Why not throw a parade while you’re at it?

Charlie – No, what we need is a nice, juicy gossip story.

Felix – You’re right! People would come and check it out for themselves, if it was in the papers.

Charlie – Good point… The sea port where the Costa Concordia sank can’t get rid of the tourists since the accident. It’s become an actual place of pilgrimage!

Derek – On the other hand, the odds of a highliner coming ashore in Sodgibbon…

Charlie – No chance of a plane crash either. Even the flight path was diverted.

Benedict – Except for the planes who spread the pesticides on the potato fields.

Charlie – And there isn’t a pilot depressed enough to come and crash here of his own will…

Felix – We have to face reality… We’re more in the independent film category, budget-wise. We’re going to need to something less spectacular, but very unusual…

Benedict – An accident…

Derek – Or a gruesome crime…

Benedict – You’re not thinking of killing someone and cutting them up just to get people to come to Sodgibbon Cross!

Felix – We narrowly avoided an armed robbery, maybe there’s something there…

Charlie – A dimwit with a toy gun and a Zorro face mask… I don’t think it’ll be enough for a front page spot.

They hear banging noises.

Derek – Shit, we forgot Jason in the freezer…

Derek opens the freezer and helps Jason out of it.

Jason – So? How did I do?

Derek Very good, excellent…

Charlie – Good thing the freezer wasn’t turned on.

Felix – Yeah…

Derek – Fuck me! I just had an idea!

Benedict – You’re scaring me…

Derek – Are you thinking what I’m thinking?

Charlie – On the other hand, a body found in a freezer…

Felix – A freezer, yes, that’s good… And it’s within our means…

Benedict – As far as attracting tourists, a pub freezer with a body in it… you really think that’s a good idea?

Charlie – We just need a good story to go with it. Context matters.

Derek – I can already see the headlines.

Felix – Catastrophic accident in Sodgibbon Cross: Incredible Talent fan freezes to death practicing for the show heats!

Derek – I bet our telly hipsters will love it!

Everyone turns towards Jason.

Jason – What? What did I do?

Benedict – What’s wrong with you! We’re not going to sacrifice this poor innocent soul just to give our village a bit of press coverage…

Derek – But he won’t actually die. Well, not completely anyway.

Benedict – What do you mean, not completely?

DerekJason, how do you feel about becoming a celebrity?

Jason – Are you kidding? My destiny is to appear on television!

Derek – Yeah… Maybe even in the London Evening Standard or the Manchester Evening News.

Jason – And what do I need to do?

Felix – Virtually nothing…

Charlie – Just be dead.

Jason – No way, I want to be a celebrity in my lifetime!

Derek – Do you want us to call the cops? Armed robbery, do you know how much you’ll get?

Jason – No, how long?

Derek – I don’t know, but that’s not the question.

Felix – Besides, you won’t actually be dead.

Derek – We won’t set the freezer on high.

Jason seems to hesitate.

Jason – And you’ll pay for my train ticket to London?

DerekJason, I promise. Do you trust your godfather or not?

Jason – Ok… But I don’t quite understand. I’ll be dead for how long?

Felix – You’ll be dead at first.

Derek – But then, not any more.

Jason – Oh, just like Jesus then, right Father?

Benedict – That’s right… Just like Jesus…

Charlie – Everything will be fine, you’ll see…

Felix – And at the end, you’ll come back from the dead, just like Jesus.

Charlie – We’ll film everything and we’ll put it on YouTube, it’ll be the bomb.

Benedict – It’ll be sick, bro. It’s going to be viral!

Derek – Jason, this is your moment, show everyone your incredible talent…

Jason – Um, alright…

Jason goes back into the freezer. Charlie is filming with his phone. Derek turns the freezer on.

Benedict – You’re really going to turn it on?

Derek – Just on low, don’t worry. Enough to give him a light hypothermia, for credibility purposes.

Felix – He’ll come out cool as a cucumber… a different man.

Derek – I’ll set it on two…

Benedict – But what if he does die? Have you thought about that? You’ll be accused of murder, Derek! It’s your freezer after all!

Felix – But he isn’t going to die! Worst case, maybe he catches a bad cold.

Charlie – Or he loses a finger. Two at the most. Like those mountain climbers who trek the Himalayas. You can’t be a hero without making a sacrifice…

Benedict – Yes… here we’re only talking about staying in a freezer…

Charlie – Just between us, given what he does with his fingers… Even if he loses a couple he’ll still have plenty to pick his nose…

Derek – He’ll only stay in there long enough for us to make a bit of noise about the incident and get the village in the media.

Charlie – But the cops, they’ll be able to tell he isn’t dead!

Derek – That’s true… You might have found the flaw in our plan.

Felix – The cops? You know how they are! A couple of drinks and they’ll think your wife is Miss England…

Derek looks at Felix, menacingly.

Derek – I don’t how to take this…

Charlie – He means that if they were sober they’d think she was Miss World.

Derek – We can even put a few ice cubes on top, to make it look more real…

Jason pokes his head out of the freezer.

Jason – Is my hair ok?

Derek – Yes, yes, it’s fine.

Jason – What about my t-shirt?

Charlie is still filming.

Derek – Go on, back in your box. Jackie won’t be long now…

Jason – It’s a bit nippy in there.

Derek – It’s a freezer, you numpty!

Jason – And it’s very dark…

Benedict – I always wondered if the light really went off after you closed the fridge door.

Charlie – You should be wondering if there really is life after death…

Felix – Well, today we’ll have an eyewitness… If we can thaw him out, that is…

Derek – Worst case, the journalist can write about that…

Charlie – I can just picture Krishnan Guru-Murthy reading the evening news: Does the light really go off in your fridge when you close the door? A brave resident of Sodgibbon Cross tries a unique experiment to bring a definitive answer to this deeply unsettling question…

Jason – The evening news? Ok, I’m going back in…

Jason sits back in the freezer. Derek takes the ice bucket and pours the contents on top of him.

Benedict – How long are you going to leave him in there for?

Felix – One night should be enough.

Derek – We should leave Jackie out of this, that way she can be the one to find him tomorrow morning. Credible deniability and all that. She’s a terrible actor.

Felix – Don’t worry Benedict. See… if anything goes wrong he can easily get out on his own…

Derek – Alright, now you should leave before Jackie returns. I’m not convinced of your acting skills either…

They all leave. Jackie returns with the shopping which she starts to put away.

Jackie – I’ll put the cornettos away first before they melt… (She puts the ice cream in the freezer without seeing Jason) Oh, I need to turn it on… Ah, Derek’s already done it… But that’s not high enough… I’ll set it on ten… (She closes the freezer door and places a bag of potatoes on top) Right, I’ll do the chips tomorrow, I’m knackered…

She’s about to leave but glances at the freezer once more.

Jackie – I always wondered… does the light really go out after you close the door ?… Ah well…

She turns off the light and leaves. We hear banging coming from inside the freezer.

Black. Ellipsis for the night. Intermission (optional).

Act 2

Light. Jackie enters, yawning, and goes through the motions of opening the pub, like she does every morning.

She takes the bag of potatoes from the top of the freezer and starts to peel and cut them into chips.

Jackie – We hope it’s chips it’s chips…

Derek enters.

Derek – Good morning love, sleep well?

She looks at him, taken aback.

Jackie – What’s wrong? Are you alright?

Derek – No, no, everything’s fine. What are you doing?

Jackie – I’m peeling potatoes, aren’t I.

Derek – Oh right…

Jackie – I’ll freeze them. In preparation for this summer…

Derek – Do you want a hand peeling those potatoes?

Jackie looks at him again, this time suspiciously.

Derek – That way you can prepare a brunch for the Londoners…

Derek starts to peel the potatoes. Jackie looks at him, now stunned.

Jackie – Are you sure everything’s ok?

Derek – Of course, why?

Jackie – I don’t know… It’s the first time ever I’ve seen you peel potatoes…

Derek (looking towards the door) – Ah, here they are…

Jackie – Brunch… Why not served in bed while you’re at it…

Catherine and Wendy enter.

Derek – Good morning ladies! Did you sleep well?

Catherine – Like a log!

Wendy doesn’t say anything, but it doesn’t look like she had a restful night.

Derek – Told you, you’ll end up setting roots here.

Wendy – For now I’ll take an Earl Grey with a splash of lemon.

Catherine – Same for me.

Jackie – Coming right up…

Jackie prepares the tea.

Catherine – Do you have any croissants?

Jackie – Uh no… But I can make you some chips if you want. Freshly cut.

Wendy – No thanks, we’re good…

Jackie – Two Earl Grey with lemon, coming right up… But unfortunately, we’re out of lemon.

Catherine – As long as the water is hot, it’ll be fine…

Derek – No worries there… Around here we always boil the water… We have to, it’s safer that way…

Jackie – While the water is boiling, I’ll check if my freezer is cold enough to freeze the potatoes…

Derek smiles stupidly.

Derek – Please sit down, it won’t be long now…

The two women sit at a table.

Wendy (aside, to Catherine) – You’re right, let’s get out of here… It’s very authentic but… they all look a little inbred, the lot of them…

Catherine – Remember when the priest joined us in the jacuzzi last night… what was that about…

Wendy – At least if he had been wearing something…

Derek continues to peel the potatoes.

Derek – I think it’s going to be a gorgeous day.

They smile politely.

Wendy – Look at that one, with his long knife, peeling their transgender potatoes…

Catherine – Transgenic.

Wendy – You’ve got to wonder how many times it was used to slit their guests’ throats. What’s the name of this place again? The Red Pub?

Catherine (laughing nervously) – Stop, you’re starting to creep me out…

Wendy – I wonder where they keep the bodies…

Catherine – In the cellar maybe…

Wendy – Or the freezer.

They both stifle nervous laughter.

Catherine – Alright… We drink our tea and we’re out of here…

Catherine jumps when Jackie screams as she opens the freezer.

Jackie – Oh my God! What is… that?

Derek (feigning surprise) – What’s going on?

Jackie – There’s a stiff in the freezer!

Derek – What?

Catherine looks at Wendy, aghast.

Derek (badly faking surprise) – A stiff? But who is it?

Jackie – I don’t know… I didn’t want to look, did I! I just saw two eyes staring straight at me through the ice cubes!

Charlie enters.

Charlie – What’s going on?

DerekJackie found a body in the freezer!

Charlie – No way! Anyone we know?

Derek – We’re not sure yet…

Charlie films the scene with his phone.

Catherine – What a bunch of wackjobs. Come on let’s go…

Wendy – Hang on… give it a few minutes! It’s just starting to become interesting…

Jackie – We need to call the police…

Derek – What a mess…

Wendy – Can I have my tea, when you’re done?

Derek – I’ll take care of it right now… Tea for two and two for tea …

Jackie picks up the phone.

Jackie – Hello, emergency services? Please come quickly. We found a body in our freezer. No, not a baby, I wouldn’t be calling you for so little.

Derek serves the tea.

Derek – A dash of milk?

Jackie – Yes… Sodgibbon Cross. Where is it…? Around mile 22, between Sodgibbon Pews and Greenfield Wells… Thank you, we’ll be waiting…

Derek – So?

Jackie – They’re sending two forensic specialists…

Catherine – Forensics? What do you think this is, a good American tv series…?

Charlie – Isn’t that what they call an oxymoron?

Wendy – CSI Sodgibbon Cross… Doesn’t have quite the same ring as CSI Miami, does it…

Catherine – Maybe, but I still think we’ll soon hear about this dump in the local paper…

Wendy – It’s like Andy Warhol said: everyone gets their fifteen minutes of fame…

Felix and Benedict arrive.

Felix – Good morning ladies, everything ok?

Charlie – We’ve just found a body in the freezer.

Benedict – A body? You mean a human cadaver?

Charlie – Yes, a human cadaver… Not a cow cadaver cut up in handy burger packs.

Jackie opens the freezer again.

Jackie – Look! He left a note on the inside of the door…

Benedict – A note?

DerekHe did?

Jackie – Well, it’s more like a message scratched in the ice. A suicide note maybe…

Felix – So it’s a suicide?

Charlie – To my knowledge, this would be the first time anyone commits suicide by locking themselves up in a freezer.

Felix – I believe you might be right… I think I’ve read of a case where it happened in a sauna, but never in a freezer…

Charlie moves closer to the freezer.

Charlie – Or he left this message to guide the police to his murderer…

Felix – No way…

Derek (to Jackie) – Well, go on, what does it say?

Jackie – It’s full of spelling mistakes…

Charlie – I bet it is.

Jackie – I’m having trouble reading the first bit…

Benedict – The teacher might be able to help, he’s used to reading poor handwriting.

Charlie looks inside the freezer.

Charlie – Weird… That handwriting looks familiar…

Derek – So?

Charlie – Hang on, give me a second… Oh, yes, I can see it: Derek killt me…? (Everyone turns toward Derek, shocked) No, I’m kidding…

Jackie – Please, this is not the time for jokes.

Charlie – Let’s see… (reading) “I have an incredible talent… but I’m freezing my nuts off”

They all look at each other, dismayed.

Act 3

We hear the sound of a helicopter.

Benedict – What’s that? Monsanto doesn’t normally start spraying for a few months yet.

Ramirez and Sanchez, two cops, arrive. They look more like two bumpkins than elite forensic cops. Ramirez, the inspector, can even vaguely look like Columbo.

Derek – Ah, the forensic police are here…

Jackie – Well, that was fast.

Charlie – They’re special forces. They must have been parachuted…

Ramirez – Inspector Ramirez. This is Constable Sanchez. We came by helicopter to be more quickly on the scene, but we had trouble finding your stupid village.

Sanchez – From the chopper we used the road as a reference point. But it stops dead in the middle of a potato field.

Felix – Ah yes, it’s the old A road. It was downgraded to a track road a few years ago when they built the motorway.

Derek – Which greatly affected the businesses of Beacon, believe you me.

Ramirez – Businesses? What businesses?

Sanchez – We didn’t even know there were still people living here.

Benedict – Before the war we still had a grocery store… At least according to local lore…

Felix – Now we go to the big Tesco once a month and we store everything in the freezer.

Ramirez – Speaking of which… What’s the deal about this freezer?

Sanchez – Cherchez la femme… Like the French say…

Derek – This way please, but surely you must have time for a quick drink first?

Jackie – Because let me tell you, it’s not a pretty sight…

Ramirez – I don’t know if… That bad?

Felix – He’s in the freezer! He’s not going to spoil…

Ramirez – In that case… Just the one then. For the road, right Sanchez?

Derek – How about you, ladies? Instead of the lemon in your tea?

Wendy – Why not…

Catherine – At this point …

Derek pours a drink in both tea cups and leaves. Catherine looks at her cup.

Catherine – Did you see that? The tea turned clear like water.

Wendy – Yes…

Catherine – It might be toxic.

Wendy – Or they forgot to put the tea bag in the water.

Catherine – Oh, and the water’s started to boil again…

They look at each other, worried.

Ramirez – That’s not bad…

Sanchez – Oh boy, you can really feel it going down.

Ramirez – Wakes you up…

Sanchez – I’m seeing things out of focus, is that normal?

Charlie – Don’t worry, it’s temporary. Usually.

Benedict – There’s been a few cases reported of permanent loss of vision, but it’s extremely rare.

Sanchez – Right. Sounds more like a hard drug than a liqueur.

Ramirez – As long as it’s legal…

Sanchez – Clears the lungs too.

Ramirez – It’s not flammable, is it?

Charlie – I used to know a firebreather who used this instead of lead-free petrol because it was cheaper.

Felix – I have been known to put some in my 4×4 myself, and I haven’t noticed any reduction in performance.

Ramirez – I’m sure… I’ve never drunk diesel myself but I imagine it has a similar taste.

Benedict – I bet if you were to drink drain cleaner after this, it would taste like holy water.

They all drain their glasses.

Ramirez – So, about this human cadaver?

Derek – This way, please Inspector, Sir ..

Ramirez – You go ahead Sanchez. You know how I feel about dead bodies. (To the others) If I ever leave this job, it will be because of the dead bodies…

Derek opens the freezer. The teacher films.

Sanchez – Oh you weren’t kidding, he’s hard as wood.

Felix – Pardon?

Sanchez – Come have a look, Sir.

Ramirez – No, no, I trust your judgement.

Derek, Felix and Benedict come closer to check.

Benedict – Jesus Christ… He’s actually frozen…

Ramirez – You look surprised, Father… Surely you’re seen your fair share of stiffs…

Derek – I don’t understand! I set it to the lowest…

Derek, Felix, Benedict and Charlie are dismayed.

Jackie – I wacked it up to ten last night. So it would be cold enough to freeze the chips this morning…

Sanchez – What if it was another case of frozen babies, Sir?

Ramirez – It’s a baby?

Sanchez – No. It looks more like a man, early twenties…

Ramirez – So how…

Sanchez – Maybe he survived all these years by eating whatever he could find in the freezer. And when the food ran out, he died of hunger?

Ramirez – Interesting theory, Sanchez… What did you keep in this freezer?

Jackie – Nothing. We keep it unplugged all winter…

Ramirez – I see…

Sanchez – Sir, I think he tried to draw something on the inside of the lid.

Ramirez – Really? Okay, I need to see this…

Ramirez comes closer.

Ramirez – So he did… It’s like cave paintings in there…What does it mean?

Sanchez – I don’t know… Looks like Egyptian hieroglyphics…

Ramirez – Take pictures of everything, Sanchez. And close the door before it all melts. We’ll get it analysed by an Egyptologist.

Sanchez – What for, Sir?

Ramirez – To better understand the victim’s personality.

Sanchez – Shouldn’t we be trying to understand the murderer’s personality…?

Ramirez – Don’t you start trying to confuse me, Sanchez. Are you trying to teach me my job?

Sanchez – Of course not, Sir. I’ll take pictures of everything, right away…

Ramirez – We’ll ask the lab for carbon dating. When we know when he died, we’ll be able to build several hypotheses on the circumstances of his death…

Derek – Are we suspects, Inspector?

Ramirez – Well, the body was found on your premises.

Jackie – But we’re the ones who called the police!

Ramirez – You’d be surprised the number of criminals who call the police after committing their murders…

Felix – And in your opinion, Inspector, when do you think he died?

Ramirez – It’s always difficult with the frozen ones. Time of death could be anywhere between 24 hours and six thousand years.

Sanchez – I hope you all have good alibis between the Jurassic and Cretaceous periods…

Jackie – But listen, I told you this freezer was only switched on last night…

Sanchez – What do we do, Sir, do we take him out of the freezer?

Ramirez – Leave him there for now… We have to be very careful to not break the cold chain…

Sanchez – So what do we do, boss?

Ramirez – What’s gone into you, Sanchez?

Sanchez – What do you mean, boss?

Ramirez – You used to call me Sir, why are you calling me boss now? I don’t condone this flaunting of the rules.

Sanchez – I’m sorry Sir, you’re right.

Ramirez – This isn’t an episode of Midsomer Murders, Sanchez. We are the elite police force: the forensic police!

Sanchez salutes him.

Sanchez – Sir, yes Sir!

Ramirez – As you were.

Sanchez – So, what do we do, Boss?

Ramirez – Why don’t you search this hovel… (aside) Go ahead and fuck up the place even if it’s not necessary… It never fails to impress the suspects.

Sanchez – Of course, Sir.

Sanchez starts searching the pub, moving as many things around as he can and making as much noise as he can.

Ramirez (to Jackie) – So, Madam. You’re the last person to see the victim, is that right?

Jackie – Er…no. I’m the first one to see him dead.

Ramirez – That’s what I meant. So you found the body. That makes you our prime suspect.

Derek – Inspector, are you serious?

Ramirez – I suggest you keep your mouth shut until we tell you to open it. Understood?

Sanchez – Sir, I think I found the murder weapon.

From behind the counter, he pulls the plastic toy gun that Derek took from Jason.

Ramirez – It’s a toy, Sanchez. Can’t you tell?

Sanchez – You’re right, Sir… And the victim didn’t die from gunshot wounds…

Ramirez – That will be for the autopsy to tell. He could well have been shot with that gun before being placed on ice in the freezer.

Sanchez – But you just said yourself it’s a toy gun…

Ramirez – Don’t try to confuse me, Sanchez. (He freezes like he’s having a vision) I just had a flash… And I think this case is a lot more complicated than it looks.

Sanchez – I think’s it’s quite complicated enough…

Charlie – A word of caution, Inspector, the flash could be a side effect of the potato booze…

Sanchez continues his search.

Sanchez – Oh great, there’s another one.

He retrieves the hunting rifle.

Ramirez – Is this your hunting rifle?

Derek – What if it is, is hunting illegal now?

Ramirez – No, but it’s suspicious. You know what they say… He who steals an egg will steal a chicken. Start as a hunter, end as a killer. Is there a flat above?

Derek – Yes.

Ramirez – Come Sanchez, we’re gonna check it out… (Looking towards the two Londoners) This pub has all the hallmarks of a brothel…

Sanchez – No one moves until we get back, alright?

Ramirez – You, the madam, you go first.

Jackie – If you’ll follow me, Inspector…

Ramirez points his chin towards the two Londoners.

Ramirez (to Sanchez) – We’ll interrogate the two whores later.

Catherine and Wendy look at each other, dismayed. The two policemen leave with Jackie. Derek, Felix and Charlie are so concerned they forget the two Londoners, who’ve been sat there watching it all without saying anything.

Derek – Just what we needed… Now we have a dead body on our hands.

Felix – We? But I didn’t do anything!

Derek – What? No, we all agreed!

Charlie – He’s right though, it was mostly your idea, Derek…

Catherine and Wendy are stunned.

Catherine – So you knew about this?

Wendy – You’re all in on it!

Catherine – You’re all accomplices…

They turn toward the women, knowing they’re busted.

Felix – No, but… It’s not at all what you think…

Charlie – I can see how this might look…

Benedict – And how you might have misinterpreted what we said…

Felix – Worse case, it’s involuntary manslaughter.

Derek – Possibly even just a workplace accident.

Catherine – Did you, or did you not put this bloke in the freezer?

Charlie – It’s a little more complicated than that…

Derek – We just wanted to break the monotony.

Felix – To show you that things did happen in Sodgibbon Cross.

Charlie – So you would have enough material to write an article about us. Even a short one.

Benedict – Actually, it was to help you out really.

Felix – Unfortunately, accidents happen.

Catherine – Wackjobs, I tell you…

Derek – You won’t say anything to the police, will you?

Catherine – Come on Wendy, let’s get out of here…

They stand up to leave just as the cops come back with Jackie.

Ramirez – No one leaves without my say so.

The two Londoners sit back down.

Ramirez – What do you think, Sanchez?

Sanchez – Yes, it’s rather cozy…

Ramirez – I’m not talking about the flat, idiot! I’m talking about our investigation!

Sanchez – Oh sorry… What I think, Boss… To be honest…

Ramirez – I see… I can tell I’m going to have to find the key to this mystery on my own, guided by my sole instinct.

Ramirez turns towards the group and feels their awkwardness.

Ramirez – And my instinct tells me that these fuckwits all fit the profile of a perpetrator. Take my word for it, Sanchez.

Sanchez – You’re right, Sir. I’d even say they all fit the profile of the murderer…

Benedict – Gentlemen, please! You’re talking to a minister of the faith.

Ramirez – Don’t let that impress you, Sanchez. A minister of the faith is to the Catholic hierarchy what a General is to the Salvation Army: a pompous title for someone with no real authority.

Felix – As for I, Inspector, I think you’ll find that I am the highest magistrate in this municipality.

Sanchez – But of course. And I’m a peace keeper, does that make me a Blue Helmet?

Ramirez (to the others) – Alright, that’s enough. If you bunch of nitwits have anything to say, now is your last chance.

Derek – Well…

Felix – You see…

Charlie – No, I don’t think so…

Sanchez – I’m betting on the priest, Boss. He looks like butter wouldn’t melt, but look at him, he’s a pimp if I ever saw one.

Ramirez – Very well, since no one wants to spill the beans, we’re going to proceed to the identification of the body. Who knows, that might trigger some memories…

He opens the freezer.

Jackie – Wait, I’ll remove the chips…

Ramirez (to Derek) – You, come over here. Do you recognise the victim, yes or no?

Derek – With that layer of ice over his face I can’t be sure.

Sanchez – Great, we’re going to wait for the Spring thaw…

Ramirez catches sight of the two Londoners.

Ramirez – Right, let’s try something else… Who’re these two skanks?

Sanchez – You’ve got a moonlighting gig as a pimp is that it? A little dough on the side?

Derek – They’re tourists visiting the region, Inspector.

Ramirez – Tourists? Do you really expect me to buy that? The last time there were any tourists in the area, they were Roman. They wore armor and they left after a week, fighting a mild depression.

Sanchez – This case gets stinkier by the minute, Sir.

Jackie – I don’t want to cause trouble but for what it’s worth, before these two showed up, this was a quiet, fairy tale village.

Charlie – Without a happily ever after.

Catherine – Oh, the cheek!

Ramirez – You slags, bring your asses over here.

Catherine comes forward, followed by Wendy. Ramirez forces Catherine’s head in the freezer.

Ramirez – So you don’t recognise the victim either?

Catherine – Oh my God, how gruesome!

Wendy looks too.

Wendy – His face does look familiar…

Sanchez – Must be a local, Sir. He looks a little slow in the head. Also, no one ends up accidentally in a hole like this place.

Ramirez looks at the Londoners again.

Ramirez – Tourists, you say…

Derek – I swear, Inspector. They really are from London. One of them works for the press, the other for the telly.

Ramirez – That’s not incompatible with being a whore. What do you think, Sanchez?

Sanchez – I think it’s a menage a trois gone wrong.

Ramirez (to Felix) – He was your wife’s lover, is that it? That’s why you killed him?

Felix – I’m not married, Inspector.

Sanchez – Too bad for you. You could have claimed temporary insanity during a crime of passion…

Ramirez (to Derek) – So you’re the sucker?

Sanchez – He does have a nice sucker face.

Derek – But of course not! I mean, yes, but… the priest, he’s me wife’s lover.

Ramirez – I see… (he turns towards the two Londoners) And you didn’t see anything, of course? You’re not very observant, I thought you were journalists …

Catherine – Actually, I did… From the window of the flat above, I thought I saw a man, looked like Zorro, come in the pub.

Sanchez – Zorro?

Ramirez – What were you doing up there?

Sanchez – Shagging the landlord probably…

Wendy – The landlady was showing us the flat, it’s for sale.

Ramirez – So you saw Zorro walk in the Red Lion…(ironically) Maybe he’s the killer, Sanchez! Why don’t you check and see if Don Diego de la Vega has any priors…

Sanchez – Right away, Sir… Can you spell the name?

Ramirez sighs.

Catherine – I meant a man wearing a mask, Inspector.

Wendy – Maybe it’s a robbery gone wrong?

Catherine – They could claim self defence.

Ramirez – Go ahead and lead this investigation, why don’t you?

Catherine – Not at all, Inspector.

Wendy – Even if I think the investigation would progress faster…

Ramirez – Alright, Sanchez, go ahead and proceed to the collection of a DNA sample for the purposes of identifying the victim…

Sanchez – I’ll do it right away, Sir…

Ramirez – We’ll also need DNA samples from all the suspects.

Sanchez – What for, Sir?

Ramirez – Why do you think?

Sanchez – To find out who’s the father of the baby who grew up in the freezer?

Ramirez – No, idiot… To find out which one is Zorro… Take them to the town hall for the collection… and send the samples to the lab.

Sanchez – Come on, follow me…

The two Londoners are about to follow him.

Ramirez – Not you… I still have a few questions to ask you…

The others leave.

Ramirez – Right, now that we’re alone, how about you tell me what you’re really doing in the region? The press rarely reaches a crime scene before the cops. Especially around here…

Catherine – It’s a complete coincidence, Inspector, I assure you…

Ramirez – But of course… Wrong place at the wrong time… (to Wendy) Do you have anything to add? You’re seriously lacking in the imagination department, for a television producer. Who do you work for?

Wendy – Mainly for the BBC…

Ramirez – I see… BBC 1, BBC 2, BBC 3, BBC 4… Clearly imagination isn’t the main asset of BBC television producers.

Catherine – Oh really? And what do think it is?

Ramirez – Cup size?

Wendy – Now you’re the one talking in clichés, Inspector. With all due respect.

Ramirez – Don’t tell me you’re here to cast characters for a new show…

Catherine – No, but it’s a shame because there’s quite a choice here. Have you seen their inbred faces?

Ramirez – Yes, you have a point.

Wendy – You included, Inspector… Has anyone ever told you that you could be on television?

Ramirez – You think?

Wendy – Definitely… Movies probably not, but television… I’ll leave you my card if you want.

Ramirez looks at both women for a beat.

Ramirez – Can I ask… What is the exact nature of your relations, you two?

Wendy – Our relations?

Ramirez – Yes, well… You know what I mean…

Catherine – Is this… relevant to your investigation?

Ramirez – Not at all, just inappropriate curiosity…

Derek, Felix, Charlie and Benedict return, looking embarrassed.

Ramirez – Alright you can go now, but don’t leave the municipality until further notice.

Wendy and Catherine move away.

Felix – Inspector, we need to talk… As the First Magistrate of this municipality…

Ramirez – Skip the foreplay…

Felix – We’re a little in over our heads here… After discussing the situation among us, we believe there are certain facts that you should be made aware of…

Ramirez (ironically) – Well, what do you know…

Derek – We know who the victim is.

Ramirez – Well, well, well… And it just came to you, did it?

Benedict – It’s Jason, his nephew.

Felix – You mean his cousin.

Derek – Let’s say my godson.

Felix – He’d been training for years to appear on Incredible Talent.

Benedict – He’s a contortionist.

Derek – One time we found him in a suitcase.

Ramirez – Yea, well now he can play Otzi the Iceman.

Charlie – No but because it’s an accident…

Ramirez – Did you or didn’t you put him in this freezer…

Derek – We did…

Benedict – And we didn’t…

Derek – I didn’t know the freezer was on.

Ramirez doesn’t quite believe him.

Ramirez – What would you think if you were me and heard this story?

Sanchez returns, followed by Jackie.

Ramirez – Right, so we’re going to take all of you down to the station in the chopper, and you’ll be able to explain everything. You might even remember more after your skulls have repeated, brief encounters with a phone book.

Charlie – Do you really think we’ll all fit in the helicopter, Inspector?

Felix – You could always start by torturing the landlord and landlady. It’s their freezer, after all.

Benedict – And their godson. At the end of the day, it’s really just your garden variety family affair…

Derek – Right on brand, Father. I see the Blatherington-Smythe family tradition of raising priests and rats is still alive and well.

Benedict – Inspector, I beg you to show some humanity. At least let me give this poor innocent soul a final blessing.

Ramirez – Ok, but hurry up.

Felix moves closer to Ramirez conspiratorially.

Felix – Look, maybe we can come to an agreement to avoid complications. The justice system is so overloaded…

Ramirez – This gets better all the time… Are you attempting to bribe an officer of the law?

Felix – But not at all, Inspector! Since we are both at the service of the state! Technically it’s not possible for a Civil Servant to bribe another. I was only suggesting an arrangement serving the interest of our nation…

Ramirez – Well, put that way… How much?

Felix – Let’s say…

Benedict opens the freezer and crosses himself.

Benedict – Oh, my God!

Ramirez – What now?

Benedict – The body… it’s resurrected…

Sanchez looks at the body which is now thawed.

Sanchez – He’s right, Sir. He opened an eye.

Derek – Looks like the ice melted.

Jackie – The freezer must have broken down. Thank goodness I hadn’t put all the chips in yet.

Ramirez – I don’t know… He doesn’t look very fresh…

Charlie – It’s like you said before… When the cold chain is broken…

Jason rises out of the freezer like Dracula from his casket.

Benedict – Dear God Almighty! (he crosses himself) Just like Jesus rising from the grave…

Charlie – Captain Igloo edition.

Jason – Show me the money, Uncle Derek!

Sanchez – That, on the other hand, is not canon…

Jackie – What money?

Derek – I’ll tell you later, Jackie…

Ramirez – Never mind her, it’s the police you should be explaining this to…

Felix – Please forgive us, Inspector, it’s just a stupid bet.

Benedict – We wanted to put the video on YouTube.

Ramirez – And him? He was a willing participant?

Sanchez (to Jason) – Do you want to press charges?

Jason – What I want is to be on the telly.

Charlie – Come on Inspector, you can see he’s perfectly fine.

Sanchez – I don’t know… he looks a little confused. He could be scarred for life…

Jackie – Oh no, that’s just how he is, Inspector.

Felix – Actually, I think he even looks sharper than before, don’t you think?

Derek – Give him a glass of potato booze, to help with the thawing…

Jackie pours several glasses.

Charlie – I use this as antifreeze in my car’s radiator. There’s nothing better.

Derek gives the bottle to Jason who drinks directly from it.

Ramirez – Alright, we’re done here, Sanchez… If there’s no body there’s no crime…

Jackie – How about a refill, Inspector?

Ramirez – Oh, go on then.

Jackie hands a glass to Ramirez who drinks it all.

Ramirez – Oh yes, I can see how that’d wake the dead.

In fact, Jason is now fully alive. He takes a few tentative steps.

Benedict – Are you seeing this? He’s walking! It’s a miracle.

Charlie – A miracle? Do you think it could be recognised by the Vatican?

Benedict – A case of miraculous thawing? I’m not sure…

Felix – Of course… A miracle! Maybe that’s what we need!

Derek – Like with Jesus! A bloke everyone thought was dead has come back to life!

Jackie – Do you think it’ll work?

Catherine – The last time they tried it was 2,000 years ago and it’s still very popular.

Derek – We’ve hit gold, I can feel it… JC come back from the dead…

Wendy – More like come back from the frozen burgers, but sure…

Felix – You’re right… this is a sign from above. The nudge we were hoping for from the Man Upstairs. We’ll make Sodgibbon Cross a pilgrimage destination.

Jackie – What do you make of it, Father?

Benedict – But… it’s a fake miracle, we should know.

Derek – On the other hand, real miracles don’t actually exist, right?

Benedict looks at Jason.

Benedict – You know what, you’re right. God has sent him. Jesus even said: Blessed are the poor in spirit…

Felix – We’ll turn this retard into a Saint. Saint Jason. And we’ll turn this village into the next Lourdes.

Charlie – Jason, aka JC. Even his name is a sign.

Felix – I can already see the headlines in the Catholic Times and the Daily Mail: victim of pesticides and freezer accident miraculously comes back to life!

Benedict – Monsanto Subito!

Derek – Glory be to God in the Highest! This is the beginning of a new era for Sodgibbon Cross!

Felix – We are living a historic moment, dear friends.

Charlie – In the words of one of my more sympathetic correspondents, it has turned out to be an Annus Freezeris.

Benedict – For the pilgrimage, we’re going to need a statue of Jason somewhere in town…

Charlie – Jason coming out of his freezer, like Christ coming out of his tomb? Now, that would be the dog’s bollocks.

Felix – If only we could get the press to buy into this…

Derek – But the press is already here!

Benedict – Glory be to God, this village will finally get a second life!

Catherine and Wendy observe the excitement, a little overwhelmed.

Catherine – They’re all wackjobs, I tell you… In the middle of a spectacular mass hysteria… Come on, let’s split before one of them feels the urge to sacrifice a chicken… or a human…

But Wendy seems to be caught in the excitement too.

Wendy – What’s the matter with you? Can’t you see what’s going on? You should write about this!

Catherine – You think?

Wendy – Trust me. Within three days it’ll be like the grotto in Bethlehem around here. And we’re the first ones here! Can you imagine the audience numbers if there’d been a journalist on site back then!

Catherine – You’re right… This kind of thing only happens once every two thousand years… We can’t afford to miss it…

Catherine walks to Jason.

Catherine – Hello Jason. They call you the Messiah of Sodgibbon Cross. Are you thinking of founding a new religion?

Jason – Would I be on the telly?

Wendy – And how! If we play our cards right you may even get your own show.

Jason – Like Graham Norton?

Catherine – Maybe even your own channel…

Sanchez’s phone rings and he picks up.

Sanchez – Inspector Sanchez here… Affirmative… Understood, I’ll pass it on… (he puts his mobile away) We have the results of the DNA tests, Sir.

Ramirez – Yes, so what? We already know who the victim is. Well, we know who his godfather is.

Sanchez – Yes, but now we also know who the baby daddy is…

Jackie – Jason’s dad? So who is it?

Sanchez – Apparently, Father…

Everyone turns to look at Benedict.

Benedict – I don’t understand… There must be a mistake…

Ramirez – Or another miracle…

Catherine sighs.

Catherine – This is definitely the worst village in England…

Wendy – That’s it! I got it!

Catherine – Got what?

Wendy – My new reality TV concept!

Catherine – Celebrity Rectory?

Wendy – The Worst Village in England! Any village in England can participate in the competition and at the end we invite celebrities to spend a month in whichever place has been voted asshole of nowhere… What do you think?

Catherine – Hmm, yes that might work even better than Celebrity Farm.

Wendy – Hallelujah! WC Productions is safe from bankruptcy!

Catherine – Will you excuse me for a minute, I think this is the right moment for another exclusive interview…

Catherine walks to Benedict.

Catherine – According to our sources, you are the father of the new Messiah… Have you considered going freelance by any chance?

Benedict – Freelance?

Wendy – You’ve been working for The Man for thirty years, you know, the Vatican.

Benedict – And all I got for my trouble is that they wanted to shut down my parish…

Wendy – As the Messiah’s father, you could set up as a Sole Proprietorship…

Catherine – And if you do, you’re going to need a good Communications Director.

Jason looks at Benedict with a stupid look.

Jason – Dad?

Wendy – And for the show, this one’s really going to need a coach…

Catherine – Are you ready for a new adventure, Father?

Benedict – Tell you what, Sister, for you I’ll always be ready to be defrocked.

Black

End

About the author

Born in 1955 in Auvers-sur-Oise (France), Jean-Pierre Martinez was first a drummer for several rock bands before becoming a semiologist in advertising. He then began a career writing television scripts before turning to theater and writing plays. He has written close to a hundred scripts for television and almost as many plays, some of which have already become classics (Friday the 13th, Strip Poker). He is one of the most produced contemporary playwrights in France and in other francophone countries. Several of his plays are also available in Spanish and English, and are regularly produced in the United States and Latin America.

Amateur and professional theater groups looking for plays to perform can download Jean-Pierre Martinez’s plays for free from his website La Comediathèque (comediatheque.net). However, public productions are subject to SACD filing.

For those who prefer reading or working from books, printed versions of his plays can be purchased from The Book Edition for a price similar to that of photocopying this document.

Other plays by the same author translated in English:

Casket for two

Critical but Stable

Friday the 13th

Him and Her

Running on Empty

Strip Poker

All of Jean-Pierre Martinez’s plays are available to download for free from his website: www.comediatheque.net

This text is protected under copyright laws.

Criminal copyright infringement will be investigated

and may result in a maximum penalty of up to 3 years in prison

and a EUR 300.000 fine.

Paris – December 2019

© La Comédi@thèque – ISBN 978-2-37705-280-6

http://comediatheque.net

Play available for free download

The worst village in England Lire la suite »

Amores a ciegas

Una comedia de Jean-Pierre Martinez

2 hombres / 2 mujeres

Para restablecer su fortuna, la baronesa de Castelestafa busca para su hija, bastante fea y un poco tonta, un pretendiente tan rico como poco exigente.


Aquellos textos los ofrece gratuitamente el autor para la lectura. Sin embargo cualquier representación pública, sea profesional o aficionada (incluso gratuita), debe ser autorizada por la Sociedad de Autores encargada de percibir los derechos del autor en el país de representación de la obra. 


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Amores a Ciegas

Una comedia de Jean Pierre Martínez

PERSONAJES

Carlota, Baronesa de Castelestafa

Marika, su hija

María, su sirvienta

Alán, su yerno

© La Comédi@thèque

ACTO 1

El salón del castillo en ruinas de Castelestafa. Muebles antiguos en muy mal estado. Las paredes ocultan su decrepitud detrás de algunos retratos familiares colgados torcidamente. Llega Marika de Castelestafa, una chica poco atractiva y muy mal vestida.

Marika – ¿María? ¿A dónde se habrá ido esa idiota? ¡María! ¡Pero eso no tiene sentido!

Entra la baronesa Carlota de Castelestafa, su madre, una mujer más bien voluptuosa, muy maquillada y vestida con elegancia bastante llamativa. Lleva una bandeja de desayuno.

Marika – Ah, hola madre… ¿Pero dónde está la sirvienta?

Carlota – Acaba de irse…

Marika – ¿Se fue? ¿Pero donde? ¿Y cuándo volverá?

Carlota – No tan pronto, me temo…

Marika – ¿Qué quieres decir? ¡Pero la necesito! (Buscando) ¿No me digas que está otra vez de vacaciones en Portugal?

Carlota – Peor que eso…

Marika – ¿Quieres decir… que se despidió?

Carlota – Desafortunadamente, eso pasa con los sirvientes cuando no se les paga su salario…

Marika – Esa gente no tiene educación… Al menos podría haberme servido mi desayuno antes de irse… De cualquier modo, no podía ni cocinar adecuadamente un huevo cocido…

La baronesa coloca la bandeja sobre una mesa.

Carlota – Mira, hoy, excepcionalmente, fui yo quien te lo preparó… ¡Feliz cumpleaños, querida!

Marika – ¿Lo has hecho tu misma? Eres un amor, mamá…

Carlota – Para el regalo, lo veremos un poco más tarde. Sabes que en este momento tenemos algunas dificultades financieras…

Marika se sienta y come el huevo cocido.

Marika – No te preocupes por eso, madre. En cualquier caso, el tuyo es todo un éxito, ¡bien hecho!

Carlota – ¿El mío?

Marika – ¡Tu huevo cocido!

Carlota – Ah, sí, por supuesto… Si nuestras finanzas se deterioraran un poco más, siempre podría tratar de ubicarme como ama de llaves en un castillo cercano…

Marika – Que graciosa eres.

Carlota – He contratado a otra doncella, pero si no tenemos suficiente dinero para pagarla, me temo que no se quedará mucho más tiempo que la anterior…

Marika – ¿Estas bien, madre? Te veo preocupada. Por María, no te preocupes. Puedo prescindir de una sirvienta por un día o dos.

Carlota – Marika, tengo que hablarte en serio.

Marika – Me asustas… Parece que es algo realmente grave… Te escucho…

Carlota – Marika, ya no eres una niña. Ahora hay cosas que puedes entender… Como sabes, desde tu salida del Convento de las Golondrinas, nuestra situación financiera es muy delicada. Ya no podemos pagar al personal, y este castillo se arruina.

Marika – Yo también quería hablar contigo sobre eso. ¿Conoces esos famosos versos de García Lorca: “Llueve en mi corazón como llueve en la ciudad”?

Carlota – Creo que son de Verlaine, un poeta francés.

Marika – De todos modos, en lo que a mí respecta, sería más bien: “Está lloviendo en mi habitación como cuando está lloviendo en el techo”.

Carlota – Bueno, Marika, puede que haya encontrado una manera de solucionar para siempre nuestros problemas financieros y restaurar este castillo antes de que se derrumbe sobre nuestras cabezas.

Marika – ¿Piensas en uno de esos boletos de la lotería nacional que se anuncia en el aire, que puede convertir a un villano en un advenedizo en un solo sorteo?

Carlota – Pienso en otro tipo de pelotas… digo de boletos, mi querida hija. Y más bien en los juegos de amor que en los de azar. Puedes creer que, en mi experiencia es mucho más seguro…

Marika – Me temo que no entiendo…

Carlota – A tu edad, es hora de conseguirte un marido… ¿Nunca lo pensaste?

Marika – Dios mío…

Carlota – Lo sé, hoy en día, para una niña de una buena familia, no es tan fácil encontrar un pretendiente digno. Especialmente cuando pones el listón un poco alto. ¡La hija de la Baronesa de Castelestafa no puede casarse con cualquiera!

Marika – Está claro.

Carlota – Un día, heredarás mi título de baronesa. Me temo que para ese entonces, esto es todo lo que tendré para dejarte…

Marika – Vamos, todavía no hemos llegado… De todos modos, como dices, hoy en día los príncipes encantados no corren por las calles…

Carlota – Y precisamente por eso, en este asunto, la intervención discreta de una madre puede ser útil…

Marika – ¿Hablas realmente en serio?

Carlota – Una madre… un poco ayudada por las nuevas tecnologías de comunicación, por supuesto…

Marika – ¿Me inscribiste sin mi conocimiento en uno de estos sitios de citas?

Carlota – Un sitio muy exclusivo, te lo aseguro. Incluso tuve que inflar un poco tu dote potencial y retocar tu retrato con Photoshop…

Marika – ¿Mi foto?

Carlota – La nobleza de nuestro apellido es la única riqueza que nos queda. Afortunadamente, muchos hombres ricos se sentirían halagados de casarse con una Baronesa de Castelestafa, incluso sin dinero, y así alcanzar con esa alianza una respetabilidad que el dinero no puede comprar.

Marika – Pero finalmente, madre… ¿Entonces quieres casarme con un plebeyo?

Carlota – Por desgracia, debemos enfrentar los hechos, mi querida hija. Las personas de nuestra condición están tan arruinadas como nosotros…

Marika – Y esa es una buena razón para abarrotar a tu hija con un advenedizo que restaure la fortuna de la familia…

Carlota – Desafortunadamente, no veo ninguna otra solución… Busqué en Google un sitio como “Adopta un noble arruinado punto com” pero no lo encontré… Puedes creerme, no tenemos más opciones…

Marika – ¿No podríamos vender algo?

Carlota – Ya he usado todos los recursos posibles, te lo aseguro… Es eso o nos deshacemos de Castelestafa. El castillo de nuestra familia durante siete generaciones…

Marika – ¡Pero madre, no quiero dejarte!

Carlota – Podrías vivir aquí con tu esposo. El castillo es grande. Simplemente hay que encontrar a alguien bastante complaciente… Y tan rico como poco exigente…

Marika – Bien… Después de todo, ¿por qué no? Nunca vemos a nadie. Puede ser bastante entretenido recibir algunos pretendientes. Juzgaremos por cada pieza…

Carlota – Vuestra primera cita será de un minuto a otro.

Marika – ¿Mi primera cita? ¡Siento que escucho a una secretaria médica! ¡Y que se tratara de sacarles un diente de oro a cada uno! No me digas que la sala de espera ya está llena.

Carlota – No te preocupes, solo tienes un pretendiente hasta la fecha. Y créeme, no fue tan fácil de encontrar…

Marika – Pero por dios, madre, ¡ni siquiera he peinado mi cabello!

Carlota – No vale la pena, te lo aseguro.

Marika – ¡Por favor!

Carlota – Quiero decir, estas bien así, querida.

Marika – ¿Y cómo es el chico?

Carlota – Es el único heredero de un magnate inmobiliario que hizo una fortuna en California.

Marika – Quise decir… físicamente.

Llaman a la puerta.

Carlota – Ah, creo que podrás juzgar por ti misma…

Marika – ¡Dios mío! ¡Pero deberías haberme advertido antes!

Carlota – No estaba segura de vuestra reacción. Preferí sorprenderte. Bien, le abriré yo misma. Como no tenemos ya nadie que abra…

Sale Carlota. Marika parece preocupada y emocionada. Trata de arreglarse un poco el pelo. Pero su madre regresa inmediatamente, precediendo al recién llegado.

Carlota – Entre, entre, por favor. No le preste atención al desorden, la criada se tomó su día…

Llega el pretendiente. Lleva un traje oscuro, lentes oscuros y se guía con un bastón blanco. Tiene en su mano un ramo de flores. Marika permanece muda de asombro.

Carlota – Marika, este es el señor Elsordo.

Alán – Hola Marika.

Marika – Hola señor…

Alán se acerca a ella y le tiende el ramo de flores. Al hacerlo, golpea una mesa de pedestal y derrama un jarrón sobre ella. Marika permanece aturdida por un momento.

Alán – Por favor, llámame Alán.

Marika toma el ramo de Alán mientras su madre recoge el jarrón.

Marika – Bienvenido a Castelestafa, Alán…

Carlota – Oh, y trajo flores, no debiste… Son realmente hermosas… ¿No es así, Marika?

Marika – Sí, hermosas… Muchas gracias…

Carlota – Las pondremos en un florero de inmediato…

Carlota recoge el jarrón caído, y Marika pone las flores en él.

Carlota – Eso es todo… ¿Puedo ofrecerle un café, señor Elsordo? Nunca lo he hecho yo misma, pero siempre puedo intentarlo…

Alán – Gracias, estaré bien… Vengo directamente de Los Ángeles. Desayuné en el avión.

Carlota – Mi hija estaba ansiosa por conocerle… Supongo que se quedará unos días en nuestro país…

Alán – Bueno… para siempre, eso espero. Pero dependerá un poco de su hija, en realidad…

Marika se queda petrificada.

Carlota – Es un poco tímida, ya la conocerá… Apenas ha salido del convento… Bueno, no quería ser monja, se lo puedo asegurar.

Alán – De todos modos, no tengo la intención de apurarla.

Carlota – Estudió en el Convento de las Golondrinas…

Alán – Y ahora el pajarito ha volado de la jaula.

Carlota (riendo) – Es gracioso… Es gracioso, ¿no es así, cariño? (Marika todavía no se inmuta) Por supuesto, es un poco difícil de juzgar para usted que es… Pero confíe en mí palabra: Marika es una chica absolutamente encantadora…

Alán – Lo creo, señora Baronesa. Y de todos modos, como dicen: el amor es ciego.

Carlota (se ríe de nuevo) – ¡Qué divertido!. Pero di algo, Marika. O el señor Elsordo pensará que eres muda.

Marika – Y usted… quiero decir, ¿cómo…?

Carlota – Mi hija probablemente no se atreva a preguntarle cómo le pasó… Nació así, o…

Alán – Bueno… De hecho… fui golpeado por un rayo a la edad de 18 años.

Carlota – Un rayo… Dios mío, qué romántico. ¿No es así cariño?

Alán – Crea en mi experiencia, si un día se ve sorprendida en el campo en medio de la tormenta, no intente refugiarse detrás de uno de esos crucifijos de hierro forjado que a veces se encuentran en las encrucijadas.

Marika – ¿Y por qué?

Alán – Porque atraen a los rayos, señorita.

Carlota – Los crucifijos son verdaderos pararrayos, eso es sabido.

Alán – A veces tengo la impresión de que fue el mismo Señor quien me hizo esta prueba, en penitencia por todos mis pecados…

Carlota – Entonces es usted un creyente…

Alán – La fe es uno de mis mayores consuelos en este mundo…

Carlota – Yo misma me he encargado de que mi hija sea criada de acuerdo con los principios de nuestra santa religión católica romana…

Alán – Escucha, Marika, no voy a dar vueltas sobre el asunto porque el tiempo se acaba. Sé que tengo poco que ofrecerte, excepto la pureza de mis intenciones y mi inmensa fortuna.

Carlota – Lo que nos importa mucho, créalo, señor Elsordo … Estaba hablando de la pureza de sus intenciones, por supuesto…

Alán – Una fortuna que depositaré como ofrenda a los pies de mi futura esposa… La que sabrá adivinar la inmensa necesidad de amor detrás de estas gafas negras …

Carlota – ¡Dicen que los ojos son las ventanas del alma! Lamentablemente, en su caso, las persianas están cerradas. Pero estoy segura que pronto descubrirá quién los abrirá para dejar que entre aire fresco en esta casa…

Alán – Marika, eres heredera de nobleza y gracia. Y has recibido una educación decente. Estoy buscando casarme con una joven desinteresada, que será mi guía en la vida. Y entenderás que en mi estado, la dulzura personal es más importante que lo físico…

Carlota – Mucho mejor, mucho mejor, señor Elsordo. (Marika le clava la mirada) Quiero decir, es muy noble de su parte, Alán. Mi hija, como ya se sabe, algún día heredará mi título de Baronesa de Castelestafa… Una familia que, como puede ver en estos retratos familiares, ha sido ilustre a lo largo de la historia de nuestro país…

Marika – Mamá… Es ciego…

Carlota – Lo siento, olvidé eso…

Alán – No tiene importancia, querida señora.

Carlota – Pero por favor, llámeme Carlota.

Alán – ¿Y por qué?

Carlota – ¡Pero porque es mi nombre!

Alán – Estaba bromeando, querida señora. Quise decir “Carlota”.

Carlota – ¡Es impresionante! ¿No es así cariño? Nunca pensé que una persona discapacitada pudiera ser tan divertida… Bueno, quiero decir…

Llaman a la puerta.

Carlota – Pido disculpas, debe ser la nueva sirvienta…

Alán – ¿En serio? Pensé que la suya solo se tomó su día…

Carlota – Es cierto, pero decidí deshacerme de ella por la misma razón… Se tomó demasiado tiempo libre… Ya sabe como son, ahora… Vuelvo en un momento. Aprovechad la oportunidad de conoceros un poco mas…

Sale Carlota. Marika se queda un momento a solas con Alán, sin saber qué decir.

Alán – De todos modos, tienes una voz muy agradable…

Marika – Gracias…

Nuevo silencio.

Alán – Solo quiero tener el placer de escucharte más… Puedes hacerme preguntas, ya sabes. Esto te permitirá conocerme un poco mejor…

Marika – No sé… Usted…

Alán – Y por favor, no me des de usted.

Marika – Muy bien, entonces… ¿Tocas el piano?

Alán – No… ¿Por qué?

Vergüenza de Marika.

Marika – Debes disculparme por un momento, tengo dos palabras que decirle a mi madre…

Sale Marika. Alán levanta sus lentes oscuros y examina la habitación y los muebles. Muestra un aire cauteloso frente a la miseria del lugar. Mira las pinturas y parece más satisfecho. Carlota y Marika regresan acompañadas de la nueva criada. Alán se pone sus lentes oscuros.

Carlota – Siento haberle dejado a solas por un momento… Esta es María, nuestra nueva criada…

Marika – ¿También se llama María?

Carlota – Sí, como a quien le despedimos. Después de todo así será más práctico, ¿no?

María – ¡Uy! Casi me agarra el aguacero atravesando el parque.

María, una mujer joven con un encanto bastante vulgar, mira a Alán.

Carlota – También observé por mí mismo que al menos uno de cada dos sirvientas se llama María. No sé porque…

María – Hola, señor…

Alán – Hola, señora.

María – ¡Señorita!… ¡Me encantan tus gafas! Pero con esta lluvia… Estas no son horas de ponerse gafas de sol ¿no?

Ella se acerca a Alán que finge no verla. Carlota intercambia una mirada consternada con Marika.

Carlota – Debe disculparla… Es muy difícil encontrar personal hoy en día… Bueno, María, será mejor que se vaya a ver qué pasa en la cocina. Nos vemos luego, ¿no?

María – Bueno señora…

Carlota – Ahora que hemos encontrado una sirvienta, ¿el Señor Elsordo quizás querrá tomar un café? Por lo menos, hay que reconocer que las sirvientas portuguesas saben cómo hacer un buen café…

Alán – No se moleste por mí. Es hora de irme…

Carlota – ¿Ya nos deja usted, señor Elsordo?

Alán estornuda.

Alán – Disculpen, soy alérgico al polen… Deben ser las flores que traje…

María – ¿Está seguro que no es por el polvo? (María mira la habitación.) Porque aquí hay trabajo, ¿eh? ¡Ay, Madre de Dios! Es mejor estar ciego para no ver este desastre ¿verdad, señor Elsordo?

Alán – Tengo que irme, pero volveré pronto… Marika, me alegro de haberte conocido…

Marika – Yo también, Alán.

Carlota – Mi hija le va a acompañar… ¿No es así, querida?

Alán recupera su bastón blanco y se levanta para irse. María entiende que él es ciego.

María – Ah, okey… Disculpe señor Elsordo, no me di cuenta que usted era ciego.

Alán – No se preocupe, estoy acostumbrado.

María – Pero tenga la seguridad, no tengo nada contra los discapacitados, ¿eh? Además, me parece escandaloso, esas personas que estacionan en los puestos reservados para ciegos en los aparcamientos.

La baronesa y su hija intercambian una mirada horrorizada de nuevo.

Carlota – Hasta pronto, Alán.

Alán – Gracias por su bienvenida, señora baronesa.

Marika sale con Alán sosteniéndolo por el brazo.

María – Entonces, ¿cómo es eso de que usted es baronesa?

Carlota – Sí, de hecho. Soy la baronesa de Castelestafa. Heredera del título en séptimo grado del linaje.

María – Yo nunca había visto una baronesa antes que usted.

Carlota – Bueno, ahora que me has visto, vete a trabajar. ¿Cómo te llamas?

María – María.

Carlota – Eso es. Bueno María, ¿por qué no comienzas quitando la mesa y haciendo algunas tareas del hogar?

Marika regresa. María la mira fijamente.

María – Es asombroso como te pareces a mi madre.

Carlota – Gracias por no decir eso delante de su pretendiente… Además, en el futuro, te invito a no hablar directamente con las personas que recibimos aquí, ¿verdad? Entonces Marika, ¿qué te parece?

María – Es increíble. ¡Y además llevamos el mismo nombre!

Marika – Uh… No exactamente… Soy Marika.

María – Oh, lo siento, entendí “María”. Aún así, te pareces a ella, es una locura. Parece que eres familia.

Marika – ¿Cuál es el apellido de tu madre?

María – ¿Qué?

Carlota – ¡Su apellido!

María – Se llama Fernández, como yo.

Carlota – En ese caso, es poco probable que estemos relacionados. Además, la rama de nuestra familia que estaba vinculada al trono de Portugal se extinguió bajo la Revolución…

María – ¿Portugal? Ah, pero no soy portuguesa.

Marika – ¿No eres portuguesa?

María – No, soy española.

Carlota – Sí, bueno, es lo mismo…

María – Oh no, no es lo mismo en lo absoluto. Por cierto, ¿sabes lo que eso significa Marika, en español?

Carlota – No, y no nos importa, lo que sea.

María – Aún así, no me gustaría llamarme Marika…

Carlota – Si te deshaces de esta bandeja y vas a ver qué pasa en la cocina.

María – Muy bien, Madame La Baronesa. (María se va, hilarante) Marika… De todos modos, no me gustaría llamarme así…

La miran salir con consternación.

Carlota – ¿Entonces? ¿Qué piensas?

Marika – ¿De la nueva sirvienta?

Carlota – ¡De tu pretendiente! Todo salió bastante bien, ¿verdad?

Marika (explotando) – ¿Bien? ¡Es ciego y ni siquiera toca el piano!

Carlota – Muy bien, puede que este no sea el esposo ideal… Pero te aseguro que desde el punto de vista financiero, es el yerno ideal. ¡Él es un multimillonario! ¡Es la solución a todos nuestros problemas!

Marika – Entonces puedes casarte con él…

Carlota – El hombre es ciego, está bien, pero no lo suficiente como para no darse cuenta de que soy mayor que su madre. No tenemos elección, querida, ¡Te lo aseguro! Es eso o comenzar a cocinar y limpiar nosotras mismas. Porque a esa sirvienta, tendremos que pagarle si queremos que se quede.

Marika – Solo tenemos que vender más muebles…

Carlota – Si vendemos un poco más, tendremos que sentarnos en el suelo… Tendríamos que estar ciegas para no ver en qué estado se encuentra este castillo…

Marika – ¿Y si vendemos los retratos familiares?

Carlota – ¡Eso nunca!

Marika – ¿Entonces es a mí a quien prefieres vender?

Carlota – Vamos Marika, ya no eres una niña… No me digas que todavía crees en el Príncipe Azul… ¡No tienes que amar a tu esposo! Y si deseas tener un amante, debes considerar que estar casada con una persona con discapacidad visual es una ventaja considerable.

Marika –Tienes una concepción divertida del matrimonio, madre…

Carlota – Todo lo que pide a cambio de los millones que arrojará a tus pies es una pequeña compañía y alguien que lo guíe en la vida.

Marika – Pero por Dios, madre… ¡No soy un perro guía!

Carlota – Todavía puedes aprender a ladrar… Estoy bromeando. Y también debes considerar que un poco de sangre nueva en esta familia, regeneraría un poco la raza.

Marika –¿Sangre nueva? ¿Una persona discapacitada?

Carlota – En cualquier caso, regenerará nuestra cuenta bancaria…

Marika – No, en serio, madre. No puedes exigirme este sacrificio…

Carlota – Solo te pido que te tomes un tiempo para pensarlo, querida… Sé razonable… Recuerda que puede ser difícil para ti encontrar otro esposo que no tenga deficiencia visual… Además… él aún no dijo que sí…

Marika – Un prometido ciego, esperaba algo mejor que eso para mi cumpleaños…

María regresa con un plumero para hacer el polvo.

María – ¿Es su cumpleaños, señorita Marika?

Marika – Sí, ¿por qué? ¿Quieres darme un regalo también?

María – ¡Es asombroso!

Marika – ¿Qué?

María – ¡También es mi cumpleaños! Hoy tengo veinte años. ¿Y usted?

Marika – Yo también.

María – ¡Y nacimos el mismo día!

Carlota –Sí, bueno… Este día nacieron muchos millones de personas en todo el mundo. Eso no es sorprendente.

María – En el mundo, tal vez, pero en este país.

Carlota –¿No naciste en Portugal?

María – Mi padre y mi madre son españoles. Pero yo nací en Francia, en Aviñón.

Marika – ¿En Aviñón…?

María – No me digas que…

Carlota –Puede ser cierto que es una coincidencia increíble. Pero varias personas nacieron en la maternidad de Aviñón ese mismo día.

María – ¡No creo que personas que se parezcan tanto a mi madre! ¡Aquí tengo una foto!

María saca de su bolsillo una foto que pone debajo de la nariz de Marika, quien la examina, preocupada.

Marika – Oh sí… Hay… como una mirada familiar…

Carlota –Bueno, María, ¿Qué te parece si vas a limpiar las habitaciones en este momento?

María – Bueno, señora baronesa. Pero eso no me impedirá pensar que todo esto es un poco raro…

María sale sin recuperar su foto.

Carlota –Me pregunto si no deberíamos deshacernos de ella de inmediato…

Marika – De cualquier modo, es desconcertante, esa historia…

Carlota –¿Qué puede interesarte la historia de una sirvienta?

Marika le pasa la foto a su madre.

Marika – ¿No es cierto que el parecido es sorprendente?

Carlota –¡Pero, por los clavos de cristo! ¡esa chica está completamente loca! ¿Cómo podría alguien de tu rango parecerse a una sirvienta portuguesa o su madre?

Marika – De todos modos, es un hecho que no me parezco a ti en absoluto.

Carlota –Los hijos no siempre se parecen a sus padres. ¿A dónde quieres llegar?

Marika – Ese tipo de cosas pasan. Incluso vi una película sobre eso. Trataba sobre dos niños que habían sido intercambiados por error al nacer en la sala de maternidad…

Carlota –Sí, por supuesto. Las cigüeñas a veces son víctimas de un error de los controladores aéreos…

Marika – Recuerdo que decía… La sangre azul se encuentra en una choza en los suburbios, mientras el verdadero hijo se encuentra en una mansión en la parte elegante de la ciudad.

Carlota –Miras demasiada televisión, querida… No, pero es una locura. Entonces, según tu pensamiento, ¿Yo sería la madre de la criada? ¿Crees que ella se parece a mí?

Marika – No, obviamente…

Carlota –¡Pues ya ves!

Marika – De todos modos… Hay un lunar en la nalga izquierda que es la marca registrada de Castelestafa … y que no heredé de ti. Yo, mi marca registrada, sería más bien el pelo en la espalda…

Carlota – Es un azar genético. A veces se puede saltar una generación. Es como el genio o la belleza. Parece que el hijo de Einstein era un imbécil, y nadie podría decir con seguridad que si Marilyn tuviera una hija, ella no hubiera sido fea.

Marika (pensativa) – De todos modos… Me gustaría ver las nalgas de la sirvienta…

Carlota sigue un momento desconcertada. Llaman a la puerta.

Carlota – ¿Quién puede ser a esta hora?

Marika – ¿Qué hora es?

Carlota – No lo sé, dije eso así, sin pensar…

María regresa, guiando a Alán y sujetándolo por el brazo.

María – El señor Elsordo ha olvidado sus guantes…

Alán – Es cierto, pero debo admitir que hay otra razón para mi precipitado regreso…

María espera, obviamente curiosa, para saber más.

Carlota – Bueno, puedes retirarte, María…

María – Bien, señora baronesa.

María se va con pesar.

Alán – ¿Está su hija aquí?

Marika señala con la cabeza que no.

Carlota – Puedo llamarla, si quiere…

Marika está a punto de salir en silencio, pero Alán avanzando hacia ella le corta el camino.

Alán – En realidad, creo que sería mejor si comenzara a confiarme a usted…

Carlota – Una confesión… ¿Entonces… ya tengo algo que perdonarle?

Alán – Es un poco embarazoso, pero aquí… De hecho, no les dije la verdad en su momento…

Carlota – ¿No es el multimillonario que dice ser?

Alán – No, no se preocupe, no se trata de eso. Se trata de la causa de mi ceguera.

Carlota – Me asustaste… Quiero decir… La causa de su…

Alán – Les dije antes que fui alcanzado por un rayo… En realidad, esa no es la verdadera causa de mi ceguera…

Carlota – Todos tenemos nuestras pequeñas coqueterías, mi querido Alán. Como mujer sé muy bien que a veces la verdad se arregla un poco por mentiras piadosas…

Alán – El origen de mi discapacidad es, por desgracia, mucho más trivial. Tengo una enfermedad incurable…

Carlota – Incurable… ¿Quiere decir que no hay cura posible?

Alán – Sí, eso es lo que quise decir con la palabra incurable.

Carlota – Pero incurable no significa mortal…

Alán – Desafortunadamente, en mi caso, es exactamente lo que significa. Hace un año, me diagnosticaron un tumor cerebral muy mal colocado que primero afectó al nervio óptico y que, por desgracia, continuará creciendo. De hecho, mi médico no me da más de seis meses de vida…

Carlota – Es horrible… realmente lo siento… Pero… ¿qué puedo hacer por usted? No soy doctora…

Alán – Bueno, voy a morir y no tengo herederos. Por eso también me gustaría casarme muy rápido. Me gustaría tener a alguien que me acompañe en mis últimos momentos. Y dejarle mi fortuna después de mi muerte. En lugar de ir a la Cruz Roja o a los impuestos…

Carlota (reanudando la esperanza) – Es una decisión muy sabia de su parte, señor Elsordo… Y si me lo puedo permitir, muy generosa…

Alán – Sé que mi solicitud parecerá apresurada, pero ahora entenderá por qué… Quería saber si estaría a favor de concederme la mano de su hija, que me causó una muy buena impresión antes. Usted también, por supuesto. Tuve la sensación de encontrar una familia al entrar en este castillo…

Carlota y Marika intercambian una mirada avergonzada.

Carlota – Bueno, de hecho… Todo esto es tan repentino… Es amor a primera vista según parece… Lo siento, siempre me olvido que es ciego…

Alán – No se preocupe por eso…

Carlota – Escuche… por supuesto que todo depende de lo que mi hija decida, pero… Por mi parte, si ella aceptara, solo vería beneficios para esta unión…

Alán – Muchas gracias por su apoyo, querida señora. En este caso, desaparezco…

Carlota – ¿Esta desapareciendo? ¿Ya…?

Alán – Quiero decir, me voy a despedir… Provisionalmente…

Carlota – Por supuesto. Pero por cierto, ¿y sus guantes?

Alán – Nunca uso guantes… Hasta pronto, señora baronesa …

Intenta irse con la ayuda de su bastón, pero empuja nuevamente la mesa del pedestal con el jarrón y las flores.

Carlota – No se vaya tan rápido, se lo ruego… ¡María!

María, visiblemente escondida detrás de la puerta, aparece de inmediato.

María – ¿Sí, señora baronesa?

Carlota – Por favor acompaña al señor…

María – Como usted diga, señora.

Carlota – Hasta pronto señor Elsordo. (Alán sale guiado por María) Ahora sí, estamos al pie del muro…

Marika – Es una pesadilla.

Carlota – ¡Este tipo es multimillonario en dólares! Y solo le quedan unos meses… ¡Lo llamo un milagro! Es como ganar la lotería, créeme. Y es mucho más seguro.

Marika – ¡Justo después de hablar sobre esta incertidumbre de mi nacimiento! ¿Cómo podría casarme con este hombre y descubrir mañana que soy la hija de la señora Dos Santos?

Carlota – ¿No es Fernández?

Marika – ¿Crees que es mejor?

Carlota – No, por supuesto. Pero nada indica que este sea el caso. Entonces, ¿Te decides por Alán, querida?

Marika – Tengo que llegar al fondo de todo esto antes de darte una respuesta definitiva.

Carlota – ¿Al fondo? Pero ¿cómo?

María vuelve.

María – ¿Puedo quitar el polvo?

Carlota – Adelante…

La criada comienza a desempolvar con un plumero. Marika la mira insistentemente, hasta el punto de que la criada está un poco avergonzada.

Marika – María, encontrarás en la oficina el uniforme de la criada que te precedió.

María – ¿Un uniforme?

Marika – Ya sabes… El traje negro, el pequeño delantal blanco, el tocado…

María – Bueno, no, señora.

Marika – Aquí, estamos muy apegados a las tradiciones, y queremos que una sirvienta se vea como una sirvienta.

María – Como usted diga, señorita.

Marika – Bueno, ¡vamos!

María – ¿Ahora mismo?

Marika – Ahora mismo.

María – Sí, señorita.

María sale.

Carlota – Deberías haberle dicho que también se afeitara el bigote…

Marika – Es horrible…

Carlota – Sí, estoy de acuerdo. Todavía es más visible que los pelos de la espalda…

Marika – ¿Te das cuenta? Si hubiera habido un error en la maternidad, yo podría ser la equivocada, y María… tu hija.

Carlota – Pero no, vamos… ¡Deja de atormentarte con esta historia para dormir! No hablas portugués, ¿verdad?

Marika – No.

Carlota – ¡Pues ya ves! Y luego la elegancia natural que heredan las personas de nuestra condición… No hay engaño, puedes creerme. Puedes ver que esa chica no tiene el porte orgulloso de una baronesa de Castelestafa.

Marika – Tendré que comprobarlo yo misma…

Sale Marika. La baronesa permanece sola y suspira. Suena el teléfono y ella contesta.

Carlota – Carlota de Castelestafa, le escucho Sí… Sí, sí, lo sé… No, le aseguro que esa pequeña deuda pronto se completará. ¿Cuánto dice? Ah, sí, de todos modos… Escuche, estamos esperando una devolución de dinero y… ¿De qué sirve tener una cuenta en el Banco Popular, si no podemos confiar en la solidaridad de los clientes más afortunados que nosotros? Muy bien… Y luego, como último recurso, venderemos algunas pinturas… De acuerdo, hago lo necesario y le vuelvo a llamar…

Ella cuelga, visiblemente preocupada. Y comienza a recoger el jarrón y las flores que Alán dejó caer cuando se fue. Marika regresa.

Marika – La criada tiene un lunar en la parte inferior de las nalgas…

Carlota – ¿Cómo lo sabes?

Marika – Llegué a la despensa mientras ella se había quitado el pantalón para ponerse su atuendo de doncella. Necesitaba comprobar.

Carlota – ¿Qué nalga?

Marika – La izquierda.

Carlota – ¡Pues ya ves! Para los de Castelestafa, está en el glúteo derecho.

Marika – ¡Hace un momento me dijiste que el gen de la belleza podía saltar de generación en generación! ¡También un lunar puede saltar de nalga en nalga!

Carlota – ¡Pero por los clavos de Cristo, Marika…!

Marika – Yo, la hija de la señora Da Silva…

Carlota – ¿Cómo puedes imaginar tal cosa?

Marika – Creo que voy a vomitar…

Marika se va y cruza a la doncella que regresa, vestida con un traje negro de sirvienta y un delantal blanco.

María – La última vez que vi este tipo de atuendo fue en un canal de pago, y créame, no era un programa para niños…

Carlota – Oh si…

María – Y su hija Marika, ella no es un poco…

Carlota – ¿Un poco qué?

María – Ella se metió en la despensa mientras yo me ponía esto, solo para mirar mis nalgas…

Marika regresa.

María – Parece que no te sientes bien. Estas muy pálida…

Marika – Estaré bien.

María – De todos modos, es increíble lo mucho que te pareces a mi madre…

Marika parece aún peor.

Carlota – Muy bien, María, déjanos a solas un momento…

María sale.

Marika – Mamá… ¿Tienes algo que esconderme?

Carlota – ¡Pero en absoluto, hija mía! ¿Qué quieres decir con eso?

Marika – ¿Recuerdas al menos si cuando diste a luz había otro bebé llamado María?

Carlota – ¿Cómo quieres que sepa? Todos estaban alineados uno al lado del otro en sus incubadoras, como pollitos en batería… Recuerdo que os pusieron debajo de una lámpara porque tenías ictericia. Además, siempre has mantenido esta tez un poco amarilla…

Marika – Gracias…

Carlota – ¿Después de todo, cómo diferenciar a un bebé de otro? Es cierto que podemos confundir…

Marika – Madre mía…

Carlota – ¡No, pero por eso a los bebés se les pone una pulsera!

Marika – ¿Una pulsera electrónica?

Carlota – Una pulsera con el nombre del bebé.

Marika – Esto es una locura… Para un automóvil, hay un número de registro, un número de motor, un número de chasis, grabados en el parabrisas, todo tipo de tatuajes antirrobo, sin mencionar alarma, y ??para un bebé, solo una pulsera con un nombre… Es muy fácil confundir, ¿verdad?

Carlota – Especialmente entre Marika y María, solo hay una letra de diferencia. El bebé pudo comerse un poco su pulsera en esa…

Marika – Y mi pulsera, ¿la guardaste?

Carlota – No, ¿por qué tendría que guardarla?

Marika – No lo sé. Como recuerdo…

María vuelve, muy emocionada.

María – ¡Lo sentía, estaba segura!

Carlota – ¿Qué te pasa ahora?

María – Acabo de tener una conversación con mi madre por teléfono.

Marika – ¿Y qué?

María – Ella me dijo que siempre sospechó que yo no era realmente su hija biológica.

Carlota – En ese caso, ¿por qué no te dijo nada hasta ahora?

María – ¡Para no traumatizarme!

Marika – Pero como es…

María – Ambas estábamos uno al lado del otro en la incubadora, según lo que me dijo mi madre. Pero ella me dijo que la otra bebé era tan fea e insignificante… Inconscientemente pensó que no podía ser su hija…

Carlota – Todo eso son solo delirios de criadas portuguesas…

Pausa.

María – Mi madre se quedó con mi pequeña pulsera, ella la buscó y la ha comprobado. Tiene escrito el nombre de Marika, no María.

El teléfono suena.

Carlota – ¡Pues responde!

María – Marika de Castelestafa, le escucho. No le escucho bien… Oh sí, hola señor Elsordo…

Carlota, furiosa, le arranca el auricular.

Carlota – Sí Alán… No, todavía no, yo… ¿En serio? Muy bien, hablaré con ella ahora y le llamaré pronto…

Ella cuelga.

Carlota – Fue Alán… para preguntar la respuesta a su propuesta de matrimonio. El no puede esperar. Tiene que regresar a California para un tratamiento que le dará una última oportunidad.

María – ¡Eh, a mi no me importan sus planes de boda! Me han estafado desde que nací. ¡Soy la baronesa!

Carlota – ¡Oh dulce niña! Por el momento solo hay una baronesa aquí y esa soy yo.

María – ¡Aún así, tengo derecho a mi herencia! ¡Este castillo será mío cuando te mueras!

Marika – Por ahora solo eres la sirvienta portuguesa…

María – ¡Eres tú quien debería estar en mi lugar! ¡Eres una sirvienta!

Marika se derrumba.

Carlota – Debemos calmarnos, mira…

María – Tienes razón… Olvidemos los títulos y el dinero. Yo por fin he encontrado a mi verdadera madre…

Ella se precipita en los brazos de Carlota avergonzada.

Carlota – Vamos, vamos… De todos modos, mi pobre niña…

Marika – ¿Podrías dejar de llamarla “mi pobre niña”?

Carlota – Ya no tenemos dinero, María. Sin este matrimonio, ni siquiera tendremos lo suficiente para pagar una sirvienta, o quien sea. Solo tenemos este castillo en ruinas y algunos retratos familiares.

María – En este caso, me voy a casar con el multimillonario. Después de todo, es con el título con el que se casará. Por lo demás, ni siquiera verá la diferencia. Y no necesariamente perderá con el cambio.

Marika y María se desafían mutuamente. Carlota interviene.

Carlota – ¿Puedes darnos un momento, María? Volveremos a discutir todo esto en un momento.

María – Está bien… Pero les advierto, no me vais a defraudar…

María sale

Marika – Es una pesadilla…

Carlota – Por eso es urgente que aceptes la propuesta de Elsordo.

Marika – ¿De verdad crees que es lo más urgente?

Carlota – ¡Por supuesto! ¡De lo contrario, el ganso que pone los huevos de oro se nos escapará! Y estaremos sin dinero.

Marika – Y tal vez ya no sea baronesa…

Carlota – ¿Quién te querrá de nuevo si ni siquiera tienes sangre azul? (Marika se derrumba) No te preocupes. Seguirás siendo mi hija pase lo que pase. La carne de mi carne. No es posible que esta bruja sea una baronesa… incluso si es mi hija biológica.

Marika – ¿Pero qué hacer con Alán?

Carlota – Tienes que casarte con él ahora mismo, antes que se dé cuenta de que quizás no eres del todo lo que él cree… Después ya será demasiado tarde.

Marika – Tienes razón…

Carlota – Llamaras a Elsordo de inmediato para decirle que aceptas su propuesta de matrimonio.

Marika – ¿Y después?

Carlota – Lo arrastras a Las Vegas para una ceremonia relámpago. Y vuestra luna de miel seguida de ese proceso.

Marika – ¿Y la sirvienta?

Carlota – Yo me encargaré de ella durante ese tiempo…

Marika – De acuerdo. Así que voy… Me entregaré para guardar el nombre y el castillo de Castelestafa.

Carlota – ¡La buena sangre no puede mentir! Reconozco en ti el espíritu caballeroso que Castelestafa siempre ha mostrado a lo largo de la historia.

Marika – ¡Amar será como ir a la guerra!

Ellas salen

Negro.

Acto 2

Carlota limpia vestida con ropa de mucama. María está sentada leyendo una revista de celebridades.

Carlota – Ouh la la… No me había dado cuenta de lo agotador que era limpiar…

María – Ya verás, lo peor son los cristales. Todavía hay rastros de mugre. Pero te ayudaré con algo, si quieres…

Carlota – Oh si…

María – Lo mejor para las ventanas es el vinagre… El vinagre blanco, para los cristales, es lo mejor.

Carlota – ¿Realmente no quieres ayudarme?

María – ¿No ves que estoy leyendo? Si quiero mantener mi rango en el futuro, todavía tengo mucho con lo que ponerme al día. Especialmente con respecto a la vida de las personas de la realeza. No sabía que la vida de esa gente era tan complicada.

Carlota – No te puedes imaginar cuánto…

María – Y todos estos nobles con esos nombres tan largos. Pensé que todo eso se había acabado con la Revolución…

Carlota – Afortunadamente, todavía tenemos algunos privilegios… Yo también te daré algunos consejos, si quieres…

María – Oh ¿sí?

Carlota – Para viajar casi de gratis, por ejemplo. Cuando llegas a cualquier lugar, vete a tocar la puerta de algún castillo. Seguramente es un primo lejano. Siempre habrá una habitación de invitados esperándote.

María – Ya veo… Como hoteles de lujo, pero gratuitos.

Carlota – Eso es. Como hoteles de lujo, pero sin calefacción.

María – Entonces, si entiendo bien, todos vosotros son primos…

Carlota – Sí…

María – No me sorprende que todos se vean tan degenerados… Por cierto, ¿tienes noticias de tu hija? Me refiero a Marika…

Carlota – Desafortunadamente no… En estos casos, durante las primeras semanas, se recomienda evitar cualquier contacto con la familia.

María – La verdad… no lo sabía.

Carlota – Pero ella terminará volviendo a casa…

María – Bueno, por ahora me voy a bañar, eso me va a relajar. Porque todo esto me agotó…

Carlota – Entiendo…

María (preparándose para salir) Cuando hayas terminado el polvo, ¿empiezas con los cubiertos? No es mi intención ofenderte, pero esta casa era una verdadera pocilga cuando llegué…

Carlota – Sin embargo, recuerda que no soy tu sirvienta…

María – ¡De qué sirve tener una sirvienta cuando ya tienes una madre!

María sale.

Carlota – Bueno, voy a empezar con los cristales, así que…

Llegan Alán y Marika. Marika lleva dos maletas. Ella ha cambiado su aspecto y parece más satisfecha, asumiendo mucho mejor su feminidad. Alán también parece estar en mejor forma y se viste más alegre.

Carlota – ¡Hola hijos míos! ¡Pero deberíais haberme advertido que vendríais hoy! Hubiera preparado vuestra habitación…

Marika – Mamá? ¿Pero qué está pasando aquí?

Carlota – ¿Qué?

Marika – ¡No me digas que estás haciendo las tareas del hogar!

Carlota – Oh eso… No te preocupes, querida, te lo explicaré…

Alán – Hola, señora baronesa.

Carlota – ¿Cómo esta, mi querido yerno?

Alán – Mejor. Mucho mejor…

Carlota (molesta) – Oh, sí… Parece que el matrimonio le sienta bien…

Alán – Tengo mucho menos dolor de cabeza, es cierto. Y a veces, casi tengo la impresión de ver destellos de luz…

Carlota – ¿Sabe lo que dicen? El amor es ciego, el matrimonio le devuelve la vista… Pero cuando dice mejor, quiere decir… ¿que no morirá de inmediato?

Alán – Parece que le decepcionaría, suegra…

Carlota – Estoy bromeando… ¡vamos!

Alán – Todos moriremos algún día, ¿no?

Carlota – Sí… tarde o temprano.

Alán – Digamos que en mi caso, siento que será un poco más tarde de lo esperado.

Carlota – Bueno, ¡es maravilloso! ¿No es así querida?

Marika – Sí, por supuesto…

Carlota – Entonces, ¿y la luna de miel? ¿Es hermoso Las Vegas?

Marika – ¿No recibiste nuestra carta?

Carlota – Dios mío, no, todavía no. Pero ya sabes, de los Estados Unidos de América…

Marika – Finalmente, nos casamos en Perpiñán, en la más estricta intimidad…

Alán – Para que ir a América a casarse, si también aquí tenemos curas a quienes les gustan los niños.

Carlota – No me digas que además, ya estás embarazada…

MarikaTodavía no, tranquilízate. Bueno, ¿quién sabe?

Carlota – Perpiñán, muy bien… Cataluña se parece mucho a California, ¿verdad? O digamos que la parte de arriba se parece mucho a Baja California… ¿Tuvisteis buen clima?

Marika – Llovió durante tres semanas seguidas. Apenas pudimos salir fuera de nuestra habitación en el hotel. (Marika se acerca con cariño a Alán) Pero finalmente, no me arrepiento de no ir a Las Vegas…

Alán – Yo tampoco. Aparentemente, el aire de Cataluña me hizo mejor efecto que el tratamiento milagroso que tuve que recibir en esa clínica de los Estados Unidos.

Carlota – Ya veo…

Marika – Alán me llevó una vez al cine a ver una película sucia…

Alán – Quiso decir una película suiza…

Carlota – Oh ¡Pero qué bueno!

Marika le lanza a Alán una mirada tiernamente cómplice.

Marika – Pero, ¿Para qué ir al cine, cuando puedes encontrar con que divertir sin salir de la cama…

Alán (con amor) – Creo que me saqué el número de la suerte… Bueno, las dejo hablar un momento juntas. Deben tener muchas cosas que contarse entre madre e hija… Me voy a refrescar un poco.

Carlota – Te acompañaré…

Alán – No te preocupes, puedo arreglármelas solo…

Carlota – Ya conoces la casa, ¿verdad?

Alán – Ahora es un poco mía, ¿no?

Carlota – Sí…

Alán – Hasta luego, mi amor… ¿Llevarás mi maleta a mi habitación?

Marika – De inmediato, mi corazón…

Carlota lanza una mirada preocupada a su hija. Alán vuelve a salir alterando la mesa del pedestal y el jarrón.

Carlota – ¿Y bien? Parece que sobreviviste a esta prueba, querida…

Marika – Sí, debo decir que no fue tan malo como lo imaginé… Admito que incluso tuve cierto placer en…

Carlota – Te agradezco que te guardes la historia de vuestra noche de bodas… Ahora tenemos asuntos más urgentes que resolver…

Marika – ¿Un asunto?

Carlota – ¿No me digas que ya has olvidado el contexto especial de este matrimonio…?

Marika – No, por supuesto…

Carlota – Imaginaras que estaba esperando el regreso del yerno para pagar algunas cuentas… ¡Si no hacemos una transferencia rápida al Banco Popular, el castillo será incautado!

Marika – ¿Tenemos una cuenta en el Banco Popular?

Carlota – Por desgracia, son los únicos que todavía nos quieren… Y si no encontramos rápidamente pasta ¡tendremos que ir al comedor público!

Marika – Hablaré de esto con Alán, te lo prometo…

Carlota – Muy bien, entonces… en mis brazos, hija mía…

Se abrazan por un momento.

Marika – ¿Y la criada?

Carlota – Ese es el segundo problema con el que tenemos que lidiar… He hecho todo lo posible para calmarla. Pero empieza a sentirse un poco como en casa.

Marika – ¿Entonces todavía no la has despedido?

Carlota – ¡Eso es porque ahora ella dice ser parte de la familia! Como puedes ver por mi atuendo, tuve que hacer algunas concesiones… Y cuando ella sepa…

Llega María, seguida de Alán.

María (furiosa) –El señor Elsordo me acaba de contar la noticia de su matrimonio… ¡Y tu que me habías dicho que tu hija estaba en rehabilitación de drogas!

Marika – ¿Le dijisteis eso?

Carlota – Tuve que decirle algo.

María – Entonces tus mentirillas y tu repentina amabilidad, ¿eran por eso? Para engañarme…

Carlota – A ver, tranquilitos…

Alán – Confieso que ni yo, baronesa, no creo lo que escuchan mis oídos… ¿Entonces confirma las palabras de su doncella?

María – ¡Eh, yo no soy la doncella!

Alán – Quiero decir… de su hija biológica. ¡Pero eso es monstruoso! ¿Cómo se puede convertir a una hija en esclavo doméstico?

Marika – Bueno, tampoco es Cenicienta…

Alán – En cuanto a mí, entiendo que me siento un poco defraudado… Pensé casarme con una futura baronesa…

María – Y ahora se encuentra casado con una bastarda.

Marika – ¡Bastarda serás tú!

Las dos mujeres están listas para recibir golpes.

Carlota – Veamos… Un poco de dignidad, damas… Al menos una de vosotras tiene sangre azul…

María y Marika dejan de pelear. María va con Alán.

María – ¡La hija de la baronesa, soy yo! ¡Es conmigo que deberías haberte casado! (Avanza hacia Alán) Y créeme, en la cama, no habrías tenido quejas…

Marika – ¿Qué dices, perra?

Carlota – No nos dejemos vencer por la ira o después lo lamentaremos.

Alán – Me pregunto si no sería mejor pedir un divorcio… Lo digo, considerando las nuevas circunstancias…

Carlota – ¡No haga nada, querido amigo! Seguramente hay una manera de disipar este pequeño malentendido…

Alán – ¿Un pequeño malentendido? Ya ni siquiera sé con quién estoy casado. ¿Si con la mujer que me dijo que sí o la que llevará mañana el nombre de Baronesa de Castelestafa?

Carlota – Ya lo he pensado lo suficiente, porque sospechaba que todo esto causaría cierta… tensión temporal.

María – Esto debe ser una broma…

Carlota – Esto es lo que propongo… Alán se acaba de casar con Marika. Se quedará con su esposa, que heredará mi título de baronesa de Castelestafa.

María – ¿Y qué hay de mí?

Carlota – María, en compensación, heredará el castillo y todo lo que contiene cuando yo muera.

Marika – ¿El título, eso es todo?

Carlota – ¿No me digas que prefieres la riqueza material al prestigio de un nombre como el nuestro?

Marika – No, por supuesto, pero…

Carlota – Por supuesto, es consabido que muchos barones mezclaron su sangre azul con la de las criadas, ya sabes. Si estuviéramos haciendo una investigación genética, seguramente nos daríamos cuenta de que la mayoría de los sirvientes son nuestros primos.

María, escéptica, mira a Alán y Marika.

María – ¿Y si tienen hijos? Podrían reclamar la herencia…

Carlota – Por supuesto, Marika estará exenta del deber matrimonial para no correr el riesgo de tener una descendencia…

Marika – ¿El deber matrimonial? Desde mi recuerdo de nuestra noche de bodas, no siento que haya sido una tarea para mi esposo…

María – Oh ¿si?

Nueva tensión entre las dos mujeres.

Carlota – Bueno, creo que ahora todos lo vemos un poco más claro, ¿no es así, mi querido yerno?

María – Entonces, ¿nunca seré baronesa?

Marika – Te dejaremos el castillo, ¿de qué te quejas?

Carlota – No tendrás el título, pero serás considerada como familia. Y si mi hija muere, serás una baronesa en su lugar.

Marika – ¡Qué encantador!

Carlota – En cuanto al señor Elsordo, de todos modos, él no está interesado en la dote de mi hija. Es multimillonario. Lo que quería era casarse con una chica de una buena familia. Desde este punto de vista, no podemos decir que ha sido engañado… ¿Usted cómo lo ve, señor Elsordo?

Alán – No lo veo muy claro…

María – Por supuesto… Si además es ciego…

Carlota (a María) – Te trataré como mi segunda hija, y Marika te tratará como a una hermana.

María – Vaya hermana…

Carlota – ¿Qué le parece, Alán?

Alán – ¿Y con quién cumpliré mi deber conyugal? Sin embargo, estoy casado… Me da ciertos privilegios.

Carlota – Siempre puedes dormir con la criada. Probablemente hubiera terminado así de todos modos, como en todas las comedias de parejas…

Marika – ¡Eh, yo no he dicho que estaba de acuerdo!

María – ¡Yo tampoco!

Carlota – Seremos una familia ensamblada… Está muy de moda en la actualidad…

María – Bueno…

Alán – ¿Y quién hará los quehaceres?

María – ¡Yo no, de ninguna manera!

Carlota – Queda por encontrar una sirvienta… Pero Alán es rico, ¿verdad? Y ahora, él es el hombre de la casa… ¡Satisfará las necesidades de toda la familia!

Alán – Sí, bueno… en realidad, los bienes raíces no están yendo muy bien en este momento, ya saben… Incluso en California…

Carlota – Me acaba de decir que eventualmente ya no morirá, ¡no me diga que además esta arruinado!

Alán – Por desgracia, suegra… Pero lo importante del matrimonio es el amor, ¿no?

Carlota está a punto de desmayarse.

Carlota – Creo que me está dando algo…

Marika – Disculpa por un momento…

La baronesa se retira con su hija. Dejado solo con María, Alán se quita las gafas y cae en sus brazos. Entendemos que son cómplices.

Alán – ¡Y listo!

María – ¡Para nosotros la gran vida!

Alán – ¡Y cómo, baronesa!

Se besan

María – La mala noticia es que, en tu ausencia, descubrí que el castillo está hipotecado.

Alán – ¿No me digas que me casé por nada con ese monstruo?

María – ¿No conseguiste demasiado de la noche de bodas, al menos?

Alán – De qué hablas… ¿Es que no la has visto?

María – Eso no fue lo que ella dijo antes…

Alán – Bueno, todavía tenemos las pinturas…

María – Debe valer dinero, todo eso…

Ella va a examinar una imagen y torpemente la hace caer.

María – Mierda. Ayúdame a poner esto en su lugar…

Alán se acerca. Mientras levanta la pintura, María mira hacia atrás.

María – ¿Qué es esto?

Alán – ¿Qué?

María – Hay una inscripción en el reverso de la pintura…

Alán – Puede ser una firma prestigiosa… ¿A veces sucede que una imagen de un pintor anónimo finalmente se atribuye a Miguel Ángel o Leonardo?

María – ¿Leonardo? ¿El actor o el futbolista?

Alán – Leonardo, el pintor! Bien, entonces, ¿qué estás leyendo?

María mira la inscripción.

María – No puedo leer… No tengo mis lentes… Ve allí, tienes buenos ojos…

Alán mira la inscripción.

Alán – Hecho en China…

María – ¿Hecho en China?

Alán – Estos son falsos.

María – ¿No? ¿Estás seguro ?

Alán – ¡No creo que en ese momento, los nobles hicieran sus retratos familiares en China! (Pausa) ¿Te das cuenta? Me casé con esa degenerada por unos retratos falsos?

Tiempo de reducción.

María – Y solo les quedan unos pocos muebles… No vamos a llegar muy lejos con eso…

Alán – No puedo creerlo…

María – Nos han engañado…

Alán – Sí… Parece que esta es la historia del estafador estafado…

María – Pero si estos retratos son falsos, entonces…

Alán – El título de nobleza de la baronesa también sería falso…

María – ¡No!

Alán saca su teléfono celular.

Alán – Espera… estoy buscando en Internet… Baronesa de Castelestafa… Eso no es cierto… Mira esto…

Le muestra la pantalla de su teléfono a María.

María – No…

Alán – Castelestafa… Debimos ser mas cautelosos…

María – Debimos haber verificado antes sus títulos de nobleza…

Alán – ¿En quién se puede confiar hoy en día?

María – No investigamos…

Alán – ¿Pero cómo es que su hija nunca tuvo la idea de escribir su propio nombre en Google?

María – ¡Estas personas aún viven en la Edad Media! ¡Y la niña apenas salió del convento de las Golondrinas! Estoy segura de que su madre solo le da acceso a Internet con un filtro parental…

Alán – Entonces, ¿qué haremos?

María – ¡Nos largamos de aquí! Hay algunas joyas en la habitación de la vieja, allá arriba. Las tomo y nos vamos antes de que estas dos mitómanas regresen.

Alán – Aún no he desempacado, será más práctico.

María sale. Mientras tanto, Alán mira en la pantalla de su teléfono para buscar más detalles sobre la biografía de Carlota.

Alán – No es cierto… Bueno … Fíjate en la baronesa, con unos años menos…

Le sorprende el regreso de Carlota y Marika.

Carlota – No creo lo que ven mis ojos.

Marika – Alán, ¿no eres ciego?

Alán – Es decir… ¡Acabo de recobrar la vista! ¡Es un milagro !

María regresa y llama a Alán antes de ver a los otros dos.

María – ¿Alán? Eso es todo, ya tengo las joyas, espero que no sean falsas también…

Alán va hacia María, con los brazos extendidos para intentar hacerle alguna seña.

Alán – ¡Finalmente te descubro, mi querida esposa!

Marika – Soy yo, tu esposa…

Alán (decepcionado) – ¿No…? Me pregunto si no hubiera preferido quedarme ciego…

Carlota – Entonces… así es todo… Nos tomaron por tontas… Así que fuiste su cómplice desde el principio, ¿verdad?

Marika – ¿Son un par de ladrones?

Alán – Estafadores… Hay que expresarse con las palabras adecuadas…

Carlota – Entonces no eres ciego, ni multimillonario… y esta perra no es mi hija biológica…

María – Eh, un poco mas de gentileza, baronesa, ¡cuidadito conmigo!

Carlota – ¡Y todo este circo fue para convencernos de concertar el matrimonio lo antes posible!

Marika – ¡Para desnudarnos!

Carlota – No puedo creerlo…

Alán – Bien… Y ahora que las cosas están claras para todos, ¿qué vamos a hacer?

Carlota – ¿Qué vamos a hacer? Pero si es muy simple. ¡Denunciarlos a ambos! Yo presentaré una queja.

Alán – Oh, y que le parece si nos calmamos, está bien. Okey, no soy ciego ni multimillonario. Pero eso no es penado por la ley, que yo sepa. Y ahora, te guste o no, ¡soy tu yerno!

María – ¡Es verdad, después de todo, eres tú quien quiere casar a tu hija con un pobre ciego para capturar su herencia! ¿Eh? Eso no es bonito bonito tampoco, ¿No crees?

Carlota – Tu, la criada, cállate. Nadie te ha llamado.

María – Primero, nunca he sido criada. ¡Y la mentirosa eres tú! ¡Tu castillo está hipotecado, y estos retratos familiares son falsos!

Marika – ¿Falsos?

Carlota (avergonzada) – Eso es ridículo…

María – Oh ¿si?

Carlota – Puedes ver que estas personas no saben nada de pintura. ¡Falsificaciones! ¿Y tú? Apuesto a que no eres realmente portuguesa…

Alán – No más que tú baronesa…

Marika – ¿De qué hablas?

Alán (a Carlota) – Tampoco le dijiste toda la verdad sobre tus orígenes…

Carlota (avergonzada) – ¿Yo?

Alán – Tu marido era actor de cine porno. ¡Y lo conociste en un set de filmación! Todo está en Wikipedia…

Carlota – He pedido varias veces la eliminación de este artículo…

Marika – ¿Pensé que papá era un campeón de equitación y que estaba muerto cuando se cayó de su caballo?

Alán – Podemos decir eso así, sí… Solo se olvidó de decirte quién era la montura…

María – Y las condiciones especiales de esa película de rodeo…

Carlota – Era arte puro. Todo ocurrió sobre un escenario…

María – Sí… Y probablemente sea gracias al dinero que te pagaron para actuar en esas películas de autor que pudiste comprar este castillo.

Alán – Para fingir respetabilidad…

Marika – Oh, Dios mío… ¡Pero esto no puede ser verdad! Y yo que pensaba que lo peor que me podía pasar era ser hija de una sirvienta portuguesa… Pero entonces… ¿quiénes son realmente mis padres? ¿Y quién soy yo?

María – Puedes estar tranquila, eres la hija de tu puta madre… En cuanto a tu padre…

Alán (mirando su móvil) – No se excluye que hayas sido concebida durante el rodaje de una de esas películas de culto como esta… (Mostrando la pantalla a Marika) Obra maestra del séptimo arte en la que por primera vez Carlota lleva el título de baronesa…

María – Y eso es todo lo que lleva puesto en esa película.

Carlota – Fui nominada a los premios Oscar por esa…

María – Los Oscar del Porno, por supuesto.

AlánEntonces ven que yo también podría tener la impresión de que me mentí un poco sobre el pedigrí de mi perra guía.

La baronesa está avergonzada.

Marika – Pero di algo, madre…

Carlota – Así es, yo inventé nuestra historia familiar…

Marika – Entonces no eres baronesa de Castelestafa… ¿Pero esos retratos familiares?

Carlota – Son absolutamente genuinos, te lo garantizo. Bueno, quiero decir, de aquellos que han servido como modelos… Solo que… no son nuestra familia.

Marika – Esto es una pesadilla…

Carlota – La buena noticia es que realmente eres mi hija.

Marika – ¡Soy una hija de puta! ¿Te parece que eso es un consuelo…

Carlota – Ya no estamos en la Edad Media. Ya no tenemos que considerar a las actrices como prostitutas…

Marika – ¡Pero si eras un actriz X!

María – Bueno, cuando hayan terminado esta conmovedora escena familiar…

Carlota – ¿No creéis que tal vez haya una manera de llevarse bien? Un buen arreglo es mejor que un mal divorcio.

Marika – Un buen arreglo…

Carlota – La verdad es que ni siquiera podemos permitirnos una sirvienta. Y que a partir de ahora no podemos confiar demasiado en nuestra supuesta nobleza para obtener un yerno ideal…

Alán – Especialmente porque tu hija ya está casada, te recuerdo…

Carlota – Ya ves, querida, que aquí todos estamos condenados a encontrarnos en un terreno común…

Marika – Ya ni siquiera puedes vender esas pinturas. Son copias, no tienen valor…

Alán – ¿Podemos alquilar el castillo para filmar películas pornográficas? La señora debe haber mantenido contactos en el medio.

Carlota – Qué dirían nuestros amigos… sin mencionar al sacerdote. No, yo vería algo más adecuado… Tal vez sea posible… ¡Aquí, un festival de música clásica, por ejemplo!

María – Ah, sí… Podríamos pedir una subvención al ayuntamiento y al gobierno…

Carlota – Hacer que la música clásica sea accesible para las clases más desfavorecidas está muy de moda.

María – Eso es todo… Un concierto de música clásica accesible para los discapacitados de la cultura. Llegaremos lejos con eso…

Alán – Entonces, ¿por qué no abrir habitaciones temáticas? A la gente le encantan los castillos, y una baronesa, siempre es buena en la decoración.

Marika – Podrías cuidar a mi esposo y a mí. Y María haría las habitaciones…

María – Eh, Alán es mi hombre, ¿de acuerdo?

Marika – Pero es mi esposo delante de Dios… o por lo menos delante del alcalde de Perpiñán. Y ahora que sé que el señor Elsordo no es ciego… Después de todo, es un hombre bastante guapo… Y excepto dinero, lo tiene todo para hacer feliz a una mujer…

Marika y María están a punto de pelear. Alán las separa.

Carlota – Vamos, seguramente también hay una manera de encontrar un acuerdo sobre este punto. Entre personas de nuestra condición, siempre logramos hacer arreglos, ¿no es así?

Marika – Por personas de nuestra condición, ¿te refieres a delincuentes?

Carlota – Pues… También, sí…

Negro

Epílogo

Marika, vestida de sirvienta, hace el polvo con un plumero. Los otros tres están en sillones y toman té en un ambiente muy mundano.

María – Con mucho gusto volvería a tomar un poco de té…

Marika le sirve torpemente, con los dientes apretados.

Carlota – No te preocupes, querida, mañana será tu turno de ser baronesa.

Alán – Y el suyo para ser sirvienta.

Carlota – Se decía cada dos días…

Alán – Suegra, creo que acabamos de inventar el matrimonio alternativo.

Carlota – Y la democracia rotativa.

Alán – ¿Quién necesita engañar a su esposa con la criada como en un mal teatro de parejas? ¡Mañana la sirvienta será mi esposa!

Carlota – Y tu sirvienta será tu mujer.

Alán – Un verdadero cuento de hadas.

Carlota – En resumen, tenías razón, mi querido yerno… Es la gran vida… ¿No es así, señoras?

Marika y María intercambian una mirada.

María – Mi querida hermana, a veces me pregunto si nosostras no somos las verdaderas víctimas de esta farsa…

Carlota – A propósito, no olvidéis que se acerca la Navidad.

Alán – Tengo muchas ganas de ver estas celebraciones familiares por primera vez en nuestro castillo.

Carlota – La familia, eso es todo. (Pausa) Por cierto, me alegra que todos estemos aquí para contarte una gran noticia, Alán.

Alán – Oh ¿si? ¿Qué?

Carlota – La familia crecerá…

Alán – ¿Un niño para Navidad? ¡Es maravilloso! ¿Pero quién es la madre?

Marika y María intercambian una mirada asesina, antes de mirar a Carlota con una mirada sospechosa. Carlota parece apenas avergonzada, y pone la mano en su barriga.

Carlota – Un nuevo milagro, aparentemente…

Alán (para relajar el ambiente) – ¿Si ponemos un poco de música?

Carlota – Sería perfecto… Me encanta la música clásica.

Alán – Y dicen que amansa a las fieras.

Alán presiona un control remoto para lanzar una pieza de música clásica, para elegir (por ejemplo el Himno a la Alegría o una música de Navidad).

A medida que aumenta el nivel de la música, la luz disminuye en esta conmovedora escena de felicidad familiar.

Negro.

Fin

El autor

Jean-Pierre Martinez es autor teatral y guionista francés de origen español. Nacido en 1955 en Auvers-sur-Oise, sube al escenario primero como baterista en diversos grupos de rock, antes de hacerse semiológo para la publicidad. Luego trabaja como guionista para la televisión, y vuelve al teatro como autor. Ha escrito mas de 60 guiones para distintas series de la televisión francesa, y 78 comedias para el teatro (13 y Martes, Strip Poker, Bar Manolo, Ella y El, Muertos de la Risa, Breves del Tiempo Perdido, El Joker…). Actualmente es uno de los autores contemporáneos mas representados en Francia, y varias de sus obras han sido ya traducidas en español y en inglés. Es licenciado en literatura española e inglesa (Sorbonne), en linguística (Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales), en economía (Institut d’Études Politique de Paris), en escritura de guiones (Conservatoire Européen d’Ecriture Audiovisuelle). Jean-Pierre Martinez ha escogido ofrecer todos los textos de sus obras para descargar gratuitamente en su web : comediatheque.net.

Comedias de Jean-Pierre Martinez traducidas en español:

Comedias para 2

El Joker

El Último Cartucho

EuroStar

Zona de Turbulencias

Comedias para 3

13 y Martes

Por Debajo de la Mesa

Un pequeño asesinato sin consecuencias

Comedias para 4

Cuatro Estrellas

Foto de Familia

Strip Poker

Un Ataúd para Dos

Comedias para 5 o 6

Crisis y Castigo

Pronóstico Reservado

Comedias para 7 a 10

Bar Manolo

Milagro en el Convento de Santa María-Juana

El pueblo más cutre de España

Comedias de sainetes (sketches)

Breves del Tiempo Perdido

Ella y El, Monólogo Interactivo

Muertos de la Risa

Este texto está protegido por las leyes

relativas al derecho de propiedad intelectual.

Toda copia es susceptible de una condena,

hasta de 300 000 euros y 3 años de prisión.

París – Setiembre de 2019

© La Comédi@thèque – ISBN 978-2-37705-277-6

https://comediatheque.net/

Amores a ciegas Lire la suite »

Écologie

L’écologie peut devenir le sujet d’une tragicomédie lorsque la folie des hommes en vient à mettre en péril leur existence même en tant qu’espèce. Le thème de l’écologie reste encore assez peu exploité au théâtre, en tant que véritable argument dramatique. Le sujet est plutôt traité de manière pédagogique dans des spectacles à visée éducative et moralisatrice, supposés provoquer une prise de conscience salutaire.

Jean-Pierre Martinez, dans son théâtre, aborde l’apocalypse climatique qui s’annonce comme une tragédie au sens propre. Comme dans toute tragédie, les protagonistes sont condamnés d’avance par les forces obscures qui les rongent de l’intérieur, et ils se précipitent vers leur fin sans rien faire pour l’éviter, par fatalisme, ou aveuglés qu’ils sont par un sentiment de toute puissance.

Car c’est une autre forme d’hubris pour l’Humanité de penser qu’elle pourraient venir à bout de la “nature” et l’entraîner avec elle dans sa chute. La fin programmée de la vie sur Terre n’empêchera pas le monde de tourner. Le suicide de l’Humanité n’empêchera pas non plus la vie de prospérer autrement, ou ailleurs.

L’écologie, c’est d’abord le procès de l’Homme lui-même. Au vue de son bilan largement catastrophique, l’Humanité mérite-t-elle d’être sauvée ? Telle est la vraie question, éthique, posée par le problème de l’apocalypse climatique qui a déjà commencé.


Au répertoire de La Comédiathèque


Pièces

APRÈS NOUS LE DÉLUGE

JUSTE UN INSTANT AVANT LA FIN DU MONDE

UN PETIT PAS POUR UNE FEMME, UN PAS DE GÉANT POUR L’HUMANITÉ



Sketchs

Mortel
Ce n’est pas la fin du monde
Vert
Terminus
Retour vers le futur
Atmosphère

 

Écologie Lire la suite »