Un personnage est déjà là. On entend un bruit de sonnette. Un autre arrive
Un – Bonjour !
Deux – Ah, bonjour facteur.
Un – Vous avez du courrier.
Deux – Oui, je m’en doute, sinon vous n’auriez pas pris la peine d’entrer pour me le dire. Et comme ce n’est pas la saison des calendriers…
Le facteur lui tend une lettre.
Un – Et voilà pour vous.
Deux – Merci… (Il jette un regard à l’enveloppe.) Encore un faire-part…
Un – Avec ce satané virus… Des faire-part, c’est ce que je distribue le plus en ce moment… Désolé de ne pas vous apporter de bonnes nouvelles.
Deux – Ça dépend. C’est peut-être une bonne nouvelle.
Un – Ah pardon, ce n’est pas un faire-part de décès ?
Deux – Si… Mais ça dépend de qui est mort. Un faire-part, c’est un peu comme une pochette-surprise. On ne sait jamais ce qu’on va trouver dedans…
Il ouvre le faire-part et regarde le carton.
Un – Alors ?
Deux – Une arrière-tante du côté de mon père…
Un – Vous la connaissiez bien ?
Deux – Je ne l’avais pas vue depuis vingt ans… Elle habitait à l’autre bout de la France… Mais c’est la seule famille qui me restait.
Un – Mauvaise nouvelle, alors…
Deux – La bonne nouvelle, c’est qu’à cause du confinement, j’aurai une bonne excuse pour ne pas aller à son enterrement.
Un – Vous avez raison, en ce moment, il vaut mieux prendre les choses du bon côté. Allez, on finira bien par s’en sortir ! Ils ne vont pas nous laisser confinés éternellement.
Deux – Oh vous savez, pour moi… Sortir une heure par jour pour aller faire ses courses, extinction des feux à 21 heures, pas de sortie, pas d’amis… J’ai l’impression d’être déjà confiné depuis pas mal de temps.
Un – Ah oui, évidemment. Vu comme ça…
Deux – Mais au moins, maintenant que tout le monde est enfermé aussi, je me sens moins seul.
Un – Merci… vous avez réussi à me saper le moral pour la journée.
Deux – De rien. Et à bientôt… pour les calendriers.