Dernier voyage

Un homme dans le lit. Arrive une femme. Elle est en noir. Et elle porte une faux.

Femme – Alors, cher Monsieur ? C’est l’heure du grand départ ? Je ne vois pas votre petite valise. Entre nous, vous n’en aurez nul besoin là où vous allez, mais il paraît que ça rassure…

Homme – C’est une vraie faux ?

Femme – Ah ça ? Non, pensez-vous… C’est une fausse. C’est en plastique. Regardez !

Elle prend la lame et la tord.

Homme – D’accord.

Femme – Non, vous pensez bien… Une vraie faux… Quelqu’un pourrait se blesser.

Homme – Surtout dans un hôpital.

Femme – La faux, c’est juste un symbole. Comme un balai pour une sorcière ou une crosse pour un évêque. Pour qu’on nous reconnaisse au premier coup d’œil dès qu’on nous voit.

Homme – C’est vrai que je vous ai tout de suite reconnue.

Femme – Ça nous évite au moins d’avoir à nous présenter. Vous imaginez un peu la scène… Bonjour, je suis la Mort. Je viens pour couper le peu de souffle qui vous reste, après que le comptable de cet hôpital vous ait fauché le peu de blé que vous aviez encore.

Homme – Au moins, vous ne manquez pas d’humour…

Femme – Avec nous, vous n’allez pas vous ennuyer, vous verrez. Alors vous êtes prêt ?

Homme – Mon Dieu… Aussi prêt qu’on peut l’être. Et qu’est-ce que je dois faire, au juste ?

Femme – Vous rien. Moi j’ai juste à éteindre la lumière…

Homme – C’est vous qui m’accompagnez pour ce dernier voyage ?

Femme – Non, rassurez-vous. Je ne suis que le messager, si on peut dire. Ou le facteur, si vous préférez. Je viens pour le recommandé avec avis de réception. Après…

Homme – D’accord… Vous me donnez encore une minute ?

Femme – Si vous vous voulez aller pisser une dernière fois avant de partir, c’est maintenant. Après, vous n’aurez plus ce qu’il faut pour le faire. Croyez-moi, il arrive un âge où ça n’a pas que des inconvénients.

Même pas Mort