Spectacle vu le 7 novembre 2021 au Théâtre du Chêne Noir à Avignon
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La société bourgeoise que moque Feydeau dans cette pièce, comme dans beaucoup d’autres, est une mécanique bien huilée, tournant plus ou moins rond, destinée à produire et à conserver un mouvement tout aussi perpétuel qu’inutile, en utilisant pour cela tous les rouages de conventions absurdes. Mais au moindre grain de sable, cette belle mécanique s’enraye, et ceux qui ont pour mission de la servir (le monde des hommes en général et celui des hommes politiques en particulier) se mettent à dérailler. D’après Bergson, ce qui provoque le rire, c’est le placage d’une mécanique sur du vivant, et c’est bien ce ressort qu’utilise Feydeau dans cette comédie.
Dans Mais n’te promène donc pas toute nue, le grain de sable qui fait dérailler cette belle mécanique, c’est la femme, et le rouage qu’elle vient enrayer c’est la prohibition de la nudité des femmes par les hommes, assimilée à un exhibitionnisme par définition indécent. Un sujet qui résonne encore étrangement dans le monde d’aujourd’hui. La Compagnie des Passeurs exploite à merveille le potentiel burlesque de cette comédie de Feydeau, en nous offrant un spectacle très visuel, qui à bien des égards nous rappelle avec bonheur l’univers de Chaplin. À ne pas manquer.
Critique de Jean-Pierre Martinez
Mise en scène : Renaud Gillier
Avec : Luca Bozzi, Renaud Gillier, Charly Labourier, Maud Landau
Costumes : Agathe Helbo
Décor : Bozzi e Figli
Maquillage : Adrien Conrad
Graphisme : Jérôme Nicol
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