Deux personnages, regardant droit devant eux.
Un – C’est passé trop vite.
Deux – Oui.
Un – Tu as vu ce papillon ?
Deux – Oui.
Un – Il va de fleur en fleur. Il est tellement pressé.
Deux – Tu crois ?
Un – Il n’a qu’une seule journée à vivre.
Deux – Et tant de fleurs à découvrir.
Un – Si on finit centenaires, on aura vécu comme 36 000 papillons.
Deux – 36 500, plus exactement.
Un – Ah oui.
Deux – 365 jours, multipliés par 100.
Un – Sans compter les années bissextiles.
Un temps.
Deux – Combien de fleurs est-ce que tu as butinées ces jours-ci ?
Un – Aucune. Et toi ?
Deux – Moi non plus.
Un – On pense qu’on a tout le temps, et finalement, jour après jour, on oublie de faire ce qui nous tient le plus à cœur.
Deux – Comme de butiner dans le jardin du voisin.
Un – On a un jardin, nous aussi.
Deux – Tu commences à me brouter le pistil.
Un – C’est un bon début.
Deux – Et ce sera le mot de la fin.
Un – Il est déjà minuit ?
Deux – Il est minuit moins une.
Un – Je n’ai pas vu le temps passer.
Deux – Demain il fera jour.
Un – Mais on ne sera plus là.
Deux – C’est la vie. Les meilleures choses ont une fin.
Un – Minute, papillon ! Il nous reste une minute !
Deux – C’est vrai… Et à l’échelle d’une vie de papillon ça fait un mois.
Un – Qu’allons nous faire de tout ce temps qui reste ?
Ils se regardent et sourient.
Noir