Poison d’avril

Deux chaises et une table, avec une carafe et un verre. Un personnage arrive avec un masque sanitaire. Un autre arrive, portant un masque également. Après un moment dhésitation, le deuxième sadresse au premier avec un air de conspirateur.

Un – Les cons ça osent tout…

Deux – C’est même à ça qu’on les reconnaît.

Un – Drôle de mot de passe.

Deux – C’est du Audiard.

Un – Qui ça ?

Deux – Michel Audiard, vous ne connaissez pas ?

Un – Non.

Deux – Vous devriez. Surtout avec le métier que vous faites…

Un – Bon. Comme je vous l’ai dit, on paie d’avance.

Lautre lui tend une enveloppe.

Deux – Voilà.

Un – Quel est le nom de la victime ?

Deux – Jean Martin.

Un – Tiens, c’est curieux.

Deux – Quoi donc ?

Un – Non rien… Enfin, si… Je ne devrais pas vous le dire parce que vous n’êtes pas supposé connaître mon nom, mais… C’est un homonyme.

Deux – Un homonyme ?

Un – Je m’appelle aussi Jean Martin. Enfin, c’est un nom très banal…

Deux – Ce n’est pas un homonyme.

Un – Je vous dis que je m’appelle Jean Martin, moi aussi.

Deux – Oui. Et c’est vous qu’il s’agit d’éliminer.

Un – Moi ?

Deux – Oui, vous.

Un – Vous m’engagez pour que je me tue moi-même ?

Deux – Absolument.

Un – Mais pourquoi ?

Deux – Un contrat, c’est un contrat, non ? Et je vous ai payé…

Un – OK.

Deux – Tenez, je fournis même le poison.

Il lui tend un sachet.

Un – Qu’est-ce que c’est que ça ?

Deux – Du poison pour les fourmis.

Un – OK.

Deux – Je compte sur vous ?

Un – Bien sûr…

Il sen va. Lautre reste un instant interdit. Il sassied sur la chaise, réfléchit un instant, puis verse le contenu du sachet dans un verre, ajoute de leau, mélange et sapprête à boire. Lautre revient, hilare, sans masque.

Un – Poison d’avril !

Celui qui est assis sort de sa torpeur et le reconnaît.

Deux – T’es vraiment con, Gégé.

Noir