.

Grand

Deux enfants (pouvant être joués par des adultes).

Un – Qu’est-ce que tu veux faire quand tu seras grand, toi ?

Deux – Quand je serai grand, je voudrais être très grand.

Un – Très grand ? Grand jusqu’à combien ?

Deux – Je ne sais pas… genre deux mètres quatre-vingts, tu vois ?

Un – Deux mètres quatre-vingts ?

Deux – Plus grand que mon père, quoi.

Un – Il mesure combien, ton père ?

Deux – Deux mètres soixante-dix, à peu près.

Un – Ah ouais, quand même… Et ta mère ?

Deux – Un peu moins, je crois. Dans les deux mètres soixante, peut-être. Et toi, il mesure combien, ton père ?

Un – Mon père ? Je ne sais pas…

Deux – À peu près.

Un – Dans les deux mètres cinquante, je pense.

Deux – Ah oui… Il n’est pas très grand.

Un – Non… (Un temps) Tu es sûr qu’il est si grand que ça, ton père ?

Deux – Sûr… (Un temps) En tout cas… ma mère l’appelle toujours grand couillon.

L’autre lui lance un regard perplexe.

Un – Et toi, comment elle t’appelle, ta mère ?

Deux – Petit couillon.

Un temps.

Un – Ne t’inquiète pas. Un jour, nous aussi on sera des grands couillons.

Noir

Brèves du temps qui passe

Grand Lire la suite »

Home cinéma

Elle est plongée dans la lecture des programmes de cinéma. Il arrive.

Elle – Ça s’est bien passé, ta journée ?

Lui – Ça va, mais je suis crevé. Et toi ?

Elle – La routine… Mais heureusement, c’est vendredi ! Qu’est-ce que tu veux faire ce soir ?

Lui – Je ne sais pas. Tu as envie de quoi ?

Elle – On pourrait se faire un ciné.

Lui – Ouais… Qu’est-ce qu’il y a à voir en ce moment ?

Elle – Il y a un film coréen au Quartier Latin. Il a de très bonnes critiques. Mais je te préviens, ça dure deux heures quarante.

Lui – Super… En V.O. donc…

Elle – Évidemment.

Lui – Coréen du Nord ou coréen du Sud ?

Elle – Pourquoi, il y a une de ces deux langues que tu maîtrises mieux que l’autre ?

Lui – Non, mais… tant qu’à faire, l’accent du Sud, c’est toujours un peu plus chantant.

Elle – De toute façon, je ne pense pas que les Coréens du Nord aient assez de pellicule pour faire un film de deux heures quarante.

Lui – Tant mieux…

Elle – Sinon, il y a un film polonais dont une copine m’a parlé. Il paraît que c’est très bien.

Lui – Polonais ? Ça parle de quoi ?

Elle – Une histoire de virus qui se répand sur la Terre entière, et qui oblige tout le monde à rester confiné chez soi. Avec toutes les conséquences que ça peut entraîner sur la vie de couple…

Lui – La science-fiction, je n’aime pas trop… Alors la science-fiction polonaise…

Elle – Je vois…

Lui – Et puis entre nous… se pousser à sortir de chez soi pour aller voir sur grand écran des gens qui s’emmerdent chez eux. Des Polonais, en plus.

Elle – Dis plutôt que tu n’aimes pas le cinéma d’auteur, ça ira plus vite.

Lui – Ce n’est pas vrai. Kieslowski, j’avais bien aimé. Il est bien Polonais, non ?

Elle – Oui.

Lui – Le Décalogue, je me souviens très bien. On s’est tapé les douze.

Elle – Les douze, tu crois ?

Lui – On les a tous vus, non ?

Elle – Il n’y en a que dix.

Lui – Tu es sûre ?

Elle – Le Décalogue.

Lui – Ah oui, peut-être. En tout cas, on les a tous vus.

Elle – C’était il y a très longtemps… À l’époque où on s’est connus. On habitait encore chacun chez nos parents, et on passait la moitié de la séance à se bécoter…

Lui – Tu as raison. C’est sûrement de là que me vient ma passion pour le cinéma polonais.

Elle – Pour le reste, je ne suis pas sûre que tu te souviennes de grand-chose. Moi non plus, d’ailleurs, parce que lire des sous-titres tout en roulant une pelle à son voisin. À moins d’être contorsionniste…

Lui – En tout cas, ça m’avait bien plus.

Elle – Le film ou…

Lui – Les deux.

Elle – Alors, ce ciné ? On se le fait ou pas ?

Lui – Un vendredi, il risque d’y avoir du monde, non ?

Elle – Oui… C’est le jour où les gens qui travaillent sortent au cinéma.

Lui – Et puis maintenant qu’on peut se bécoter tranquillement chez soi devant la télé, à quoi bon aller au cinoche.

Il s’approche d’elle et l’enlace.

Elle – Se bécoter au cinéma, ça nous rajeunirait un peu. En tout cas ça nous changerait…

Lui – Ben oui, mais si c’est pour ne rien voir du film… et que dans vingt ans tu me le reproches encore.

Elle – D’accord, tu as gagné. Alors soirée télé à la maison.

Lui – Qu’est-ce qu’il y a d’intéressant ?

Elle regarde un magazine télé.

Elle – Tiens, c’est marrant…

Lui – Quoi ?

Elle – Sur Arte, ils rediffusent l’intégrale du Décalogue de Kieslowski.

Lui – Ah ouais… Non mais comme on les a déjà vus…

Elle – Je te rappelle qu’on ne les a pas vraiment vus dans des conditions idéales.

Lui – Ouais mais… le cinéma à la télé, ça ne donne rien, non ?

Elle – Ah… pas de chance.

Lui – Pourquoi ?

Elle – Ces dix films de Kieslowski étaient initialement destinés à la télévision polonaise. C’est pour ça qu’ils duraient moins d’une heure, et qu’au cinéma, on les diffusait deux par deux.

Lui – Deux par deux ? Ah d’accord… Alors c’est pour ça qu’à la fin de chaque séance, je ne comprenais jamais le rapport avec le début du film. En fait, c’était deux films différents…

Elle – Voilà… Et comme en général, après m’avoir tripotée pendant la première demi-heure, tu t’endormais avant le début du deuxième film…

Lui – Il fallait vraiment que tu m’aimes.

Elle – Toi aussi… pour que je puisse te traîner cinq fois de suite au cinéma voir dix films en polonais. Et tu m’aimes toujours ?

Lui – Comme au premier jour du premier film des Dix commandements.

Elle – Tu te souviens lequel c’est au moins ?

Lui – Quoi ?

Elle – Le premier commandement.

Lui – Non, je ne me souviens pas de ça non plus.

Elle – Tu n’auras d’autre Dieu que moi.

Lui – C’est promis, je n’aurai d’yeux que pour toi.

Elle – Amen.

Lui – Je peux embrasser la mariée, maintenant ?

Elle – Attends au moins que j’allume la télé…

Noir

Brèves du temps qui passe

Home cinéma Lire la suite »

Le feu sacré

Elle arrive, dans le plus simple appareil, un sac de peau en bandoulière. Il arrive à son tour, dans la même tenue, et également porteur d’un sac. On pourrait d’abord croire qu’il s’agit de vacanciers à la plage. Il semble vouloir l’aborder, mais n’ose pas. Il finit par se lancer.

LuiExcusez-moi, vous avez du feu s’il vous plaît ?

ElleOui, bien sûr…

Elle fouille dans son sac, et finit par en sortir deux gros cailloux genre silex. Elle se met à les frapper l’un contre l’autre. Sans résultat probant.

ElleExcusez-moi, je ne suis pas encore tout à fait familiarisée avec les nouvelles technologies…

LuiCe n’est pas grave, vous savez. Moi non plus, je ne suis pas très…

Sans l’écouter, elle essaie encore, en vain. Elle s’énerve et frappe les cailloux l’un contre l’autre de plus en plus fort de façon hystérique.

EllePutain…!

LuiNon mais je vous assure, laissez tomber ! Je peux très bien faire autrement…

Elle reprend ses esprits, cesse de frapper les cailloux et les remet dans son sac.

ElleJe suis vraiment désolée…

LuiNon, c’est moi, je vous en prie… Vous auriez pu vous blesser…

Moment d’embarras.

ElleEt le feu, c’était pour…?

Il sort de son sac un petit animal en peluche assez bien imité.

LuiPour faire cuire ça.

ElleAh oui…

LuiJe sais, ce n’est pas très gros, mais… c’est tout ce que j’ai trouvé.

ElleJe vois… Et donc…

LuiIl paraît que cuit, ça se digère mieux. Enfin c’est ce qu’on dit…

ElleRemarquez on dit tellement de choses… Jusqu’à maintenant on mangeait la viande crue, et personne n’est jamais mort.

LuiPersonne n’est mort de ça, en tout cas.

ElleEt donc… vous êtes chasseur-cueilleur.

LuiOui… Enfin… plutôt tendance cueilleur, quand même.

ElleOui, je… J’imagine.

LuiJe suis sûr qu’un jour on y viendra.

ElleÀ quoi donc ?

LuiOn ne mangera plus de viande, vous verrez ce que je vous dis. Les fruits et légumes, c’est quand même meilleur pour la santé.

EllePersonnellement, j’essaie d’en manger au moins cinq par jour.

LuiEn tout cas, c’est plus facile à attraper que la viande.

ElleOui…

Ils rient tous les deux un peu bêtement.

LuiBon, alors je… Je vais vous laisser…

ElleD’accord, oui… Encore désolée pour le feu.

Ils semblent ne pas vouloir se quitter. Il tient toujours la bestiole par la queue. Il se lance à nouveau.

LuiEt sinon, je me demandais… Vous faites quoi à midi ?

ElleRien de particulier… Je… regardais les nuages, là… pour passer le temps.

LuiAh oui, les nuages… Non, parce que je me disais… on pourrait peut-être déjeuner ensemble…

Elle – Vous croyez vraiment qu’il y en a assez pour deux…?

Il regarde la bestiole, dubitatif.

LuiAh non, mais… j’ai des légumes aussi.

Il sort de son sac un petit poireau et lui montre.

ElleAh oui… Super… Pour accompagner le…

LuiTrop manger… ce n’est pas bon pour la santé non plus.

ElleC’est vrai… Bon… alors d’accord.

LuiJ’habite juste à côté, si ça vous dit…

ElleEt donc… vous êtes nouveau dans le quartier ? Comme on ne s’était jamais croisés auparavant…

LuiOui… J’ai trouvé une petite grotte pas très loin d’ici… Ce n’est pas très lumineux, mais il y a une très belle hauteur sous plafond.

ElleEt puis c’est très central.

LuiJ’ai fait quelques dessins sur les parois du fond pour égayer un peu.

ElleAh, vous êtes aussi artiste ?

LuiOui, enfin, je débute… Ça vous dirait de les voir.

ElleQuoi donc ?

LuiMes peintures rupestres !

ElleAh oui ! Pourquoi pas…? Qu’est-ce que ça représente ?

LuiMoi, en train de me battre avec une salade.

Ils rient à nouveau.

ElleEt… vous vous appelez comment ?

LuiJe ne sais pas. Je ne m’appelle pas souvent. Et vous ?

ElleMoi non plus…

LuiBon… Alors on y va ?

ElleVous avez raison, on ferait bien de se dépêcher, parce que je crois qu’on ne va pas tarder à avoir une averse.

LuiAh oui ?

ElleSouvent, quand il y a beaucoup de nuages dans le ciel, après il pleut. Vous n’avez pas remarqué ?

LuiNon, mais… maintenant que vous me le dites. Alors vous, vous seriez plutôt une scientifique, non ?

ElleOui, enfin… j’essaie d’observer le monde qui m’entoure. D’être à l’écoute de mon corps, aussi…

LuiD’accord… Et… vous avez fait d’autres découvertes intéressantes ?

ElleVous verrez, je vais vous étonner…

Ils sortent.

Noir

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Brèves du temps qui passe

Une comédie à sketchs de Jean-Pierre Martinez

12 sketchs en duo, 24 personnages, 2 à 24 comédiens (hommes ou femmes)

Depuis la préhistoire jusqu’a la fin du monde, quelques instantanés de nos vies dérisoires.


Ce texte est offert gracieusement à la lecture. Avant toute exploitation publique, professionnelle ou amateur, vous devez obtenir l’autorisation de la SACD.


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Brèves du temps qui passe

1 – Le feu sacré

2 – Home cinéma

3 – Grand

4 – Pain perdu

5 – La porte

6 – Double living

7 – Ici la Terre

8 – Contrôle technique

9 – Urgence

10 – Le tableau

11 – Le bac avec mention

12 – Les fantômes


1 – Le feu sacré

Elle arrive, dans le plus simple appareil, un sac de peau en bandoulière. Il arrive à son tour, dans la même tenue, et également porteur d’un sac. On pourrait d’abord croire qu’il s’agit de vacanciers à la plage. Il semble vouloir l’aborder, mais n’ose pas. Il finit par se lancer.

LuiExcusez-moi, vous avez du feu s’il vous plaît ?

ElleOui, bien sûr…

Elle fouille dans son sac, et finit par en sortir deux gros cailloux genre silex. Elle se met à les frapper l’un contre l’autre. Sans résultat probant.

ElleExcusez-moi, je ne suis pas encore tout à fait familiarisée avec les nouvelles technologies…

LuiCe n’est pas grave, vous savez. Moi non plus, je ne suis pas très…

Sans l’écouter, elle essaie encore, en vain. Elle s’énerve et frappe les cailloux l’un contre l’autre de plus en plus fort de façon hystérique.

EllePutain…!

LuiNon mais je vous assure, laissez tomber ! Je peux très bien faire autrement…

Elle reprend ses esprits, cesse de frapper les cailloux et les remet dans son sac.

ElleJe suis vraiment désolée…

LuiNon, c’est moi, je vous en prie… Vous auriez pu vous blesser…

Moment d’embarras.

ElleEt le feu, c’était pour…?

Il sort de son sac un petit animal en peluche assez bien imité.

LuiPour faire cuire ça.

ElleAh oui…

LuiJe sais, ce n’est pas très gros, mais… c’est tout ce que j’ai trouvé.

ElleJe vois… Et donc…

LuiIl paraît que cuit, ça se digère mieux. Enfin c’est ce qu’on dit…

ElleRemarquez on dit tellement de choses… Jusqu’à maintenant on mangeait la viande crue, et personne n’est jamais mort.

LuiPersonne n’est mort de ça, en tout cas.

ElleEt donc… vous êtes chasseur-cueilleur.

LuiOui… Enfin… plutôt tendance cueilleur, quand même.

ElleOui, je… J’imagine.

LuiJe suis sûr qu’un jour on y viendra.

ElleÀ quoi donc ?

LuiOn ne mangera plus de viande, vous verrez ce que je vous dis. Les fruits et légumes, c’est quand même meilleur pour la santé.

EllePersonnellement, j’essaie d’en manger au moins cinq par jour.

LuiEn tout cas, c’est plus facile à attraper que la viande.

ElleOui…

Ils rient tous les deux un peu bêtement.

LuiBon, alors je… Je vais vous laisser…

ElleD’accord, oui… Encore désolée pour le feu.

Ils semblent ne pas vouloir se quitter. Il tient toujours la bestiole par la queue. Il se lance à nouveau.

LuiEt sinon, je me demandais… Vous faites quoi à midi ?

ElleRien de particulier… Je… regardais les nuages, là… pour passer le temps.

LuiAh oui, les nuages… Non, parce que je me disais… on pourrait peut-être déjeuner ensemble…

Elle – Vous croyez vraiment qu’il y en a assez pour deux…?

Il regarde la bestiole, dubitatif.

LuiAh non, mais… j’ai des légumes aussi.

Il sort de son sac un petit poireau et lui montre.

ElleAh oui… Super… Pour accompagner le…

LuiTrop manger… ce n’est pas bon pour la santé non plus.

ElleC’est vrai… Bon… alors d’accord.

LuiJ’habite juste à côté, si ça vous dit…

ElleEt donc… vous êtes nouveau dans le quartier ? Comme on ne s’était jamais croisés auparavant…

LuiOui… J’ai trouvé une petite grotte pas très loin d’ici… Ce n’est pas très lumineux, mais il y a une très belle hauteur sous plafond.

ElleEt puis c’est très central.

LuiJ’ai fait quelques dessins sur les parois du fond pour égayer un peu.

ElleAh, vous êtes aussi artiste ?

LuiOui, enfin, je débute… Ça vous dirait de les voir.

ElleQuoi donc ?

LuiMes peintures rupestres !

ElleAh oui ! Pourquoi pas…? Qu’est-ce que ça représente ?

LuiMoi, en train de me battre avec une salade.

Ils rient à nouveau.

ElleEt… vous vous appelez comment ?

LuiJe ne sais pas. Je ne m’appelle pas souvent. Et vous ?

ElleMoi non plus…

LuiBon… Alors on y va ?

ElleVous avez raison, on ferait bien de se dépêcher, parce que je crois qu’on ne va pas tarder à avoir une averse.

LuiAh oui ?

ElleSouvent, quand il y a beaucoup de nuages dans le ciel, après il pleut. Vous n’avez pas remarqué ?

LuiNon, mais… maintenant que vous me le dites. Alors vous, vous seriez plutôt une scientifique, non ?

ElleOui, enfin… j’essaie d’observer le monde qui m’entoure. D’être à l’écoute de mon corps, aussi…

LuiD’accord… Et… vous avez fait d’autres découvertes intéressantes ?

ElleVous verrez, je vais vous étonner…

Ils sortent.

Noir

2 – Home cinéma

Elle est plongée dans la lecture des programmes de cinéma. Il arrive.

ElleÇa s’est bien passé, ta journée ?

LuiÇa va, mais je suis crevé. Et toi ?

ElleLa routine… Mais heureusement, c’est vendredi ! Qu’est-ce que tu veux faire ce soir ?

LuiJe ne sais pas. Tu as envie de quoi ?

ElleOn pourrait se faire un ciné.

LuiOuais… Qu’est-ce qu’il y a à voir en ce moment ?

Elle – Il y a un film coréen au Quartier Latin. Il a de très bonnes critiques. Mais je te préviens, ça dure deux heures quarante.

Lui – Super… En V.O. donc…

Elle – Évidemment.

Lui – Coréen du Nord ou coréen du Sud ?

Elle – Pourquoi, il y a une de ces deux langues que tu maîtrises mieux que l’autre ?

Lui – Non, mais… tant qu’à faire, l’accent du Sud, c’est toujours un peu plus chantant.

Elle – De toute façon, je ne pense pas que les Coréens du Nord aient assez de pellicule pour faire un film de deux heures quarante.

Lui – Tant mieux…

Elle – Sinon, il y a un film polonais dont une copine m’a parlé. Il paraît que c’est très bien.

LuiPolonais ? Ça parle de quoi ?

ElleUne histoire de virus qui se répand sur la Terre entière, et qui oblige tout le monde à rester confiné chez soi. Avec toutes les conséquences que ça peut entraîner sur la vie de couple…

LuiLa science-fiction, je n’aime pas trop… Alors la science-fiction polonaise…

ElleJe vois…

LuiEt puis entre nous… se pousser à sortir de chez soi pour aller voir sur grand écran des gens qui s’emmerdent chez eux. Des Polonais, en plus.

ElleDis plutôt que tu n’aimes pas le cinéma d’auteur, ça ira plus vite.

LuiCe n’est pas vrai. Kieslowski, j’avais bien aimé. Il est bien Polonais, non ?

ElleOui.

LuiLe Décalogue, je me souviens très bien. On s’est tapé les douze.

ElleLes douze, tu crois ?

LuiOn les a tous vus, non ?

ElleIl n’y en a que dix.

LuiTu es sûre ?

ElleLe Décalogue.

LuiAh oui, peut-être. En tout cas, on les a tous vus.

ElleC’était il y a très longtemps… À l’époque où on s’est connus. On habitait encore chacun chez nos parents, et on passait la moitié de la séance à se bécoter…

LuiTu as raison. C’est sûrement de là que me vient ma passion pour le cinéma polonais.

EllePour le reste, je ne suis pas sûre que tu te souviennes de grand-chose. Moi non plus, d’ailleurs, parce que lire des sous-titres tout en roulant une pelle à son voisin. À moins d’être contorsionniste…

LuiEn tout cas, ça m’avait bien plus.

ElleLe film ou…

LuiLes deux.

ElleAlors, ce ciné ? On se le fait ou pas ?

LuiUn vendredi, il risque d’y avoir du monde, non ?

ElleOui… C’est le jour où les gens qui travaillent sortent au cinéma.

LuiEt puis maintenant qu’on peut se bécoter tranquillement chez soi devant la télé, à quoi bon aller au cinoche.

Il s’approche d’elle et l’enlace.

ElleSe bécoter au cinéma, ça nous rajeunirait un peu. En tout cas ça nous changerait…

LuiBen oui, mais si c’est pour ne rien voir du film… et que dans vingt ans tu me le reproches encore.

ElleD’accord, tu as gagné. Alors soirée télé à la maison.

Lui – Qu’est-ce qu’il y a d’intéressant ?

Elle regarde un magazine télé.

Elle – Tiens, c’est marrant…

Lui – Quoi ?

Elle – Sur Arte, ils rediffusent l’intégrale du Décalogue de Kieslowski.

Lui – Ah ouais… Non mais comme on les a déjà vus…

Elle – Je te rappelle qu’on ne les a pas vraiment vus dans des conditions idéales.

Lui – Ouais mais… le cinéma à la télé, ça ne donne rien, non ?

Elle – Ah… pas de chance.

Lui – Pourquoi ?

Elle – Ces dix films de Kieslowski étaient initialement destinés à la télévision polonaise. C’est pour ça qu’ils duraient moins d’une heure, et qu’au cinéma, on les diffusait deux par deux.

Lui – Deux par deux ? Ah d’accord… Alors c’est pour ça qu’à la fin de chaque séance, je ne comprenais jamais le rapport avec le début du film. En fait, c’était deux films différents…

Elle – Voilà… Et comme en général, après m’avoir tripotée pendant la première demi-heure, tu t’endormais avant le début du deuxième film…

Lui – Il fallait vraiment que tu m’aimes.

Elle – Toi aussi… pour que je puisse te traîner cinq fois de suite au cinéma voir dix films en polonais. Et tu m’aimes toujours ?

Lui – Comme au premier jour du premier film des Dix commandements.

Elle – Tu te souviens lequel c’est au moins ?

Lui – Quoi ?

Elle – Le premier commandement.

Lui – Non, je ne me souviens pas de ça non plus.

Elle – Tu n’auras d’autre Dieu que moi.

Lui – C’est promis, je n’aurai d’yeux que pour toi.

Elle – Amen.

Lui – Je peux embrasser la mariée, maintenant ?

Elle – Attends au moins que j’allume la télé…

Noir

3 – Grand

Deux enfants (pouvant être joués par des adultes).

UnQu’est-ce que tu veux faire quand tu seras grand, toi ?

DeuxQuand je serai grand, je voudrais être très grand.

UnTrès grand ? Grand jusqu’à combien ?

DeuxJe ne sais pas… genre deux mètres quatre-vingts, tu vois ?

UnDeux mètres quatre-vingts ?

DeuxPlus grand que mon père, quoi.

UnIl mesure combien, ton père ?

DeuxDeux mètres soixante-dix, à peu près.

UnAh ouais, quand même… Et ta mère ?

DeuxUn peu moins, je crois. Dans les deux mètres soixante, peut-être. Et toi, il mesure combien, ton père ?

UnMon père ? Je ne sais pas…

DeuxÀ peu près.

UnDans les deux mètres cinquante, je pense.

DeuxAh oui… Il n’est pas très grand.

UnNon… (Un temps) Tu es sûr qu’il est si grand que ça, ton père ?

DeuxSûr… (Un temps) En tout cas… ma mère l’appelle toujours grand couillon.

L’autre lui lance un regard perplexe.

UnEt toi, comment elle t’appelle, ta mère ?

DeuxPetit couillon.

Un temps.

UnNe t’inquiète pas. Un jour, nous aussi on sera des grands couillons.

Noir

4 – Pain perdu

Ils sont là tous les deux, avec l’air de ne pas savoir quoi faire.

Elle – Et si je faisais du pain perdu ?

LuiAh oui… pourquoi pas ? C’est une bonne idée… Mais… on a du pain rassis ?

ElleDu pain rassis ? Ah non, je ne crois pas…

LuiBon…

ElleAlors qu’est-ce qu’on fait ?

LuiTu veux que j’aille en acheter ?

ElleDu pain rassis ?

LuiDu pain frais.

ElleTu crois qu’on peut aussi faire du pain perdu avec du pain frais ?

LuiPourquoi pas ?

ElleJe ne sais pas… Je n’ai jamais essayé.

LuiSi c’est bon avec du pain rassis, ça doit être encore meilleur avec du pain frais, non ?

ElleTu crois ?

LuiEn même temps… le pain perdu, c’est plutôt pour ne pas jeter le pain quand il est rassis.

ElleC’est pour ça que ça s’appelle du pain perdu, j’imagine… Parce que c’est fait avec du pain qui aurait fini à la poubelle autrement.

LuiVoilà… Pour ne pas gâcher la nourriture, alors qu’il y a plein de gens qui meurent de faim dans le monde.

ElleJe vois ce que tu veux dire… J’avais perdu de vue la dimension morale du pain perdu.

LuiEn réalité, on en fait juste pour se goinfrer, parce qu’on aime ça, mais le prétexte, c’est de ne pas gaspiller la nourriture. C’est très jésuite, le pain perdu, en fait.

ElleJ’avais juste envie de manger du pain perdu.

LuiLes cathos ont vraiment un problème avec le pain.

ElleAh oui ?

LuiLe pain de l’eucharistie, c’est le corps du Christ, non ? Une sorte de pain perdu, quoi…

ElleJe ne sais pas… On pourrait demander à la voisine.

LuiElle est catho, la voisine ?

ElleLui demander si elle a du pain rassis !

LuiAh oui…

ElleOuais…

LuiFranchement, tu te vois demander à la voisine si elle ne pourrait pas nous donner son pain rassis ?

ElleNon.

LuiSi on avait des lapins, encore.

ElleLes lapins mangent du pain perdu ?

LuiLes lapins mangent du pain rassis !

ElleJe ne savais pas.

LuiÀ la campagne, les gens gardent le pain rassis pour le donner aux lapins. Pour ne rien laisser perdre. Et après on mange le lapin…

ElleDonc, ils ne font jamais de pain perdu, à la campagne ?

LuiCeux qui n’ont pas de lapins, peut-être.

ElleMoi qui pensais que le pain perdu, c’était un truc de grand-mère.

LuiDes grands-mères qui n’ont pas de lapin, en tout cas.

ElleBon… On oublie le pain perdu, alors ?

LuiAller acheter du pain frais pour en faire du pain perdu… ce serait complètement immoral.

ElleOui… comme de donner du pain frais aux lapins.

LuiOu de la confiture aux cochons.

ElleJe vais quand même aller à la boulangerie. J’achèterai deux baguettes.

LuiÇa ne fait pas un peu trop ?

ElleComme ça, demain, on aura du pain rassis !

LuiEh ben tu vois ? Il y a toujours une solution finalement. Puisque tu vas faire des courses, regarde si on a encore des œufs.

ElleDes œufs…?

LuiPour le pain perdu.

ElleDes œufs frais, tu veux dire ?

Il la regarde, un peu inquiet.

Noir

5 – La porte

Elle est là un gobelet de café à la main. Il arrive, avec également un gobelet de café. Ils échangent un vague sourire en guise de salutations et sirotent leur café en silence.

ElleToujours aussi dégueulasse, ce café.

LuiOui… Mais aujourd’hui, pour moi, il a un goût particulier.

ElleAh oui…?

LuiC’est la dernière fois que j’en bois.

ElleLa dernière fois…?

LuiC’est ma dernière journée. Ce soir, je serai à la retraite.

ElleVous m’avez fait peur… Je pensais qu’après avoir fini votre gobelet, vous alliez sauter par la fenêtre pour protester contre la qualité du café dans cette boîte de merde. Remarquez, ça les aurait peut-être convaincus de changer la machine.

LuiDésolé, je crains que cette machine ne soit encore là demain.

ElleJe serai condamnée à reboire cet infâme jus de chaussettes. Et je n’aurai même plus le plaisir de votre conversation enjouée.

LuiC’est la première fois qu’on se croise. Ne me dites pas que c’est votre première journée ici.

ElleJe travaille dans l’autre partie du bâtiment, pour vos anciens concurrents. On a supprimé la machine à café, pour faire des économies…

LuiJe vois…

ElleRassurez-vous, c’était exactement la même machine, et le café était tout aussi imbuvable.

LuiÇa doit être un monopole. Comme pour les machines à sous…

ElleÇa ne va pas vous manquer de vous lever tous les jours à six heures, de passer une heure dans les transports pour venir ici, de vous emmerder pendant huit heures à faire un boulot qui ne sert à rien, et de repartir le soir en vous disant que ça recommence le lendemain ?

LuiÇa ne va pas être facile. J’essayerai de m’y faire… Mais dites-moi, je commence à douter de ma raison. Ça fait trente ans que je travaille ici, et je n’avais jamais remarqué qu’il y avait un couloir à cet endroit.

ElleLe couloir a toujours été là, mais la porte d’accès était condamnée.

LuiAh oui, c’est vrai. Il y avait une porte… Je pensais que c’était une porte de placard.

ElleOn a rouvert la porte pour que les gens qui travaillent de l’autre côté puissent venir prendre le café ici. Comme on n’a plus de machine…

LuiJe vois… Donc, ce couloir, il mène à…

ElleAu placard dans lequel on a installé mon bureau. Entre autres… Je suis contrôleur de gestion. C’est moi qui audite la boîte d’à côté.

LuiD’accord… Alors vous travaillez pour…

ElleVotre nouveau patron. Enfin jusqu’à ce soir. On a racheté votre boîte il y deux mois.

LuiAlors c’est à vous que je dois ce départ en retraite anticipée ?

ElleVous ne m’en voulez pas trop, j’espère…

LuiPensez-vous… Je devrais plutôt vous dire merci.

ElleNe me remerciez pas je vous en prie… On n’a pas fait ça pour abréger vos souffrances, vous savez. C’est juste une compression de personnel après une fusion-acquisition. On a commencé par supprimer une machine à café sur deux. Et puis on a fait pareil avec les salariés…

LuiJe vois… Et vous ? Qu’est-ce qui vous pousse à vous lever le matin ?

ElleJe ne sais pas… C’est vrai que ce café est absolument dégueulasse, mais je me demande s’il n’est pas un peu addictif, finalement. Méfiez-vous, demain matin, vous pourriez être manque. Allez, bonne retraite…

LuiMerci…

Il la regarde partir.

Noir

6 – Double living

Elle est là. Il arrive, l’air préoccupé.

ElleÇa va ? Tu as l’air soucieux…

LuiRien de grave, je t’assure… J’attendais d’être sûr pour t’en parler mais…

ElleTu me fais peur, qu’est-ce qu’il y a ?

LuiEst-ce que tu as déjà remarqué que notre salon est beaucoup moins profond que notre cuisine ?

EllePardon ?

LuiLa cuisine, elle est juste de l’autre côté, non ? Séparée de notre salon par une cloison.

ElleOui, peut-être. Et alors ?

LuiLogiquement, notre salon devrait avoir la même longueur que la cuisine.

ElleEt ?

LuiIl manque trois mètres cinquante.

ElleTrois mètres cinquante ?

LuiTrois mètres cinquante-huit, exactement.

ElleTu es sûr ?

LuiAbsolument. J’ai vérifié trois fois les mesures.

ElleC’est une vieille maison. À cette époque-là, les murs n’étaient peut-être pas très droits.

LuiTrois mètres cinquante-huit ! On ne parle pas d’un mur un peu en biais ou un peu plus épais que les autres. Comme le salon fait six mètres de large, ça correspondrait à une pièce de plus de 21 mètres carrés.

ElleUne pièce ?

LuiUne pièce.

ElleTu me fais peur. Une pièce murée, tu veux dire ?

LuiOui. On peut dire ça comme ça.

ElleMais enfin, ça fait vingt ans qu’on a acheté cette maison. On ne se serait pas rendu compte qu’il manquait une pièce ?

LuiLes chiffres sont là. J’ai vérifié trois fois.

ElleC’est dingue.

LuiEt dire que pendant toutes ces années, j’avais mon bureau au fond du garage, entre la chaudière et le congélateur. Vingt-et-un mètres carrés, tu te rends compte ? On aurait pu en faire un bureau !

ElleOu une chambre d’enfant…

LuiOui…

ElleMais comment c’est possible…? Comment est-ce qu’on peut en arriver à murer une pièce ? Pourquoi ?

LuiJe ne sais pas…

ElleÇa fout un peu les jetons, non ?

LuiQuoi ?

ElleDe savoir que pendant vingt ans, on a passé toutes nos soirées dans ce salon, sans savoir que juste à côté, il y en avait un autre de la même taille, complètement vide…

LuiOui, enfin, vide… on ne sait pas.

ElleQuoi ?

LuiIl n’est peut-être pas vide.

EllePas vide ? Tu veux dire… que les anciens propriétaires auraient pu y cacher quelque chose ?

LuiPourquoi pas ? Sinon, pourquoi avoir muré cette pièce ?

ElleQu’est-ce qu’on peut bien vouloir cacher, au point de murer complètement une pièce de sa maison.

LuiUn trésor ?

ElleCe serait trop beau…

LuiUn cadavre…

ElleUn cadavre ?

LuiPourquoi pas…

ElleVingt mètres carrés pour planquer un cadavre ?

LuiIl y en avait peut-être plusieurs…

ElleOu alors, il n’était peut-être pas mort quand on l’a emmuré…?

LuiIl ou elle…

ElleOu les deux.

LuiEt si les anciens propriétaires étaient toujours là…?

Silence de mort.

ElleJe ne suis pas sûre de pouvoir continuer à vivre dans cette maison, en sachant que juste derrière cette cloison, il y a peut-être un ou plusieurs cadavres…

LuiC’est juste une hypothèse.

ElleOui, mais moi j’ai besoin d’en avoir le cœur net.

LuiTu as raison, il faut savoir.

ElleEt tout de suite. Je ne passerai pas une nuit de plus dans cette maison sans savoir ce qu’il y a dans cette pièce.

LuiMoi non plus…

ElleAlors qu’est-ce qu’on fait ?

LuiJe m’en occupe…

Il sort. Elle jette un regard angoissé vers la cloison, correspondant au quatrième mur. Il revient avec une masse.

ElleTu es sûr ?

LuiIl faut en avoir le cœur net.

Noir. On entend des coups de masse. La lumière revient. Ils regardent vers la salle comme à travers un trou béant.

ElleQu’est-ce que c’est que ça ?

LuiUn salon en parfait état, presque comme le nôtre.

EllePas une trace de poussière.

LuiC’est dingue…

ElleTu crois que quelqu’un habite encore ici ?

LuiJe ne sais pas… En même temps… Ça ressemble beaucoup au salon des voisins.

Elle regarde plus attentivement.

ElleC’est le salon des voisins !

LuiJe ne comprends pas… J’ai dû faire une erreur dans mes calculs.

ElleAh oui…? Eh ben il va falloir que tu leur expliques ça quand ils vont revenir…

Noir.

7 – Ici la Terre

Elle et lui sont debout face au public, et ne semblent pas se voir entre eux.

ElleAllô Mars ?

LuiAh bonjour la Terre !

ElleTu as reconnu ma voix ? Pourtant ça fait un moment qu’on ne s’est pas parlés…

LuiPas si longtemps que ça, tu exagères…

ElleAttends, c’était exactement…

LuiIl y a 110.000 ans. Au début de ta dernière glaciation. Je t’avais appelé pour prendre de tes nouvelles.

ElleC’est vrai. Le temps passe tellement vite.

LuiAlors ça va mieux, tu te réchauffes un peu ?

ElleOui, oui, ça va, rassure toi. C’était juste un petit refroidissement.

LuiTant mieux, tant mieux…

ElleCeci dit, depuis quelque temps, je crois que j’ai attrapé une nouvelle saloperie.

LuiEncore ! Ah merde… Tu chopes vraiment tout ce qui traîne, toi. Et ça dure depuis quand ?

ElleOh pas très longtemps. 10.000 ans, à peu près.

LuiC’est quoi comme maladie ?

ElleL’humanité. C’est un nouveau virus, à ce qu’il paraît. Il n’y a pas encore de vaccin.

LuiEt c’est grave ?

ElleOn ne sait pas encore trop comment ça peut évoluer.

LuiAh tu n’as vraiment pas de bol… Mais ça va ?

EllePour l’instant, ça va. J’ai juste un peu de température depuis une centaine d’années…

LuiUn réchauffement climatique… Il ne faut pas laisser traîner, tu sais. Ça pourrait s’aggraver…

ElleTu as raison, si ça ne s’arrange pas d’ici cinq ou dix mille ans, il faudra que je me fasse soigner.

LuiOuais… Fais gaffe aux effets secondaires quand même. Des fois, le remède est pire que le mal. Tu te souviens quand tu avais attrapé ce truc, là…

ElleLes dinosaures.

LuiC’est ça. On t’avait administré un traitement de choc et…

ElleAh oui, cette météorite. Tu parles d’un suppositoire. J’avais failli y rester à l’époque.

LuiRemarque, après tu en étais définitivement débarrassée.

ElleOui, mais j’ai mis pas mal de temps à m’en remettre… Alors et toi, comment ça va ?

LuiOh, moi, tu sais… Toujours pareil… Ce n’est pas maintenant que ça va s’arranger.

ElleNe dis pas ça…

Lui – À mon âge.

ElleOn a le même âge !

LuiQu’est-ce que tu veux, c’est comme ça.

ElleDes fois, il suffit d’une petite pluie d’astéroïdes pendant quelques millions d’années, bien chargés en eau et en sels minéraux, et c’est reparti pour un tour de soleil.

LuiTu as raison, il faut garder le moral.

ElleBon, désolée, je vais devoir m’éclipser. Mais fais attention à ce nouveau virus, il paraît que c’est très contagieux.

LuiTu crois que ça pourrait arriver jusqu’à chez moi ?

ElleEn tout cas, il paraît que la Lune est déjà contaminée. Allez, prends soin de toi.

LuiToi aussi. Et n’attends pas encore une éternité avant de me rappeler.

ElleC’est promis.

LuiAllez, je t’embrasse. Mais de loin…

Silence marquant la fin de la conversation, puis elle tousse et éternue.

ElleQuelle saloperie, cette humanité. Il va falloir que je me soigne si je ne veux pas que ça dégénère. Je ne voudrais pas me retrouver dans le même état que ce pauvre Mars…

Noir

8 – Contrôle technique

Elle s’essuie les mains avec un chiffon plein de cambouis. Il arrive.

Lui – Bonjour, je viens récupérer la voiture que ma femme vous a laissée il y a une heure pour le contrôle technique.

Elle – Elle s’appelle comment ?

Lui – Céline. Céline Dumortier.

Elle – Et la voiture ?

Lui – Je… Je ne lui ai pas encore donné de petit nom, mais… c’est une 107 Peugeot. Elle est prête ?

Elle – Ah oui, la 107 Peugeot de Madame Dumortier, je vois très bien…

Lui – Et… elle est prête ?

Elle – Prête…? Ça dépend…

Lui – Ça dépend… Ça dépend de quoi ?

Elle – Ça dépend de ce qu’on appelle prête.

Lui – Ben… je ne sais pas. Est-ce que vous avez fait le contrôle technique ?

Elle – Oui. J’ai examiné le véhicule.

Lui – Et… est-ce que tout va bien ?

Un temps.

Elle – Je peux vous parler franchement ?

Lui – Euh… oui.

Elle – C’est une voiture qui ne va pas bien.

Lui – Qu’est-ce qu’il y a qui ne va pas ? C’est l’embrayage, c’est ça ? Je sentais qu’elle patinait un peu au démarrage…

Elle – Oui, l’embrayage, aussi. Mais ce n’est pas ça qui m’inquiète.

Lui – C’est plutôt moi qui devrais m’inquiéter, non ? Alors qu’est-ce qu’il y a au juste ?

Elle – C’est difficile à dire… C’est un état général, vous comprenez ?

Lui – Non. Vous pourriez être plus précise ?

Elle – C’est une voiture d’occasion, n’est pas ?

Lui – Oui, en effet.

Elle – Et la précédente propriétaire était une personne âgée.

Lui – Oui, comment vous savez ça ?

Elle – Une voiture qui a presque dix ans, mais en très bon état et avec très peu de kilomètres au compteur… On sent que c’est une voiture qui a passé beaucoup de temps bien au chaud au garage. Qui n’a jamais voyagé. Qui ne roulait pas beaucoup, mais dont sa propriétaire prenait grand soin… avant qu’on vous la confie.

Lui – Comment savez-vous que c’était une femme ?

Elle – L’embrayage, justement. Les vieilles dames font beaucoup cirer l’embrayage, c’est comme ça. Ce n’est pas de leur faute. C’est pour ça que l’embrayage est un peu fatigué.

Lui – Là c’est moi qui commence à fatiguer un peu… Si vous me disiez exactement ce qu’il y a à faire comme réparations ?

Elle – Ce n’est pas si simple, j’en ai peur… Elle est morte ?

Lui – Je pensais que c’était à vous de me le dire. C’est si grave que ça ?

Elle – Non, je parlais de la vieille dame à qui vous avez racheté cette pauvre voiture. Est-ce qu’elle est décédée ?

Lui – Mais je n’en sais rien moi ! Je ne sais même pas qui c’est, cette bonne femme. C’est le garage à qui j’ai acheté cette voiture qui m’a dit que l’ancienne propriétaire était une vieille dame qui roulait très peu.

Elle – À mon avis, elle est morte.

Lui – Ma voiture ?

Elle – Cette vieille dame.

Lui – Mais enfin, c’est absurde. C’est quoi, cette conversation ? Je vous demande si je peux repartir avec ma voiture, vous me parlez de son ancienne propriétaire !

Elle – C’est que les deux problèmes sont étroitement liés.

Lui – Ah oui ?

Elle – À l’évidence, cette voiture ne s’est jamais remise de la disparition de son ancienne propriétaire.

Lui – On ne sait même pas si elle est morte !

Elle – Elle est morte croyez moi.

Lui – Ma voiture ?

Elle – D’après ce que je constate, c’est une voiture qui dort dans la rue, je me trompe ?

Lui – Je n’ai pas de garage. Ça pose un problème ?

Elle – Vous pourriez au moins lui faire un brin de toilette de temps en temps. Laisser une voiture dans un état pareil, ce n’est pas chrétien.

Lui – C’est pour une caméra cachée, c’est ça ? Où est la caméra ?

Elle – Ce n’est pas une plaisanterie, cher monsieur. Les voitures aussi ont droit à un peu d’attention. De respect. D’affection même.

Lui – Bon, assez rigolé… Est-ce que oui ou non je peux repartir avec ma voiture ?

Elle – Tenez, voilà le certificat de contrôle.

Lui – Merci…

Elle – Et voici les clefs…

Lui – Très bien.

Elle – Mais permettez-moi de vous le dire, vous ne méritez pas cette voiture.

Lui – C’est la voiture de ma femme !

Il s’apprête à partir, furieux.

Elle – Et n’oubliez pas de changer l’embrayage !

Il sort.

Noir

9 – Urgence

Elle est là. Il arrive.

LuiExcusez-moi, vous faites partie de…

ElleNon.

LuiD’accord, alors vous aussi, vous…

ElleOui.

LuiEt vous attendez depuis longtemps ?

ElleLongtemps ?

LuiNon parce que je suis mort il y a déjà plus d’une heure et… j’attends toujours.

ElleQu’est-ce que vous attendez, exactement ?

LuiJe ne sais pas… Qu’on s’occupe de moi.

ElleQu’on s’occupe de vous ?

LuiJ’étais allé aux urgences, parce que je ne me sentais pas bien… J’ai attendu cinq heures avant que quelqu’un s’intéresse à moi. Je me demande pourquoi on appelle ça les urgences. Si on m’avait pris tout de suite… C’est sans doute pour ça que j’en suis là d’ailleurs…

ElleSans doute.

LuiJ’ai l’impression d’avoir passé toute ma vie à attendre. On dit qu’on passe un tiers de sa vie à dormir, je crois que j’ai passé au moins un tiers de la mienne à attendre. Attendre le bus, attendre ma femme, attendre que ce soit l’heure, attendre que ce soit le moment, attendre qu’on veuille bien me recevoir, attendre chez le médecin, chez le dentiste, chez le coiffeur, attendre les vacances, attendre la retraite…

ElleSi vous n’aimez pas attendre, ici, ça ne va pas vous aider.

LuiParce que vous pensez que ça va durer longtemps ?

ElleL’éternité.

LuiL’éternité ? Vous voulez dire… pour toujours ?

ElleQuand on est mort, c’est pour toujours, non ?

LuiAlors on va attendre comme ça jusqu’à…

ElleJe vous conseille surtout d’arrêter d’attendre… et de rayer de votre vocabulaire tous les mots ayant un rapport avec le temps. Comme hier, aujourd’hui, demain… Ou depuis que et jusqu’à quand. Ou pendant combien de temps… Et surtout, surtout, d’oublier le mot urgence.

LuiJe vois ce que vous voulez dire, mais… il va bien se passer quelque chose un jour ou l’autre, non ?

ElleNon.

LuiBon… alors qu’est-ce qu’on fait ?

ElleRien. On ne fait rien. Qu’est-ce qu’on pourrait bien faire ? On est morts !

LuiJe ne sais pas… Alors il ne va rien se passer, et on ne peut vraiment rien faire ?

ElleSi. Il y a une seule chose que vous pouvez faire ici.

LuiAh oui ? Quoi donc ?

ElleFaire le mort.

Il la regarde perplexe.

LuiBon...

ElleQu’est-ce que vous imaginiez ? La vie éternelle ?

LuiJ’espérais au moins échapper à la mort éternelle… Alors c’est ça l’au-delà ? Il n’y a rien après ?

ElleOn ne sait pas. Quand on aura perdu toute notion du temps… Quand on aura tout oublié… jusqu’à ne plus savoir qui on a été, on sera recyclé, peut-être. Notre âme en décomposition deviendra le compost sur lequel d’autres graines un jour repousseront. Mais pour l’instant… Je veux dire pour toujours en ce qui nous concerne… il faut faire le deuil de nous-mêmes.

LuiD’accord… (Un temps) Donc il y a quand même un petit espoir de s’en sortir ?

Elle lui lance un regard perplexe.

Noir

10 – Le tableau

Il est là. Elle arrive avec un tableau, un portrait de jeune femme, tenant apparemment plus de la croûte que du chef d’œuvre, mais doté d’un cadre doré.

LuiQu’est-ce que c’est que cette horreur ?

ElleIl était accroché au-dessus du lit de mon arrière-grand-mère, dans sa maison de retraite. Chaque fois que j’allais la voir, elle me répétait qu’après sa mort, ce tableau serait pour moi…

LuiC’est très généreux de sa part. Surtout qu’à part cette croûte, elle n’a rien laissé d’autre à personne…

ElleMa mère y est allée hier pour débarrasser la chambre. Elle m’a donné le tableau.

LuiC’est un portrait… C’est qui ?

ElleMon arrière-arrière-grand-mère, je crois…

LuiElle était plutôt pas mal… quand elle était jeune. Tu lui ressembles un peu…

ElleTu trouves ?

LuiEt qu’est-ce que tu comptes en faire ?

ElleJe ne sais pas… Je ne peux pas le jeter quand même…

LuiNon, évidemment… De là à l’accrocher dans le salon…

ElleOn pourrait l’accrocher au-dessus de notre lit…

LuiTu plaisantes ?

ElleÉvidemment…

LuiElle avait quel âge, ton arrière-grand-mère exactement ?

ElleElle était née en 1910 à Auvers-sur-Oise.

LuiÀ Auvers ? C’est dingue ! Tu te rends compte ? À vingt ans près elle aurait pu croiser Van Gogh.

ElleElle racontait toujours que sa mère l’avait bien connu.

LuiNon…? Van Gogh ?

ElleOuais.

LuiMais quand tu dis bien connu…

ElleJe ne sais pas.

LuiSi ça se trouve tu es l’arrière-arrière-petite-fille de Van Gogh…

ElleVa savoir…

LuiEt comme il n’a pas d’autre descendance connue, tu serais l’héritière de sa fortune.

ElleSa fortune ?

LuiOui, remarque, tu as raison… Les gens qui ont acheté ses tableaux sont richissimes aujourd’hui, mais lui il est mort dans la misère. Et ce tableau…?

ElleMon arrière-grand-mère me disait qu’elle tenait ce tableau de sa mère…

LuiMais d’où il venait ? Qui l’a peint, ce tableau ?

ElleJe ne sais pas.

LuiIl n’est pas signé ?

ElleNon… Ou alors la signature n’est plus visible.

LuiTu penses à ce que je pense ?

ElleOui… Mais non, ce n’est pas possible…

LuiSi ton aïeule l’a bien connu… Personne n’en voulait, de ses toiles. Et il n’avait pas un sou. Je suis sûr qu’il aurait pu en donner une contre un repas chaud. Alors pour tirer un coup, tu penses bien…

ElleNe te gêne pas, traite mon arrière-arrière-grand-mère de pute !

LuiJe ne dis pas ça mais… un petit cadeau.

ElleNon, et puis tu l’as dit, regarde, c’est une croûte !

LuiFranchement, j’ai vu certains tableaux dans des musées… Si on ne savait pas que c’était signé par de grands maîtres… Qu’est-ce qu’on y connaît en peinture, nous ?

ElleTu as raison… Il faudrait le faire expertiser…

LuiImagine un peu. Un Van Gogh. Même si ce n’est pas le meilleur, ça vaudrait des millions.

ElleIl ne faut pas trop d’emballer quand même…

LuiOui… Après tout, il vaut peut-être mieux laisser planer le doute. Rêvons encore un peu, plutôt que de rompre le charme tout de suite.

ElleSans compter qu’une expertise, ça ne doit pas être donné. Tout ça pour qu’on nous dise que c’est l’œuvre… d’un peintre du dimanche.

LuiMais du coup, j’ai presque envie de l’accrocher au-dessus de notre lit, maintenant.

EllePourquoi ça ?

LuiJe ne sais pas… Penser que Van Gogh a peint ça pour niquer ton arrière-arrière-grand-mère. Et que maintenant ça vaut des millions. Ce serait le coup le plus cher du monde, non ?

Il prend le tableau pour le regarder.

ElleMoi je ne suis pas sûre que ça me motive beaucoup.

LuiIl pèse une tonne ce tableau, non ?

ElleC’est vrai, j’ai remarqué aussi.

LuiFinalement, je ne crois pas que ce soit une bonne idée de l’accrocher au-dessus du lit. Si on le prend sur la tronche…

EllePourquoi il est aussi lourd, ce tableau ?

LuiCe n’est pas la toile, c’est forcément le cadre…

ElleHabituellement, les cadres, c’est en bois…

LuiPour du bois, ça ferait très lourd.

ElleOu alors c’est de la fonte.

LuiUn cadre en fonte ? Et puis ce n’est pas la couleur de la fonte.

ElleC’est peut-être de la peinture.

Il gratte un peu le cadre avec son ongle.

LuiOn dirait que non…

ElleTu penses à ce que je pense ?

LuiOui… je ne connais qu’un métal qui soit doré.

ElleSi c’est de l’or, c’est l’équivalent d’au moins un lingot.

LuiFinalement, ce tableau a peut-être de la valeur.

ElleEn tout cas, on peut rêver…

Noir

11 – Le bac avec mention

Ils sont debout face au public.

ElleAlors ça y est, on a le bac.

LuiOui… Mention Corona Virus.

ElleNos grands-parents ont eu le bac Mai 68, nous on aura le bac COVID-19.

LuiÀ l’époque on avait donné le bac à tout le monde parce qu’il y avait trop de gens dans la rue pour réclamer plus de démocratie, aujourd’hui, avec le confinement, on ne peut même plus descendre dans la rue pour protester contre l’état d’urgence.

ElleSans parler de la montée des dictatures en Europe. Avant la chute du mur, la Hongrie était considérée comme le pays le plus démocratique du bloc soviétique, aujourd’hui c’est le pays le plus fasciste du bloc européen.

LuiComme quoi Einstein avait raison : tout est relatif. Ce ne sont pas les Hongrois qui ont changé, c’est le monde qui les entoure.

ElleL’histoire nous montre qu’en Europe, la Hongrie a toujours joué le rôle de thermomètre. Quand la Hongrie a la fièvre, c’est que l’Europe va mal.

LuiEt si j’osais, je dirais même que cette fois, ce thermomètre, on l’a vraiment dans le cul.

ElleOui…

LuiIl ne faut pas oublier les leçons de l’Histoire.

ElleOublier l’histoire, c’est être condamné à la revivre.

LuiOn dirait un sujet du bac philo.

ElleHeureusement qu’on n’aura pas à le passer.

LuiRemarque, finalement, on est quand même assez calés en histoire.

ElleOn a le bac, après tout.

LuiJe me demande quel genre de bac auront nos petits-enfants.

ElleEn tout cas, il vaudra mieux avoir le bac mention Louis-le-Grand que le bac mention Noisy-le-Grand.

LuiOn est dans la merde, je te dis.

ElleQu’est-ce qu’on peut y faire ?

LuiJe ne sais pas. La révolution, ça ne marche pas. Le réformisme non plus.

ElleAprès chaque crise, on nous promet que plus rien ne pourra être comme avant.

LuiDans un sens ils ont raison. C’est encore pire après.

ElleQu’est-ce qui nous reste alors ?

LuiL’amour. (Sans conviction) Tu veux sortir avec moi ?

ElleC’est la pire déclaration que je n’ai jamais entendue.

LuiEn plus on ne peut même pas sortir. On est toujours confinés.

Noir

12 – Les fantômes

Il regarde dans un télescope dirigé vers la salle. Le personnage peut être un enfant, ou un adulte jouant un enfant. Elle est sa mère ou son professeur.

ElleTu vois cette étoile vers laquelle j’ai dirigé le télescope ?

LuiOui.

ElleAutour de cette étoile tournent des planètes.

LuiOui, je les vois.

ElleL’une de ces planètes est habitable, et elle est habitée.

LuiJe la vois.

ElleLes habitants s’appellent les hommes.

LuiJe les vois.

ElleEt ils ont réussi à rendre leur planète inhabitable.

LuiEt alors ?

ElleAlors ils sont tous morts.

LuiMais pourtant je les vois.

ElleParce que cette planète est située à des millions d’années-lumière de la nôtre. En réalité, ils sont déjà tous morts.

LuiAlors ceux que je vois ne sont que des fantômes.

ElleOui. Le dernier est mort il y a 100.000 ans.

LuiC’est marrant.

ElleOui.

LuiMais alors comment tu sais qu’ils sont morts ? Puisque l’image de leur fin du monde ne nous est pas encore parvenue…

ElleLa téléportation quantique est immédiate. Elle n’est pas soumise aux règles de l’espace-temps. Nous avons téléporté une sonde sur place il y a un mois. Aucune trace de vie à la surface.

LuiUn suicide collectif… Mais pourquoi est-ce qu’ils ont fait ça ?

ElleOn ne sait pas.

LuiOn ne sait pas ?

ElleNon. Pourtant on a fait des tas de découvertes scientifiques extraordinaires. Mais ça on n’a pas encore réussi à comprendre. Cela fait partie des mystères de l’univers qui nous restent encore à élucider.

LuiLes fantômes d’une humanité disparue, sur une Terre dont ils ont fait un désert… Je vais les observer encore un peu, pour essayer de comprendre…

Noir

L’auteur

Né en 1955 à Auvers-sur-Oise, Jean-Pierre Martinez monte d’abord sur les planches comme batteur dans divers groupes de rock, avant de devenir sémiologue publicitaire. Il est ensuite scénariste pour la télévision et revient à la scène en tant que dramaturge. Il a écrit une centaine de scénarios pour le petit écran et plus de quatre-vingts comédies pour le théâtre dont certaines sont déjà des classiques (Vendredi 13 ou Strip Poker). Il est aujourd’hui l’un des auteurs contemporains les plus joués en France et dans les pays francophones. Par ailleurs, plusieurs de ses pièces, traduites en espagnol et en anglais, sont régulièrement à l’affiche aux États-Unis et en Amérique Latine.

Pour les amateurs ou les professionnels à la recherche d’un texte à monter, Jean-Pierre Martinez a fait le choix d’offrir ses pièces en téléchargement gratuit sur son site La Comédiathèque (comediatheque.net). Toute représentation publique reste cependant soumise à autorisation auprès de la SACD.

Pour ceux qui souhaitent seulement lire ces œuvres ou qui préfèrent travailler le texte à partir d’un format livre traditionnel, une édition papier payante peut être commandée sur le site The Book Edition à un prix équivalent au coût de photocopie de ce fichier.

Pièces de théâtre du même auteur

À cœurs ouverts, Alban et Ève, Amour propre et argent sale,

Apéro tragique à Beaucon-les-deux-Châteaux, Au bout du rouleau,

Avis de passage, Bed and breakfast, Bienvenue à bord, Le Bistrot du Hasard,

Le Bocal, Brèves de trottoirs, Brèves du temps perdu, Bureaux et dépendances, Café des sports, Cartes sur table, Come back, Comme un poisson dans l’air, Comme un téléfilm de Noël en pire, Le Comptoir, Les Copains d’avant… et leurs copines, Le Coucou, Coup de foudre à Casteljarnac, Crash Zone,

Crise et châtiment, De toutes les couleurs, Des beaux-parents presque parfaits, Dessous de table, Diagnostic réservé, Du pastaga dans le Champagne,

Elle et lui, monologue interactif, Erreur des pompes funèbres en votre faveur, Eurostar, Flagrant délire, Gay friendly, Le Gendre idéal, Happy hour, Héritages à tous les étages, L’Hôpital était presque parfait, Hors-jeux interdits, Il était une fois dans le web, Le Joker, La Maison de nos rêves, Mélimélodrames, Ménage à trois, Même pas mort, Minute papillon ! Miracle au couvent de Sainte Marie-Jeanne, Mortelle Saint-Sylvestre, Morts de rire, Les Naufragés du Costa Mucho, Nos pires amis, Plagiat, Photo de famille, Le Pire village de France, Le Plus beau village de France, Préhistoires grotesques, Primeurs, QuarantaineQuatre étoiles, Réveillon au poste, Revers de décors, Sans fleur ni couronne, Sens interdit – sans interdit, Série blanche et humour noir, Sketchs en série, Spéciale dédicace, Strip poker, Sur un plateau, Les Touristes, Trou de mémoire, Un boulevard sans issue, Un bref instant d’éternité, Un cercueil pour deux, Un mariage sur deux, Un os dans les dahlias, Un petit meurtre sans conséquence, Une soirée d’enfer, Vendredi 13, Y a-t-il un pilote dans la salle ?

Toutes les pièces de Jean-Pierre Martinez sont librement téléchargeables sur son site :

comediatheque.net

Ce texte est protégé par les lois relatives au droit de propriété intellectuelle. Toute contrefaçon est passible d’une condamnation allant jusqu’à 300 000 euros et 3 ans de prison.

Paris – Avril 2020

© La Comédi@thèque – ISBN 978-2-37705-428-2

Ouvrage téléchargeable gratuitement

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Voyage

Comme prétexte à la comédie, le voyage est avant tout une confrontation humoristique avec l’altérité : l’autre, l’étranger, l’exotisme. Les habitudes de chacun sont mises à rude épreuve lorsqu’elles sont délocalisées dans un milieu inhabituel, inconnu et donc potentiellement anxiogène. Cette confrontation sert surtout à faire ressortir les ridicules de nos propres manies et de nos préjugés. De cette confrontation avec l’autre naît aussi le plus souvent un conflit entre les voyageurs eux-mêmes qui avec les moyens du bord doivent faire face ensemble, mais chacun avec leurs propres travers, à une situation extraordinaire et à des problèmes inédits. 


Au répertoire de La Comédiathèque

Pièces

LES TOURISTES

LES NAUFRAGÉS DU COSTA MUCHO

Sketchs

Sur l’herbe
Pas le Pérou
Excès de bagages
Décalage horaire
Travelling
Vacance
La route
Death Valley
Code confidentiel

 

Voyage Lire la suite »

Théâtre dans le théâtre

On parle de “théâtre dans le théâtre” quand la pièce, la scène, la saynète ou le sketch a pour thème le jeu théâtral lui-même.

On peut alors assister à une mise en abyme : au cours de la pièce, la scène de théâtre devient pour un temps le théâtre d’une autre pièce jouée par certains des comédiens, et à laquelle assistent les autres comédiens jouant le rôle du public. Shakespeare (Hamlet) comme Molière (L’Impromptu de Versailles) ont utilisé ce procédé.

On peut aussi assister à un détournement des codes et des conventions du théâtre traditionnel : on fait tomber le quatrième mur, les comédiens jouent leurs propres rôles et parlent de leurs problèmes personnels en s’adressant directement au public et en le prenant à partie; l’auteur, le metteur en scène, le régisseur ou encore les spectateurs interviennent dans le spectacle; les personnes, l’espace et le moment réels de la représentation deviennent les personnages, le lieu et le temps du spectacle, à tel point que les vrais spectateurs finissent par ne plus savoir ce qui relève de la fiction et ce qui relève de la réalité.


Au répertoire de La Comédiathèque

Pièces

PILE OU FACE
REVERS DE DECORS
Y A-T-IL UN AUTEUR DANS LA SALLE ?
Y A-T-IL UN CRITIQUE DANS LA SALLE
QUARANTAINE
LA REPRÉSENTATION N’EST PAS ANNULÉE
BRÈVES DE SCÈNE
BRÈVES DE SQUARE
LE CONTRAT
LES PYRAMIDES

Sketchs

Faute de public
Rester de glace

È finita la commedia
Entrée des artistes

Sortie de secours
Pause
Ce n’est pas la fin du monde
Fin de séries
Les trois coups…
Scène de crime
Trou de mémoire

 

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Strip Poker

Theaterstücke von Jean-Pierre Martinez in deutscher Übersetzung

Zum Autor

Jean-Pierre Martinez, geboren 1955 in Auvers-sur-Oise bei Paris, hat seine ersten Bühnenerfahrungen als Schlagzeuger verschiedener Rockgruppen gemacht. Nach Studium und eigener Lehre von Text- und Bildsemiotik an sozial- und theaterwissenschaftlichen Hochschulen (EHESS, Ecole Pratique des Hautes Etudes en Sciences Sociales; Conservatoire européen d’écriture audiovisuelle, CEEA) wurde er in der Werbebranche tätig, verfasste nebenher schon bald Drehbücher für das Fernsehen und kehrte schließlich als Theater-Autor und Dramaturg an die Bühne zurück.
Martinez zählt zu den produktivsten und meistgespielten der heutigen Theater- und TV-Drehbuchautoren Frankreichs und des französischsprachigen Auslands. Bis dato hat er an die 100 TV-Drehbücher und mehr als 100 Komödien verfasst, von denen einige zu Klassikern geworden sind (Vendredi 13 oder Strip Poker). In englischer und spanischer Übersetzung werden seine Theaterstücke regelmäßig auf Bühnen in Nord- und Lateinamerika gespielt.
Um seine Komödien interessierten Theatergruppen nahezubringen, hat Martinez sie zum freien Download auf einer eigenen Internet-Plattform eingestellt: La Comédiathèque, comediatheque.net. In Papierform (zum Preis der entsprechenden Fotokopien) können die Texte über die Webseite Amazon bestellt werden. Die Rechte für die Bühnenaufführung können / müssen über die Verwertungsgesellschaft SACD erworben werden.


Alle Stücke von Jean-Pierre Martinez können gratis von seiner Webseite heruntergeladen werden.


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Strip Poker

Die Nachbarn zum Kennenlernen einladen, kann zu einem gewagten Poker-Spiel werden, bei dem alle ihre Karten auf den Tisch legen müssen…

Personen

Pierre – Marie – Jacques – Céline

© La Comédi@thèque

ERSTER AKT

Marie, blond, ziemlich sexy und gestylt, deckt den Wohnzimmertisch festlich für vier Personen. Ihr Handy klingelt. Sie geht ran.

Marie (liebenswürdig): Ja, hallo…? (genervt) Ah, nein, tut mir leid, Sie sprechen nicht mit Pierre, sondern mit Marie, seiner Frau… Sie haben auf mein Handy angeru­fen… Kann ich ihm etwas ausrichten…? Gut… Nein, nein, ist nicht schlimm…

Sie macht sich wieder an ihre Vorbereitungen, mit leicht aufgedrehter Heiterkeit. Ihr Handy klingelt wieder.

Marie (etwas genervter): Ja, hallo…? (liebenswürdig) Ah, Jérôme, du bist es… Doch, doch, mir geht’s gut… Hab ich dir schon erzählt, dass ich aufgehört hab zu rauchen… ? Naja, seit heute Morgen… Nee, schwanger bin ich nicht, keine Sorge, aber ich war immerhin bei zwei Päckchen am Tag. Ich hab das mal durch­gerechnet. Bei den Zigarettenpreisen kann ich mir in einem Jahr eine Safari in Kenia leisten. Und wenn ich auch nur eine Woche durchhalte, kann ich mir schon eine Metro-Monatskarte für zwei Zonen kaufen. Na jedenfalls hab ich mir von dem, was ich heute schon gespart habe, ein großes Glas Nutella gekauft… (seufzt) Ich hab nicht gedacht, dass es so schwer wird… Aber was soll’s! Inzwischen kannst du ja nicht mal mehr auf dem Friedhof rauchen… Ach, Pierre, dem geht’s gut, wir sind guter Hoffnung… Nee, ich meine, seine Arbeit… Du, ich muss Schluss machen, mein Schweinebraten mit Backpflaumen trocknet gleich aus. Wir hören voneinander, ok? Ciao, ciao.

Marie legt auf, schnuppert und wirft einen besorgten Blick ins Publikum.

Marie: Es riecht nach Gas, oder…?

Sie läuft in die Küche, um ihren Schweinebraten zu versorgen. Pierre, im Intellek­tuel­len-Look, kommt pfeifend rein, Regenmantel über der Schulter, den „Parisien“ unterm Arm. Er hängt den Regenmantel auf, setzt sich auf die Couch und blättert die Zeitung durch. Schlagzeile auf der Titelseite: „Krebs durchs Handy?“ Marie erscheint wieder. Pierre legt die Zeitung hastig zurück auf den Tisch und setzt eine tragische Miene auf.

Marie (vergnügt): Hallo, Süßer!

Pierre (finster): Hallo…

Marie (bemerkt seine Miene): Was issn los?

Pierre: Meinen Job werd ich los…

Marie: Du wirst deinen Job los? Was soll das heißen?

Pierre: Standortverlagerung…

Marie: Au Mist!… Das tut mir echt leid…

Pierre ist nur noch ein Häufchen Unglück.

Pierre (mit Leidensmiene): Sag, dass du mich nicht verlässt!

Marie nimmt ihn in die Arme, um ihn zu trösten.

Marie: Wie kommst du denn auf so was? Ich hab doch Arbeit! Weißt du, was? Ich hab mit dem Rauchen aufgehört. Mit dem, was ich da einspare, könntest du schon fast in Teilzeit arbeiten… Und außerdem: wenn wir den Gürtel enger schnallen müssen, dann werden wir ihn eben enger schnallen. (Hält sich eine Hand auf den Bauch) Ich ess dann auch kein Nutella mehr…

Pierre (lässt nicht locker): Ich will dir nicht auf der Tasche liegen, weißt du… Lieber mache ich dem Ganzen ein Ende…

Marie: Jetzt red doch nicht so einen Käse… Wir sind verheiratet, Pierre! In guten wie in schlechten Zeiten! Die besten Zeiten heben wir uns für den Schluss auf!… Aber das ist schon krass, dass sie euch einfach so verlagern, ohne Vorwarnung.

Pierre: Du weißt doch, bei der Globalisierung heutzutage…

Marie: Trotzdem!… Die Bibliothèque Nationale verlagern… Wo wollen sie denn hin damit? Das ist doch ein Riesen-Kasten…

Pierre: Nach China… Es wird alles in Kisten verpackt und dann in einem Gewerbegebiet nahe Kanton wieder aufgebaut. Mit einem von den Türmen haben sie schon angefangen…

Marie (bestürzt): Nee, echt jetzt…?

Pierre: Doch…

Marie: Aber was wollen sie denn mit den ganzen Büchern anfangen, die Chinesen? Die verste­hen doch kein Wort. Die können das nicht mal alphabetisch ordnen…

Pierre: Die gesamte französische Literatur wird per maschineller Übersetzung ins Esperanto übertragen, dann digitalisiert und auf einem gigantischen zentralen Rech­ner abgespei­chert, der die Form einer Pagode hat. Wer Zugang zu den Dateien haben will, muss natürlich ein Abo abschließen, wie für einen privaten Fernseh­sender, Canal Plus oder so. Was das Papier angeht, das wird recycelt. Dadurch wird wenigstens verhindert, dass sie auch noch die letzten Hektar Eukalyptus-Wälder in China abholzen (seufzt) Mein Opfergang könn­te immerhin ein paar Pandas retten…

Marie (niedergeschmettert): Das kann doch nicht wahr sein…

Pierre versucht, ernst zu bleiben, dann platzt er lachend heraus.

Pierre: Natürlich nicht! Hast du mir so einen Blödsinn wirklich abgenommen?

Marie (sauer und erleichtert zugleich, schlägt mit einem Sofakissen nach ihm): Mit sowas macht man keine Witze…

Pierre: Stimmt, das ist jetzt nicht der richtige Moment, meinen Job zu verlieren. Ist ja nicht schlecht bezahlt… und ich hab genug Zeit zum Schreiben… Ach, übrigens, die gute Nach­richt: der Verlag Les Éditions Confiden­tielles will mein Stück herausbringen!

Marie (täuscht Begeisterung vor): Les Éditions Confiden­tielles… Genial!

Pierre: Naja… Auf Kosten des Autors… Ich muss mindestens viertausend Stück verkaufen, um die Kosten für den Druck reinzubekommen. Viertausend Exemplare – das geht doch schnell weg, meinst du nicht?

Marie: Wenn sich’s deine und meine Eltern teilen… 2000 Exemplare für jede Partei!

Pierre reibt sich die Hände mit einem zufriede­nen Lächeln.

Pierre: Also… Essen wir jetzt? Heute Abend steht Strip Poker auf dem Pro­gramm.

Marie (versteht nicht gleich): Wie – sollen wir beide einen Strip Poker hinlegen?

Pierre: Strip Poker – diese Reality-Show im Fernsehen, du weißt schon!

Marie: Nö…

Pierre: Wo sie Paare einladen; und immer, wenn einer der beiden Ehepartner es für klüger hält, nicht auf eine Frage des anderen zu antworten, muss er oder sie ein Kleidungs­stück ausziehen!

Marie (seufzt): Ich verstehe echt nicht, wie du dir so einen Schwachsinn ansehen kannst…

Pierre: Och, nur noch dieses eine Mal! Heute Abend ist das Finale!

Marie: Tja, Finale oder nicht, das muss diesmal ausfallen…

Pierre: Ist die Glotze kaputt?

Marie: Nee… Aber das mit dem Fernsehen wird heute nichts…

Pierre: Bekomme ich etwa Fernsehverbot?

Pierre merkt, dass der Tisch für Vier gedeckt ist.

Pierre: Sag bloß, du hast deine Eltern einge­laden?

Marie: Die Nachbarn.

Pierre: Die Nachbarn? Die sind doch vor einem Monat weggezogen…

Marie: Die neuen Nachbarn!

Pierre: Die neuen Nachbarn? Aber die kennen wir doch gar nicht!

Marie: Eben. Ich bin der Frau bei den Müllton­nen begegnet. Und hab gedacht, das wäre die Gelegenheit zum Kennenlernen.

Pierre: Und wozu?

Marie: Einfach zum Kennenlernen, nicht mehr.

Pierre: Wozu sollen wir sie kennenlernen?

Marie: Es ist immer gut, seine Nachbarn zu kennen… Und sich mit kleinen Gefälligkeiten auszuhelfen…

Pierre: Gefälligkeiten…? Was für Gefälligkeiten?

Marie: Was weiß ich… Die Blumen gießen, wenn wir nicht da sind…

Pierre: Die einzige Pflanze – die in meinem Arbeitszimmer – hat deine Katze letzten Sonntag aufgefressen, als wir bei deinen Eltern zum Mittagessen waren.

Marie: Genau deswegen! Wenn jemand da gewesen wäre, um sie zu füttern, hätte sie deine Pflanze verschont… Übrigens komisch, ich hab sie heute noch überhaupt nicht gesehen…

Pierre seufzt.

Pierre (besorgt): Sie haben bestimmt Kinder, oder?

Marie: Drei, glaub ich.

Pierre: Sag bloß nicht, die hast du auch eingeladen?

Marie: Die bleiben bestimmt lieber ungestört zu Hause. (Ironisch) Um ja nicht das Finale von Strip Poker zu verpassen.

Pierre: Musst du so drauf rumreiten?

Marie: Außerdem ist es gleich nebenan…

Pierre: Ach, du hast gar nicht die von gegenüber gemeint?

Marie: Die Nachbarn von gegenüber haben doch vor sechs Monaten Selbstmord began­gen! Erinnerst du dich nicht mehr an die ganzen Feuerwehrautos, das Blaulicht, die Sirenen, mitten in der Nacht?

Pierre: Nee…

Marie: Also, mich hat das damals aus dem Schlaf geris­sen und ich hab seitdem Albträu­me… Sie haben das Gas aufgedreht… es hat nicht viel gefehlt und das ganze Viertel wäre in die Luft geflogen…

Pierre: Es gibt wirklich Leute, die nur an sich denken… Und wieso haben die Selbstmord begangen? Und auch noch paarweise?

Marie: Keine Ahnung! Vielleicht war nichts Besonde­res im Fernsehen, an dem Abend… (will etwas andeuten) Vielleicht, wenn wir sie eingeladen hätten…

Pierre (findet das weit hergeholt): Erzähl mir jetzt nicht, dass du die Nachbarn zum Essen eingeladen hast, damit du dich nicht schul­dig fühlen musst, wenn sie vorhaben sollten, ausgerechnet heute Abend Selbstmord zu begehen…?

Sie zuckt mit den Schultern.

Marie: Ach, übrigens, komisch, ich habe heute ein paar Anrufe für dich auf mein Handy bekommen.

Pierre: Ach ja, entschuldige, ich weiß nicht, wo meines hingekommen ist… Deswegen habe ich auf dem Anrufbeantworter in meinem Büro deine Nummer hinterlassen… Für den Fall, dass ein Herausgeber versucht, mich zu erreichen, wegen meinem Theaterstück… Es ist besser, dass ich jederzeit erreichbar bin, verstehst du…

Marie (fassungslos): Meine Handy-Nummer? Wär’s nicht einfacher gewesen, dass du dir gleich ein Neues zulegst?

Pierre: Pff… Ich hab mir gedacht, dass man auch ganz gut ohne leben kann, oder?

Marie: Ach soo… Wenn man eine Ehefrau an der Hand hat, die die Telefonistin abgibt…

Pierre: Hör mal, du versuchst gerade, mit dem Rauchen aufzuhören und ich hab mir vorge­nom­men, mit dem Handy Schluss zu machen. Mal sehen, wer länger durchhält.

Marie (gereizt): Ja, aber ich verlange auch nicht von dir, meine Zigaretten zu rauchen!

Statt zu antworten, vertieft sich Pierre wieder in die Lektüre seines „Parisien“, von dem nur die Zuschauer die Schlagzeile („Krebs durchs Handy?“) lesen können, nicht Marie. Marie wirft ihm einen genervten Blick zu.

Marie: Du könntest dir vielleicht was Anderes anziehen, bevor sie kommen?

Pierre: Wer?

Marie: Die Nachbarn!

Pierre: Ach ja, stimmt! Die hatte ich ganz vergessen…

Pierre fügt sich in sein Schicksal und steht auf um sich umzuziehen.

Marie: Ich schau mal nach, ob der Backofen nicht ausgegangen ist. Es riecht ein bisschen nach Gas… findest du nicht?

Pierre zuckt die Schultern und geht ab Richtung Schlafzimmer. Marie geht auch einen Augenblick raus und kommt mit Flaschen und Gläsern für den Aperitif zurück. Pierre kommt kurz danach zurück, in Schlabber-Look.

Marie (glaubt ihren Augen nicht): Hast du einen Schlafanzug angezogen?

Pierre: Das ist kein Pyjama! Das ist ein… Jogging-Anzug für zuhause.

Marie: Und deine Filzlatschen sind wohl die dazu gehörige Ausstattung für zuhause?

Pierre: Hör mal, wenn wir schon nichts Besseres zu tun haben als den Nachbarn etwas näher zu kommen, können wir’s doch gleich etwas locker angehen, oder?

Marie: Und was soll werden, wenn er im Anzug mit Krawatte erscheint und sie im Abendkleid … Von einer Pyjama-Party hab ich denen nichts erzählt…

Er geht mit einem Seufzer ab. Sie macht mit ihren Vorbereitungen weiter. Er kommt in einer etwas konventionelleren Aufmachung zurück.

Pierre (ironisch): Besser so?

Marie (nicht wirklich überzeugt): Geht so…

Pierre schaut die Post auf dem Beistelltisch durch.

Pierre: L’Avant-Scène, Actes Sud, Les Éditions Théâtrales… lauter Bühnenverlage…

Sie schaut ihn überrascht an.

Pierre: Is nur ein Scherz, leider… (sieht noch mal auf die drei Briefabsender). Telecom, Strom, Wasserwerke… (seufzt) Das glorreiche Trio….

Marie (will ihn aufmuntern): Wahrscheinlich streikt die Post mal wieder. Dann wird nicht alles zugestellt, nur Rechnungen.

Das Handy von Marie klingelt. Sie geht ran.

Marie: Ja…? (mit vorgetäuschter Liebenswürdigkeit) Nein, das ist hier die Zentrale, aber einen Moment, ich verbinde. (Hält Pierre ihr Handy hin) Dein Freund Patrick…

Er nimmt das Handy, als ob nichts wäre.

Pierre: Ja, hey Patrick… Wie geht’s?… Ja, nich? Ist schon wieder eine Weile her… Dienstag? Ja, klar, warum nicht… Aber ich muss das erst mit Marie absprechen. Sie ist gerade beschäftigt. Ruf mich morgen noch mal an, ja?… Ähm… ja, wenn ich nicht zuhause bin, kannst du’s auf dem Handy versuchen…

Marie ihn sieht ihn finster an.

Pierre: Ok, bis dann, Patrick…

Er legt auf.

Pierre: So ein Klotz.

Marie: Was wollte er denn?

Pierre: Uns zum Abendessen einladen, am Dienstag. Zum Geburtstag seiner Frau…

Marie: Ich hab gedacht, er ist dein bester Freund…?

Pierre: Geburtstage finde ich deprimie­rend…… Lade ich ihn etwa zu deinen Geburtstagen ein…?

Marie: Dazu müsstest du dir erst mal merken, wann ich Geburtstag habe… …

Pierre: Nee, wirklich, ohne Handy wird’s bestimmt ruhiger… So… Und wo hängen jetzt diese Nachbarn rum … Die werden uns doch nicht damit kommen, dass sie im Stau gestanden haben – wo sie gegenüber wohnen!

Marie: Nebenan…

Pierre: Eben, die müssen ja nicht mal über die Straße…

Marie: Jetzt beruhig dich, ist ja erst neun Uhr…

Pierre: Um die Zeit sind wir normalerweise schon fertig mit dem Abendessen. Ich krieg allmählich Kohldampf… (angeregt) Besonders, wenn es so lecker riecht. (Ungläubig) Was hast du uns denn Feines geköchelt?

Marie (stolz): Schweinebraten mit Backpflaumen. Das Rezept habe ich aus Elle

Pierre: Aah… Hm… ich weiß ja nicht, ob das der rich­tige Zeitpunkt für Experi­mente ist, aber na gut…

Schweigen.

Pierre: Ich weiß nicht mal, wie die heißen, diese Leute…

Marie: Sie heißt Céline und er Jacques, glaub ich…

Pierre: Na, schau an, ihr seid ja schon richtig intim geworden… Und wie heißen sie mit Nachnamen?

Marie (überlegt): Puh, weiß ich nicht mehr. Klingt nach Waschmittel…

Pierre: Coral?

Marie schüttelt den Kopf.

Pierre: Frosch?

Marie schüttelt wieder den Kopf.

Pierre: Oder etwa Omo?

Marie (der es wieder eingefallen ist): Ariel! (zögert noch einmal) Oder Mariel…

Pierre: Also was jetzt – Mariel oder Ariel?

Marie: Ich weiß es nicht. Sie hat sich mit „Madamariel“ vorgestellt… Na, wird sich herausstellen … Ist doch nicht wichtig, oder?

Pierre: Schon ein bisschen! Weil – wenn sie Ariel heißen, dann kannst du deinen Schweinebraten… Obwohl… sie können immerhin noch die Pflaumen essen. Ist gut für die Verdauung…

Marie (in heller Aufregung): Mist – da hab ich gar nicht drangedacht…

Pierre: Tja… so ist das, wenn man Leute einlädt, die man nicht kennt…

Marie: Na, woher hätte ich das wissen sollen? Jacques und Céline, das klingt nicht…

Pierre: Die Muslime heißen auch nicht alle Mohammed …

Marie: Ach, weil du glaubst, dass sie Muslime sind …?

Pierre: Egal, für den Schweinebraten mit Pflaumen kommt das aufs Gleiche raus, oder?

Marie: Vielleicht sind sie ja nicht strenggläubig…

Pierre: Aber vielleicht solltest du doch schon mal eine Tiefkühl-Pizza auftauen… eine vegetarische, vorzugsweise…

Marie seufzt. Es klingelt. Marie gerät in Panik.

Marie: Was machen wir jetzt?

Pierre: Hmm… ich glaube, du musst nur noch die Türe aufmachen. So läuft das doch im Allgemeinen, wenn man Leute eingeladen hat, die dann auch noch an der Türe klingeln… (hoffnungsvoll) Oder aber, wir machen schnell das Licht aus und schauen uns Strip Poker an – im Badezimmer…

Marie: Ich geh schon…

Sie verschwindet im Flur, um die Türe aufzu­machen und die Nachbarn zu begrüßen.

Marie (off): Guten Abend, schönen Guten Abend… Kommen Sie herein, immer hereinspaziert… (nimmt das Geschenk in Empfang, das ihr die Nachbarn überreichen) Ach, das wär doch nicht nötig gewesen, wirklich nicht…

Pierre (zur Seite, mit einem Seufzer): Ein Geschenk Marke Omo… oder Ariel…

Marie kommt wieder ins Esszimmer, mit einem Blumenstrauß in der Hand, hinter ihr die Nachbarn.

Pierre (imitiert ironisch die gekünstelte Liebenswürdigkeit von Marie): Seien Sie gegrüßt, herzlich willkommen…!

Marie: Was sind das für Blumen? Margeriten? Die haben ja enorme Blüten!

Céline (verlegen): Tulpen…

Marie: Aber natürlich, die sind ja wunderbar!

Céline: Sie haben vielleicht ein wenig unter der Hitze gelitten…

Die Blumen sehen tatsächlich ernsthaft mitgenommen aus.

Marie: Wir stellen sie gleich ins Wasser…

Pierre: Das wird sie vielleicht zu neuem Leben erwecken…

Die Nachbarn treten ein. Céline, dunkelhaarig, um die Fünfzig, die man ihr aber nicht ansieht, zierlich, elegant und dabei klassisch angezogen, in so etwas wie einem Kostüm und mit Haarknoten. Jacques, eher schwer und füllig, mit einer Flasche in der Hand, trägt einen Anzug, der genauso heruntergekommen ist wie die Blumen. Alles in allem ein konventioneller Look, im Stil klar unter­schieden vom jugendli­chen und lässigeren Stil von Pierre und Marie. Marie stellt sie einander vor.

Marie (zu Jacques): Darf ich vorstellen, das ist mein Mann (hebt den Familiennamen hervor) Pierre Safran

Die beiden Männer geben sich die Hand.

Pierre (lustlos): Sehr erfreut…

Marie (zu Jacques): Und Sie sind…?

Jacques (mit einem Lächeln): Jacques…

Marie: Einfach nur Jacques, sehr schön….

Jacques übergibt Pierre seine Flasche.

Jacques: Hier, am besten gleich in den Kühlschrank damit…

Pierre: Ah, eine Blanquette de Limoux, ein Crémant! Besten Dank, Jacques…

Jacques: Gekühlt genauso gut wie Champagner, oder?

Pierre (ironisch): Ja, warum sich gleich ruinieren. Ich leg ihn ins Tiefkühlfach… Dann wird er noch besser.

Pierre bringt die Flasche in die Küche.

Marie (verlegen): Haben Sie’s gleich gefunden?

Die Nachbarn von nebenan schauen sich verdutzt an.

Marie (korrigiert sich): Nein, ähm… ich meine: nicht den Weg zu uns, Sie wohnen ja gleich nebenan… Ich wollte sagen, haben Sie ohne Probleme… (sie improvisiert) jemanden gefunden, der auf ihre Kinder aufpasst…?

Céline: Ach so, ja, ganz einfach: die Große passt auf die Kleinen auf… Aber wenn’s Ihnen nichts aus­macht, werden wir später mal rüberschauen…

Pierre kommt zurück.

Marie: Und wie heißen Ihre Kinder?

Céline: Sarah, Esther und der jüngste heißt Benjamin.

Marie strengt sich sichtbar an, daraus auf die Religionszugehörigkeit der Nachbarn zu schließen, aber ohne großen Erfolg.

Marie: Klar, Benjamin… Ist ja logisch… Das Nesthäkchen.

Céline: Sie haben keine Kinder, nicht wahr…?

Etwas peinliches Schweigen.

Marie: Noch nicht… (gibt sich einen Ruck) Entschuldigen Sie die Nachfrage, aber Ihr Familienname – war das Mariel, wie der Schauspieler oder Ariel…?

Pierre: Wie das Waschpulver…

Jacques: Mariel.

Marie (erleichtert): Uff! Wir hatten Angst, dass Sie Juden sind!

Unbehagen bei den Gästen. Marie kommt ins Stocken, aber fängt sich noch einmal.

Marie: Ach, entschuldigen Sie, es ist nur so, dass ich einen Schweinebraten mit Pflaumenfül­lung im Rohr habe… Aber das können wir noch ummodeln. Irgendwo im Gefrierfach muss noch eine Quiche Lorraine rumliegen… Das macht keine großen Umstände…

Pierre: Sonst können wir die Einladung ja auch auf ein anderes Mal verschieben…

Marie wirft ihm einen vernichtenden Blick zu.

Céline (entspannter): Ach, nicht doch, Sie brauchen keine Rücksicht auf uns zu nehmen. Der Schwei­­nebraten geht vollkommen in Ordnung.

Jacques (mit trockenem Humor): Nur Ihre Pflaumen… die sind hoffentlich koscher? (sieht zufrieden, wie verlegen Marie wieder wird) Nein, ich mach nur Spaß. Haupt­sache, sie sind entsteint! Das sag ich immer, wegen der Zähne. … Und Sie, wie war Ihr Familienname gleich wieder? Curry?

Marie: Safran…

Jacques: Ach, schade… (Pierre und Marie verstehen nicht).

Jacques (selbstzufrieden): Na, wegen Pierre und Marie… (Pierre und Marie verstehen immer noch nicht.) Pierre und Marie Curie!

Céline findet den Witz ihres Mannes auch ein wenig plump.

Marie (lächelt etwas gequält): Sie haben echt Humor, das gefällt mir… Ist doch egal, ob Jude oder Moslem, oder?

Pierre: Ja, genau, es hätte noch schlimmer kommen können! Dass Sie so was wie Zahnarzt oder Informatiker sind…

Erneutes Unbehagen.

Marie (will die Stimmung etwas auflockern): Wie wär’s mit einem Ape­ri­tif?

Licht aus

ZWEITER AKT

Die beiden Ehepaare trinken Aperitif. Pierre und Marie sehen absolut gelangweilt aus, aber bemühen sich, Jac­ques bei seinen nichtssagenden Auslassungen aufmerk­sam zuzuhören.

Jacques: Für uns Zahnärzte besteht das Problem mittlerweile darin, dass wir mehr Zeit damit verbringen, Formulare auszufüllen als Zäh­ne zu behandeln. Und dann auch noch alles per Computer… Ich sage immer: ich habe gelernt, wie man mit einem Bohrer um­geht, aber nicht mit einer Maus. Zum Glück hilft mir meine Frau. Informatik, das ist ihr Metier, nicht meins…

Pierre und Marie nicken beifällig.

Jacques: Nein, und außerdem wird man heutzutage als Selbstständiger auch von diesen Abgaben erdrückt… Apropos, kennen Sie den schon?

Pierre und Marie schauen höflich interessiert drein.

Jacques: Ein Zahnarzt ist mit seiner Frau auf Kreuzfahrt im Pazifik. Das Schiff erleidet Schiffbruch und geht unter…

Marie bricht in schallendes, aber aufgesetztes Lachen aus. Die anderen schau­en verständnislos.

Jacques: Ähm, nein, es geht noch weiter…

Marie wird wieder ernst.

Jacques: Sie treiben eine Woche lang auf hoher See, bevor sie auf einer einsamen Insel stranden. Die Frau macht sich natürlich schon bald Sorgen und sagt zu ihrem Mann: Die werden uns nie finden!

Marie bricht abermals in Lachen aus.

Jacques: Nein, die Pointe kommt erst noch…

Marie wird wieder ernst.

Jacques: Der Mann zur Frau: Du hast doch hoffentlich daran gedacht, vor unserer Abfahrt noch die Steuer und die Versicherungsbeiträge zu überweisen? Sagt die Frau: Nee! Er: Dann mach dir keine Sorgen – die finden uns!

Jacques lacht lauthals über seinen eigenen Witz. Marie ist vorsichtig und lacht nicht.

Jacques: Das war’s jetzt…

Marie bringt ein etwas dümmliches Lächeln zustande. Jacques zieht ein Päck­chen Ziga­retten heraus und bietet Pierre eine an.

Jacques: Zigarette?

Pierre: Nein danke, ich rauche nicht…

Jacques hält das Paket Marie hin.

Marie: Ich hab heute Morgen aufgehört…

Céline wirft Jacques einen finsteren Blick zu, er steckt seine Zigaretten wieder ein.

Jacques: Na, dann werde ich Sie natürlich nicht vollqualmen… Obwohl… über die Zigaretten wird immer gelästert – und was ist mit den Handys? Die sind doch genauso gesundheits­schädlich, oder? Ich hab gerade heute früh einen Artikel darüber gelesen, im Parisien. Es ist scheinbar so, dass man bei mehr als einer Viertelstunde Handy am Tag unweigerlich Hirntumor bekommt…

Marie ist betroffen. Sie greift nach dem „Pari­sien“, der unter dem Wohnzimmertisch liegt und wirft einen Blick auf die Schlagzeile: „Krebs durchs Handy?“

Jacques: Da sollte man die Flatrate besser nicht überziehen!

Marie sieht empört zu Pierre, der den Unschuldigen spielt.

Jacques: Ich rauche zwar, aber dafür habe ich kein Handy!

Marie (ironisch): Mein Mann auch nicht. Ihm ist es lieber, dass ich mir einen Tumor einfange.

Jacques: Wissen Sie, was das Lästigste an unserem Beruf ist?

Pierre und Marie machen ein Gesicht, als würden sie sich das fragen.

Jacques: Dass man sich die ganze Zeit die Hän­de waschen muss, zwischen zwei Patienten. Schauen Sie sich meine Hände an – die sind ganz trocken! Ich könnte mir ja Handschuhe anziehen, werden Sie sagen, aber… Stellen Sie sich das nur mal vor… Zahn­be­handlungen sind Präzisionsarbeit, wissen Sie. Haben Sie schon mal versucht, mit Boxhandschuhen eine Nadel einzufädeln?

Pierre: Noch nie… Außerdem komme ich nur selten zum Nähen, eher zum Stricken…

Jacques: Schauen Sie, ich sag immer, wir haben es besser als die Psychoanalytiker. Anfangs ist noch alles gleich – der Patient kommt, legt sich hin, macht den Mund auf… aber dann hört nur noch er mir zu!

Céline: Du langweilst sie mit deinen Geschichten…

Marie: Aber nein, überhaupt nicht…!

Céline: Erzählen Sie uns doch lieber etwas über sich… (zu Marie) Sie sind Lehre­rin, stimmt’s?

Marie: Ja, für Solfège, also Musiktheorie. Aber ob das so viel prickelnder ist – da bin ich mir nicht sicher…

Pierre wirft ihr einen Blick zu, um sie auf ihre neuerliche Entgleisung aufmerksam zu machen.

Céline: Ah, Solfège-Lehrerin… Ich habe 10 Jahre Solfège-Unterricht gehabt, als ich jung war…

Marie (zeigt sich ein wenig interessiert): Haben Sie auch ein Instrument gespielt?

Céline: Keines… Meine Eltern haben geglaubt, dass es schon bildet, wenn man Musiktheorie lernt, so ähnlich wie eine tote Sprache, wie Griechisch oder Latein. Mit 18 habe ich aber dann gesagt: Jetzt ist Schluss damit.

Pierre (tut, als sei er beeindruckt): Da waren Sie ja schon als Teenagerin eine kleine Rebel­lin…

Céline: Danach hab ich einen Kurs für Gesellschaftstänze ge­macht.

Marie: Das hat bestimmt ihr Leben umgekrempelt

Jacques (süßlich): Da haben wir uns kennengelernt, Céline und ich…

Marie (tut interessiert): Ach, wirklich?

Jacques: Ja, Tatsache… Ich war ein recht guter Tänzer, damals, wissen Sie… Eigentlich bin ich’s noch immer… Es ist wohl so, dass 40% der Männer ihre Frau beim Tanzen kennen­gelernt haben. (Zu Pierre) Haben Sie Ihre reizende Gattin auch auf diese Weise für sich eingenommen…?

Pierre: Ach nee. Nein, bei uns hat’s damit angefan­gen, dass ich sie in eine Einfahrt gezerrt ha­be, bei einem Gewitter, nachdem ich ihr angebo­ten habe, unter meinen Regenschirm zu kommen… Ist wohl eher selten, dass sich Ehepaare auf diese Weise kennen­lernen…

Peinliches Schweigen.

Marie: Das ist natürlich nur fantasiert von mei­nem Mann…

Pierre: Sie mag’s gar nicht, wenn ich das erzäh­le.

Marie: Möchten Sie noch was von dem Aperitif?

Céline: Ach… vielleicht noch einen Spritzer…

Pierre: Vor oder… nach dem Aperitif?

Marie wirft Pierre einen drohenden Blick zu und schenkt dann allen nach.

Céline: Wir haben Benjamin, unseren Jüngsten, im Kindergarten nebenan ange­meldet… Haben Sie von dem Gutes gehört?

Marie: Keine Ahnung, wir haben ja keine Kinder.

Céline: Ach, stimmt. Entschuldigen Sie…

Pierre: Na – ist ja nicht Ihr Fehler. Oder?

Schweigen.

Céline: Und Sie, Pierre? Was machen Sie so, beruflich…?

Pierre: Ich? Ach, nichts…

Die Nachbarn schauen begreiflicherweise etwas verdutzt.

Céline: (verständnisvoll): Auf Arbeitssuche…?

Pierre: Nee, ich suche nichts… Ich würde eher sagen: beschäftigungsloser Gehalts­empfänger. Ist gar nicht leicht, so weit zu kommen, wis­sen Sie? So tun, als ob man arbeitet, obwohl man gar nichts zu tun hat… Dazu muss man schon ein sehr guter Schauspieler sein.

Céline (verlegen): Hm, wenn das so ist: was machen Sie, wenn Sie nicht arbei­ten…? Ich meine… außerhalb Ihrer Bürozeiten…

Pierre: Naja… Ich bin Schauspieler, das ist es ja gerade! Gelegenheits­schau­spieler.

Céline (verwirrt): Schauspieler? Ach ja, Ihr Gesicht kam mir gleich bekannt vor… In was haben Sie gleich wieder gespielt?

Pierre: Schauen Sie manchmal „Feuer der Liebe“ im Fernsehen an?

Jacques (erstaunt): Ja, ich schon, gelegentlich – wenn ich mein Nickerchen mache.

Pierre: Dann haben Sie sicher die Werbung davor gesehen, für diese Sterbegeld­versicherung?

Jacques sieht nicht so aus, als wüsste er, worum es geht.

Pierre: Doch, bestimmt. Zwischen der Werbung für Hörgeräte und der für Treppen­lifte.

Jacques: Ähm… Ja, kann sein…

Pierre: Genau. Und der Typ, der im Sarg, das bin ich…

Jacques (erstaunt): Ehrlich…?

Pierre: Eine Rolle ohne große Worte, sozusagen…

Marie sieht missbilligend zu Pierre, der sich über die Wirkung des Gesagten freut.

Céline (verlegen): Und sonst, haben Sie noch andere Projekte…?

Es klingelt an der Wohnungstüre.

Jacques: Ach, Sie erwarten noch andere Gäste?

Marie: Nein, nein… Wir erwarten niemand mehr.

Pierre geht die Wohnungstür aufmachen.

Pierre (im Off): Ach, jetzt schon… Na gut. Warten Sie einen Moment, ich komm gleich wieder…

Pierre kommt mit einem Stapel Kalender zurück.

Pierre (verlegen): Es ist der Briefträger, mit den Weihnachtsgeschenken von der Post…

Jacques: Na, der ist ja früh dran, dieses Jahr… Sind Sie sicher, dass der Briefträger echt ist?

Pierre: Also, er hat eine blau-gelbe Jacke an und sieht ganz dem Typen ähnlich, der jeden Tag die Post bringt…

Jacques: Aha…

Pierre: Sie hätten nicht vielleicht zehn Euro, ich hab gerade kein Kleingeld… Ich geb es Ihnen dann später zurück…

Jacques sucht etwas widerwillig in seinen Taschen.

Jacques: Ach, zu dumm, ich hab den letzten 5-Euro-Schein für den Crémant ausgegeben. Aber ich hab noch 2 Euro, wenn Sie möchten…

Pierre: Ok, dann… gebe ich ihm einfach Ihren Crémant mit … Wenn’s Ihnen nichts ausmacht.

Jacques: Nein… Stört mich nicht…

Pierre reicht Jacques den Stapel Wandkalender.

Pierre: Suchen Sie sich schon mal einen aus…

Pierre geht den Crémant aus dem Tiefkühlfach holen. Währenddessen setzt Jacques eine altmodische Brille auf und sieht die Kalender mit überzogen ernsthafter Miene durch.

Jacques: Schau mal, Céline, ich nehme den hier mit den drei Kätz­chen… Die sind doch niedlich, findest du nicht?

Céline antwortet nicht. Pierre kommt mit der Flasche Crémant zurück.

Pierre: Sie können den Kalender gerne behalten…. Dafür bekommt der Briefträger Ihren Crémant…

Jacques: Danke.

Pierre geht mit den übrigen Kalendern und der Flasche Crémant ab.

Pierre (im Off): Hier, bitte schön, er ist gut gekühlt… Und dann schon mal: Frohe Weihnachten!

Pierre kommt wieder.

Céline: Frohe Weihnachten… Mitten im Oktober… Die sind ganz schön dreist, so früh im Jahr…

Pierre: Das muss die Klimaerwärmung sein… Es gibt keine Jahreszeiten mehr. Die Postboten sind auch schon ganz durcheinander…

Marie: Ich sehe mal nach meinem Schweinebraten mit den Pflaumen. Mir kommt es so vor, als ob es nach Gas riecht…

Jacques (steht auf): Dann geh ich mal rüber zu uns und sehe nach, was die Kinder anstellen. Bevor wir zu Tisch gehen…

Marie: Dauert noch einen Augenblick!

Jacques: Bemühen Sie sich nicht, ich kenne den Weg.

Céline (steht auch auf): Wo kann ich mir denn die Hände waschen? … Die Erdnüsse… Sind doch immer ein wenig fettig…

Marie: Ja, natürlich. Am Ende vom Flur, immer gera­deaus.

Jacques und Céline gehen ab.

Marie: Was ist denn in dich gefahren, denen zu erzählen, dass du in der Werbung für das Bestattungsinstitut den Toten spielst? (Macht ihn mit Ironie in der Stimme nach) „Eine Rolle ohne große Worte“…

Pierre: Ach, komm schon, das war doch nur, um ein bisschen Stimmung in den Laden zu bringen – es ist so was von totlangweilig mit den beiden, oder? Und wir sind erst beim Aperitif… Nur als Vorwarnung: das halte ich nicht bis zum Nachtisch aus… Wir müs­sen uns was einfallen lassen, damit sie Leine ziehen…

Marie: Du hast schon recht, besonders heißblü­tig sind sie nicht, aber… es ist ein bisschen zu spät, um sie noch auszuladen. Eins steht fest: Nochmal einladen werden wir sie nicht.

Pierre: Warte nur ab, nächstes Mal werden die uns einladen, du wirst schon sehen! … Da hast du uns einen schönen Schlamassel eingebrockt, da kommen wir nicht mehr so einfach raus – das ist dir hoffentlich klar?

Marie ist sich im Klaren, versucht aber es herunterzuspielen.

Marie: Ach, jetzt übertreibst du … Gut, ich werd versuchen, ein bisschen schneller aufzutischen… Hier, mach schon mal den Wein auf…

Pierre: Na, wenigstens bin ich seine Flasche Schampus losgeworden. Von so was krieg ich nur Blähungen…

Marie geht Richtung Küche. Pierre greift sich die Weinflasche. Céline kommt zurück.

Céline: Das ist wirklich nett von Ihnen, diese Kennlern-Einladung. Ich hab in dieser Gegend gewohnt, vor langer Zeit, als ich zur Schule gegangen bin, aber ich kenne hier niemanden mehr… Außerdem kann man sich unter Nachbarn mal mit kleinen Gefälligkeiten aushelfen…

Pierre: Ja, das sagt meine Frau auch… (Ihm kommt eine Idee) Übrigens, ich freue mich, dass Sie das sagen… Weil… Es ist nämlich so, dass ich Sie um etwas bitten wollte.

Pierre hält ihr die Flasche hin.

Pierre: Wären Sie so gut, die Flasche aufzumachen, ich weiß nicht, ob ich noch die Kraft dazu habe…

Céline stutzt, aber macht sich dann unbeholfen an der Flasche zu schaffen. Sie bemüht sich mit aller Kraft, den Korken herauszuziehen.

Pierre: Ich wollte uns nicht den Abend verderben, aber… Ich habe Krebs…

Bei diesen Worten gelingt es Céline plötzlich, den Korken mit einem einzigen Ruck herauszuziehen. Pierre nimmt ihr die Flasche ab und schenkt ein, während er weiter redet.

Pierre: Mir ist gerade eröffnet worden, dass ich einen Tumor habe… Ich muss meine Flatrate überzogen haben…

Céline: Ihre Flatrate…?

Pierre: Das Handy, Sie wissen schon… Die… Die Strahlung. Muss ein veraltetes Modell gewesen sein…

Céline (mitfühlend): Hirntumor…

Pierre: Schlimmer…

Céline sieht ihn an und überlegt, was wohl noch schlimmer sein könnte.

Pierre: Hodenkrebs…

Céline (entsetzt): Nein…!

Pierre: Die Freisprechfunktion, Sie wissen schon, schützt den Kopf, aber in Wahrheit wird das Problem nur verlagert…

Céline: Das tut mir entsetzlich leid für Sie…

Pierre (hebt sein Glas, um ihr zuzuprosten): Also dann, auf Ihr Wohl… Den lassen wir uns nicht entgehen…

Sie stoßen an, in Katastrophenstimmung.

Céline: Aber… jetzt gibt es doch schon Behandlungsmöglichkeiten…

Pierre: Ja… Mein Chirurg zieht eine Transplantation in Betracht… (Pause) Und das ist auch der Grund, warum ich meine Frau gebeten habe, Sie einzuladen… Sie und Ihren Mann…

Céline ist zutiefst betroffen.

Pierre: Noch etwas Wein?

Céline kann eine Aufmunterung gut gebrau­chen und lehnt nicht ab. Er schenkt ihr großzügig nach, sie leert das Glas in einem Zug.

Céline: Ah, gut, der Wein, nicht?

Pierre: Nehmen Sie sich doch von den Erdnüssen…

Sie bedient sich.

Pierre: Ja, also… Ich bräuchte einen Spender…

Céline: Einen Spender…?

Pierre rückt zu ihr und fasst sie an den Schultern.

Pierre: Wissen Sie, es lässt sich auch ganz gut mit nur einem Hoden leben… Die Operation ist harmlos und eine Woche später denken Sie gar nicht mehr dran. Nicht mal die Narbe ist zu sehen…

Céline (perplex): Das heißt, dass… Das müsste ich mit meinem Mann bereden… Ich weiß nicht, ob…

Marie kommt zurück und sieht die beiden in dieser zweideutigen Position.

Céline (verlegen): Ich sehe mal nach, ob Jacques mit den Kindern zurechtkommt… Sie wissen ja, wie die Männer so sind…

Sie geht hastig raus.

Marie: Na… Das sieht ja ganz so aus, als ob ihr euch inzwischen bestens versteht…

Pierre: Hör bloß auf. Das ist ein einziger Alb­traum. Wir müssen die beiden irgendwie loswerden…

Marie: Wie soll das deiner Meinung nach gehen? Wir können sie nicht gut rauswerfen – schließlich haben wir sie ja eingeladen!

Pierre: Wir ist gut…

Marie: Jaja, ich weiß, das war dumm von mir… Aber jetzt… jetzt ist die Sache gegessen… Ach, ich hab das Brot vergessen…

Bevor sie in die Küche geht, wirft Marie noch kurz einen Blick in „Elle“.

Marie (enttäuscht): So gut wie auf der Abbildung in Elle sieht der Braten nicht aus…

Pierre: Es sehen ja auch nicht alle Frauen auf der Straße so aus wie die Models in diesen Zeitschriften… Warum sollte das bei deinem Schweinebraten mit seinen Pflaumen anders sein…

Marie zuckt mit den Schultern und geht raus, leicht verstimmt. Sie dreht sich aber noch einmal zu Pierre um, bevor sie in der Küche verschwindet.

Marie: Versuch trotzdem ein bisschen nett zu ihnen zu sein…

Pierre: Damit die hier Wurzeln schlagen?

Marie: Die werden wir vielleicht noch zwanzig Jahre als Nachbarn haben. Besser, wir verkra­chen uns nicht schon gleich nach ihrem Einzug mit ihnen…

Pierre (verzweifelt): Mit Nachbarn kommt man am besten aus, wenn man sie erst gar nicht anspricht.

Marie will weiter in die Küche, aber dreht sich noch ein letztes Mal um.

Marie: Sag mal, du hast nicht zufällig die Katze gese­hen?

Pierre (etwas verlegen): Heute noch gar nicht…

Marie: Deine Zimmerpflanze war hoffentlich nicht giftig.

Marie geht raus. Jacques kommt zurück.

Jacques : Céline bringt noch den Kleinen ins Bett und kommt dann gleich wieder. Die anderen beiden schauen noch fern…

Pierre: Strip Poker…?

Jacques: „Die Abenteuer des Rabbi Jakob“… Mein Lieblingsfilm… Mmmm… Das riecht ja köstlich!

Jacques fasst Pierre an den Schultern.

Jacques : Ich bin sicher, wir werden uns gut verstehen… Solche Einladungen unter Nachbarn haben ja den Vorteil, dass man nicht weit zu fahren hat… Wir haben alle Zeit der Welt… und müssen garantiert nicht ins Röhrchen blasen!

Pierre (dem gerade etwas Neues einfällt): Sagen Sie, Jacques… Ich darf doch Jacques zu Ihnen sagen?

Jacques: Selbstverständlich, Pierre. Unter Nachbarn…

Pierre: Sie sind mir sehr sympathisch. Ich wollte Ihnen etwas vorschlagen. Genauer gesagt, ich und meine Frau…

Jacques (ahnungslos): Um was geht es denn?

Pierre: Sie haben doch bestimmt schon vom… vom Partnertausch gehört?

Jacques (wie vom Blitz getroffen): Nur vage…

Pierre: Also… meine Frau und ich… Also, wenn Sie wollen… Aber Sie brauchen sich nicht verpflichtet zu fühlen. Im Allgemeinen kommt es dazu zwischen Dessert und Kaffee… Aber wenn Sie nicht daran interessiert sind, können Sie einfach vor der Käseplatte aufstehen und gehen. Ich und meine Frau verstehen das dann schon…

Jacques ist fassungslos und hat auch nicht mehr Zeit zu antworten. Céline kommt zurück.

Céline: So! Jetzt können wir ganz in Ruhe den Abend verbringen, nur wir vier…

Céline bemerkt den etwas gequälten Gesichtsausdruck von Jacques.

Céline: Stimmt was nicht?

Jacques (verlegen): Doch, doch… Wir haben über… über freien Gütertausch gespro­chen. Über Globalisierung, über Standortverlagerungen und so was… Meine Frau ist übrigens auch eine große Verfechterin von freiem Partnertausch…

Céline (korrigiert, peinlich berührt): Von freiem Gütertausch…

Betretenes Schweigen. Marie kommt mit dem gefüllten Schweinebraten aus der Küche.

Marie: Jetzt aber… Wenn Sie nichts gegen Schweinefleisch haben, können wir uns zu Tisch setzen…

Sie setzen sich an den Tisch. Etwas beklemmende Stille.

Marie: Möchten Sie neben meinem Mann sitzen?

Céline fügt sich, unter dem besorgten Blick von Jacques. Marie serviert reihum.

Céline: Das sieht ja wirklich sehr lecker aus…

Marie will Pierre bedienen.

Pierre: Nein, danke…

Marie: Hast du keinen Hunger?

Pierre: Nicht besonders… Und dann, Fleisch hat mich schon immer ein wenig ange­ekelt. Sie nicht?

Jacques und Céline sehen ihn verblüfft an.

Pierre: Sie wissen ja, kein Tier kommt dem Men­­­schen so nahe wie das Schwein, es unterscheidet sich vom Menschen nur in ein paar Genen. (Sieht zu Jacques) Wenn auch nicht in allen…

Den Gästen hat diese Einführung ein wenig den Appetit verdorben. Marie versucht, das Thema zu wechseln.

Marie: Und Sie, Céline? Sie haben uns noch gar nicht gesagt, was Sie beruflich machen…

Céline: Ich zögere immer ein wenig, darüber zu reden… Es ist nicht besonders gut angese­hen, in der heutigen Zeit…

Pierre: Sind Sie Stripperin… oder… Kfz-Mechanikerin?

Céline: Schlimmer… Ich bin… (pathetisch) … Cost Killer.

Pierre und Marie verstehen nicht.

Jacques: Kosten-Nutzen-Optimiererin auf gut Deutsch… In gewissem Sinn eine Kopfjägerin…

Marie: Und was machen Sie genau?

Céline: Also… Ich werde hinzugezogen, wenn ein Unternehmen in Schwierigkeiten steckt und es darum geht, abgestorbene Zweige eines Betriebs zu kappen, damit neue Triebe ungestört nachwachsen können…

Jacques: Diese Kostenjäger sind eigentlich das Gegen­teil von Head-Huntern… Ich sag immer: meine Frau, die lässt Köpfe rollen, damit der Rubel wieder rollt…

Marie (fasst sich an den Hals, beeindruckt): Das hört sich interessant an…

Jacques: Meine Frau ist eine Art Robes­pierre in Sachen Revolution durch Liberalismus… Eine glühende Verfechterin von freiem Partnertausch…

Céline (korrigiert): Von freiem Gütertausch…

Jacques: Ähm… Ja, natürlich…

Marie: Und welche Köpfe möchten Sie als nächstes zum Rollen bringen…?

Céline: Bis jetzt waren es immer Unternehmen der Privatwirtschaft, die an mich herangetreten sind. Aber in letzter Zeit kommt der Öffentliche Dienst vermehrt auf mich zu, ich habe gerade einen neuen Auftrag anvertraut bekommen…

Marie (in leicht scherzhaftem Ton, aber innerlich besorgt): Sie werden sich doch nicht an das Bil­dungswesen heranmachen… Da könnte ich mir nämlich vorstellen, dass man als Erstes die Lehrer für Musiktheorie guillotiniert…

Céline: Lachen Sie nicht, die kommen schon noch dran. Aber im Moment habe ich den Auftrag, einen anderen Dinosaurier zu zerlegen…

Marie: Doch nicht die Parti Socialiste?

Céline (mit zufriedenem Lächeln): Nein, die Bibliothèque Nationale…!

Pierre verschluckt sich.

Pierre: Die Bibliothèque Nationale…!

Céline: Das bleibt natürlich unter uns… Ich fan­ge morgen früh an, noch ist niemand eingeweiht. Ich werde unter den Angestellten die Produktivsten selektieren; und nur die behalten ihren Arbeitsplatz… Die anderen, die werden durch Computer ersetzt…

Jacques: Meine Frau ist eine Killerin. In ihrer Branche wird sie nur noch Osama genannt. Wenn sie mit der Bibliothèque Nationale fertig ist, dann stehen von der mindestens zwei Türme weniger, das garantiere ich Ihnen…

Marie hat es die Sprache verschlagen und Pierre steht kurz vor einem Schlaganfall bleibt fast das Herz stehen. Ihre Gäste merken jedoch nichts davon.

Céline: Aber ich will sie nicht langweilen… Ihr Schweinebraten mit Pflaumen ist wirklich ausgezeichnet. Können Sie mir das Rezept geben?

Jacques steht auf.

Jacques: Sie entschuldigen mich bitte für einen Augenblick, vor dem nächsten Gang… Die Pflaumen zeigen Wirkung…

Céline: Dann nutze ich die Gelegenheit und schau noch mal nach den Kindern, ob sie nicht Schund auf Canal Plus oder Sky ansehen. Wir sind zwar nicht abonniert, aber wer weiß, ob die nicht doch irgendwie da rankommen…

Jacques und Céline gehen nach verschiede­nen Seiten ab.

Pierre (in Untergangsstimmung): Jetzt bin ich dran. Ich seh mich auf dem ersten Karren zum Schafott…

Marie: Hättest du bloß nicht damit angegeben, dass du fürs Nichtstun bezahlt wirst… (sie macht ihn nach) „Dazu muss man schon ein sehr guter Schauspieler sein.“

Pierre (außer sich): Immer langsam – wie hätte ich denn erraten sollen, dass sie Kopfjägerin ist? Auf den ersten Blick sah sie nicht besonders angriffslustig aus… Und außerdem hast du sie eingeladen! Wenn du mir gesagt hättest, dass Frau Pol Pot heute zum Abendessen kommt, hätte ich mich zurückgehalten…

Marie: Ich weiß auch nicht, wie wir das wieder gerade biegen können…

Pierre: Noch dazu, wo ich ihm zum Dessert einen flotten Vierer vorgeschlagen habe…

Marie: Wie bitte?

Pierre: Das war doch nur, um sie schneller loszuwerden…

Marie (beleidigt): Nett von dir, dass du dabei auch an mich gedacht hast… Jetzt wird sie dich nicht nur für einen Schmarotzer halten, sondern auch noch für notgeil.… Und was, wenn die beiden zugestimmt hätten…

Pierre: Ich hab nur mit ihrem Mann darüber gesprochen… Nebenbei bemerkt: er hat noch nicht abgelehnt… Das Problem ist, dass wir sie jetzt mit allen Mitteln hier behalten müssen, damit sie eine bessere Meinung von uns bekommen…

Marie steht kurz vor einem Nervenzusammenbruch und zündet sich eine Zigarette an.

Marie Ich glaube, das war nicht der richtige Tag, um aufzuhören. (Marie zieht ein paar Mal gierig an der Zigarette). Ah, das tut gut…

Pierre sieht sie entgeistert an, reißt sich aber wieder zusammen.

Pierre: Also gut, hör zu, wir sind an einem Punkt, wo ich nur noch eine Lösung sehe…

Marie: Das Gas aufdrehen, wie die Ex–Nachbarn…

Pierre: Sie weiß noch nicht, dass ich an der Bibliothèque Nationale arbeite… Wir müssen den Rest des Abends ausnutzen und sie irgendwie kompromittieren…

Marie: Und wie willst du das anstellen? Du wirst doch hoffentlich nicht von mir verlan­gen, dass ich diesen Schweinkram mitmache, den du ihrem Mann vorgeschlagen hast? Nur damit wir sie erpressen können und du deinen Job behältst?

Pierre: Nee, natürlich nicht, wenn sich’s vermeiden lässt… Als Erstes könnten wir sie dazu bringen, dass sie sich betrinkt… Die muss doch irgendwas haben, das sie verdrängt, bei ihrem ganzen vornehmen Getue…

Marie: Sie soll sich betrinken…? Glaubst du wirklich, dass wir sie dazu kriegen, dass sie auf den Tisch steigt und ein öffentliches Bekenntnis ablegt, wie bei einer Kulturrevolution…? Nee, wenn du die zum Reden bringen willst… kann ich mir nichts Anderes vorstellen, als sie mit dem Kopf in den Backofen zu stecken… (spinnt das weiter) Ich müsste sie irgendwie in die Küche locken, während du ihren Mann ausschaltest…

Pierre hört nicht auf sie. Er überlegt weiter…

Pierre: Ein öffentliches Geständnis… das bringt mich auf eine Idee…

Marie: Und zwar?

Pierre: Strip Poker!

Marie: Du willst ihnen jetzt tatsächlich einen Strip Poker vorschlagen?

Pierre: Einen Strip Poker, wie in dieser Reality-Show im Fernsehen! Wenn sie ordentlich über den Durst getrunken hat, schlagen wir ihr eine Partie Strip Poker vor.

Marie (besorgt): Was für eine Art von Strip Poker?

Pierre: Wer eine Runde verliert, muss zur Strafe auf eine indiskrete Frage antworten. So was wie ein Spiel um die Wahrheit! Die ist doch ne Zockerin…, wenn die einen in der Krone hat, macht sie bestimmt mit.

Marie (besorgt): Es ist nur so, dass ich nicht besonders gut im Pokern bin…

Pierre: Hast du was zu verheimlichen?

Marie: Nein, nicht direkt, aber…

Pierre: Na also!

Jacques und Céline kommen zurück.

Jacques: Ah, jetzt geht’s mir besser!

Marie: Gut… also…, dann können wir uns ja jetzt ans Dessert machen…

Verlegenheit auf Seiten von Jacques.

Jacques: Es wird so langsam spät, nicht? Wir sollten uns vielleicht auf den Heimweg machen …

Céline: Ach komm, Jacques, wir werden uns doch jetzt nicht einfach davonstehlen…

Pierre will die Nachbarn nicht mehr gehen lassen, um die Katastrophe abzu­wenden. Im Weiteren ist er in seinem Verhalten komplett umgewandelt.

Pierre (liebenswürdig): Kommt nicht in Frage! Nach dem Dessert spielen wir noch eine Runde… Mögen Sie Gesellschaftsspiele?

Céline: Da haben Sie meine Schwachstelle gefunden! Ich bin sehr verspielt… Stimmt’s, Jacques?

Licht aus.

DRITTER AKT

Es geht zu wie in einer verräucherten Spielhalle. Die vier sitzen um den Pokertisch, Kippe im Mundwinkel, ziemlich „aufgeknöpft“, über ihren Köpfen eine Lampe wie in den einschlägigen Filmen. Jacques und Céline sehen Marie beeindruckt zu, wie sie die Karten mit der Virtuosität eines Casino-Angestellten, eines „Dealers“, mischt.

Pierre: Kapiert? Am Ende jeder Runde darf der mit den meisten Chips demjenigen, der die wenigsten hat, eine Frage stellen…

Die Anderen nicken zustimmend.

Jacques (versucht zu witzeln): Solange es nicht meine Hosenknöpfe sind. Ansonsten habe ich nichts zu verbergen…

Pierre (in bedrohlichem Ton): Wir haben alle was zu verbergen… Man muss nur richtig nachbohren… Die richtigen Fragen stellen…

Die Stimmung ist zunehmend gespannt. Das Spiel beginnt. Die vier Spieler machen ihre Einsätze. Jacques hebt ab. Marie teilt die Karten aus (für jeden fünf). Pierre hält Céline eine Flasche hin.

Pierre: Noch ein kleiner Digestif gefällig…?

Céline (schon ziemlich angetrunken): Was soll’s! Eine kleine Ausschweifung von Zeit zu Zeit…

Jacques: Vernünftig ist das aber nicht… (Versucht es mit Humor) Sie wissen, dass man heute belangt werden kann, wenn man seine Gäste mit einem tüchtigen Zacken in der Krone abziehen lässt…

Pierre: Aber Sie haben ja selbst gesagt, dass Sie’s nicht weit nach Hause haben. Sie wohnen doch gleich gegenüber…

Jacques: Nebenan…

Pierre: Dann riskieren Sie ja nicht einmal, überfahren zu werden, wenn Sie über die Straße gehen… (zu Jacques, vieldeutig) Aber wenn es Ihnen lieber ist, können Sie natürlich auch hier bei uns schlafen…

Verlegener Gesichtsausdruck von Jacques.

Céline (leert ihr Glas auf einen Zug): Ah… Da schmeckt man schön die Birne heraus…!

Das Lächeln von Jacques friert ein. Marie ist fertig mit Geben. Jeder schaut in sein Blatt und versucht gleichzeitig, die Anderen auszuspähen..

Pierre: Zwei Karten…

Marie gibt ihm die Karten.

Céline: Drei…

Jacques: Eine…

Marie: Check…

Alle sehen erneut in ihre Karten und möglichst unbemerkt nach den Anderen. Dann machen sie nacheinander ihre Ansagen.

Pierre: Ich steige aus…

Jacques: Ich auch…

Céline: Nur noch wir zwei.

Marie: Ich will sehen…

Céline deckt ihre Karten mit kindlicher Begeisterung auf.

Céline: Vier Asse! Wer hat was Besseres?

Marie (geschlagen): Ein Buben-Dreier…

Céline sammelt ihren Pot ein. Alle sehen nach den ihnen verbliebenen Chips.

Céline: Jetzt darf ich also eine Frage stellen…

Unbehagen bei den Anderen, die ihre Chips zählen, besonders bei Marie, die am wenigsten hat.

Céline: Also… Frage an Marie!

Pierre und Jacques sind erleichtert.

Céline: Sie müssen uns die Wahrheit sagen…

Marie (unruhig): Nur zu, fragen Sie…

Céline: Haben Sie schon einmal jemandem etwas gestohlen? Oder einen Ladendiebstahl begangen?

Marie ist fast erleichtert.

Marie: Ja… ein Mal… Um ein Dach überm Kopf zu haben.

Jacques: Sie haben Geld gestohlen, um Ihre Miete zu bezahlen?

Marie: Neeein! Ein Camping-Zelt!

Céline: Ach, gar nicht Geld?

Jacques: Hm… Ich wäre nie auf die Idee gekommen, so etwas zu stehlen! Das bekommt doch jeder mit, wenn man ein Zelt mitnimmt?

Céline: Ein Zelt…? War das… aus Not? Wussten Sie nicht, wo Sie schlafen sollen?

Marie: Es war für einen Camping-Urlaub. Ich war in einem Einkaufszentrum und bin zur Kasse gegangen, um das Zelt zu bezah­len. Es war aber nicht die richtige Kas­se. Also bin ich zu einer anderen Kasse gegangen und merke plötzlich, dass ich schon durch die Sicherheits­schranke bin. Und wo ich schon mal draußen war…

Pierre: Das war kein richtiger Diebstahl… Du wolltest es ja gar nicht klauen…

Marie: Sagen wir so: ich hab auch nicht kehrt gemacht, um es zu bezahlen… Genau genommen hatte ich vor allem Angst, dass diese Sicherheitsschleuse anfängt zu piepen. Wär doch zu dumm gewesen, mich erwischen zu lassen, wie ich versuche, ein Zelt wieder in den Laden rein zu schmuggeln, wo ich es eben erst unabsichtlich geklaut habe… Wie hätte ich das den Wachleuten erklären sollen! Die sind ja auch nicht gerade mit viel Vorstellungskraft gesegnet…

Die anderen sehen so aus, als ob sie sich das gerade ausmalen.

Céline: War das wirklich das einzige Mal?

Marie: Ja…

Céline: Dann sind sie ja eher eigentlich ehrlich…

Marie: Wissen Sie, die meisten Leute sind nur ehrlich, weil sie nicht den Mut haben, unehrlich zu sein… Mir kam das Risiko immer unverhältnismäßig groß vor, verglichen mit der Befriedigung, die es mir vielleicht verschafft hätte…

Jacques (vom Alkohol enthemmt): …Ihren Mann zu betrügen…?

Marie: Das steht auf einem anderen Blatt…

Jacques: Na dann…

Beginn einer neuen Runde. Gleiches Karussell. Sie machen ihre Einsätze. Diesmal ist Pierre der Dealer und gibt.

Céline: Eine Karte.

Jacques: Weiter…

Marie: Weiter…

Pierre: Zwei Karten…

Sie machen wieder ihre Einsätze.

Céline: Ich gehe mit…

Jacques: Ich erhöhe um einen…

Marie: Ich passe…

Pierre: Ich will sehen…

Sie decken ihre Karten auf.

Pierre (siegessicher): Fullhouse!

Jacques: Flush!

Das Lächeln von Pierre erstarrt. Marie wirft ihm einen ironischen Blick zu.

Marie: Das fängt ja gut an…

Jacques nimmt sich den Pot.

Jacques: Jetzt bin ich mit der Frage dran.

Jetzt sind die drei anderen in der Defensive und zählen ihre Chips.

Jacques: Pierre… (Pierre knickt ein) Haben Sie schon einmal Lust gehabt, jemanden umzubringen?

Pierre: Vor heute Abend, meinen Sie?

Jacques: Und das auch schon ein Stück weit umgesetzt… Sonst zählt das nicht… Wenn man alle Ehemänner, die ihre Frau mindestens einmal in der Woche umbringen wollen, einsperren würde… Die Gefängnisse sind sowieso schon überfüllt…

Céline wirft ihm einen Blick zu, der töten könnte. Pierre versucht, sich zu erin­nern.

Pierre: Nicht, dass ich wüsste… (lacht) Ach doch… Obwohl – nicht wirklich vorsätzlich… Das war noch in meiner Schulzeit. Da war so ne Dicke mit Brille, die wir immer aufgezogen haben. Einmal, im Schwimmbad, haben wir ihre Brille in das tiefe Schwimmerbecken geschmissen. Sie konnte nicht schwimmen. Das hat sie aber in der Aufregung vergessen, ist reingesprungen und wollte ihre Brille rausfischen. Wir haben wie Walfische gelacht. Als sie nach fünf Minuten noch nicht aufgetaucht war, haben wir dann doch den Bademeister gerufen… Haben wir uns totgelacht…! Ich kann mich nicht mehr an ihren Namen erinnern, die Arme…

Céline: Céline Robert…

Pierre (erstarrt): Ach ja, kann gut sein…

Céline: Die Dicke mit der Brille – das war ich…

Pierre: Neee…!?

Céline: Ich hab doch gewusst: Ihr Gesicht kommt mir bekannt vor…

Jacques mischt sich ein, um die Stimmung etwas zu entspannen.

Jacques: Also… Auf ein Neues.

Nächste Runde. Nicht mehr so schwungvoll. Und in ungemütlichem Schweigen. Céline gibt.

Jacques: Ich bin raus.

Marie: Weiter…

Pierre: Ich bin auch raus.

Céline: Ich erhöhe um zehn…

Marie: Ich gehe mit und erhöhe um 20…

Céline (zieht nach): Ich will sehen.

Céline und Marie decken auf. Marie lächelt zufrieden. Céline lässt den Kopf hängen.

Marie: Ah, diesmal bin ich mit fragen dran… Frage an Céline…

Céline wird nervös.

Marie: Haben Sie schon einmal einen schwerwiegenden beruflichen Fehler begangen, den Sie vor niemandem zugegeben hätten?

Céline fühlt sich gar nicht wohl in ihrer Haut. Sie geht nach vorne an den Rand der Bühne, so als wolle sie ein Geständnis ablegen. Aber statt etwas zu sagen, zieht sie ihr Oberteil aus.

Licht aus.

Das Licht geht wieder an. Céline ist immer noch im Rampenlicht, vorne an der Bühne. Sie hat offensichtlich noch eine Runde verloren.

Marie: Ich wiederhole meine Frage… Haben Sie schon einmal einen schwer-wiegenden beruflichen Fehler begangen…?

Céline will schon ihren Rock ausziehen… hält aber dann inne und antwortet mit fast unhörbarer Stimme.

Céline (sehr leise): Ja…

Marie: Wie bitte?

Céline: Ja!

Marie: Was war das für ein Fehler?

Céline: Also gut… Aber nur, wenn es diese vier Wände nicht verlässt…? Verspro­chen?

Pierre und Marie nicken heuchlerisch.

Pierre: Stellen Sie sich einfach vor, dass Sie in einer Kirche sind und wir Ihnen die Beichte abnehmen…

Die verräucherte Spielhöllen-Atmosphäre passt kaum zu diesem Bild.

Jacques (belustigt): In einer Kirche…?

Marie: Oder einer Synagoge, wenn Ihnen das lieber ist.

Céline: Gibt’s in Synagogen Beichtstühle?

Pierre (ungeduldig): Was weiß denn ich… Stellen Sie sich einfach vor, Sie machen in einer Fernseh-Show mit, Stil Die Wahrheit und nichts als die Wahrheit

Céline: Also gut… Es war vor sechs Monaten, ungefähr… Bei einem meiner Firmen-Audits habe ich durchgesetzt, dass ein leitender Angestellter und seine Freun­din, die auch dort gearbeitet hat, entlassen wurden. Ich war fest davon überzeugt, dass die beiden sich aus der Firmenkas­se bedient hatten… Er, der Mann, ist damit nicht fertig geworden, er war 20 Jahre in dem Unternehmen. Er hat Selbst­mord begangen… Zusammen mit seiner Frau…

Pierre und Marie sehen sich voller Genugtuung an. Jetzt haben sie etwas gegen Céline in der Hand.

Céline: Sie haben das Gas aufgedreht…

Pierre (entsetzt): Die Nachbarn von gegenüber…!

Céline: Wie bitte?

Pierre: Ach, nichts…

Céline: Kurz nach ihrer Beisetzung wurde mir klar, dass sie unschuldig waren… Ich hatte da etwas falsch zusammengerechnet. Das habe ich aber niemandem gesagt… Ich habe auch nichts unternommen, um den guten Ruf dieser armen Leute wieder herzustellen… Ich habe mich zu sehr geschämt… (unter Tränen) Normalerweise verrechne ich mich nie.

Jacques tröstet sie.

Jacques (zu Pierre und Marie gewandt) Es geht ihr noch immer nahe, wenn wir darüber sprechen… (versucht weiter, seine Frau zu trösten) Möchtest Du, dass wir nach Hause gehen, Engelchen?

Pierre und Marie werfen sich einen Blick zu, der sagen will, dass sie auch genug haben, denn sie haben ja bekommen, was sie wollten.

Marie: Ja, das reicht, vielleicht…

Céline (fasst sich wieder): Nein, nein ich möchte Ihnen nicht den Abend verder­ben… Es geht schon wieder… (ist auf eine Revanche aus) Und außerdem kann man eine Poker-Partie nicht einfach so abbrechen… (in beunruhigendem Tonfall) Es ist ja noch nicht jeder dran gewesen…

Céline leert ihr Glas in einem Zug, um ihre Schuldgefühle zu vergessen.

Pierre: Na gut…

Jacques gibt. Sie setzen ihr Spiel schweigend fort. Die Stimmung ist beklem­mend.

Marie: Eine Karte…

Pierre: Weiter…

Céline: Ich gehe mit…

Jacques: Ich will sehen…

Sie decken ihre Karten auf.

Céline: Ich habe ein Paar…

Jacques: Drilling…

Marie: Vier Damen…

Pierre (triumphiert): Vier Könige!

Unbehagen bei den Anderen.

Pierre: Jacques…

Jacques erstarrt.

Pierre: Wissen Sie, was der Katze passiert ist, die ich heute Morgen unten in der Mülltonne gefunden habe…

Bestürzung auf Seiten von Marie. Verlegenheit bei Jacques und Céline.

Pierre: Sie müssen uns die Wahrheit sagen…

Auch Jacques geht nach vorne an den Rand der Bühne, als wolle er ein Geständnis ablegen. Aber statt etwas zu sagen, zieht er seine Hose aus und steht in Unterhosen da.

Licht aus.

Das Licht geht wieder an. Jacques ist immer noch im Rampenlicht, vorne am Bühnenrand. Auch er hat offensichtlich noch eine Runde verloren.

Pierre: Also, was war mit der Katze?

Jacques ist drauf und dran, seine Unterhose auszuziehen, doch dann antwortet Céline für ihn.

Céline: Die hatte mir schon drei Pflanzen auf meinem Balkon aufgefressen… Da habe ich die vierte Pflanze gestern mit Arsen besprüht.

Marie bricht in Tränen aus.

Pierre: Du lieber Gott! Das Kätzchen ist tot…

Alle sind peinlich berührt.

Jacques (will die Atmosphäre auflockern): Na, wie wär’s – noch ne letzte kleine Runde? Zur Wiedergutmachung…

Céline: Gut, aber danach geht’s ins Bett.

Die Anderen sitzen mit einem Gesichtsausdruck da, als ob sie nicht wissen, wie sie diese letzte Replik interpretieren sollen.

Neue Runde. Neue Einsätze. Marie gibt. Weitere Einsätze. Noch angespanntere Gesichter.

Pierre: Eine Karte.

Céline: Eine Karte.

Jacques: Weiter.

Marie: Eine Karte.

Jacques setzt seine ganzen Chips ein.

Jacques: All in…

Marie: Ich passe…

Pierre: Ich passe…

Céline: Ich auch…

Jacques sammelt den Pot ein. Er strahlt. Marie merkt mit Entsetzen, dass ihr die wenigsten Chips bleiben.

Jacques: Ich bin dran mit der Frage…

Marie (in Panik): Sie haben uns noch nicht gezeigt, welche Karten Sie auf der Hand haben…!

Jacques: Muss ich ja nicht! Wenn alle aussteigen…!

Er sieht die drei anderen der Reihe nach an, um die Spannung zu erhöhen.

Jacques: Marie hat die wenigsten Chips… Na, dann lass ich’s mal krachen…

Marie verkrampft sich.

Jacques (erbarmungslos): Sind Sie schon mal fremdgegangen?

Marie bleibt stumm. Pierre sieht zu ihr, unruhig.

Céline: Wir haben uns alle an die Spielregeln gehalten. Sie sind uns die Wahrheit schuldig…

Auch Marie geht an den Bühnenrand. Sie zieht ihr Oberteil aus.

Licht aus.

Licht an.

Jacques (erbarmungslos): Haben Sie Ihren Mann schon einmal betrogen?

Marie, immer mehr in Verlegenheit, zieht ihren Rock aus und steht jetzt in Unterwäsche da.

Licht aus.

Licht an.

Jacques (erbarmungslos): Haben Sie Ihren Mann schon einmal betrogen?

Marie ist kurz davor, ihre Unterwäsche auszuziehen, entschließt sich dann aber, lieber zu antworten.

Marie: Ein Mal… Ein einziges kleines Mal… Es war… ein Irrtum.

Pierre ist am Boden zerstört.

Céline (unerbittlich): Ein Irrtum? Wie damals bei dem Zelt?

Marie: Ja, so ungefähr…

Jacques (lässt nicht locker): Man schiebt aber keine Nummer mit einem anderen, wie man eine falsche Telefonnummer wählt…

Céline: Und wenn man sich schon verwählt hat, kann man auflegen, bevor man sich auf ein Gespräch einlässt…

Marie: Sagen wir einfach: ich hab nicht die Geistesgegenwart gehabt, rechtzeitig aufzulegen… Ich bin einfach zu gesprächig am Telefon…

Céline: Haben Sie Ihrem Mann schon mal davon erzählt?

Marie: Nein…

Céline: Warum nicht?

Marie: Ich war durch die Sicherheitsschranke, bevor die Alarmanlage losging… Und ich hab nicht den Mut gehabt, umzukehren und die Rechnung zu bezahlen…

Unbehagen. Pierre und Marie vermeiden den Blick des Anderen.

Jacques: Hmm. Na dann… Wir lassen Sie wohl besser alleine…

Pierre (zu Jacques): Haben Sie geblufft?

Jacques zeigt ihm selbstzufrieden seine Karten.

Jacques: Ich hatte nur so ein kleines Paar…

Erneut Stille. Céline und Jacques stehen auf und bereiten sich zum Aufbruch vor.

Jacques (zu Pierre): Ich habe auch eine letzte Frage an Sie…

Pierre: Das Spiel ist vorbei….

Jacques: Ich hab Ihnen doch auch mein Paar gezeigt…

Pierre: Na, dann fragen Sie…

Jacques: Sind Sie wirklich Schauspieler?

Pierre: Nein, aber ich schreibe Theaterstücke. Während meiner Arbeitszeit… (sieht zu Céline) in der Nationalbibliothek…

Céline: Ich verstehe… Kann ich mit Ihrer Verschwiegenheit rechnen…?

Pierre (unschuldig): Was die Nachbarn von gegenüber betrifft…? Wenn Sie in Ihren Bericht schreiben, dass ich der produktivste Mitarbeiter unseres Hauses bin und man mich auf keinen Fall durch einen Computer ersetzen kann.

Céline schluckt.

Céline: Darf ich mir ein Glas Wasser aus der Küche holen? Ich fühle mich gerade nicht besonders…

Marie: Nur zu…

Céline geht in die Küche.

Jacques: Nächstes Mal laden wir Sie zu uns ein…Dann spielen wir zur Abwechslung Scrabble…

Céline kommt zurück.

Jacques: Also dann, bis bald?

Pierre (zu Céline): Bis morgen…?

Die Nachbarn gehen ab. Pierre und Marie bleiben allein zurück. Sie wagen es kaum sich anzusehen und betrachten stattdessen die Unordnung ringsum. Das Handy von Marie klingelt.

Pierre: Gehst du nicht ran?

Marie: Ich weiß nicht, ob es für dich oder mich ist. Du hast meine Telefonnummer ja an alle deine Kumpels gegeben…

Pierre: Weil ich dir vertraue…

Marie ist verlegen.

Pierre (mit mehr Ernst in der Stimme): Wer war das… deine falsche Nummer?

Marie (verschämt): Jérôme…

Pierre: Schau an… Das hätte ich dem gar nicht zugetraut…

Marie umarmt Pierre reumütig.

Marie: Komm, lass uns noch eine Runde Strip Poker spielen…

Pierre: Ich setze alles auf Gewinn!

Suggestive Musik. Sie fängt einen Strip-Tease an. Er schaut zu, aufgeheizt, und setzt sich, um die Show zu genießen. Er holt eine dicke Zigarre heraus und will sie mit einem Streichholz anzünden, das er aus einer Schachtel herauszieht.

Für einen kurzen Augenblick sieht man Céline hereinspähen… mit einer Gasmaske vom letzten Krieg über dem Gesicht. Dann verschwindet sie wieder.

Marie hört plötzlich auf, gleichzeitig bricht die Musik ab…

Marie (besorgt): Findest du nicht, dass es nach Gas riecht?

Pierre winkt ab und macht das Zündholz an.

Licht aus.

Greller Blitz, gefolgt von einer Explosion.

Ende

Zum Autor

Jean-Pierre Martinez, geboren 1955 in Auvers-sur-Oise bei Paris, hat seine ersten Bühnenerfahrungen als Schlagzeuger verschiedener Rockgruppen gemacht. Nach Studium und eigener Lehre von Text- und Bildsemiotik an sozial- und theaterwissenschaftlichen Hochschulen (Ecole Pratique des Hautes Etudes en Sciences Sociales, EHESS; Conservatoire européen d’écriture audiovisuelle, CEEA) wurde er in der Werbebranche tätig, verfasste nebenher schon bald Drehbücher für das Fernsehen und kehrte schließlich als Theater-Autor und Dramaturg an die Bühne zurück.

Martinez zählt zu den produktivsten und meistgespielten der heutigen Theater- und TV-Drehbuchautoren Frankreichs und des französisch-sprachigen Auslands. Bis dato hat er an die 100 TV-Drehbücher und mehr als 80 Komödien verfasst, von denen einige zu Klassikern geworden sind (Vendredi 13 oder Strip Poker). In englischer und spanischer Übersetzung werden seine Theaterstücke regelmäßig auf Bühnen in Nord- und Lateinamerika gespielt.

Um seine Komödien interessierten Theatergruppen nahezubringen, hat Martinez sie zum freien Download auf einer eigenen Internet-Plattform eingestellt: La Comédiathèque, comediatheque.net. In Papierform können die Texte über die Webseite The Book Edition bestellt werden (zum Preis der entsprechenden Fotokopien).

Zum Übersetzer

Dr. phil. Hans-Joachim Bopst, Studium von Romanistik, Germanistik und Deutsch als Fremdsprache; nach über 10 Jahren Lehre an französischen Universitäten seit 1992 in der Übersetzerausbildung an der Universität Mainz / Germersheim tätig; Lehre, Forschung, Veröffentlichungen und Übersetzungen zu Tourismus, Sprachwissenschaft, Didaktik; zahlreiche Gastdozenturen, Vorträge und Workshops an in- und ausländischen Universitäten; seit 2016 Übersetzung der Komödien von Jean-Pierre Martinez.

Was ist eigentlich gemeint, wenn man vom „übersetzten Text“ spricht ? – Beide Texte: der Original-Text und der Text, in dem er sich spiegelt…

Grundlage für die deutsche Übersetzung der Stücke von Jean Pierre Martinez waren Übersetzungsübungen, die unter meiner Leitung am Fachbereich Translations-, Sprach und Kulturwissenschaft (FTSK) der Universität Mainz / Germersheim zwischen 2018 und 2020 stattfanden.

Mein Dank für Kreativität, Korrekturen und Tipps an alle beitragenden Studierenden und Kolleg*innen !

Hans-Joachim Bopst

In deutscher Übersetzung liegen folgende Theaterstücke von Jean-Pierre Martinez vor:

Die Touristen

Vier Sterne

Freitag, der 13.

Strip Poker

Alle Stücke von Jean-Pierre Martinez einschließlich der Übersetzungen können gratis von seiner Webseite heruntergeladen werden:
comediatheque.net

Das Werk einschließlich aller seiner Teile ist nach den Bestimmungen über geistiges Eigentum urheberrechtlich geschützt. Jede Verwertung des Werks – insbesondere die Bühnenaufführung – außerhalb der engen Grenzen des Urheberrechtsgesetzes und ohne Einwilligung von Autor und Übersetzer ist unzulässig und strafbar und kann zu hohen Schadensersatzansprüchen führen.

Text-Download: kostenlos

Paris / Heidelberg / Germersheim – März 2020

© La Comédi@thèque – ISBN 978-2-37705-402-2

Alle Stücke von Jean-Pierre Martinez einschließlich der Übersetzungen können als pdf-Datei gratis von seiner Webseite heruntergeladen werden oder von ihm als Buch bezogen werden : LA COMÉDIATHÈQUE

Theaterstücke in deutscher Übersetzung. Download. Komödie Humor Theater Zeitgenössisches Theater Komisch Zeitgenössisches französisches Theater Französische Komödie französische KomödienTexte von Theaterstücken pdf gratis herunterladen oder das Buch kaufen

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Trou de mémoire

Il est là. Elle arrive.

Lui – Bonjour, ça va ?

Elle – Ça va. Et vous ?

Lui – Ça va, ça va.

Elle – Il ne fait pas chaud, hein ?

Lui – Non, ça on ne peut pas dire qu’il fait chaud. On peut même dire qu’il fait froid.

Elle – Oui, c’est ce que je disais. En employant une litote.

Lui – Pardon ?

Elle – Une litote ! Dire moins pour insinuer plus, si vous préférez. Par exemple… « Je ne te hais point » pour dire « je t’aime ».

Lui – Il ne fait pas chaud, c’est une litote ?

Elle – Ça peut.

Lui – Et ça peut vouloir dire je t’aime ?

L’autre semble un peu déstabilisée, et met un temps pour relancer la conversation comme elle peut.

Elle – Je me demande même s’il ne fait pas plus froid cette année que l’année dernière.

Lui – Ah oui, c’est bien possible.

Elle – Je me souviens, il y a un an, à la même époque, j’étais en maillot de bain sur ma terrasse.

Lui – En maillot de bain ? Vous êtes sûre ? En plein mois de janvier ?

Elle se rapproche de lui.

Elle – Excusez-moi, j’ai dit n’importe quoi, pour meubler. Je ne me souviens plus du tout de mon texte.

Lui – Votre texte ?

Elle – Le trou de mémoire, mais alors là… Je dirais même le trou noir.

Lui – Comment ça, le trou noir…?

Elle – Le blanc, si vous préférez. J’espérais que ça revienne, mais non. Alors j’ai improvisé. Je suis vraiment désolée.

Lui – Désolée ? Mais de quoi ?

Elle – D’avoir oublié mon texte !

Lui – Mais enfin… on n’a pas de texte !

Elle – On n’a pas de texte ?

Lui – Non. Enfin, moi, je n’ai pas de texte.

Elle – Vous êtes sûr ? Alors vous aussi, vous improvisez ?

Lui – Oui, enfin…

Elle – Ça alors… Ça m’étonnait aussi. Balancer de telles platitudes. Donc vous dites n’importe quoi… Ah oui, je comprends mieux.

Lui – Comment ça je dis n’importe quoi ?

Elle – Ce qui vous passe par la tête.

Lui – Ah non, pas tout ce qui me passe par la tête. Je trie un peu quand même.

Elle – Si ce que vous dites, c’est le plus intéressant parmi tout ce qui vous passe par la tête, je n’ose même pas imaginer le reste…

Lui – Et donc vous, vous auriez un texte.

Elle – Ben oui.

Lui – Un texte que vous auriez oublié, donc.

Elle – C’est ce que je pensais, en tout cas. Mais vous êtes sûr que vous ne seriez pas en train de dire un texte, vous aussi.

Lui – Je ne sais pas… Vous croyez ?

Elle – Il y a tout de même quelque chose qui ne colle pas.

Lui – Quoi donc ?

Elle – Si vous, vous êtes en train de dire un texte, ce n’est pas possible que moi je sois en train d’improviser.

Lui – Et pourquoi ça ?

Elle – Ça ne collerait pas.

Elle – Ah oui, c’est sûr.

Elle – Ou alors c’est qu’on est en train d’improviser tous les deux.

Lui – Ou bien qu’on est en train de dire un texte tous les deux.

Elle – Mais qui aurait bien pu écrire des inepties pareilles ?

Lui – Vous savez, le théâtre contemporain… Peut-être que l’auteur improvisait, lui aussi.

Elle – Je vois, l’écriture automatique, tout ça.

Lui – Je pensais que c’était démodé.

Elle – Ce qui est sûr, c’est que l’auteur, lui, il n’avait pas de texte. Au départ…

Lui – Donc, quelque part, il improvisait…

Elle – Oui, on peut dire ça comme ça…

Lui – Alors pourquoi on improviserait pas un peu, nous aussi.

Elle – En fait, je me demande si…

Lui – Quoi ?

Elle – On ne serait pas en train d’écrire le texte à la place de l’auteur.

Lui – Je vois… Les personnages improvisent, et lui il n’a plus qu’à recopier.

Elle – Et c’est lui qui empoche les droits d’auteur.

Lui – Auteur… C’est vraiment un métier de feignant.

Elle – Je dirais même plus : de plagiaire.

Lui – De plagiaire ?

Elle – Si l’auteur plagie ses propres personnages…

Lui – En même temps, vous l’avez dit vous-même. On ne peut pas dire que ce qu’on raconte soit d’une très haute tenue littéraire.

Elle – Non, il faut bien le reconnaître.

Lui – Bon on a peut-être assez improvisé comme ça, non ?

Elle – Oui, ça ira bien.

Lui – Alors ?

Elle – Quoi ?

Lui – Qu’est-ce qu’on disait avant de parler ?

Noir

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