Théâtre Barretta, 14 place Saint Didier – 84000 Avignon
7 au 30 juillet 2022 à 18h30, relâches les dimanches
Libre Théâtre vous recommande ce spectacle
Les inventeurs du cinéma ne sont pas seulement ceux qui ont créé les procédés permettant de projeter sur un écran des images animées. Ce sont aussi ceux qui, au-delà d’une simple exploitation spectaculaire et documentaire de cette curiosité technique, ont eu l’idée d’utiliser ce nouveau média pour raconter des histoires en images. Alice Guy fut de ceux-là, en écrivant, réalisant et produisant plus de 1000 films de fiction, tant en France qu’aux États-Unis. Comme souvent, nombreux sont les hommes pouvant prétendre au titre d’inventeur. Comme toujours, l’histoire se charge d’escamoter les femmes du palmarès. Ce spectacle, tout en nous racontant la passionnante histoire de la naissance du cinéma, vise à réparer une injustice en mettant en lumière toute la place qu’eut Alice Guy dans l’avènement du septième art.
La Luna – 1 rue Séverine- Avignon
du 7 au 31 juillet à 12h55 – Relâches : 13, 20, 27 juillet
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Quelques notables de province, qui ont constitué une cagnotte à l’occasion des parties de cartes qui constituent leur seule distraction, décident d’aller la dépenser ensemble à Paris. Mais ils sont peu familiers des mœurs et travers de la capitale, et le voyage va tourner au cauchemar. Tous les ressorts du théâtre de boulevard sont mis à contribution pour mener cette intrigue tambour battant. Labiche campe à merveille pour s’en moquer ces personnages de petits bourgeois aussi mesquins que naïfs. Les intermèdes chantés, accompagnés sur scène en musique par les comédiens eux-mêmes, complètent agréablement ce spectacle sympathique qui nous permet de redécouvrir le théâtre de Labiche. Pour tous publics. Critique de Jean-Pierre Martinez
Mise en scène : Thierry Jahn
Interprètes : Philippe Beautier, Meaghan Dendraël, Xavier Fagnon, Thierry Jahn, Céline Ronté, Vincent Ropion, Barbara Tissier
Costumier : Jérôme Ragon
Lumières : Philippe Marcq
Décorateur : Jumeaux Yohann
Du 20 au 25 juillet 2021
Cour d’honneur du Palais des Papes – Avignon
(c) Christophe Raynaud de Lage / Festival d’Avignon 2021
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Nous avons tous en tête le tableau mouvant de ces bancs de poissons ou de ces nuées d’oiseaux dessinant ensemble dans la mer ou dans le ciel des formes graphiques et toujours changeantes. Qui dirige ces étranges chorégraphies collectives, parfaitement réglées, qui ne semblent pourtant pas avoir de chorégraphe autre que le groupe lui-même ? Et quel est véritablement l’objet de ces mystérieux ballets ? C’est l’image et la question qui viennent au spectacle de ces huit femmes dansant leur vie au rythme primitif des tambours, comme une seule entité, se séparant parfois pour mieux se retrouver et célébrer leur solidarité existentielle. De la crucifixion à la danse, Sonoma est aussi le récit mythique d’une possible libération. Comme Buñuel, c’est aux sources du folklore que Marcos Morau va puiser l’inspiration de ce spectacle hypnotique, composé de tableaux animés en noir et blanc ou faits d’ombres et de lumières. Une performance et une expérience extraordinaires, menées au rythme des tambours battant comme un seul cœur, et qui à la fin feront se lever toute l’assistance comme un seul Homme pour applaudir debout ces huit femmes.
Critique de Jean-Pierre Martinez
Avec Alba Barral, Àngela Boix, Julia Cambra, Laia Duran, Ariadna Montfort, Núria Navarra, Lorena Nogal, Marina Rodríguez, Sau-Ching Wong
Direction artistique Marcos Morau
Chorégraphie Marcos Morau en collaboration avec les interprètes
Texte El Conde de Torrefiel, La Tristura et Carmina S. Belda
Conseil dramaturgique Roberto Fratini
Répétition Estela Merlos, Alba Barral
Travail vocal Mònica Almirall, Maria Pardo
Scénographie Bernat Jansà, David Pascual
Lumière Bernat Jansà
Effets spéciaux David Pascual
Son Juan Cristóbal Saavedra
Costumes Silvia Delagneau
Théâtre des Brunes – 32 rue Thiers – Avignon
du 7 au 31 juillet à 13h – Relâches : 12, 19, 26 juillet
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Quelque chose de Tennessee Williams dans cette comédie tragique mettant en scène deux jeunes paumés et la femme forcément fatale qui, à ses dépens, vient perturber leur relation fraternelle trop fusionnelle. Les personnages de ces deux frères un peu frustes et très immatures sont superbement interprétés par des comédiens totalement engagés dans leurs rôles, à la manière de l’Actors Studio, et leur tentatrice un peu trop naïve, mettant en péril leur relation dominant-dominé, est incarnée également par une excellente comédienne. Mention spéciale cependant à Tigran Mekhitarian, qui dans cette pièce, par son animalité et sa violence à fleur de peau, nous rappelle parfois le jeune Brando du Tramway nommé désir.
Critique de Jean-Pierre Martinez
Théâtre La Factory – Théâtre de l’Oulle – 19, place Crillon – Avignon
du 7 au 31 juillet à 13h05- Relâches : 12, 19, 26 juillet
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Ivanov incarne à lui seul le monde en décrépitude qui l’a vu naître. Ses affaires périclitent et sa femme se meurt. Après un dernier sursaut vital, il finira lui-même par succomber à la mélancolie qui le ronge et qui le conduit inéluctablement au terme d’un destin tragique. On retrouve donc avec cette peinture cruelle de la décadence d’une certaine bourgeoisie de province l’un des thèmes de prédilection de Tchekhov. Avec un texte modernisé par ses soins et une très belle mise en scène, la Compagnie de l’Éternel Été nous offre un spectacle magnifique, en tempérant la gravité du propos par des parties chantées. Critique de Jean-Pierre Martinez
Metteur en scène : Emmanuel Besnault
Interprètes : Johanna Bonnet, Lionel Fournier, Benoit Gruel, Schemci Lauth, Elisa Oriol, Deniz Türkmen, Manuel Le Velly, Yuriy Zavalnyouk
Lumières : Cyril Manetta, Emma Schler
Scénographie : Angéline Croissant
Musique originale : Jean Galmiche
Théâtre Barretta, 12, place Saint Didier – Avignon
du 7 au 31 juillet à 16h15 – Relâches : 12, 19, 26 juillet
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Éric fête ses cinquante ans avec pour seule compagnie son épouse dévouée et son meilleur ami, qui est aussi son associé. Un dîner qui s’annonce banal… jusqu’au moment où Éric déballe le cadeau très particulier que son ami a choisi de lui offrir. Un cadeau qui tiendrait plutôt de la bombe à retardement… On n’en dira pas plus pour ne pas révéler l’élément déclencheur de cette comédie haletante et hilarante qui, de révélation en révélation, fera de cet anniversaire très ordinaire une soirée mémorable. Lorsqu’il est porté à la perfection, le théâtre de boulevard est un art, que l’auteur Didier Caron, qui joue aussi le rôle d’Éric, maîtrise en virtuose. Avec ses deux excellents partenaires de scène Bénédicte Bailby et Christophe Corsand, il vous fera passer une soirée inoubliable. Un coup de cœur de Libre Théâtre.
Critique de Jean-Pierre Martinez
Metteur en scène : Didier Caron et Karina Marimon
Interprètes : Bénédicte Bailby, Didier Caron, Christophe Corsand
Théâtre des Corps Saints – 76 place des Corps Saints – Avignon
du 7 au 31 juillet à 21h20 – Relâches : 13, 20, 27 juillet
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Désirée est veuve. Elle est encore jeune et avec son défunt mari, ce n’était pas vraiment les feux de l’amour. Benny vient de perdre sa mère. Il est célibataire et connaît mieux les vaches que les femmes. Ils se croisent presque tous les jours au cimetière et s’observent du coin de l’œil. Drôle d’endroit pour une rencontre. L’horloge biologique tourne, et elle cherche un géniteur pour l’enfant qu’elle n’a pas pu avoir pendant son mariage. Lui cherche surtout une femme pour l’aider à la ferme. Elle est bibliothécaire, intello et bobo. Il est éleveur, peu cultivé et pas très malin. Mais elle a des envies et il est bel homme. L’amour parviendra-t-il à les réunir malgré les différences qui les opposent ?
Adaptée du roman de Katarina Mazetti, cette comédie très enlevée tient d’abord sur le charisme naturel des deux interprètes. Gaëlle Le Roy est follement drôle en petite bourgeoise un peu coincée mais folle de son corps. François Tantot est attendrissant dans ce rôle de paysan gentiment idiot et très maladroit mais non dénué de charme. La mise en scène est rythmée, créative et burlesque. On ne s’ennuie pas une seule seconde, on s’émeut parfois et on rit beaucoup. Un spectacle à ne pas manquer. Critique de Jean-Pierre Martinez
Auteur : Katarina Mazetti
Adaptation : Laure Jeggy
Mise en scène : Séverine Anglada
Interprètes : Gaëlle Le Roy, François Tantot
Spectacle vu le 7 novembre 2021 au Théâtre du Chêne Noir à Avignon
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La société bourgeoise que moque Feydeau dans cette pièce, comme dans beaucoup d’autres, est une mécanique bien huilée, tournant plus ou moins rond, destinée à produire et à conserver un mouvement tout aussi perpétuel qu’inutile, en utilisant pour cela tous les rouages de conventions absurdes. Mais au moindre grain de sable, cette belle mécanique s’enraye, et ceux qui ont pour mission de la servir (le monde des hommes en général et celui des hommes politiques en particulier) se mettent à dérailler. D’après Bergson, ce qui provoque le rire, c’est le placage d’une mécanique sur du vivant, et c’est bien ce ressort qu’utilise Feydeau dans cette comédie.
Dans Mais n’te promène donc pas toute nue, le grain de sable qui fait dérailler cette belle mécanique, c’est la femme, et le rouage qu’elle vient enrayer c’est la prohibition de la nudité des femmes par les hommes, assimilée à un exhibitionnisme par définition indécent. Un sujet qui résonne encore étrangement dans le monde d’aujourd’hui. La Compagnie des Passeurs exploite à merveille le potentiel burlesque de cette comédie de Feydeau, en nous offrant un spectacle très visuel, qui à bien des égards nous rappelle avec bonheur l’univers de Chaplin. À ne pas manquer. Critique de Jean-Pierre Martinez
Mise en scène : Renaud Gillier
Avec : Luca Bozzi, Renaud Gillier, Charly Labourier, Maud Landau
Costumes : Agathe Helbo
Décor : Bozzi e Figli
Maquillage : Adrien Conrad
Graphisme : Jérôme Nicol
Spectacle vu au Théâtre des Halles à Avignon le 9 novembre 2021
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La « Compagnie du Jour au Lendemain » nous propose de découvrir ou de redécouvrir une courte pièce de Marivaux, très particulière par son propos théorique et sa facture abstraite. En effet, si les « disputes » philosophiques sont monnaie courante au siècle des Lumières, elles sont rarement portées à la scène, devant un public amateur de situations plus réalistes. Ici, afin de décider si l’inconstance en amour doit être premièrement imputée à la femme ou à l’homme, les initiateurs de cette dispute entreprennent de trancher la question par une expérience. Deux garçons et deux filles sont élevés en marge de la société avec chacun pour seule compagnie un couple de tuteurs. À l’âge de l’adolescence, ils sont enfin mis en présence des autres, le but étant de savoir qui de l’homme ou de la femme se montrera le premier inconstant dans ses choix amoureux. Cette expérimentation conclura finalement à une « double inconstance » à la fois masculine et féminine.
Au-delà de cette conclusion qui n’étonnera personne, Marivaux nous livre avec cette pièce très atypique une réflexion plus profonde qu’il n’y paraît d’abord sur la nature humaine, sur l’identité et sur la socialité. De la découverte et de l’amour de soi-même à la découverte et à l’amour de l’autre, ces quatre jeunes gens vierges de toute relation sociale (à l’exception de celle qu’ils entretiennent avec le couple qui les a élevés) franchissent successivement en une heure toutes les étapes de la construction de soi. Une construction, donc, qui exclut toute prédisposition d’un sexe ou de l’autre au « péché » originel d’inconstance. Plus encore, Marivaux présente cette inconstance non pas comme un péché, mais comme le mouvement de la vie elle-même, à travers le désir de la rencontre avec tous les autres plutôt qu’avec un seul.
Pour la conception de ce spectacle, la « Compagnie du Jour au Lendemain » a pris le parti de privilégier le théâtre dans le théâtre, en ajoutant au début une scène de L’Ours de Tchekhov, située ici sur la scène d’un théâtre en faillite, et en terminant sur une adresse au public. Après s’être découvert soi-même et avoir découvert l’autre puis le rival de l’autre, c’est le monde entier que ces jeunes gens sont invités à découvrir. Voir et être vu, n’est-ce pas cela aussi l’essence même du théâtre, sur scène, dans la salle, et dans le rapport entre la scène et la salle ? Lors de la représentation à laquelle nous avons assisté au Théâtre des Halles, la jeunesse était aussi dans la salle avec la présence de nombreux lycéens, qui ont ovationné ce spectacle, à la thématique très proche des préoccupations d’un public adolescent en pleine construction de son identité, notamment sexuelle. Soulignons aussi pour terminer que si cette pièce de Marivaux aborde des questions existentielles, elle le fait avec une extrême drôlerie, liée à la naïveté des personnages qui avec beaucoup de candeur expriment des vanités qu’on s’applique habituellement à cacher. Enfin, la bande son et les nombreuses chorégraphies qui agrémentent cette « dispute » en font un spectacle total. Pour les adolescents et pour tous ceux qui se souviennent encore avoir été adolescents. À ne manquer sous aucun prétexte. Critique de Jean-Pierre Martinez
Photo : Fred Saurel
D’après Marivaux, textes additionnels Anton Tchekhov Mise en scène Agnès Régolo Avec Salim-Eric Abdeljalil, Rosalie Comby, Antoine Laudet, Kristof Lorion, Edith Mailaender, Catherine Monin Scénographie, décors, création et régie lumière Erick Priano Complicité chorégraphique Georges Appaix Création et régie son Guillaume Saurel Costumes Christian Burle
La danse, pas plus que la peinture, n’a par nature vocation à être seulement figurative et narrative. Comme la musique, elle peut aussi se faire abstraite et purement formelle. L’émotion esthétique ne jaillit pas alors de la représentation et du récit, supports du symbole et de l’allégorie, mais de la sensation pure et de la liberté d’imaginer.
Fusionnant justement musique et chorégraphie, sans qu’il soit possible de décider si la musique accompagne la danse ou si elle la dirige, Alonzo King nous offre avec ces deux pièces de ballet un spectacle multi-sensoriel, débarrassé du pittoresque et de l’anecdote, pour toucher à la poésie pure quand, libérée elle aussi de la description et de la comparaison, elle touche à l’essentiel et au réel sans passer par l’idée concrète et la réalité commune. Les titres respectifs de ces deux pièces de ballet résument d’ailleurs parfaitement la proposition d’Alonzo King. Azoth, c’était pour les alchimistes le nom de l’agent permettant la transmutation du plomb en or. Cette définition pourrait tout aussi bien convenir à l’art du ballet, qui s’applique à transmuter la pesanteur de notre corporalité trop humaine en un élan à la fois formel et spirituel vers une perfection idéale. The Personal Element, par ailleurs, illustre bien cette conception poétique du ballet d’Alonzo King qui, sans imposer au spectateur un langage à décoder et une signification à trouver, lui laisse la liberté de découvrir dans l’émerveillement son propre rapport esthétique à l’art et de donner un sens très personnel au spectacle qui lui est offert.
Un très beau spectacle, magistralement interprété par le Alonzo King LINES Ballet de San Francisco, actuellement en tournée en Europe.
Critique de Jean-Pierre Martinez
Chorégraphie Alonzo King Musique : Jason Moran (The Personal Element et Azoth) et Charles Lloyd (Azoth) Arrangements musicaux : Philip Perkins Lumières : Jim French Costumes : Robert Rosenwasser