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L’or et l’argent

Deux personnages, visiblement désœuvrés.

Un – Qu’est-ce qu’on disait, déjà ?

Deux – Rien…

Un – Ah oui… (Nouveau silence) Sinon, toi, ça ?

Deux – Ça va… Et toi ? Tu as l’air soucieux…

Un – Non, non, c’est juste que…

Deux – Quoi ?

Un – Je ne sais plus quoi faire de mon fric.

Deux – Tu en as tant que ça ?

Un – Je ne sais pas…

Deux – En tout cas, tu es riche.

Un – À partir de combien on est riche ?

Deux – À partir du moment où on ne sait plus quoi faire de son fric, j’imagine.

Un – Alors il faut croire que je suis riche.

Deux – Tu n’as vraiment plus besoin de rien ?

Un – J’ai déjà tout ce qu’il me faut. Je suis à l’abri du besoin, comme on dit.

Deux – Et il n’y a plus rien qui te fasse envie ?

Un – Malheureusement, avec l’âge, on a de plus en plus d’argent et de moins en moins d’envies.

Deux – Achète quelque chose de beau.

Un – Quelque chose de beau ?

Deux – Des œuvres d’art. En plus, c’est défiscalisé.

Un – Quoi par exemple ?

Deux – Les tableaux, c’est ce qui prend le moins de place…

Un – C’est fragile, les tableaux, non ?

Deux – C’est sûr. Tu n’as qu’à acheter des sculptures, alors. Le marbre, ça ne vieillit pas.

Un – Je me demande si je ne vais pas acheter des lingots, plutôt.

Deux – Des lingots ?

Un – Des lingots d’or.

Deux – Tu ne sais plus quoi faire de ton argent, alors avec ton argent, tu vas acheter de l’or ?

Un – C’est plus solide que les tableaux, non ? Ou même que le marbre. L’or, c’est indestructible.

Deux – Oui, mais les tableaux ou les sculptures, tu peux les regarder.

Un – Les lingots aussi, tu peux les regarder.

Deux – Tu crois ?

Un – Je n’en ai jamais vu en vrai, des lingots d’or. Si j’en avais, je suis sûr que j’aimerais bien les regarder.

Deux – Ouais…

Un – Si tu avais des lingots, tu n’aimerais pas les regarder, toi ?

Deux – Si, sûrement…

Un – Ouais… Des lingots, pourquoi pas…

Deux – Sinon… tu pourrais en donner un peu, de ton argent.

Un – En donner ? À qui ?

Deux – Je ne sais pas, moi… À ceux qui en ont moins que toi.

Un temps.

Un – Tu as moins d’argent que moi, toi ?

Deux – Je ne sais pas.

Un – Je crois que je vais acheter des lingots.

Deux – OK.

Un – Si tu veux, tu pourras les regarder avec moi.

Deux – Merci.

Pour de vrai et pour de rire

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Une tapette

Deux personnages, qui ressemblent à des clochards mais qui pourront avoir des masques de souris, regardent fixement devant eux.

Un – Tu vois ce fromage, là-bas.

Deux – Je ne vois que ça depuis tout à l’heure.

Silence.

Un – Pourquoi on ne s’est pas encore précipités dessus ?

Deux – Je ne sais pas. Je me méfie.

Un – Moi aussi.

Deux – C’est trop beau pour être vrai.

Un – Il est un peu trop frais, ce fromage.

Deux – Il a l’air de sortir directement du frigo.

Un – Il ne ressemble pas aux morceaux de fromage qu’on trouve par terre ou dans les poubelles.

Deux – Dans les poubelles, c’est seulement des croûtes.

Silence.

Un – Et puis c’est quoi ce truc ?

Deux – Quel truc ?

Un – Ce bout de fromage, il est posé sur une petite planche.

Deux – Ah oui… J’étais tellement fasciné par le fromage que je n’avais pas remarqué la planchette.

Un – Une petite planche, avec une petite barre en métal jaune.

Deux – Jaune comme de l’or.

Un – Oui.

Deux – Ça brille, c’est joli.

Un – Qu’est-ce que ça peut bien être ?

Deux – Un plateau à fromage ?

Un – D’habitude on doit se contenter des miettes sous la table, et là on nous sert ça sur un plateau.

Deux – Qu’est-ce qu’on attend pour y aller ?

Un – En même temps, il n’est pas bien gros ce morceau de fromage. Il n’y en aura pas pour deux.

Deux – Ouais…

Un – Vas-y, je te le laisse.

Deux – Je ne sais pas… Et si c’était un piège ?

Un – On ne va quand même pas le laisser perdre, ce serait dommage.

Deux – Je crois que je vais me laisser tenter.

Un – Après tout… on ne vit qu’une fois.

Deux – J’y vais…

Noir. Bruit sec du piège qui se déclenche. Lumière. Il n’y a plus sur scène que le deuxième personnage.

Un – Ouais, on ne vit qu’une fois… Et encore, pas toujours très longtemps. Enfin… maintenant je vais pouvoir le récupérer, ce morceau de fromage…

Pour de vrai et pour de rire

 

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Le piège

Deux personnages se font face.

Un – Alors c’est décidé, tu veux te débarrasser d’elle ?

Deux – Je ne vois pas d’autres solutions. J’ai tout essayé, je t’assure.

Un – On parle de tuer, là. Il n’y a pas de retour en arrière. C’est définitif.

Deux – Je sais.

Un – Tu te sens de vivre avec ça sur la conscience pendant le restant de tes jours ?

Deux – J’en assume la responsabilité, mais je ne suis pas capable de le faire. Tu serais d’accord pour t’en occuper ?

Un – Ce ne sera pas gratuit, évidemment.

Deux – Évidemment.

Un – Quand on ne veut pas se salir les mains, il y a un prix à payer.

Deux – Combien ?

Un – Je te ferai un prix d’ami, rassure-toi.

Deux – OK. Et comment est-ce que tu comptes t’y prendre ?

Un – Tu es sûr de vouloir le savoir ?

Deux – Je préférerais qu’elle ne souffre pas.

Un – Je vais lui tendre un piège.

Deux – Bon… Si tu crois que c’est le plus efficace…

Un – Tu pensais à quoi ? Une arme à feu ?

Deux – Je ne sais pas…

Un – J’ai mes principes, moi aussi. Avec une arme, ce serait vraiment un crime. Le piège, c’est une sorte de compromis entre l’accident et le meurtre. Entre le suicide involontaire et l’homicide hasardeux.

Deux – Pourtant le piège implique bien une intention de tuer…

Un – Oui, mais il requiert aussi le concours de la victime. Si ce n’est son approbation tacite, du moins sa participation fortuite.

Deux – Vraiment ?

Un – Quand on tire sur quelqu’un avec un revolver, on ne lui laisse aucune chance. Avec un piège, la victime a toujours la possibilité de l’éviter. Le meurtrier fait la moitié du chemin, et la victime l’autre moitié.

Deux – À son insu.

Un – En tout cas inconsciemment.

Deux – Bon… Et c’est quoi, ton piège, exactement ?

L’autre sort de sa poche une tapette à souris et lui montre.

Un – Ça.

Deux – Une tapette à souris ?

Un – En plus grand, évidemment.

Deux – Et c’est toi qui vas la construire ?

Un – Ce n’est pas une technologie très sophistiquée, non plus. Si tu respectes les proportions.

Deux – Bon…

Un – Évidemment, il y aura quelques frais en plus…

Deux – Et tu comptes l’attirer avec quoi ? Pas avec du fromage, j’imagine…

Un – Ça dépend… C’est quel genre de souris ?

Deux – Le genre souris de luxe.

Un – Dans ce cas, il y aura aussi un petit supplément pour l’appât.

Deux – Bon… Du moment que tu m’en débarrasses.

Pour de vrai et pour de rire

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La fête des morts

Une tombe, avec un portrait du défunt et une plaque « À la mémoire de Jacky ». Par terre un vieux journal. Deux personnages arrivent l’un après l’autre, chacun avec un pot de fleurs, qu’ils déposent maladroitement devant la tombe. Ils semblent ne pas se connaître, et ils ont l’air embarrassés. Silence.

Un – Toutes mes condoléances.

Deux – Merci…

Un – Vous êtes de la famille, sans doute…?

Deux – Euh… non, pas vraiment. Et vous ?

Un – Moi non plus.

Ils regardent autour d’eux pour vérifier qu’ils sont bien seuls.

Deux – On est peut-être en avance.

Un – Oui…

Deux – Ou en retard.

Un – C’est étonnant qu’on soit si peu nombreux.

Deux – Pourtant… c’était quelqu’un de très apprécié.

Un – Oui.

Deux – Vous le connaissiez ? Enfin, je veux dire… vous le connaissiez bien ?

Un – Pas plus que ça, en fait… Et vous ?

Deux – Moi non plus. D’ailleurs, je vous avoue que je ne sais pas très bien ce que je fais là.

Un – C’est toujours un peu ce qu’on se dit quand on assiste à un enterrement, non ?

Deux – Oui… On vient pour faire plaisir et puis… on finit par se demander ce qu’on fait là.

Un – Pourtant, je m’étais bien juré de ne plus assister à aucun enterrement.

Deux – Oui, moi aussi… Sauf le mien, évidemment.

Un – On a quand même bien fait de venir… sinon il n’y aurait eu personne.

Un temps.

Deux – C’est bien triste…

Un – Ce n’est pas un âge pour mourir, c’est sûr.

Deux – Il avait quel âge, exactement ?

Un – Exactement… je ne sais pas. Mais il n’était pas si vieux que ça, non ? D’après sa photo, en tout cas…

Deux – C’est peut-être une vieille photo.

Un – Peut-être… Vous avez remarqué ? Quand on met une photo sur une tombe, en général, on choisit une photo du défunt quand il était encore jeune et en bonne santé.

Deux – C’est vrai. Une photo de lui avant sa maladie ou… son accident.

Un – Ou… sa décrépitude.

Un temps.

Deux – D’ailleurs, il est mort de quoi, au juste ?

Un – Ah, je ne sais pas…

Deux – Ce qu’on sait, c’est qu’il est mort.

Un – C’est même la seule chose qu’on sait de lui avec certitude.

Silence.

Deux – Elles sont très belles, vos fleurs.

Un – Les vôtres aussi.

Deux – Ce sont les mêmes, non ?

Un – On a dû les trouver au même endroit.

Deux – Oui…

Un – J’ai trouvé les miennes sur une tombe, pas très loin d’ici. Je n’avais pas pensé à acheter des fleurs alors… j’ai pris celles-ci en passant.

Deux – Ah, oui…

Un – Et vous ?

Deux – Pareil. Je n’avais pas d’argent sur moi… Je les ai ramassées sur une tombe, un peu plus loin, là-bas.

Un – Les fleurs, c’est devenu tellement cher, de nos jours.

Deux – Et puis bon, celui à qui on les a volées n’ira pas se plaindre à la police.

Le regard de l’autre tombe sur le journal, par terre.

Un – Je ne sais pas ce qu’il fait là, ce journal… Ils auraient pu le ramasser…

Il ramasse le journal et regarde la une.

Deux – Il n’est pas très bien entretenu, ce cimetière. Je ne sais pas s’il y a un gardien. N’importe qui peut voler des fleurs sur la tombe d’un inconnu.

Un – Tiens c’est curieux, il y a sa photo en première page…

Deux – Sa photo ?

Un – C’est au sujet de sa disparition…

Deux – Et alors ? Il est mort comment ?

L’autre parcourt l’article.

Un – Un carambolage, apparemment.

Deux – Ah oui…?

Un – Il avait trois grammes d’alcool dans le sang, il roulait trop vite, il a franchi une ligne jaune, et il a pris de plein fouet la voiture qui venait en face.

Deux – Ah merde.

Un – Celle qui venait juste derrière n’a pas eu le temps de freiner non plus.

Deux – Plusieurs victimes, donc…

Un – Avec lui, ça fait trois.

Deux – Tout ça à cause d’un chauffard…

Un – Si j’avais su… je ne suis pas sûr que je serais venu.

Deux – Non, moi non plus…

Un – Mais est-ce qu’on avait le choix ?

Ils échangent un regard énigmatique. Nouveau silence. Un troisième personnage apparaît.

Deux – Ah… voilà quelqu’un d’autre.

Un – La famille, sans doute.

Le troisième personnage s’approche. C’est celui dont on voit le portrait sur la tombe.

Deux – Ça doit être son frère, il lui ressemble un peu.

Trois – Bonjour… Merci d’être là… Enfin, je veux dire…

Deux – Non, non… C’est normal.

Ils se recueillent un instant en silence.

TroisVous ne m’en voulez pas trop, j’espère…

Les deux autres échangent un regard étonné.

UnPourquoi est-ce qu’on vous en voudrait? Ce n’est pas vous qui l’avez tué, j’imagine…

TroisNon bien sûr… Encore que, d’une certaine façon…

UnAh oui…?

TroisEn tout cas, merci pour les fleurs.

DeuxIl n’y a pas de quoi, je vous assure…

UnC’est la moindre des choses… (Un temps) Vous êtes… Enfin vous étiez…

Deux – Vous le connaissiez bien…?

Le troisième personnage semble un peu surpris.

Trois – Oui, on peut dire ça.

Deux – C’est vraiment trop bête de partir comme ça… Aussi jeune…

Trois – Oui…

Un – Sans parler des deux autres victimes, qui n’avaient rien demandé à personne.

Deux – L’alcool au volant, quel fléau… On ne le dira jamais assez…

Malaise.

Trois – Enfin, maintenant, on ne peut rien y changer, alors à quoi bon se lamenter ? (Un temps) Je vous sers quelque chose ?

Un – Pardon ?

Trois – Un rafraîchissement ? Une coupette…

Moment de flottement.

Deux – Va pour une coupette. Après tout, ça nous remontera un peu le moral…

Trois – Et puis maintenant, qu’est-ce qu’on risque ?

Le troisième personnage repart.

Un – Pourquoi pas…? Ça se fait de boire un verre à la santé du défunt, non ?

Deux – Vous voulez dire à sa mémoire, sans doute. Parce que boire à la santé d’un mort…

Un – Oui, bien sûr…

Deux – Et puis généralement, on ne trinque pas directement sur sa tombe, si ?

Un – Je crois qu’ils font ça, au Mexique, le jour de la Fête des Morts.

Deux – C’est vrai… mais on n’est pas au Mexique.

Un – Et puis ce n’est pas la Fête des Morts.

Deux – Vous êtes sûr ?

Un – De quoi ?

Deux – Que ce n’est pas la Fête des Morts.

Un – Je ne sais pas…

Deux – En tout cas, on n’est pas au Mexique… Si…?

Silence. Le troisième revient avec trois coupes de champagne sur un plateau, qu’il tend aux autres avec un large sourire. Il tient dans l’autre main une bouteille de champagne, qu’il pose sur la tombe.

Trois – Allez-y, je vous en prie…

Chacun prend une coupe.

Deux – Merci.

Ils semblent tous un peu embarrassés.

Un – Bon, alors à la mémoire de… (Vérifiant sur la plaque) Jacky.

Trois – C’est ça.

Ils lèvent leurs verres, avant de les vider.

Deux – Il est bien frais.

Un – Oui, c’est du bon.

Le deuxième saisit la bouteille et regarde l’étiquette, intrigué.

Deux – Madame Clicquot…?

Trois – Ici, les veuves, ça n’existe plus… Au cimetière, tous les couples finissent par se retrouver un jour ou l’autre.

Un – Bien sûr…

Moment de flottement. Ils boivent à nouveau.

Trois – Ce serait encore meilleur avec des canapés, non ?

Deux – Ne vous dérangez pas, on va rester debout.

Un instant déconcerté, le troisième affiche ensuite un large sourire.

Trois – Ah oui ! Non, je voulais dire, des canapés…

Deux – Oui, j’avais compris… Je plaisantais…

Trois – Je vais les chercher…

Le troisième sort à nouveau, en emportant le plateau.

Un – Des canapés… C’est dingue, non ?

Deux – Oui…

Un – Qu’est-ce qu’il a voulu dire avec son histoire de veuve ?

Deux – Je ne sais pas…

Un – Remarquez, c’est sympa, cet enterrement, non ?

Deux – Oui, ça ressemble un peu à un barbecue entre amis.

Un – Sauf que personne ne se connaît.

Deux – Je n’ai pas bien compris qui c’était… Je veux dire, par rapport au défunt.

Nouveau silence. Il regarde la tombe, et donc le portrait.

Un – Il lui ressemble un peu, non ?

Deux – Je dirais même qu’il lui ressemble beaucoup…

Un – Vous croyez que c’est lui ?

Deux – Comment ça pourrait être lui ? Il est mort…

Un – Je ne sais pas.

Le troisième revient avec cette fois des canapés sur son plateau.

Trois – Et voilà ! Je vous en prie, servez-vous…

Un – Merci.

Ils se servent chacun leur tour.

Deux – Je crois que je vais goûter celui-là.

Un – Oui, ils sont très bons.

Deux – Et puis c’est original, ces canapés, en forme de…

Un – En forme de cercueils.

Trois – Je me suis dit que pour cette occasion…

Deux – Oui…

Ils mâchent leurs canapés.

Un – Ça donne soif…

Trois – Je vais chercher sa petite sœur…

Deux – Sa petite sœur ?

Trois – Une autre bouteille !

Un – Ah, oui…

Il sort à nouveau. Les autres regardent le portrait.

Deux – C’est vraiment lui, non ?

Un – On dirait bien.

Deux – Alors il ne serait pas mort ?

Un temps.

Un – Ou alors, c’est qu’on est morts aussi.

Deux – Oui…

Ils échangent un regard embarrassé.

UnExcusez-moi un instant… (Il s’éloigne un moment et revient) C’est dingue…

Deux – Quoi ?

Un – Il y a la mienne aussi…

Deux – La vôtre ?

Un – Ma tombe.

Deux – Vous êtes sûr ?

Un – Il y a mon nom gravé sur la pierre tombale.

Deux – Ah, oui…

Un – Et puis il y a mon portrait. Quand j’étais plus jeune…

Deux – C’est laquelle ?

L’autre lui désigne une tombe du doigt.

Un – C’est la tombe sur laquelle j’ai pris ce pot de fleurs. Je n’avais pas fait attention…

Silence.

Deux – Dans ce cas… il y a sûrement la mienne aussi.

Un – Possible… (Un temps) Donc, ce n’est pas… un pot de départ.

Deux – Ce serait plutôt un pot de bienvenue.

Un – Pour ne pas dire une pendaison de crémaillère.

Silence.

Deux – Vous vous en souvenez, vous ?

Un – De quoi ?

Deux – Ben… Comment on est morts…

Un – Je ne suis pas sûr, mais…

Il reprend le journal et regarde à nouveau l’article.

Deux – Qu’est-ce qu’il y a ?

Un – Il y a une photo de l’accident.

Deux – Et alors  ?

Un – Les bagnoles ne sont plus que des tas de ferraille mais… je me demande si je ne reconnais pas ma Twingo rouge, là…

Deux – Faites voir… (Il prend le journal et regarde.) Ah oui… je n’aurais pas reconnu la mienne, mais… c’est bien ma plaque d’immatriculation.

Un – Alors dans les voitures d’en face, c’était nous…

Deux – Apparemment…

Un temps.

Un – Et il espère se faire pardonner avec son champagne Madame Clicquot…

Deux – Et ses petits fours en forme de cercueils.

Un – Il ne manque pas de culot…

Deux – Je vais le tuer.

Un – Il est déjà mort.

Deux – Et nous aussi…

Le troisième revient, un large sourire sur les lèvres, et une autre bouteille de champagne à la main.

Trois – Je vous ressers ?

Les deux autres lui lancent un regard assassin.

Pour de vrai et pour de rire

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Opération du Saint-Esprit

Un homme, assis sur un lit. Il se lève, une valise à la main. Une femme arrive en combinaison façon extraterrestre.

Femme – Bonjour mon chéri.

Homme – Mais, je ne comprends pas… Où est passé la…

Femme – La Faucheuse ? Je l’ai envoyée nous chercher deux cafés au distributeur. Je ne pensais pas que ce serait aussi facile de s’en débarrasser. Mais nous n’avons pas de temps à perdre…

Homme – Alors c’était vrai ? Je suis vraiment marié ?

Femme – Aussi vrai que je suis une extraterrestre.

Homme – Mais enfin… comment est-ce possible ?

Femme – C’est une histoire un peu compliquée… En fait c’est ma mère qui… Mais je te raconterai ça pendant le voyage.

Homme – Quel voyage ?

Femme – Je vais t’emmener sur la planète d’où je viens.

Homme – Et alors, qu’est-ce qui va se passer ?

Femme – Crois-moi, nos hôpitaux sont beaucoup plus performants que celui-ci.

Homme – Et j’imagine qu’il n’y a aucun risque d’y croiser un interne roumain.

Femme – Aucune.

Il jette un regard autour de lui.

Homme – Et on ne reviendra jamais ici ?

Femme – Ne me dis pas que tu regretteras cet endroit.

Homme – Je commençais à m’habituer.

Femme – Si tu préfères attendre que la Faucheuse revienne du Service de Psychiatrie avec son thermos et sa faux en plastique. Après tout, tu as déjà reçu l’extrême-onction. Tu peux tenter le coup avec le curé…

Homme – Je n’ai pas trop confiance… Le pari de Pascal… Je n’ai jamais eu de chance avec les paris. D’ailleurs je n’ai jamais eu de chance en général. Même l’opération de la dernière chance, je l’ai ratée, alors l’opération du Saint-Esprit.

Femme – Tu préfères t’en remettre à une extraterrestre ?

Homme – Si elle ressemble à ma femme, pourquoi pas ? Donc on ne reviendra jamais…

Femme – Si, un jour peut-être. Mais pas tout de suite.

Homme – Dans très longtemps, tu veux dire ?

Femme – Le temps… C’est ça qu’il va falloir oublier… Maintenant, il faut y aller, je vois l’autre qui s’impatiente, là-bas, avec sa vraie faux en plastique…

Homme – Elle va être déçue, c’est sûr. Je lui avais juste dit que j’allais pisser…

Femme – Elle s’imagine qu’après leur mort, les gens montent directement au Ciel, accompagné par leur ange gardien. On n’a pas voulu la contrarier.

Homme – Et finalement, dans mon cas, elle n’a pas tout à fait tort. Sauf que l’ange gardien, c’est une martienne.

Femme – C’est pour ça que je préfère qu’on soit partis avant qu’elle revienne. Dieu, c’est comme le Père Noël, c’est le jour où on le voit qu’on n’y croit plus. (Elle lui tend la main.) On y va ?

Homme (hésitant) – Il y aura ma mère aussi, là-bas ?

Femme – Je t’ai dit… Ce n’est pas le paradis… Il y aura même la Vierge Marie.

Homme – Je ne pensais pas entendre ça un jour. Je me demande quand même si je ne suis pas devenu fou.

Femme – La vie est une longue thérapie dont on ne sort pas toujours guéri.

Homme – C’est aussi une longue maladie dont on sort toujours mort. Ça consiste en quoi, cette opération ?

Femme – Une transplantation de cerveau.

Homme – Ah… Il vaudrait mieux faire une sauvegarde, alors…

Femme – On va te transplanter un cerveau martien. Malheureusement, on ne pourra pas récupérer les données que tu as actuellement en mémoire.

Homme – Bon… Remarque, je ne me souvenais déjà de presque rien. Et puis je n’avais pas que de bons souvenirs, non plus. Après tout, ce n’est pas si grave. Non, je ne regrette rien. Je repars à zéro…

Femme – Ça me rappelle une chanson…

Homme – Avec toi… J’irais jusqu’au bout du monde… Si tu me le demandais…

Elle lui prend la main.

Femme – Alors allons-y…

Ils sortent.

Même pas Mort

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Dernier voyage

Un homme dans le lit. Arrive une femme. Elle est en noir. Et elle porte une faux.

Femme – Alors, cher Monsieur ? C’est l’heure du grand départ ? Je ne vois pas votre petite valise. Entre nous, vous n’en aurez nul besoin là où vous allez, mais il paraît que ça rassure…

Homme – C’est une vraie faux ?

Femme – Ah ça ? Non, pensez-vous… C’est une fausse. C’est en plastique. Regardez !

Elle prend la lame et la tord.

Homme – D’accord.

Femme – Non, vous pensez bien… Une vraie faux… Quelqu’un pourrait se blesser.

Homme – Surtout dans un hôpital.

Femme – La faux, c’est juste un symbole. Comme un balai pour une sorcière ou une crosse pour un évêque. Pour qu’on nous reconnaisse au premier coup d’œil dès qu’on nous voit.

Homme – C’est vrai que je vous ai tout de suite reconnue.

Femme – Ça nous évite au moins d’avoir à nous présenter. Vous imaginez un peu la scène… Bonjour, je suis la Mort. Je viens pour couper le peu de souffle qui vous reste, après que le comptable de cet hôpital vous ait fauché le peu de blé que vous aviez encore.

Homme – Au moins, vous ne manquez pas d’humour…

Femme – Avec nous, vous n’allez pas vous ennuyer, vous verrez. Alors vous êtes prêt ?

Homme – Mon Dieu… Aussi prêt qu’on peut l’être. Et qu’est-ce que je dois faire, au juste ?

Femme – Vous rien. Moi j’ai juste à éteindre la lumière…

Homme – C’est vous qui m’accompagnez pour ce dernier voyage ?

Femme – Non, rassurez-vous. Je ne suis que le messager, si on peut dire. Ou le facteur, si vous préférez. Je viens pour le recommandé avec avis de réception. Après…

Homme – D’accord… Vous me donnez encore une minute ?

Femme – Si vous vous voulez aller pisser une dernière fois avant de partir, c’est maintenant. Après, vous n’aurez plus ce qu’il faut pour le faire. Croyez-moi, il arrive un âge où ça n’a pas que des inconvénients.

Même pas Mort

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Jugement dernier

Dans un lit, un homme s’éveille. Une femme arrive en blouse blanche.

Femme – Bonjour Monsieur.

Homme – Bonjour Docteur.

Femme – Cette fois, je ne vous demande pas si ça va. C’est le genre de question qu’on pose machinalement, avant de se rendre compte qu’on n’aurait pas dû.

Homme – Vous n’auriez pas vu un notaire sortir de cette chambre avec un testament signé à l’encre invisible ?

Femme – Mon cher Monsieur, je crois qu’au stade où nous en sommes… Je veux dire, au stade terminal où vous en êtes… Il est inutile de se voiler la face, n’est-ce pas ?

Homme – Dois-je comprendre que vous n’avez toujours pas de bonnes nouvelles à m’annoncer ?

Femme – Vous nous devez encore pas mal d’argent. Je vous dois au moins la vérité. C’était, comme on dit, l’opération de la dernière chance. Hélas l’opération n’a pas marché. J’en suis vraiment désolée.

Homme – Ça ne m’étonne pas. Je n’ai jamais eu de chance…

Femme – N’ayez aucun regret. Dans notre jargon, quand on parle d’opération de la dernière chance, on veut dire une opération qui n’a aucune chance de réussir.

Homme – Je comprends.

Femme – Le coup de l’opération de la dernière chance, c’est juste un truc de médecin pour faire patienter la famille, et le patient lui-même, en attendant l’issue fatale.

Homme – Oui, je crois avoir compris l’idée générale…

Femme – Vous en connaissez beaucoup, vous, des malades qui s’en sont sortis après l’opération de la dernière chance ?

Homme – Non, je l’avoue…

Femme – Et voilà… Et comme on ne peut pas croire que tous les malades soient malchanceux à ce point…

Homme – Donc, je suis condamné.

Femme – Je n’emploierais pas des termes aussi brutaux, mais… Oui, cher Monsieur, l’heure est venue de faire le bilan de votre vie… et de régler vos comptes avec la société. À commencer par celle qui est actionnaire majoritaire dans cet hôpital….

Homme – Je vous remercie pour votre franchise, Docteur Ionesco.

Femme – Malheureusement, je vais devoir vous demander de cesser de m’appeler Docteur.

Homme – Ah oui ?

Femme – Après avoir réexaminé mes diplômes, et le taux de mortalité dans mon service de chirurgie, la direction de cet hôpital a jugé préférable de me réaffecter à la comptabilité.

Homme – Je comprends, mais alors… que venez vous faire ici, au juste.

Femme – Eh bien… Quand je parlais de solde de tout compte, ce n’était pas une métaphore… Je viens pour la petite note, cher Monsieur… Vous allez nous quitter, certes, mais vous ne pensez tout de même pas qu’on va vous laisser partir sans payer ? Et ce n’est pas avec votre mutuelle… On ne vous a jamais conseillé de prendre une sur-complémentaire ?

Homme – Et si je n’ai pas les moyens de payer ?

Femme – Cela pourrait nuire gravement au salut de votre âme. Vous savez, maintenant… notre Service de Recouvrement est d’une redoutable efficacité.

Homme – Plus que votre Service de Chirurgie, en tout cas.

Femme – Disons que… les Roumains que nous employons dans cet hôpital sont beaucoup plus efficaces dans le domaine du recouvrement de créance que dans celui la chirurgie du cerveau… Et nos actionnaires ont désormais des connexions très haut placées.

Homme – Vous voulez dire… là-haut ?

Femme – Que voulez-vous ? Les fonds souverains qui nous gouvernent étaient déjà gérés par des morts-vivants. Ils ont commencé à racheter les maisons de retraite, les hôpitaux, les églises, les cimetières… Assez logiquement, ils ont fini par prendre des participations au paradis et en enfer.

Homme – Et donc ?

Femme – Donc c’est à vous de choisir… Mais sachez que les mauvais payeurs sont très mal vus au paradis.

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Nouveau testament

Un homme dans le lit, le regard dans le vague. Une femme arrive, dans une tenue assez stricte, un cartable à la main.

Femme – Bonjour Monsieur. Désolée, je suis un peu en retard. Un petit contretemps.

Homme – On se connaît ?

Femme – Pardon, j’oubliais. Nous ne nous sommes jamais rencontrés. Je suis Maître Colombin, votre notaire.

Homme – Maître Colombin ?

Femme – Ce nom vous évoque quelque chose ?

Homme – Laissez-moi réfléchir… Colombin, colombien, Colombine, columbarium… Colombin… Non, décidément, la première l’idée qui me vient à l’esprit, c’est que je suis vraiment dans la merde.

La femme ouvre son cartable et en sort quelques papiers.

Femme – À ce propos, justement. Comme convenu, j’ai préparé les documents que vous m’avez demandés.

Homme – Ah oui…?

Femme – Je parle de votre testament, vous vous souvenez ?

Homme – Non.

Femme – De toute façon, c’est toujours une bonne chose de mettre ses affaires en règle. Au cas où…

Homme – Oui, un curé m’a dit ça aussi il n’y a pas très longtemps.

Femme – Personne n’est éternel, n’est-ce pas ? Moi-même, en venant ici, j’ai eu un petit accrochage avec ma voiture. Un chauffard. Ç’aurait pu être beaucoup plus grave. C’est d’ailleurs la raison de mon retard.

Homme – C’est donc pour ça que le notaire arrive après le curé. Ça m’étonnait aussi…

Femme – Le temps de signer le constat… Cet imbécile ne voulait pas reconnaître qu’il était en tort. C’était un curé, justement… Comme quoi un curé peut aussi être de mauvaise foi….

Homme – Un curé qui bizarrement, ressemblait aussi beaucoup à ma femme, j’imagine.

Femme – Mais je ne voudrais pas vous retenir trop longtemps. Et quant à moi, tout ça m’a mis très en retard… (Elle lui tend une liasse de feuilles et un stylo.) Voilà, si vous voulez bien parapher et signer. Bien entendu, vous n’êtes pas obligé de tout lire.

L’homme hésite un peu avant de prendre le document et le stylo.

Homme – Bon, j’imagine que je n’ai pas le choix. J’ai l’impression de signer mon arrêt de mort…

Il essaie de signer mais s’interrompt après quelques essais infructueux.

Femme – Un problème.

Homme – Votre stylo ne marche pas.

Femme – Faites-voir… (Elle se penche sur le document.) Ah, non… C’est juste que… j’avais oublié de vous prévenir. C’est de l’encre invisible.

Homme – De l’encre invisible ?

Femme – Du jus de citron, si vous préférez.

Homme – D’accord…

Femme – Allez-y, signez. (Pendant qu’il paraphe et qu’il signe) Vous comprenez, les notaires ne sont pas toujours les bienvenus dans les Unités de Soins Palliatifs.

Homme – Comme c’est étrange.

Femme – Pourtant, on y fait même venir des clowns, m’a-t-on dit. Dans l’espoir d’abréger les souffrances de certains patients en les faisant mourir de rire. Personnellement, je trouve qu’il n’y a rien de plus triste qu’un clown, pas vous ?

Homme – Un notaire, peut-être…

Femme – Le cirque en général. C’est d’un sinistre. J’ai toujours trouvé que ça puait la mort. Sans oublier les fêtes foraines, évidemment.

Homme – Vous me parliez de jus de citron, je crois…

Femme – Que voulez-vous ? Il y a toujours des gens plus méfiants que les autres. Certains proches se demandent si on ne va pas faire signer n’importe quoi à leur parent sur son lit de mort, pour le délester de ses économies et les priver de leur héritage.

Homme – Donc si vous en croisez un en sortant, vous pourrez lui montrer ce testament et lui dire : vous voyez, il n’a rien signé.

Femme – Exactement.

Homme – Et une fois rentré à votre étude, vous passez le document sous une bougie pour caraméliser le citron. Je faisais ça, moi aussi, quand j’étais gosse.

Femme – On a tous été gosses, pas vrai ?

Homme – Mais il n’y a que les notaires pour avoir gardé leur âme d’enfant…

Femme – Il va falloir que je vous laisse. J’ai d’autres mourants à voir avant ce soir.

Homme – Simple curiosité… Il dit quoi, ce testament, en gros ?

Femme – Vous léguez tous vos biens à une fondation, dont le but est d’établir un contact avec les civilisations extraterrestres.

Homme – Si ça peut au moins me permettre de renouer le contact avec ma femme.

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Divine enfant

Une femme est allongée dans le lit, sans qu’on puisse voir son visage. Un homme arrive, en tenue de ville d’une autre époque, et un bouquet de fleurs à la main. Constatant que la femme dort, l’homme pose le bouquet sur la table de nuit, et ressort. La femme s’éveille et s’assied dans le lit. Elle regarde le bouquet. L’homme revient avec un vase plein d’eau.

Homme – Je n’ai pas voulu te réveiller…

Femme (un peu perdue) – Merci pour les fleurs.

L’homme met les fleurs dans le vase et le pose sur la table de nuit.

Homme – Comment tu te sens ?

Femme – J’ai mal dormi… Dans mon cauchemar, c’est toi qui étais malade et c’est moi qui venais te rendre visite.

Homme – Mais tu n’es pas malade.

Elle a l’air étonnée.

Femme – Qu’est-ce que je fais dans un lit d’hôpital, alors ?

Homme – Mais enfin, chérie ! C’est la maternité. Tu viens d’accoucher…

Femme – Ah oui…

Homme – Tu dois encore être sous l’effet de l’anesthésie.

Femme – L’anesthésie ?

Homme – Ça a été un peu compliqué, je t’expliquerai. Mais ne t’inquiète pas, ça va aller, maintenant.

Femme – Et le bébé ?

Homme – C’est une fille.

Femme – Une fille ? Mais c’est merveilleux…

Homme – Enfin, quand je dis une fille…

Femme – Je peux la voir ?

Homme – Ça a été un peu compliqué. Je t’expliquerai…

Femme – Elle n’a pas survécu à l’accouchement, c’est ça ?

Homme – Non, elle n’est pas morte, rassure-toi. Enfin, quand je dis rassure-toi…

Femme – Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ? Elle a souffert pendant l’accouchement ? Elle va garder des séquelles ?

Homme – Non… Elle… Apparemment, elle ne gardera pas de séquelles. C’est juste que…

Femme – Elle est mongolienne !

Homme – Non plus, non. Encore que maintenant, tu sais, on dit plutôt trisomique.

Femme – Mais je m’en fous, de ce qu’on dit ou pas ! Elle est normale, oui ou non ?

Homme – Oui… et non.

Femme – Comment ça, oui et non. On est normal ou on ne l’est pas, non ?

Homme – Disons qu’elle est normale… pour une extraterrestre.

Un temps.

Femme – Je vois…

Homme – Comment ça, tu vois. Ça n’a pas l’air de t’étonner…

Femme – Si, si, bien sûr, mais… Ça me revient, maintenant.

Homme – Ça te revient ? Qu’est-ce qui te revient ? (Semblant comprendre quelque chose) Tu es en train de me dire que tu m’as trompé avec un extraterrestre, et que ça ne te revient que maintenant ?

Femme – Ce n’est pas du tout ce que tu crois, je t’assure.

Homme – Ah oui ?

Femme – Un enfant… ce n’est pas forcément un papa et une maman. Tiens, pense au Petit Jésus et à la Vierge Marie, par exemple !

Homme – La Vierge Marie ? Tu te fous de moi ? Je ne m’appelle pas Joseph, et je sais reconnaître une femme adultère quand j’en vois une.

Femme – C’est un peu plus compliqué que ça…

Homme – Ma femme m’a trompé avec un extraterrestre. Elle vient d’accoucher d’un alien, alors que j’étais censé être le père ! J’ai du mal à imaginer quelque chose de plus compliqué que ça !

Femme – Et tu es sûr qu’elle est normale…

Homme – Comment ça, normale ? Elle ressemble à ET, je te dis !

Femme – Je me demande juste… comment un gynécologue peut savoir si un bébé extraterrestre est normal ou non. Alors qu’il ne sait même pas de quelle planète vient le père.

Homme (abattu) – Tu as raison… Surtout quand le gynécologue, lui, vient de Roumanie. Parce que ça au moins on en est sûr…

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