.

Cœur sensible

Le patron est derrière son comptoir. Il lit le journal. Un homme et une femme arrivent. Ils s’asseyent à une table.

Elle – Je te préviens, je n’ai pas beaucoup de temps… Je reprends mon service dans une heure. Et mon patron n’attend qu’une occasion pour me virer…

Lui – Merci de me sacrifier ta pause déjeuner.

Elle – Non, mais je ne te sacrifie rien… (Regardant la carte) Je vais manger quelque chose. Pas toi ?

Lui – Si, si, bien sûr, je veux dire… Merci d’avoir accepté de déjeuner avec moi.

Elle repose la carte. Un temps.

Elle – Donc, tu avais quelque chose à me dire…

Lui – Oui…

Silence embarrassé.

Elle – Je t’écoute…

Le patron lance un regard intrigué vers eux.

Lui – Je ne sais pas trop comment te dire ça…

Elle – Comme on n’a pas trop le temps, je vais t’aider un peu… Tu veux sortir avec moi, c’est ça ?

Lui (pris de court) – Oui, enfin…

Le patron arrive, interrompant cette scène un peu pathétique.

Patron – Qu’est-ce que je vous sers ?

Elle – Une salade niçoise… sans anchois et sans thon.

Lui (pour plaisanter) – Un jambon-beurre… sans beurre. (La femme ne rit pas et le patron lui lance un regard glacial.) Non, je déconne. Un jambon-beurre, s’il vous plaît.

Patron – Une niçoise et un Paris-beurre. C’est parti.

Le patron repart.

Elle – Tu manges de la viande ?

Lui – Euh… oui. Enfin, non.

Elle – Mais tu manges du jambon…

Lui – Oui, mais… Du jambon, ce n’est pas vraiment de la viande, si ?

Elle – Tu as vu la dernière enquête de L214 sur l’élevage des cochons en cage ?

Lui – Non.

Elle – Je pense que si tu l’avais vue, tu ne mangerais plus de jambon…

Lui – Excuse-moi, je… Je ne savais pas…

Elle – C’est ce que disaient les Allemands après la guerre au sujet des camps.

Lui – Qu’est-ce qu’ils disaient ?

Elle – Je ne savais pas…

Lui – D’accord… donc… tu es végétarienne.

Elle – Vegan.

Lui – OK…

Elle – Tu ne connais pas la différence, c’est ça ?

Lui – Non.

Elle – Je ne mange aucun produit d’origine animale. Je ne porte pas de cuir, non plus. Pas de fourrure, évidemment.

Lui – De ce temps-là…

Elle – Pardon ?

Lui – Non, je veux dire… Moi non plus, je ne porte pas de fourrure. C’est déjà un début, non ?

Elle – Écoute, je vais être franche avec toi, je ne pourrais jamais sortir avec un type qui bouffe du jambon. Mais on peut être amis, si tu veux… On n’est pas sectaires, non plus.

Lui – C’est si grave que ça ? Je veux dire… C’est juste une tranche de jambon.

Elle – Tu sais dans quelles conditions il a été élevé, ce cochon ? Comment il a vécu ? Dans quelles conditions il a été abattu ?

Lui – Non.

Elle – Tu as déjà visité un élevage de porcs ?

Lui – Non.

Elle – Tu as déjà visité un abattoir ?

Lui – Non… et toi ?

Elle – Moi non plus, mais j’ai vu beaucoup de vidéos là-dessus.

Lui – OK… Non, mais… je n’y tiens pas plus que ça, moi, au jambon… Enfin, je veux dire… à la viande en général.

Elle – Donc, tu pourrais devenir vegan, juste pour sortir avec moi ?

Lui – Pourquoi pas ? Bien sûr ! Absolument…

Elle – Et si j’étais musulmane ou juive, que je te demandais de ne plus manger de porc et de te convertir à ma religion, tu le ferais ?

Lui – Tu es musulmane ?

Elle – C’est juste une supposition. Alors ?

Lui – Je ne sais pas… Peut-être… Je suis catholique, mais… C’est comme pour la viande, je n’y tiens pas plus que ça…

Elle – Tu es vachement influençable, en fait.

Lui – Ou alors… je tiens vachement à sortir avec toi.

Elle – Ouais… mais ce ne serait pas par conviction.

Lui – Que je sortirais avec toi ?

Elle – Que tu arrêterais la viande ! Ce serait juste pour sortir avec moi.

Lui – Oui, enfin…

Elle – Et dès que je t’aurais largué, tu te remettrais à bouffer de la viande.

Lui – On ne sort pas encore ensemble, et tu envisages déjà de me larguer ?

Un temps.

Elle – C’est quoi ta pire expérience alimentaire ?

Lui – Pardon ?

Elle – Le pire repas de ta vie, si tu préfères.

Lui (plaisantant) – J’espère que ça ne va pas être celui-ci… (Elle reste à nouveau de marbre.) Non, je… Je ne sais pas…

Elle – Eh bien moi, je peux te le dire.

Lui – OK.

Éventuellement une musique mélodramatique accompagne le récit de cet épisode traumatique.

Elle – Je devais avoir une dizaine d’années. On était invités avec mes parents chez des amis à eux. Un médecin et sa femme. Ce n’était pas vraiment des amis, en fait. C’était juste nos nouveaux voisins. Ma mère les avait invités une première fois pour leur souhaiter la bienvenue dans le quartier, et ils nous rendaient l’invitation. Mes parents sont des gens très simples. Ça devait les flatter d’être invités à dîner chez un chirurgien. Ils s’attendaient sans doute à ce que ces grands bourgeois mettent les petits plats dans les grands. Donc on prend l’apéro, on bavarde un peu et on se met à table. C’est vrai que la vaisselle était en porcelaine, et la nappe d’une blancheur immaculée. Il y avait tellement de couverts sur la table qu’on se demandait lequel prendre pour commencer. Arrive le plat principal, après une salade verte, et qu’est-ce que le chirurgien met sur la table ?

La musique s’arrête brusquement.

Lui – Tu me fais peur…

Elle – Un cœur !

Blanc.

Lui – Un cœur humain ?

Elle – Non quand même… Enfin je ne crois pas. Un cœur de bœuf, j’imagine.

Lui – Un cœur de bœuf… Je ne savais même pas que ça se mangeait… Le mou, à la rigueur… Pour les chats… C’est du poumon, je crois… Mais un cœur !

Elle – Et ces deux sadiques ont encore le culot de nous demander si on aimait ça.

Lui – Et alors ?

Elle – Mes parents sont des gens extrêmement polis… Alors invités chez un docteur, tu penses bien… Donc ma mère de répondre poliment : mais bien sûr, vous pensez bien. On n’en a jamais mangé, mais bon. Il faut bien une première fois, pas vrai ?

Lui – Oh putain…

Elle – Et mon père qui en remet une couche : Ah oui, du cœur de bœuf, c’est original, ça change un peu. C’est vrai, on n’y pense jamais, on devrait en faire plus souvent, hein chérie ? Moi, je suis prise d’un haut-le-cœur, évidemment. Je dis que je n’aime pas ça. Ma mère insiste : tant qu’on n’a pas goûté, on ne peut pas dire qu’on aime pas ça ! Et le docteur de nous faire la leçon : vous savez que chez les peuples primitifs, les guerriers mangeaient le cœur de leurs ennemis pour s’approprier leur force ? Et la femme du docteur d’en rajouter : en tout cas, c’est très bon pour la santé, le cœur de bœuf. C’est plein de protéines. Et ne dit-on pas « fort comme un bœuf »… Et me voilà avec un énorme morceau de cœur dans mon assiette.

Lui – Il n’y avait rien d’autre à bouffer ?

Elle – De la salade verte.

Lui – Du cœur avec de la salade…

Elle – Ce n’est pas facile à couper non plus, je peux te le dire. Genre une semelle en caoutchouc, tu vois ? Tu en as déjà mangé ?

Lui – Une semelle en caoutchouc…?

Elle – Et tout le monde de mastiquer son cœur de bœuf avant de se forcer à l’avaler. Le tout en parlant de la pluie et du beau temps, pour faire comme si tout ça était parfaitement normal.

Lui – Et c’est bon ? Enfin, je veux dire… Quel goût ça a ?

Elle – Aucun. Ça a la consistance d’un chewing-gum. Depuis, je n’ai plus jamais mâché de chewing-gum. Et surtout, du jour au lendemain, je suis devenue vegan. Avant même que le mot existe. Je me demande même si ce n’est pas moi qui ai inventé le concept…

Lui – Ah oui… Il y a de quoi être traumatisée pour toujours…

Elle – Attends… et si c’est toi qui avais raison…?

Lui – Pardon ?

Elle – Maintenant, je me demande si c’était vraiment un cœur de bœuf.

Lui – Non ?

Elle – Ben c’était un chirurgien, tu vois… Quand ils transplantent un nouveau cœur à un patient, on ne sait pas trop ce qu’ils font de l’ancien. J’imagine qu’il n’y a pas beaucoup de malades qui demandent à le récupérer pour le garder en souvenir dans un bocal.

Lui – Tu crois qu’il y a des chirurgiens cannibales ?

Le patron revient avec le sandwich et la salade.

Patron – Et voilà. Un Paris-beurre et une niçoise sans anchois ni thon. J’ai mis du maquereau à la place. (La fille lui lance un regard assassin, et il poursuit pince-sans-rire.) Je plaisante. Bon appétit.

L’homme regarde son sandwich, avant de le repousser.

Lui – Non, c’est toi qui as raison. Ce ne serait pas honnête de ma part.

Elle – Quoi

Lui – D’arrêter la viande juste pour sortir avec toi. Il faut que j’y crois.

Elle – C’est sûr…

Lui – Le problème, c’est que d’arrêter la viande, c’est comme d’arrêter la clope. Quand on est accro…

Elle – Donc tu renonces à…

Lui – Je sais ce que j’ai à faire.

Elle – Là c’est toi qui me fais peur.

Lui – Je vais aller à la boucherie juste en face. Je vais acheter un cœur de bœuf, et je vais le bouffer tout entier. Après, je pense que je serai définitivement dégoûté de la viande. Comme toi.

Elle – Tu ferais ça pour moi ? Tu boufferais un cœur de bovin ?

Lui – À ton avis ?

Il se lève. Surprise, elle se lève aussi.

Elle – Mais… tu y vas maintenant ?

Lui – Si je réfléchis trop, je risque de ne pas y arriver.

Elle – Et… tu as une recette ?

Lui – Je vais le bouffer cru. Je suis un guerrier, non ?

Elle – Bon…

Lui – Allez, souhaite-moi bonne chance.

Il l’enlace et, jouant sur l’effet de surprise, il l’embrasse longuement et fougueusement sur la bouche. Il sort. Elle le regarde partir, interloquée. Le patron, qui a tout vu, revient.

Patron – Ça ne lui a pas plu, le Paris-beurre ?

Elle – Il a décidé de devenir vegan.

Patron – En tout cas, il a l’air vraiment motivé…

Elle – Oui…

À cœurs ouverts

Cœur sensible Lire la suite »

Cœur à prendre

Un bistrot. Le patron est derrière son bar, en train d’essuyer des verres. Une femme arrive, ne respirant pas la joie de vivre. Sans un regard vers lui, elle vient s’installer au comptoir. Le patron l’observe un instant du coin de l’œil.

Patron – Madame… Qu’est-ce qui vous ferait plaisir ?

Elle – Vous avez de l’arsenic ?

Patron – C’est pour emporter ou pour consommer sur place ?

Elle – J’hésite encore…

Patron – Prenez un café en attendant. Avec un petit calva, ça vous remontera. Le calva c’est pour moi.

Elle – Un calva ? À cette heure-ci ?

Patron – Sachez que le calva est connu depuis l’Antiquité pour ses vertus antidépressives. J’en prescris tous les jours à mes clients, et personne ne s’est encore suicidé jusqu’à maintenant.

Elle – C’est gentil, mais je me contenterai du café. Je travaille à l’hôpital, juste en face.

Il lui prépare son café.

Patron – Aide-soignante… Ça ne doit pas être marrant tous les jours…

Elle – Chirurgien.

Patron – Ah… Pardon Docteur…

Elle – C’est un peu mieux payé, mais ce n’est pas forcément plus marrant.

Patron – Je vois ça…

Elle – Et encore, je ne vous parle que de mon boulot. Heureusement que je bosse jour et nuit. Ne pas avoir de vie privée, ça n’a pas que des inconvénients, vous savez… quand on a une vie de merde…

Il lui tend un journal.

Patron – Jetez un coup d’œil à votre horoscope, il prévoit peut-être une amélioration passagère.

Elle jette un regard au journal.

Elle (lisant) – « Vous donnerez votre cœur à un inconnu »…

Elle repose le journal sur le comptoir.

Patron C’est une bonne nouvelle, non ?

Elle – Ça dépend.

Patron – Il ne faut pas donner son cœur à n’importe qui, c’est sûr.

Elle – Et surtout, il vaut mieux le donner de son vivant.

Patron – Je ne suis pas sûr de vous suivre…

Elle – « Vous donnerez votre cœur à un inconnu »… Regardez, ce n’est pas à la rubrique amour, c’est à la rubrique santé…

Patron – Ça doit être une erreur…

Elle – J’ai un patient qui attend une transplantation cardiaque. Il nous manque juste un donneur en bonne santé. Mais mort de préférence.

Patron – Ah oui…

Elle – On ne peut rien faire d’autre que d’attendre… Il faudra que quelqu’un meurt pour qu’un autre vive.

Patron – C’est le destin…

Elle – Un accident est si vite arrivé. Après tout ce sera peut-être moi. Puisque c’est dans mon horoscope.

Il pose le café devant elle.

Patron – Décidément, vous êtes de nature optimiste…

Elle – Je n’ai pas eu d’enfant, ce serait ma dernière chance de donner la vie…

Patron – Vous êtes vraiment sûre que vous ne voulez pas ce calva ?

Elle – Jamais pendant le service… Si un donneur se présente et que je dois opérer dans une heure…

Patron – Si c’est vous le donneur, il n’y aura plus personne pour faire cette opération.

Elle – En matière de transplantations cardiaques, ce sont les donneurs qui manquent, pas les chirurgiens. Ce genre d’opérations, ça reste exceptionnel. J’en connais qui seraient prêts à tuer pour réaliser leur première transplantation.

Patron – Bon, alors c’est moi qui vais le boire ce calva, et je vous offre le café.

Elle – Vous êtes un drôle de cafetier. Ce n’est pas comme ça que vous allez faire des affaires.

Le patron se sert un calva et le boit cul sec.

Patron – Il y a longtemps que j’ai renoncé à l’idée de faire fortune. Et puis je n’offre pas le café à tout le monde, vous savez…

Elle – Pourquoi moi ? On ne peut pas dire que je sois d’un commerce agréable…

Patron – Je me suis toujours méfié des gens trop aimables. J’ai mes têtes, c’est tout. Il y en a qui me reviennent et d’autres pas.

Elle – En somme, j’ai de la chance, alors…

Patron – Remarquez, on ne se connaît pas… C’est peut-être moi, votre bel inconnu…

Elle – Allez savoir… Bon, il faut que je file…

Patron – Encore une vie à sauver ?

Elle – Non, mais je suis garée sur une place « handicapé ».

Patron – Avec votre caducée sur le pare-brise, vous pouvez vous garer n’importe où sans avoir d’amende, non ? Rien que pour ça, j’aurais aimé faire médecine.

Elle – Merci pour le café…

Patron – Faites bien attention en traversant la rue.

Elle – On vient à peine de se rencontrer, et vous êtes déjà une mère pour moi. Si je suis encore célibataire dans dix ans, faites-moi penser à vous épouser.

Patron – Hélas… qui aurait envie d’épouser sa mère ? (Elle sort.) C’est le drame de ma vie…

 

À cœurs ouverts

 

Cœur à prendre Lire la suite »

театр

Анотація

Жан-П’єр Мартінес (Jean-Pierre Martinez, нар. 1955 р. в Овер-сюр-Уаз): відомий сучасний французький письменник, поет і драматург, а також вчений-семіотик. Він написав декілька романів, близько 100 сценаріїв для телебачення та понад 90 театральних п’єс. Його п’єси були перекладені англійською, іспанською, португальською, німецькою та іншими мовами й багаторазо во поставлені на сценах не тільки у Франції, а й в інших країнах Європи, Латинської Америки, США й незмінно користуються неабияким успіхом. Чудовий знавець людської душі, Жан-П’єр Мартінес у своїх творах розкриває її потаємні (часом неприємні чи дивні), трагікомічні сторони, завжди з надзвичайною добротою та дотепним гумором, завдяки чому ці п’єси сприймаються глядачем (або читачем) з великою зацікавленістю. Творчість цього непересічного майстра драматургії, на жаль, досі зовсім не була відома в Україні. Ця збірка п’яти його найвідоміших п’єс вперше дає читачам змогу з ними ознайомитися з перспективою представлення їх і на українських театральних підмостках.

театр Lire la suite »

Éditions bilingues théâtre français-anglais

French – english bilingual edition

Jean-Pierre Martinez est un dramaturge et scénariste français. Il est actuellement l’un des auteurs contemporains les plus représentés en France. Par ailleurs, plusieurs de ses pièces, traduites en espagnol, en portugais et en anglais, sont régulièrement à l’affiche aux États-Unis et en Amérique Latine.

Jean-Pierre Martinez is a French playwright and scriptwriter. Today he is among the most played contemporaries playwrights in France. Several of his plays have been translated in English, Spanish and Portuguese, and are regularly produced in the United States and Latin America.

AU BOUT DU ROULEAU – RUNNING ON EMPTY

Au bout du rouleau

Un dramaturge au bout du rouleau reçoit une journaliste pour une interview qui pourrait relancer sa carrière. Mais au théâtre les apparences sont parfois trompeuses…

Running on empty

A journalist visits a playwright on the down and out for an interview that could launch his comeback. But in the world of theatre, appearances can be deceiving…

  ACHETER LE LIVRE ACHETER LE LIVRE
amazon

 

VENDREDI 13 – FRIDAY THE 13TH

Vendredi 13

Jérôme et Christelle ont invité des amis à dîner. Mais Madame arrive seule, effondrée. Elle vient d’apprendre que l’avion qui ramenait son mari à Paris s’est crashé en mer. Suspendu aux nouvelles avec la veuve potentielle pour savoir si son mari fait partie ou non des survivants, le couple apprend qu’il vient de gagner au super tirage du loto de ce vendredi 13. Le mot d’ordre est dès lors « cache ta joie »…

Friday the 13th

John and Christine have invited two of their friends for dinner in their London home. Natalie arrives without her husband, distraught, having just heard that the plane bringing him home crashed at sea. With the potential widow they wait with baited breath for news confirming whether her husband is among the survivors …and learn that they are the winners of that evening’s super jackpot lottery draw. From then on, the operative words are “controlling emotions”. And that is just the beginning of this eventful evening, with twists, turns and revelations galore.

  ACHETER LE LIVRE ACHETER LE LIVRE
amazon

Éditions bilingues théâtre français-anglais Lire la suite »

Éditions bilingues théâtre français espagnol

Ediciones bilingües teatro español-francés

Jean-Pierre Martínez est un dramaturge et scénariste français d’origine espagnole. Né en 1955 à Auvers-sur-Oise, il monte d’abord sur les planches en tant que batteur dans divers groupes de rock, avant de devenir sémiologue publicitaire. Il est ensuite scénariste pour la télévision et revient à la scène en tant qu’auteur. Il a écrit plus de 60 scénarios pour différentes séries à la télévision française et 91 comédies pour le théâtre. Il est actuellement l’un des auteurs contemporains les plus représentés en France, et plusieurs de ses œuvres ont déjà été traduites en espagnol, en portugais et en anglais.

Jean-Pierre Martínez es autor teatral y guionista francés de origen español. Nacido en 1955 en Auvers-sur-Oise, sube al escenario primero como baterista en diversos grupos de rock, antes de hacerse semiológo para la publicidad. Luego trabaja como guionista para la televisión, y vuelve al teatro como autor. Ha escrito más de 60 guiones para distintas series de la televisión francesa, y 91 comedias para el teatro. Actualmente es uno de los autores contemporáneos más representados en Francia, y varias de sus obras han sido ya traducidas en español, en portugués y en inglés.

Quarantaine – Cuarentena

Quarantaine

Quatre personnes qui ne se connaissent pas se retrouvent malgré elles placées en quarantaine dans ce qui s’avère être un théâtre désaffecté. Derrière une vitre imaginaire, des gens (les spectateurs) les observent. Les présumés malades s’interrogent. Par quel virus auraient-ils bien pu être contaminés ? Que risquent-ils exactement ? Quand et comment tout cela va-t-il se terminer ? On comprend peu à peu que ce huis-clos se situe dans un futur proche où Big Brother règne en maître, et que la raison de cette quarantaine n’est peut-être pas strictement médicale.

Cuarentena

Cuatro personas que no se conocen se encuentran, por desgracia en cuarentena, en lo que resulta ser un teatro abandonado. Detrás de un cristal imaginario, unos individuos (los espectadores) les observan. Los supuestos enfermos se preguntan: «¿por qué virus podrían haber sido infectados? ¿qué riesgo tienen exactamente? ¿cuándo y cómo va a terminar todo esto?». Poco a poco se desvela que este callejón sin salida se sitúa en un futuro próximo en el que Gran Hermano reina como dueño, y que la razón de esta cuarentena no es quizás estrictamente médica.

  ACHETER LE LIVRE ACHETER LE LIVRE
amazon

 

Plagiat – Plagio

Plagiat

Une comédie amorale sur la vanité de la gloire littéraire. Depuis la publication de son premier roman, couronné par le Prix Goncourt, Alexandre jouit de sa réputation d’auteur à succès, et en perçoit les dividendes. On l’attend au Ministère de la Culture pour lui remettre la médaille de Chevalier des Arts et des Lettres. C’est alors qu’il reçoit la visite d’une inconnue, qui pourrait bien remettre en cause cette belle réussite…

Plagio

Una comedia amoral sobre la vanidad de la gloria literaria. Desde la publicación de su primera novela, galardonada por el prestigioso Premio Nadal, Alex goza de su fama como escritor de moda, y percibe los correspondientes derechos de autor. Le están esperando en el Ministerio de la Cultura para entregarle la Cruz de Caballeros de las Artes y las Letras. Ahí es cuando Alex recibe la visita inesperada de una desconocida que podría poner en peligro esta « historia de éxito ».

  ACHETER LE LIVRE ACHETER LE LIVRE
amazon

 

Les naufragés du Costa Mucho – Los náufragos del Costa Mucho

Les naufragés du Costa Mucho

La vie est une croisière… qui tôt ou tard se termine en naufrage.

Los náufragos del Costa Mucho

La vida es un crucero… que tarde o temprano termina en naufragio.

  ACHETER LE LIVRE ACHETER LE LIVRE
amazon

 

Strip Poker – Strip Poker

Strip Poker

Una pareja invita a sus nuevos vecinos para conocerse, pero la cena se convierte en una verdadera pesadilla… Una comedia a la manera de Woody Allen…

Strip Poker

Un couple invite ses nouveaux voisins pour faire connaissance, mais le dîner tourne au cauchemar… Une comédie à la manière de Woody Allen…

  ACHETER LE LIVRE ACHETER LE LIVRE
amazon

 

Éditions bilingues théâtre français espagnol Lire la suite »

Pour de vrai et pour de rire

Une comédie à sketchs de Jean-Pierre Martinez

Pour 3 à 25 comédiens (sexes des personnages indifférents)

S’il est parfois difficile de démêler le vrai du faux, on peut prendre un malin plaisir à les entremêler. Pour de rire.


Ce texte est offert gracieusement à la lecture. Avant toute exploitation publique, professionnelle ou amateur, vous devez obtenir l’autorisation de la SACD.


TÉLÉCHARGER
PDF GRATUIT
TÉLÉCHARGER
EBOOK GRATUIT
ACHETER
LE LIVRE 
ACHETER
LE LIVRE
amazon

Pour de vrai et pour de rire Lire la suite »

Disparition d’un misanthrope… que tout le monde aimait

Je contribue rarement à la rubrique nécrologique, mais ces deux-là étaient (à leur insu) mes parents de théâtre. En tant qu’auteur, j’ai toujours modestement revendiqué “un air de famille” avec les Jaoui-Bacri. J’aimais leur cuisine et leur indépendance. J’admirais leur liberté et leur impertinence. Sans le savoir, puisque je ne les connaissais qu’à travers leurs comédies, ils m’ont presque tout appris sur l’écriture dramatique. Qu’être populaire ne veut pas dire être vulgaire. Que la comédie repose d’abord sur le drame. Que les personnages les plus attachants sont souvent ceux qui sont a priori les moins aimables. Et aussi qu’on doit devenir soi-même avant de se préoccuper du “goût des autres”. Que la quête de reconnaissance est légitime, mais qu’on ne doit pas en être esclave.

Je me reconnaissais dans ce personnage de misanthrope écorché qu’aimait à cultiver cet autre Jean-Pierre, et je lui enviais cette complicité avec la talentueuse et merveilleuse Agnès. Il formait avec elle un de ces couples légendaires, de ces couples qui continuent à s’aimer jusqu’après la séparation. Sans qu’on se demande jamais qui fut le conjoint de l’autre. Merci à vous deux pour cette magnifique leçon de vie et de théâtre. “Plus on aime quelqu’un, moins il faut qu’on le flatte” (Molière, Le Misanthrope). Cela vaut aussi pour un auteur à l’égard du public, dont il ne doit jamais flatter les instincts les plus bas. Comme Molière, vous ne flattiez personne. Et le public ne s’y trompait pas. Pardon, Jean-Pierre, pour cet hommage posthume, auquel il convient de mettre fin avant de tomber dans la flatterie.

Enfin, merci à l’auteur de cette photo, dont je n’ai pas réussi à retrouver le nom (si quelqu’un a cette information, je serai heureux de le créditer). “Comme une image” de ce couple mythique. Les yeux fermés, il s’abandonne en toute confiance à sa complice de toujours. Dans tout l’éclat de sa beauté, elle nous fait face du regard avec son regard tendre, malicieux et légèrement mélancolique. Tout en couvrant de son abondante chevelure le crâne depuis longtemps dégarni de son compagnon pour lui rendre un peu de sa jeunesse et de sa foi en la vie, malgré tout. Comme une image de l’amour…

Disparition d’un misanthrope… que tout le monde aimait Lire la suite »

L’An 01… de la mondialisation

Depuis le début de l’histoire de l’Humanité, c’est sans doute la première fois que ce qu’on a déjà coutume d’appeler la mondialisation se manifeste comme un fait social total, pour reprendre l’expression de Marcel Mauss, à travers cette croisade sanitaire contre un virus affectant le monde entier. Certes, la première et surtout la seconde guerre mondiale avaient impliqué une bonne partie du monde, mais pas l’intégralité de la planète. Ces deux “Guerres Mondiales”, par ailleurs, étaient en réalité un agrégat de conflits multi-latéraux n’ayant pas grand rapport entre eux, chaque belligérant poursuivant ses propres objectifs, et les alliances n’étant souvent que de circonstances (comme celle de l’Allemagne et du Japon au sein de l’Axe). Avec cette guerre contre le coronavirus, en revanche, c’est bien l’ensemble des pays du monde qui se battent contre un même ennemi, plus ou moins avec les mêmes armes, et peu ou prou dans le même but : restaurer la santé publique et relancer l’activité économique, tout en renforçant le pouvoir politique. Les tenants des théories du complot se contentant d’inverser l’ordre de ces priorités : renforcer le pouvoir politique, au profit du pouvoir financier, en prétextant une crise sanitaire. Mais le résultat reste le même : la réalisation effective d’un fait mondial total, qui ne saurait avoir eu de précédent éventuel que dans une très lointaine préhistoire, à l’époque où l’Humanité, peut-être, n’était encore qu’une tribu primitive au sein de laquelle le sort de chacun était étroitement lié au destin de tous. Pour le meilleur et sans doute pour le pire, donc, cette crise sanitaire refait du monde un village, ou le convertit en une Métropolis. À nous de décider s’il en ressortira plus de responsabilité et de solidarité, ou plus d’infantilisme et de paternalisme. L’An 01 était, dans les années 70, le titre d’une bande dessinée de Gébé puis d’un film de Jacques Doillon, d’inspiration libertaire. Veillons à ce que cet An 01 de la mondialisation ne soit pas définitivement liberticide.

L’An 01… de la mondialisation Lire la suite »

Scénariothèque

Au-delà du simple théâtre filmé, nombreuses sont les pièces de théâtre ayant été adaptées à l’écran, notamment celles d’Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri (“Un air de famille”, “Cuisines et dépendances”) ou de Yasmina Reza (“Le dieu du carnage”).

Scénariste de formation (notamment pour la série “Avocats & Associés” sur France 2), Jean-Pierre Martinez a conservé en tant qu’auteur de théâtre une écriture très scénaristique, avec un sens aigu de l’intrigue et du dialogue.

Les textes de ses plus de 300 sketchs peuvent donc servir de scénarios pour des courts métrages, et ceux de la centaine de comédies dont il est l’auteur sont facilement adaptables pour des moyens ou longs métrages. Ils constituent une véritable scénariothèque.

Selon la nature des projets, ces textes pourront sur demande être mis gracieusement à la disposition des vidéastes ou cinéastes étudiants ou débutants, ou faire l’objet d’un contrat pour ce qui est des exploitations professionnelles et commerciales.

Contacter l’auteur : CLIQUER ICI

 

Hommage à Jean-Pierre Bacri

Disparition d’un misanthrope… que tout le monde aimait

Scénariothèque Lire la suite »

Au bord d’un lac foisonnant de poissons

Enfant

De ma première tentative d’écriture, je ne me souviens que de ces quelques mots. J’avais une dizaine d’années, et je rêvais ma vie. Une vie d’écrivain, ou d’écrits vains, peut-être. Dans ce début de roman de trois ou quatre lignes, il était question d’un trappeur solitaire, dans les espaces immenses du Nouveau Monde, qui à la tombée du jour installait son campement… au bord d’un lac foisonnant de poissons. J’avais créé une ébauche de héros, mais j’étais encore incapable d’inventer l’histoire qui lui donnerait vie. Ce personnage, d’ailleurs, était fortement inspiré des illustrés bon marché dans lesquels je me réfugiais alors pour échapper à une réalité peu enthousiasmante.

Loin des albums luxueux de bandes dessinées, ces comics à la française, aujourd’hui disparus, étaient imprimés sur du mauvais papier, et seule la couverture était en couleurs. Avant de pouvoir accéder à la petite puis à la grande littérature, ces illustrés constituèrent pour moi la première porte d’entrée dans cet univers parallèle de la fiction, où j’avais déjà compris que se situait si ce n’est la vraie vie, du moins la seule qui méritait d’être vécue. L’un de mes héros favoris était Blek le Roc, trappeur américain dont je m’inspirai pour créer ce personnage qui, après cette nuit à la belle étoile, ne vit jamais l’aube du jour suivant, puisque ce premier roman fut mort-né. Je rends hommage à ce soldat inconnu de l’histoire de la littérature, disparu prématurément avant même d’avoir pu pêcher dans ce lac… foisonnant de poissons.

Mais pourquoi justement ces quelques mots ancrés dans ma mémoire, comme marquant le début de ma carrière littéraire ? Mon lac, à l’évidence, prend sa source au plus profond de cet imaginaire collectif décrit par Bachelard dans “L’eau et les rêves”. Au matin de mon existence, comme cet embryon de héros que je venais d’engendrer, je me tenais moi aussi au bord de ce lac, comme au bord de la vie, déjà conscient que mes nourritures terrestres étaient enfouies sous la surface d’une eau stagnante et sombre, plutôt qu’à l’air libre dans les champs cultivés. Je suis resté cet enfant rêvant d’un lac foisonnant de poissons, mais retardant le moment de la pêche de peur qu’elle ne soit pas aussi miraculeuse qu’espéré, et que les poissons aient moins bonne allure une fois sortis de l’eau.

 

 

 

 

 

 

 

Au bord d’un lac foisonnant de poissons Lire la suite »