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Trois

Alban fait les cent pas devant Ève, assise, avant de se décider à parler.

Alban – Tu sais quelque chose ?

Ève – Non.

Il marche à nouveau en long et en large, avant de s’arrêter encore une fois devant elle.

Alban – Si tu savais quelque chose, tu me le dirais.

Ève – Bien sûr… Et toi ? Tu sais quelque chose ?

Alban – Rien. Je ne sais rien.

Un temps.

Ève – Ne rien savoir, comme ça, c’est insupportable…

Alban – Mais si on savait, est-ce que ce ne serait pas pire.

Ève – Va savoir.

Alban – Tu as raison, après tout, il vaut peut-être mieux ne pas en savoir trop.

Ève – Oui… Mais de là à ne rien savoir du tout.

Alban – C’est pourtant vrai… On ne sait rien.

Ève – Absolument rien

Alban – On ne sait même pas nager.

Ève – Non…

Alban – Et on ne sait pas marcher sur l’eau.

Ève – On ne sait pas lacer nos chaussures.

Alban – On n’en a pas.

Ève – On ne sait pas quelle heure il est.

Alban – On ne sait pas quel jour on est.

Ève – On ne sait pas lire.

Alban – À quoi ça nous servirait ? On n’a pas de livres.

Ève – Si on voulait des livres, il faudrait les écrire nous-mêmes.

Alban – Et on ne sait pas écrire.

Ève – Et puis tout ça pour n’avoir qu’un seul lecteur.

Un temps.

Alban – Qu’est-ce qu’on sait au juste ?

Ève – On doit bien savoir quelque chose, quand même…

Alban – Laisse-moi réfléchir… Ah si… On sait compter.

Ève – Ah oui, c’est vrai. On sait compter.

Alban – On recompte ? Pour voir si on n’a pas oublié ?

Ève – Ok. Vas-y, commence.

Alban – Un.

Ève – Plus un.

Alban – Ça fait deux.

Ève – C’est vrai.

Un temps.

Alban – Et après deux, qu’est-ce qu’il y a ?

Ève – Je ne sais pas.

Alban – Deux… Ça suffit, non ?

Ève – Oui. Pour l’instant.

Elle se lève et on voit qu’elle est enceinte.

Alban – Tant qu’on n’est que deux…

Noir

Alban et Ève

Trois Lire la suite »

Terminus

Alban et Ève.

Alban – Cette fois, ça y est.

Ève – On est les derniers.

Alban – C’est le dernier soir de la dernière journée.

Ève – Il nous reste combien de temps ?

Alban – Encore une heure d’électricité.

Ève – Après la clim s’arrêtera.

Alban – On va mourir de chaud.

Ève – On meurt déjà de chaleur, non ?

Alban – Mais là, on va vraiment mourir…

Ève – J’ai soif. Il reste à boire ?

Alban – Il reste une pomme.

Elle prend la pomme et lui tend.

Ève – On partage ?

Alban – Je me laisse tenter…

Elle coupe la pomme en deux, et ils mangent chacun leur moitié en silence.

Ève – Notre dernier repas. En tête-à-tête.

Alban – La dernière pomme, du dernier pommier. Avant que le jardin ne soit englouti par les flammes de l’enfer.

Ève – On gardera le goût en bouche pendant quelques minutes. Puis un instant encore le souvenir de cette dernière pomme, partagée entre toi et moi.

Alban – Avant que l’idée même de la pomme et de la tentation ne disparaisse avec nous.

Ève – Et après ?

Alban – Après ?

Ève – Il n’y aura pas d’après…

Alban – Il y aura un après, ailleurs peut-être, mais sans nous.

Ève – C’est comme de mourir, alors. On n’est pas les premiers.

Alban – Non. On est les derniers.

Ève – Les derniers à vivre.

Alban – Les derniers à mourir.

Ève – Et c’est l’humanité qui meurt avec nous.

Alban – Et après ?

Ève – Il n’y aura plus d’avant.

Alban – Plus de souvenir.

Ève – Plus de témoin.

Alban – Plus de passé et plus d’avenir.

Ève – Juste le présent.

Alban – Le monde nous survivra, sans y penser.

Ève – Les planètes continueront de tourner.

Alban – Ce n’est pas la fin du monde.

Ève – C’est la fin d’une histoire. Notre histoire.

Alban – Une histoire qui a mal tourné. Qui a bien commencé et qui a mal fini.

Ève – Quand une histoire finit bien, c’est qu’une autre commence.

Alban – Notre histoire sera la dernière.

Ève – Il n’y a plus rien à raconter.

Alban – Et personne à qui le raconter.

Ève – Qui sera le dernier ?

Alban – Le dernier ?

Ève – Le dernier à rester. Le dernier à partir. Toi ? Moi ?

Alban – Il faut bien un dernier. L’autre suivra.

Ève – On a été heureux. On a été malheureux.

Alban – Il nous reste un passé décomposé.

Ève – Il nous reste une heure.

Alban – Si la clim tient jusque là.

Ève – Et après ?

Alban – Après…

Ève – Après nous le déluge.

Alban – Et aucune arche pour nous sauver des eaux et repeupler le monde. Après.

Ève – S’il y a un après.

Alban – On pourrait laisser un mot.

Ève – Le mot fin.

Alban – Une lettre.

Ève – La lettre Z.

Alban – Un testament.

Ève – Nous sommes les derniers, qui n’ont pas d’héritiers.

Alban – Avec nous s’éteint la lignée des hommes. Et des femmes.

Ève – Nous n’avons rien à léguer, pas même pas la vie.

Ève – Pas même un monde où être mort.

Alban – Le testament de l’humanité, alors. À une autre humanité à venir.

Ève – Qu’est-ce qu’on pourrait leur dire ? Qu’on n’a pas su rester vivants ?

Alban – Il nous reste un quart d’heure. Moins peut-être.

Ève – Qu’est-ce qu’on pourrait bien faire ?

Alban – Parler est inutile.

Ève – Penser ne sert à rien.

Alban – Il fait si chaud.

Ève – Qu’est-ce qu’on peut faire encore ?

Alban – L’amour ? Une dernière fois…

Ève – Il fait si chaud. Je ne sais même plus ton nom.

Alban – Alban. Et toi ?

Ève – Ève…

Alban – Il a fallu que ça tombe sur nous…

Ève – Oui.

Alban – Alors ?

Ève – Je ne sais pas. Je ne sais plus. Pourquoi ?

Alban – On aurait pu s’aimer. Se marier. Faire un enfant.

Ève – On peut encore faire un enfant.

Alban – Oui.

Ève – Mais ça n’aurait pas de sens.

Alban – Je ne parlais pas de faire un enfant. Seulement de…

Ève – Désolée… C’est un principe. Jamais le dernier soir.

Alban – Les principes, c’est tout ce qui nous reste d’humain.

Ève – Pour ne pas redevenir des animaux.

Alban – Avant de cesser tout à fait d’être des hommes.

Ève – Et commencer d’être des choses.

Alban et Ève se préparent à sortir.

Alban – Après toi.

Ève – Merci.

Alban – Nous allons quitter cette île pour nous enfoncer dans les profondeurs de la mer.

Ève – Ou c’est la mer qui nous submergera.

Alban – Avant de remonter lentement par palier à la surface.

Ève – Quand une éternité sera passée.

Alban – Par palier, nous quitterons le royaume des ténèbres.

Ève – Et nous resurgirons encore une fois des abysses pour remonter vers la lumière.

Alban – En ayant tout oublié.

Ève – Un monde disparaît.

Alban – Un autre renaîtra.

Ève – Sera-t-il meilleur que celui-ci ?

Alban – Où que nous soyons, je serai là pour toi.

Ève – Qui que nous soyons, nous serons au moins deux.

Alban – Pour commencer…

Noir.

Alban et Ève

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Permanence

Alban et Ève.

Alban – On est encore là.

Ève – Où est-ce qu’on pourrait bien être ?

Alban – On pourrait ne plus être là.

Ève – Où est-ce qu’on serait ?

Alban – On ne serait pas.

Ève – Ou on serait quelqu’un d’autre.

Alban – Je serais toi, et tu serais moi ?

Ève – Mais on serait toujours là.

Alban – On est bien là.

Ève – On est au paradis.

Alban – On est en enfer.

Ève – On est sur la Terre.

Alban – Pour l’éternité.

Noir

Alban et Ève

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Vieux

Alban et Ève.

Alban – Qu’est-ce qui nous arrive ?

Ève – Rien. Il ne nous est rien arrivé.

Alban – Qu’est-ce qui se passe, alors ?

Ève – Rien. C’est le temps qui a passé.

Alban – On est vieux ?

Ève – C’est ça.

Alban – Comment c’est arrivé ?

Ève – C’est venu progressivement.

Alban – Et c’est maintenant qu’on s’en rend compte.

Ève – C’est la première fois que ça nous arrive.

Alban – Quoi ?

Ève – Être vieux.

Alban – La prochaine fois, on fera plus attention.

Ève – Oui.

Alban – Tu crois que ça va passer ?

Ève – Je ne sais pas.

Alban – On n’a qu’à attendre.

Ève – Ça finira bien par passer.

Alban – Je n’ai plus de cheveux sur la tête.

Ève – L’année dernière, il n’y avait plus de feuilles sur les arbres et regarde !

Alban – Elles sont en train de repousser.

Ève – Nos cheveux aussi, ils finiront bien par repousser.

Noir

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Atmosphère

Alban et Ève, en leur jardin.

Alban – On respire un peu mieux, aujourd’hui, non ?

Ève – Oui. J’ai presqu’envie de sortir sans masque à gaz.

Alban – Je ne sais pas si c’est très raisonnable, tout de même.

Ève – Qu’est-ce qu’ils disent à la radio ?

Alban – Léger rafraîchissement, de 48 à 52 dans la partie nord, vent d’est modéré aux particules fines, risque de pluies acides en fin de journée.

Ève – Je vais prendre un parapluie…

Alban – Ne reste pas trop longtemps dehors tout de même.

Ève – Tu te souviens de l’époque où on pouvait passer des journées allongés sur une pelouse, dans un parc ? Sans combinaison climatisée.

Alban – Je n’arrive pas à comprendre comment on en est arrivé là.

Ève – Je crois que ça s’est vraiment accéléré après l’élection de ce dingue, aux États-Unis.

Alban – Mais ça avait commencé bien avant.

Ève – La question, c’est : où est-ce que ça va finir…

Alban – Il faudrait faire quelque chose, mais quoi ?

Ève – On pourrait arrêter de respirer…

Alban – C’est vrai que ça résoudrait tous nos problèmes…

Ève – Je vais quand même prendre mon masque à gaz.

Alban – Tu as raison. Allez, bonne journée.

Ève – Bonne journée à toi aussi.

Ève s’en va.

Alban – On ne devrait pas plaisanter avec ça…

Noir

Alban et Ève

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Zéro

Alban lit un journal. Ève somnole.

Alban – Tu as vu ? Les Chinois ont renoncé à la politique de l’enfant unique.

Ève – Et c’est reparti… Comme si on n’était pas déjà assez nombreux comme ça.

Alban – Et tout ça, ça pollue, ça pollue.

Ève – Avec leurs centrales au charbon, en plus.

Alban – Le nucléaire, c’est dangereux, mais au moins c’est propre.

Un temps.

Ève – Tu te rends compte ? Si en Chine, au lieu de la politique de l’enfant unique, on adoptait la politique de l’enfant zéro, il n’y aurait plus de Chinois en l’espace d’une génération.

Alban – Il faudrait quand même attendre que tous les vieux Chinois soient morts.

Ève – Disons en l’espace d’une centaine d’années, alors.

Alban – Encore qu’il y a beaucoup de centenaires en Chine.

Ève – Même les centenaires finissent par mourir un jour.

Alban – Ce n’est au Japon, plutôt, qu’il y a beaucoup de centenaires ?

Ève – Oui, peut-être.

Alban – C’est sûr que s’il y avait moins de Chinois, il aurait moins de pollution.

Ève – Enfin, il resterait plus d’un milliard d’Indiens.

Alban – Il faudrait faire pareil en Inde.

Ève – Et en Afrique.

Alban – Et aux États-Unis.

Ève – En fait, il faudrait faire ça partout dans le monde.

Alban – S’il n’y avait plus d’hommes du tout, le problème de la pollution serait définitivement réglé. Et on respirerait mieux.

Ève – Pas d’enfant, comme nous, c’est la seule solution.

Alban – C’est ce que disaient déjà les Cathares.

Ève – Les Cathares, c’étaient des écolos ?

Alban – En tout cas, les Cathares étaient pour l’interdiction de se reproduire.

Ève – Ils avaient bien raison.

Alban – En fait, on est un peu des Cathares.

Ève – Oui… Ce n’est pas nos enfants qui pèseront sur le bilan carbone.

Alban – Le jour où on aura inventé des enfants économes en énergie…

Ève – Des enfants basse consommation.

Alban – Et entièrement recyclables.

Ève – Ce n’est pas demain la veille.

Alban – Je te ressers un peu de vin ? C’est du bio.

Ève – Si c’est du bio, alors…

Noir

Alban et Ève

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Farniente

Alban et Ève.

Alban – Ça fait du bien d’être en vacances…

Ève – Enfin !

Alban – Ne penser à rien.

Ève – Ne rien faire.

Alban – Ne voir personne.

Ève – Le pied intégral.

Un temps.

Alban – C’est le bout du monde, ici.

Ève – C’est ce qu’on voulait, non ? Être tranquille.

Alban – Ça pour être tranquille, on est tranquille.

Alban – Pas d’ordinateur…

Ève – Pas de téléphone.

Alban – De toute façon, il n’y a pas de réseau.

Un temps.

Ève – Tu crois qu’on va tenir trois semaines ?

Alban – Les trois premiers jours seront peut-être un peu difficiles. Comme quand on arrête de fumer. Après, ça ira.

Ève – Il faut avouer que c’est magnifique.

Alban – Oui. C’est vraiment le paradis.

Ève – L’endroit idéal pour se reposer et tout oublier.

Alban – On se demande comment on fait pour vivre en ville toute l’année.

Ève – C’est vrai qu’un peu de verdure…

Alban – Au moins, on respire.

Ève – Et puis ce silence…

Silence.

Alban – Limite, ça ferait mal aux oreilles.

Ève – Quand on n’est plus habitués…

Alban – Et quel dépaysement.

Ève – C’est sûr.

Un temps.

Alban – On n’est pas déjà venus, ici ?

Ève – Ici ? On s’en souviendrait…

Alban – En même temps, la campagne… C’est partout pareil, non ?

Ève – Oui.

Un temps.

Alban – C’est vraiment isolé, quand même.

Ève – Ça, on ne va pas être dérangés par les voisins.

Alban – C’est limite inquiétant. Si on avait un problème.

Ève – Quel problème on pourrait bien avoir ? On est en vacances.

Alban – Je ne sais pas, moi… Un accident domestique…

Ève – Tu feras attention en lavant la salade.

Alban – Une hémorragie cérébrale… Un infarctus… Le temps que le SAMU arrive…

Ève – Tu as raison, on aurait dû apporter un défibrillateur.

Alban – Tu crois ?

Ève – On mène une vie de dingue toute l’année. Ce serait un comble qu’on ait un infarctus maintenant. On ne peut pas être plus au calme qu’ici !

Alban – Justement, le c?ur n’est plus habitué. Tout cet oxygène, d’un seul coup. J’ai l’impression d’avoir fumé un pétard.

Ève – Tout de même, ça fait du bien d’avoir un peu d’espace pour respirer. De ne plus être entassés au bureau comme des poulets dans un élevage en batterie.

Alban – Ou serrés comme des sardines dans le métro.

Ève – Même pas une vache à l’horizon.

Alban regarde par terre.

Alban – Nos seuls voisins immédiats, c’est les fourmis.

Ève jette un regard aussi vers le sol.

Ève – Et elles, elles ont l’air de bosser.

Alban – Oui, elles en mettent un coup.

Ève – Regarde, celle-là transporte le cadavre d’une libellule trois plus grosse qu’elle.

Alban – Peut-être une libellule en vacances ici qui est morte d’ennui.

Ève – Ou qui a succombé à un AVC avant que les secours ne puissent intervenir.

Alban – En tout cas, elles n’arrêtent pas.

Ève – C’est à se demander si elles n’en font pas un peu trop.

Alban – Les fourmis, ça ne prend jamais de vacances.

Ève – C’est clair. Les congés payés, c’est le propre de l’homme.

Alban – Remarque, ça dépend, il y a aussi des animaux très branleurs.

Ève – Ah oui ?

Alban – Je dirais que le mammifère en général est très branleur.

Ève – Le paresseux, c’est un mammifère ?

Alban – En tout cas, l’homme est un mammifère.

Ève – Ah oui…?

Alban – Tu ne ponds pas des ?ufs, si ?

Ève – Ce sont les insectes, surtout, qui ne pensent qu’à bosser.

Alban – Les insectes sociaux, comme on dit… Les fourmis, les abeilles, les termites…

Ève – Ouais… Elles bossent du soir au matin, 365 jours par an. Elles n’en ont rien à foutre qu’on soit en vacances ou pas.

Alban – En fait, elles n’en ont rien à foutre qu’on existe en général.

Ève – Elles vivent à côté de nous. Elles nous ignorent.

Alban – Je dirais même qu’elles nous méprisent. On ne les dérange pas quoi.

Ève – L’homme a réussi à exterminer presque tous les mammifères sauvages. Les autres, il en a fait des esclaves domestiques ou de la viande rouge. Mais les insectes, eux, ils sont toujours là, ils continuent leurs petites affaires. Ils font comme si on n’était pas là, en fait.

Alban – Sans parler des oiseaux.

Ève – Quoi, les oiseaux ?

Alban – Tu les entends chanter ? On dirait qu’ils nous narguent.

Ève – Si seulement on arrivait à comprendre ce qu’ils disent…

Alban – Je crois que j’ai une petite idée.

Ève – Quoi ?

Alban – Ils doivent dire quelque chose comme : On est des dinosaures, et on est toujours là.

Ève – C’est vous qui êtes en voie d’extinction, et nous on vous emmerde…

Alban – Tu crois que les dinosaures reprendront leur taille normale quand les hommes auront disparu.

Ève – Peut-être. Ils se font discrets, parce qu’on est là.

Alban – Ils attendent que le vent tourne, pour redevenir des monstres.

Ève – Heureusement, on ne sera plus là pour voir ça…

Un temps.

Alban – Je suis à peu près sûr qu’on est déjà venus là en vacances.

Ève – Quand ça ?

Alban – Ce n’était pas l’année dernière ?

Ève – Ah, oui, peut-être… Mais il y avait plus de monde, non ?

Alban – Et il y avait moins de fourmis…

Noir.

Alban et Ève

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Alibi

Dans un coin, un seau à champagne, une bouteille et deux flûtes. Ève attend et montre des signes d’impatience. La sonnette retentit.

Alban (off) – Ève ? C’est moi… Tu es là ? (Alban arrive depuis l’extérieur, une mallette à la main, et veut déposer sur les lèvres de sa femme un baiser auquel elle se dérobe) Excuse-moi… Une urgence avec un client…

Ève – Un client ou une cliente ?

Il préfère ne pas relever.

Alban – Ça ne va pas ?

Ève – Si, si… Ça va… C’est notre anniversaire de mariage, et mon mari a oublié, mais à part ça, ça va…

Alban se retourne et aperçoit la bouteille de champagne.

Alban – Et merde…

Ève – Merci… Au moins, tu ne fais pas semblant.

Alban – Excuse-moi, ce n’est pas ce que j’ai voulu dire…

Ève – L’année dernière aussi, tu es arrivé à dix heures du soir. Mais au moins tu avais un bouquet de fleurs…

Alban – Je suis passé devant le fleuriste, c’était déjà fermé.

Ève – Tu as oublié notre anniversaire de mariage…

Alban – Mais non, je n’ai pas oublié ! J’y ai pensé toute la journée… Disons que… là tout de suite, ça m’était sorti de la tête.

Ève – Bien sûr…

Il pose sa mallette et ôte sa veste.

Alban – J’ai eu une journée de merde, je te dis… Un client qui a décalé un rendez-vous à la dernière minute. Cet Américain dont je t’ai parlé, tu sais ?

Ève – Un jour comme celui-là… Tu aurais très bien pu te faire remplacer.

Alban – J’étais le seul au bureau ! Et puis c’est un dossier important…

Ève – Tu pouvais m’appeler…

Alban – J’ai perdu mon portable.. En tout cas, je ne sais pas ce que j’en ai fait…

Ève – Comme d’habitude, tu as réponse à tout…

Alban – Je te dis la vérité, rien d’autre.

Ève – Écoute, Alban, ça fait dix ans qu’on est mariés, et on vit dans un appartement témoin…

Alban – C’est provisoire…

Ève – Oui… C’est ça le problème… Ça fait dix ans que toi et moi, on vit dans le provisoire.

Alban – Il est très bien, cet appartement. Et on n’est pas dérangé par les voisins…

Ève – C’est sûr, il n’y en a pas… On habite tout seuls au dernier étage d’une tour qui n’est même pas vraiment finie.

Alban – Au moins, l’ascenseur marche…

Ève – Le matin, avant de partir au boulot, on doit planquer toutes nos affaires personnelles. On ne peut rien laisser traîner pour ne pas déranger les visiteurs qui défilent toute la journée.

Alban – La journée, on travaille tous les deux…

Ève – Même la photo de ma mère, je dois la ranger dans un tiroir ! Des fois que ça fasse fuir les investisseurs…

Alban – Mais on n’a pas de loyer à payer…

Ève – Pour moi, c’est encore trop cher, Alban.

Alban – On a une terrasse ! (Se tournant vers la salle) Et regarde ! Quelle vue ! (Constatant qu’elle ne se déride pas) En tout cas, ça sent bon… Qu’est-ce que tu nous as mijoté ?

Ève – Tu arrives trop tard, Alban. Le champagne est chaud, et la dinde a refroidi.

Alban – Allez… Je suis là, maintenant ! (Il prend sa mallette.) Je vais poser ça à côté… et on va passer une bonne soirée, d’accord ?

Il sort. Elle prend la bouteille dans le seau, et la laisse retomber. Puis elle regarde côté salle, comme si son attention était attirée par quelque chose. Elle sort des jumelles de théâtre pour mieux voir. Le portable d’Alban, dans la poche de la veste, se met à sonner. Elle pose les jumelles, hésite, puis sort le portable et prend l’appel.

Ève – Allô…? Oui… Non, c’est sa femme. D’accord. Ah oui ? Non, non… Très bien, je lui dirai… (Elle met fin à la conversation mais, intriguée, explore la messagerie du portable.) Le salaud…

Alban revient.

Alban – Dix ans, déjà… Tu te rends compte ? J’ai l’impression que c’était hier…

Ève – Je croyais que tu avais perdu ton portable…

Alban – Oui, je… Je croyais aussi…

Ève – Tu me prends vraiment pour une conne…

Alban – Pourquoi tu dis ça ?

Ève – Il vient de sonner, ton portable. Il était dans la poche de ta veste…

Alban – Non ?

Ève – J’ai répondu. C’était ta secrétaire…

Alban – Ah oui… Qu’est-ce qu’elle voulait ?

Ève – Elle cherche à te joindre depuis ce matin. C’est curieux, elle a passé tout l’après-midi au bureau, et elle ne t’a pas vu…

Alban – Je n’ai pas dit que j’avais vu mon Américain au bureau. Il m’a demandé de le rejoindre à…

Ève – Ne te fatigue pas. Si ta secrétaire voulait te joindre, c’était pour te prévenir que ton rendez-vous avec ton Américain était annulé. Il a eu un AVC hier soir…

Alban – Tu ne m’as pas laissé finir… Il m’a demandé de le rejoindre cet après-midi à l’hôpital.

Ève – C’est curieux, parce que d’après ta secrétaire, il est mort ce matin.

Alban – D’accord… Alors écoute, je vais t’expliquer…

Ève – Tu as une maîtresse… Et tu as attendu notre anniversaire de mariage pour me l’annoncer.

Alban – Mais pas du tout, je…

Ève – Et moi qui allais te dire que je suis enceinte !

Alban – Quoi ? Tu attends un enfant ? De moi ? Mais c’est fantastique !

Ève – Je te quitte, Alban !

Alban – Ce n’est pas du tout ce que tu crois, je t’assure…

Ève – Ah oui ? Et ces SMS que j’ai vus sur ton téléphone ?

Alban – Les SMS…

Ève – Oui, les SMS. Ceux que tu n’as pas eu le temps d’effacer… J’ai envie de toi, rejoins-moi où tu sais. C’est assez explicite, non ?

Il semble déstabilisé, mais se reprend.

Alban – C’est un code.

Ève – Pardon ?

Alban – C’est vrai, je te mens depuis des années, Ève. Je l’avoue.

Ève – Enfin…

Alban – Je mène une double vie, en effet. Mais je ne t’ai jamais trompée… avec une femme.

Ève – Tu ne vas pas me dire en plus, après toutes ces années, que tu es homosexuel ?

Alban – Non, rassure-toi. Encore une fois, ce n’est pas du tout ce que tu crois. En fait, je suis…

Ève – Oui ?

Alban – Ce n’est pas facile à dire…

Ève – Oui, j’imagine… Mais je peux t’aider, si tu veux. Je suis un connard ?

Alban – Je suis agent secret.

Ève – Agent secret ?

Alban – Enfin secret… jusqu’à aujourd’hui.

Ève – Tu as bu, c’est ça ?

Alban – Pas du tout.

Ève – Un agent secret ? Un espion, quoi ? C’est tout ce que tu as trouvé ?

Alban – Je n’avais pas le droit de te le dire, évidemment. Je n’avais le droit de le dire à personne. Mais bon… Maintenant, c’est notre couple qui est en jeu.

Ève – Très bien… Et tu travailles pour qui ? La CIA ? Ton Américain, c’était ton chef, et le KGB l’a éliminé en faisant passer son assassinat pour un AVC, je me trompe ?

Alban – Je travaille… pour le MOSSAD.

Ève – Le MOSSAD ?

Alban – Oui… Les services secrets israéliens, si tu préfères…

Ève – Tu n’es même pas juif !

Alban – Si un peu, quand même…

Ève – Si tu étais juif, depuis le temps, je le saurais, non ? Je suis ta femme !

Alban – Il ne faut pas se fier aux apparences, Ève… C’est un peu plus compliqué que ça. C’est ma grand-mère maternelle qui…

Ève – Alors c’est tout ce que tu as trouvé ? Mais c’est pathétique. Il faut te faire aider, Alban, je t’assure. Tu es un grand malade.

Alban – C’est vrai, Ève. Il faut que tu me crois.

Ève – Tu es un mythomane, Alban. Ça fait des années que tu me mens. Pour tout et n’importe quoi. Mais surtout pour couvrir tes liaisons. Et aujourd’hui tu m’annonces que tu es un espion israélien alors que tu n’es même pas circoncis ! Comment veux-tu que je te crois ?

Alban – Cette fois, je ne te mens pas, je te le jure.

Ève – Cette fois ? Tu me déçois, Alban. Tu me déçois beaucoup. Je ne pensais pas que tu me prenais à ce point pour une conne.

Alban – Tu sais, lors de notre voyage de noces à Eilat, sur la Mer Rouge, quand j’ai passé une heure au poste de police à la douane.

Ève – Parce que tu n’avais pas reconnu ta valise, qu’elle tournait depuis une heure toute seule sur le tapis roulant de l’aéroport, et que les démineurs sont venus pour la faire exploser ?

Alban – C’est ce jour-là où ils m’ont proposé de travailler pour eux.

Ève – Eux ? Qui eux ?

Alban – Le MOSSAD !

Ève montre le téléphone.

Ève – « J’ai envie de toi, on se retrouve où tu sais »… C’est un message de ton ami imaginaire du MOSSAD ?

Alban – C’est un code, je te dis. Pour un rendez-vous.

Ève – Un rendez-vous, oui, ça j’avais compris.

Alban – C’est pour ne pas attirer l’attention. Au cas où nos messages seraient interceptés. « J’ai envie de toi », ça veux dire j’ai besoin de te voir. « Où tu sais », ben ça veut dire…

Ève – Où tu sais.

Alban – Voilà.

Ève – Cette fois, ça ne va pas suffire, Alban.

Alban – Qu’est-ce que tu veux de plus ?

Ève – Des preuves, par exemple.

Alban – Désolé, je n’en ai pas.

Ève – Bien sûr.

Alban – Ce n’est pas un CDD ! Tout ça se fait sans laisser de trace, tu penses bien.

Ève – Mais tu ne travailles gratuitement, j’imagine. Un espion, ça doit bien gagner sa vie. Et tu me laisserais vivre dans un appartement témoin ?

Alban – L’argent est versé sur un compte numéroté, dont j’aurai la clef seulement quand je cesserai mes activités.

Ève semble tout à fait désemparée.

Ève – Et tu voudrais que j’avale ça ?

Alban – Oui, je t’en prie, Ève… Pour nous… Pour notre enfant… Une dernière fois. Je te supplie de me croire… Parce que c’est la vérité !

Elle hésite.

Ève – Je ne sais plus quoi te dire, Alban. Je suis fatiguée. Je vais me coucher…

Alban – Tu as raison. Je comprends que tu aies besoin d’un peu de temps pour digérer cette nouvelle. En attendant, tu n’en parles à personne, d’accord ? Même à ta mère. Il faut absolument que ça reste un secret entre nous, sinon…

Elle lui fait un doigt d’honneur, et sort. Il tombe sur les jumelles de théâtre qu’elle a oubliées sur la table. Il semble surpris. Il prend les jumelles et se met à scruter quelque chose côté salle. D’abord par simple curiosité. Puis avec une attention soutenue.

Noir

Alban et Ève

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Repartie

Ève est là, désoeuvrée. Alban arrive, pas très à l’aise.

Alban – Salut… Tu habites dans le coin ?

Ève – On peut dire ça… Et toi ?

Alban – Je passais par là.

Silence.

Ève – Et… tu comptes prendre racine… dans le coin ?

Alban – Ça dépend.

Ève – Ça dépend de quoi ?

Alban – Je ne sais pas… Ici ou ailleurs.

Ève – Tu fais ce que tu veux. On est en république.

Alban – Qu’est-ce qui pourrait me donner envie de rester ? Dans le coin…

Ève (montrant son front) – Il n’y a pas marqué office de tourisme, là, si ?

Alban – Non.

Ève – Bon. Alors ?

Alban – Alors quoi ?

Ève – Tu pars, tu restes, mais il va falloir décider. Parce que là, tu commences à être un peu…

Alban – Ok, je reste… Pour l’instant…

Ève – Bien, alors qu’est-ce qu’on fait ?

Alban – Qu’est-ce qu’on fait ?

Ève – Tu ne vas pas rester planté là à me regarder, si ?

Alban – Ok, ok… Alors… Je ne sais pas, moi… On pourrait discuter…

Ève – Je t’écoute.

Alban – Tu fumes ?

Ève – Pourquoi ? Tu as une préférence pour les non-fumeuses ? C’est un entretien d’embauche ?

Alban – Pas du tout ! Au contraire. Je voulais seulement… savoir si tu avais une cigarette.

Ève – On vient à peine de se rencontrer, et tu veux déjà me taxer une cigarette.

Alban – Absolument pas ! D’ailleurs, je ne fume pas.

Ève – Moi non plus. Ça nous fait déjà ça en commun.

Silence.

Alban – Tu… Tu as un numéro ?

Ève – Un numéro ? Pourquoi ? Tu diriges un cirque ? Tu veux me faire passer une audition ?

Alban – Un cirque ? Ah oui, un… Un numéro de cirque.

Ève – Je me disais bien aussi que tu avais un petit côté nomade.

Alban – Nomade ?

Ève – Les gens du voyage, tu vois.

Alban – Non, mais je ne pensais pas à un numéro de cirque. Je pensais plutôt… à un numéro de téléphone.

Ève – D’accord…

Alban – Alors ?

Ève – J’ai un numéro, mais je n’ai pas de téléphone.

Alban – À quoi ça sert d’avoir un numéro, si tu n’as pas de téléphone.

Ève – Tu es un petit malin, toi… Ou alors tu es vraiment con, j’hésite encore. Je l’ai perdu, mon téléphone. Voilà pourquoi j’ai un numéro, et pas de téléphone. Mais toi, tu n’as qu’à me le laisser, ton numéro…

Alban – Mon numéro ? C’est-à-dire que…

Ève – Ne me dis pas que toi, tu as un téléphone, mais pas de numéro.

Alban – Non, mais…

Ève – D’accord… Tu n’as pas de téléphone, mais tu me demandes quand même mon numéro. Et tu comptais m’appeler comment ? D’une cabine téléphonique ?

Alban – Je ne sais pas… Je… Si, j’ai un téléphone, mais…

Ève – Tu veux un conseil ?

Alban – Non… Enfin si, oui…

Ève – Tu devrais te méfier. L’impro, ce n’est pas ton truc…

Alban – D’accord. Je…

Ève – Prépare un peu ton texte, la prochaine fois.

Alban – C’est ça…

Ève – Un canevas, au moins… Et puis tu brodes autour. Mais là, franchement. Tu ne peux pas te lancer comme ça, sans filet. Tu n’as pas le niveau…

Alban – D’accord… Un… Un canevas… Je vais y penser…

Ève – Et pourquoi tu voulais me téléphoner, au fait ?

Alban – Te téléphoner…? Je ne sais pas… Je…

Ève – Non, parce que comme on est tous les deux là, si tu as quelque chose à me dire… ce n’est pas être pas la peine de me téléphoner.

Alban – Non, bien sûr, mais…

Ève – Tu veux un autre conseil ?

Alban – Je ne sais pas… Oui…

Ève – Avec ou sans téléphone, essaie de conclure avant d’avoir bouffé tout ton crédit.

Alban – Mon crédit…?

Ève – Ça fait cinq minutes qu’on discute, et tu n’as encore rien dit. Non mais franchement, tu fais pitié, là !

Alban – D’accord…

Ève – Tu sais quoi ? (Elle sort un crayon et griffonne quelque chose sur un papier qu’elle lui tend) Le voilà mon numéro. Quand j’aurai retrouvé mon téléphone, et que tu auras trouvé une cabine, tu m’appelles, et on en parle, ok ?

Elle s’en va. Il la regarde partir, puis jette un coup d’?il au papier. Il semble hésiter, puis s’adresse à quelqu’un dans la salle.

Alban – Vous habitez dans le coin ? Vous ne savez pas où il y a une cabine téléphonique ? Je peux vous emprunter votre téléphone, deux minutes ? (Il prend le téléphone qu’on voudra bien lui donner et fait mine de composer le numéro qui est inscrit sur le papier.) Merci… (Ça sonne dans sa propre poche, et après un instant de surprise, il sort un autre téléphone et répond.) Allô ? Allô ? (Il reste un instant ahuri.) Je crois que je suis en train de me parler à moi-même… (Il rend son téléphone à la spectatrice, et s’adresse à elle.) C’est bien son numéro… Mais c’est moi qui ai son téléphone… (Un temps.) Je n’ai pas pensé à lui dire que je venais d’en trouver un, de téléphone… et que c’était peut-être celui qu’elle avait perdu… Et elle est déjà repartie… (Il reste un instant perplexe.) Je crois qu’elle a raison, je manque un peu de repartie… Repartie… ou répartie…?

Noir.

Alban et Ève

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Secret

Alban et Ève se succèdent devant une urne dans laquelle ils insèrent chacun à leur tour un bulletin.

Ève – Alors, tu as voté pour qui ?

Alban – Je te rappelle que c’est un vote à bulletin secret…

Ève – Ce n’est pas un peu ridicule, non ?

Alban – Ridicule ? Pourquoi ça ?

Ève – On n’est que deux !

Alban – Et alors ?

Ève – Comme chacun de nous sait pour qui il a voté… Forcément, au moment du dépouillement, je saurai quel bulletin tu as choisi.

Alban – Oui, bon…

Ève – Et puis entre nous, ça sert à quoi d’élire un représentant ?

Alban – Pour qu’il nous représente tous les deux !

Ève – Auprès de qui ?

Alban – Auprès de l’autre !

Ève – Et tu as voté pour qui, alors ?

Alban – Pour moi. Et toi ?

Ève – Moi aussi.

Alban – Tu veux dire que tu as voté pour moi aussi ?

Ève – Non, j’ai voté pour moi.

Alban – Bon… dans ce cas, comme c’est à la proportionnelle, chacun de nous se représentera lui-même.

Ève – Ok… Ce n’est pas la peine qu’on dépouille, alors ?

Alban – Ben si, quand même.

Ève – Pourquoi faire ?

Alban – Je ne suis pas obligé de te croire.

Ève – Bon, alors allons-y.

Alban – Attends un peu !

Ève – Quoi encore ?

Alban – Il n’est pas tout à fait vingt heures…

Un temps.

Ève – Et c’est quoi, ton programme, à toi ?

Alban – Je propose qu’on ouvre des chambres d’hôtes.

Ève – Des chambres d’hôtes ? Pour quoi faire ?

Alban – Je ne sais pas. Pour développer le tourisme…

Ève – Mais on n’est que deux.

Alban – C’est vrai…

Ève – On pourrait ajouter une chambre d’ami.

Alban – Mais comme tu dis : on n’est que deux.

Ève – Tu pourrais aller y dormir de temps en temps…

Noir

Alban et Ève

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